Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous Êtes Arrivé

  • : Le blog de la rue Goudouly
  • : Les humeurs, les rumeurs, les coups de cœur, les coups de gueule, et puis les amitiés de la rue et de plus loin, de la journée, de l'air du temps...un peu de tout, un peu de rien, mais toujours à gauche.
  • Contact

Pour le plaisir

Recherche

MÉMoire ClassÉE

En campagne

4 mai 2009 1 04 /05 /mai /2009 03:32



Israel : le videur de boite de nuit et... le physicien.
Larbi Mohamed BOUGUERRA
Sur Le Grand Soir

Dans le gouvernement hétéroclite qui vient de se former en Israël en joignant la carpe (des laïques) au lapin (des ultra- orthodoxes du Shass), Avigdor Lieberman, nouveau ministre des Affaires Etrangères est…une vedette incontestée. Par son langage très peu diplomatique d’abord et par son emploi du temps fixé par ... la police, comme le dit fort à propos Robert Solé dans le Monde.

Sitôt nommé en effet, Son Excellence - ancien videur de boîte de nuit né en Moldavie et arrivé en Palestine il y a à peine deux décennies- été convoqué par la police pour blanchiment d’argent, abus de confiance…des « broutilles » comme le personnel politique israélien en a l’habitude quand on pense à l’ancien chef de l’Etat qui sautait sur toutes les femmes qui avaient la malchance de croiser son chemin, à celle d’Ehoud Olmert qui aurait détourné de l’argent public, à Omri Sharon, fils de son père, condamné à de la prison pour avoir volé l’Etat….

« Pas de semaine ne se passe, écrivait le Monde du 02 mars 2007, sans qu’un scandale éclate ».


Lieberman dit tout haut….

Lieberman veut imposer aux Palestiniens un serment d’allégeance à l’Etat sioniste. Il rêve de vider la Palestine de tous ses habitants légitimes. Pour établir un Etat ethniquement pur, peuplé de Juifs, lui qui n’est pas pratiquant ! Mais l’homme n’est pas à une contradiction près : le journal londonien « The Guardian » (2 avril 2009) rapporte qu’il y a quelques semaines, il a dit « qu’il aille au diable » parlant de Hosni Moubarak qui ne veut pas refaire le funeste voyage de Sadate en Israël ; lors de son premier discours comme ministre des Affaires Etrangères, il a retourné sa veste et décrit l’Egypte comme « un élément important dans le monde arabe » lui qui, il y a quelques années, voulait bombarder le barrage d’Assouan. Lieberman, lors de ce discours d’inauguration, rejeta en bloc les accords d’Oslo, Annapolis qui a mobilisé 40 Etats, la Feuille de route du Quartet… Il devait déclarer, devant un « parterre de diplomates serviles » (d’après l’agence Associated Press) qu’il était en faveur de la guerre plutôt que de concessions sur Gaza et la Cisjordanie et précisait : « Qui veut la paix doit préparer la guerre et être fort ». A un homme de mon âge, cela rappelle les rodomontades du Résident Général de France à Tunis, De Hauteclocque, quelques années à peine avant l’indépendance en 1956.

Par ces propos, Lieberman contredisait tout à la fois son Premier Ministre et son Président Pérès. Mais, il se pourrait que tout ce petit monde se soit en fait partagé les rôles. Allez savoir ! La politique israélienne est si tordue, surtout après les dernières élections et le chantage des très petits partis, les boucheries de Gaza et la nouvelle donne à Washington.

En tout cas, Yasser Abd Rabou, membre de la délégation palestinienne pour les négociations de paix devait répondre on ne peut plus clairement à ce personnage ubuesque : « Une telle personne mérite la camisole de force et l’asile, on ne devrait pas la prendre au sérieux. Dans mes pires rêves, je n’aurais pu imaginer qu’un chef mafieux serait assis en face de moi à la table de négociations. Il est possible qu’Israël mérite un tel homme, mais pas nous. »


En Israël, les Lieberman n’ont jamais manqué :

En réalité, les hommes de l’acabit de Lieberman n’ont jamais manqué en Israël. De Ben Gourion à Menachem Begin, ceux qui sèment la haine et le racisme anti-palestinien (et arabe) sont légion.

Yitzhak Shamir, ancien Premier Ministre, traitait les Arabes de « sauterelles » (The Observer, 3 avril 1988), Begin disait des Palestiniens qu’ils sont « des bêtes marchant sur deux pattes » (Discours à la Knesset cité par Amnon Kapeliouk dans le New Statesman du 25 juin 1982) et Golda Meir a fait plus fort, si on peut dire : « Il n’y a pas semblable chose que les Palestiniens, ils n’ont jamais existé » (15 juin 1969). Nier le peuple palestinien comme d’autres nient l’Holocauste en somme ! Quant à l’écrivain Yoram Bar Porath, il énonce posément : « C’est le devoir des leaders israéliens d’expliquer…un certain nombre de faits…Le premier est qu’il n’y a pas de sionisme, de colonisation, d’Etat juif sans l’éviction des Arabes et de l’expropriation de leurs terres. » (Yediot Aharonot, 14 juillet 1972). Dans ses Mémoires, David Ben Gourion écrivait le 18 juillet 1948 : « Nous devons tout faire pour nous assurer que les Palestiniens ne reviendront jamais, les vieux mourront et les jeunes oublieront. »


Le physicien Albert Einstein dénonce :

Très tôt, certains se sont fortement mobilisés et ont exposé sur la place publique les crimes de des semeurs de haine.

En date du 02 décembre 1948, le New York Times publiait une lettre signée par de nombreux intellectuels juifs dont Albert Einstein, Hannah Arendt… relativement au parti israélien « Freedom Party » (en hébreu : Tnuat Haherut), « très voisin dans son organisation, ses méthodes, sa philosophie politique et son activité sociale des partis nazis et fascistes. » En somme, un ancêtre d’ « Israël Beitounou » (Israël, notre Maison) d’Avigdor Lieberman.

La lettre poursuit en critiquant la visite aux Etats Unis de Menachem Begin, leader de ce parti, en appelant les Juifs américains à ne pas le cautionner ajoutant : « Les déclarations publiques du parti de Begin ne reflètent en rien son caractère réel. Aujourd’hui, ses membres parlent de démocratie, de liberté et d’anti-impérialisme alors que, jusqu’à un passé récent, ils prêchaient ouvertement la doctrine d’un Etat fasciste… ». Puis les signataires de la lettre évoquent « l’exemple choquant » de leur conduite dans « le paisible village arabe de Deir Yassine », le 9 avril 1948 où « ils ont tué 240 habitants, femmes, hommes et enfants et capturés certains qu’ils ont fait défiler comme captifs à Jérusalem ». Les signataires de la lettre relèvent que Begin et ses sbires ont invité les correspondants étrangers à voir « les cadavres entassés et le désastre infligé au village. » Ils tirent cette leçon de la tragédie : «  Deir Yassin révèle le caractère et les actions du Parti de la Liberté. Il a prêché, dans la communauté juive, un mélange d’ultranationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. Comme d’autres partis fascistes, il a été utilisé pour briser des grèves …et formé des syndicats sur le modèle fasciste italien... Les groupes Stern ont inauguré un règne de la terreur dans la communauté juive de Palestine. Ils ont battu des professeurs qui ont parlé contre ce parti et tiré contre les parents qui leur confiaient leurs enfants. . Par des méthodes de gangsters, ils ont terrorisé la population » et la missive se termine en insistant sur le fait qu’il faut faire connaître aux juifs américains le vrai visage de M. Begin, en fait un visage de fasciste et un terroriste de première grandeur. Elle appelle les Juifs américains à ne pas le soutenir comme le fait le sionisme officiel aux Etats-Unis, soutien que déplore Einstein et ses cosignataires.

Or, que constate-t-on aujourd’hui ?

M. Lieberman ne se cache même pas pour exhaler ses idées nauséabondes. M. Netanyahou ne parle plus de paix. L’apartheid est dans la vie quotidienne des Palestiniens : routes séparées, plaques d’immatriculation spécifiques, confiscation des terres, destructions de domicile, arrachage des oliviers, coupure d’eau, interdiction d’aller à Jérusalem… On attaque toujours les professeurs qui osent dénoncer cet état de choses comme le Pr Zeev Sternhell, âgé de 73 ans (du mouvement La Paix Maintenant) blessé à la jambe, en septembre dernier, par un engin explosif posé devant la porte de son domicile à Jérusalem par l’extrême droite. Zeev Sternhell milite pour la séparation de l’Etat et de la religion, il veut des frontières entre deux Etats et non deux peuples et il souligne qu’en Israël « la gauche au sens propre a disparu, que les hommes politiques n’ont pas suffisamment de courage pour geler puis supprimer les colonies. »

Ce sont les séides de Liberman et de leurs semblables qui ont inspiré l’extrême droite qui s’attaque aux militants de la paix, ceux sont eux qui ont armé le bras de l’assassin de Rabin, celui des criminels du parti Kach du rabbin Kahana ainsi que le bras du Dr Goldman qui a tué 22 Palestiniens faisant la prière du sobh en 1994 et qui ont enfin – fait capital- ramené dans leur filet les enseignements du rabbin, aumônier général de l’armée d’occupation qui, aux noms de Jéhovah et de la Torah réunis, intimait aux soldats israéliens de n’avoir aucune pitié pour les enfants, les femmes, les hommes sans armes de Gaza. Enseignements dûment approuvés par le trio des criminels de guerre Olmert, Barak et Livni car déjà, en 1968, un certain Marc Hillel écrivait (p. 321) dans un livre au titre ô combien révélateur : « Israël en danger de paix » (Fayard) : « Le plus mauvais service que pourraient rendre à Israël les Etats arabes serait de faire la paix avec lui » et pour Hillel, «  le danger arabe doit rester une profession de foi ». Cette idée vient de loin puisque David Ben Gourion ne voyait pas d’autre issue que la guerre lorsqu’il dit : « Si j’étais un leader arabe, je ne signerai jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promise, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ? » (Cité par Nahum Goldman dans « Le Paradoxe juif », p. 121).


Einstein le physicien doit se retourner dans sa tombe et, au fond, Lieberman le Moldave, videur de boîte de nuit est un sioniste ordinaire, très ordinaire : la paix ? Connais pas !


Mohamed Larbi Bouguerra

paru dans le numéro 124 de l’hebdomadaire tunisien Attariq Aljadid

Partager cet article
Repost0

commentaires