Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous Êtes Arrivé

  • : Le blog de la rue Goudouly
  • : Les humeurs, les rumeurs, les coups de cœur, les coups de gueule, et puis les amitiés de la rue et de plus loin, de la journée, de l'air du temps...un peu de tout, un peu de rien, mais toujours à gauche.
  • Contact

Pour le plaisir

Recherche

MÉMoire ClassÉE

En campagne

21 août 2010 6 21 /08 /août /2010 03:59

http://goudouly.over-blog.com/article-le-vivant-les-brevets-ogm-et-l-ecologie-politique-2-55572646.html

carte postale de Jean-Christophe Alix

jean-christophe alix
"amours canines"

cARTed Network

The cARTed Picture Show
Sculpture Amicale - Friendly Sculpture
cARTed Series n.243 - mai 2009 - Marseille
Le vivant, les brevets, OGM et l'écologie politique

 

Sommaire :

 

  1. Les outils d'une main mise et leur ressort interne
  2. Arrivée des biotechnologies et privatisation du vivant
  3. Le rôle de l'OMC : un arbitre dévoué
  4. F1/OGM : une logique commerciale implacable s’est mise en place
  5. La question de la faim
  6. La production agricole
  7. La santé face aux PGM (Produits Génétiquement Modifiés)
  8. La pollution due aux PGM / impacts sur l’environnement
  9. L’économie des PGM (Produits Génétiquement Modifiés)
  10. Des solutions sont possibles, mais uniquement dans la globalité !
  11. Les positions libérales de la France et de l’Europe sur les PGM (avec textes complémentaires)
  12. Quelques propositions concrètes pour une agriculture de qualité
  13. Conclusions

 

 .../...


10. Des solutions sont possibles, mais uniquement dans la globalité !

 

Certains éléments agricoles ont été abordés dans les textes précédents, d’autres sont à étudier aussi ; et, en premier, une révision profonde de la gestion et le rapport au foncier. Aujourd'hui, sa répartition est absolument injuste. Il est accaparé par les grandes fortunes ou par les entreprises internationales avec en particulier un mouvement en Afrique d’accaparation par ces transnationales. Mais là encore, il faut toujours revenir aux bases fondatrices du paradigme de l'ère industrielle, l'économisme, qui postule que la vie n'a pour seule finalité que la production, le travail-salarié et (ce qui nous intéresse ici) le capital-propriété. Ainsi, s'attaquer à cette répartition des terres n'est pas une simple mesure, c'est une remise en cause fondamentale du paradigme qui gouverne nos sociétés depuis 200 ans sur la question du rapport existentiel à la propriété et à la terre. Il s'agit donc, derrière cette question, d'un véritable projet alternatif de société et non d'une simple mesure visant à mieux répartir les terres (mesure qui ne pourra qu'être un échec faute d'avoir compris la globalité du problème).

 

Ensuite, une répartition plus équitable de la production par une relocalisation des choix d’exploitation des surfaces traitées permettrait déjà une autre vision du monde agricole qui n’aurait pas pour orientation le profit.

Un autre domaine qui demande à être exploré est la revitalisation des semences paysannes enfermées dans la législation toujours plus contraignante en faveur des semences certifiées (à ne pas confondre avec les semences fermières qui sont des semences issues de la récolte de semences certifiées achetées à un semencier, uniquement possible pour les plantes autogames).

La semence paysanne est un concept récent mais trouvant son fondement dans une réalité ancestrale. Plusieurs pays (Brésil : maïs, Syrie : blé, France : maraîchage,...) sont revenus sur la recherche en ce qui concerne les semences paysannes.

Un combat violent se livre à cet endroit entre les porteurs des ces lignées anciennes reconstituantes de la biodiversité et des tenants d’une agriculture standardisée et aseptisée. Ainsi, comme déjà affirmé plus haut, la relocalisation de la production associée à la relocalisation des centre de décisions serait un levier exemplaire pour redynamiser la production agricole afin qu’elle répond à ses missions de production, d’environnement et de lien social.

 

La revitalisation, dans ce schéma là, de la production biologique en indépendance des centrales de distribution serait d’un apport bénéfique.

Comme pour les produits « équitables » sous label officiel, la production bio actuelle a tendance à suivre les marchés de la grande distribution qui lentement, mais sûrement, impose ses critères de sélection jusqu’à acquérir ses propres terres pour assurer la production en monoculture des articles qu’elle souhaite distribuer. En ce sens, les habitudes alimentaires insufflées par une propagande ventant immanquablement les productions issues de l’industrie alimentaire posent de véritables problèmes de structuration des familles. Ainsi, l'écologie politique montre donc que la question agricole ne trouvera pas de solution isolée, mais une solution dans un projet de société dans lequel la réforme de l'agriculture ira de pair avec la question d'un savoir libre d'accès, avec la question de l'autonomie de l'individu et avec la prise de conscience qu'il faut lutter contre le consumérisme et sa propagande psychologique (c'est à dire interdire la publicité qui s'impose à l'individu sans son consentement explicite).

 

11. Les positions libérales de la France et de l’Europe sur les PGM

 

Au même titre que l’énergie ou l’eau, les semences sont un enjeu économique fort pour le contrôle des populations par la sphère économique.

En ce sens, le consensus de Washington (1989) au niveau mondial, suivi au niveau européen par la stratégie de Lisbonne (2000) et de la dernière mouture de Traité Européen (en 2007, dit « traité de Lisbonne »), s’applique dans sa partie économique aussi aux questions agricoles dont à la possession des semences.

La concentration des entreprises de biotechnologies dans le monde (Monsanto, Bayer CropScience,  Pionner, BASF, Syngenta Dow Agro-Science sans oublier la coopérative française Limagrain) qui pour la plus part produisent aussi des pesticides, en lien avec les processus politiques mis en œuvre au niveau mondial pour imposer une vision libérale de notre monde impose des législations qui vont dans le sens de cette concentration.

 

Au plan Européen :

 

Les grands principes en ce qui concerne la coexistence entre les OGM et le non OGM au niveau européen ont été établis en 2003 (suite à la directive 2001/18 sur les OGM) et comprennent :

-         L’évaluation environnementale et sanitaire des OGM intervient lors de l’examen des demandes d’autorisations

-         La coexistence doit être réglementée par les Etats membres

-         Les lois qui organisent la coexistence doivent être « proportionnelles », car « les mesures de coexistence doivent éviter tout fardeau inutile pour les agriculteurs, les producteurs de semences, les coopératives et les autres opérateurs associés ».

-         La responsabilité de la coexistence se décline ainsi : « les questions relatives à la compensation financière ou à la responsabilité pour les dommages économiques sont de la compétence exclusive des États membres ».

 

En 2010, la commission européenne a admis qu’il est « évident que la production biologique nécessite des efforts supérieurs de séparation », car jusqu’à cette date il n’a pas été envisagé la coexistence entre cultures conventionnelles et cultures biologiques.

 

En 2003, la Commission Européenne recommandait de ne pas adopter de règles de coexistence qui iraient au-delà de ce qui est nécessaire pour garantir des contaminations inférieures au seuil d’étiquetage établi politiquement à 0,9%. En 2010, la Commission recommande qu’elles soient « proportionnées à l’objectif poursuivi (protection des exigences particulières des agriculteurs conventionnels ou biologiques) », et donc que les mesures de coexistence nationales puissent garantir un seuil de présence d’OGM inférieur à 0,9%, pour les producteurs biologiques ou certains producteurs conventionnels (on pense aux productions « sans OGM », aux AOC et à certains labels dont le cahier des charges exclut les OGM).
De même, ces nouvelles lignes directrices reconnaissent la possibilité, pour certaines zones géographiques particulières de se déclarer « zone sans OGM » afin d’éviter des contaminations. Cependant, la Commission européenne précise que « de telles exclusions devront reposer sur la démonstration par les États membres que, pour ces régions, d’autres mesures ne suffisent pas pour atteindre des niveaux de pureté suffisants ».

Aucun contenu n’est fourni en ce qui concerne la démonstration…

 

Ces nouvelles lignes directrices ont été assorties d’une proposition de modification de la réglementation : permettre aux Etats d’accroître la liberté d’interdire la culture des OGM autorisés. Sauf que ce principe va s’opposer à un principe supérieur inclus dans les textes vus en introduction : la concurrence libre et non faussée.

 

L’Europe met en application le principe de subsidiarité afin de donner plus de chance localement aux OGM de s’implanter, sur le principe du renard libre dans un poulailler libre.

La personne chargée de ce dossier en 2010 au plan européen est le commissaire européen à la santé, John Dalli.

 

OGM : la Commission présente officiellement ses plans
par Anne Furet, juillet 2010

 

Aujourd’hui, 13 juillet 2010, le commissaire européen à la Santé, John Dalli, commentait en conférence de presse les options retenues par le collège des commissaires sur le dossier OGM. La volonté affichée par la Commission est d’accroître la liberté des États d’interdire la culture des PGM, mais pour les ONG européennes, c’est davantage un déblocage de l’épineux dossier des autorisations à la culture qui est recherché.

 Plus de pouvoirs aux États ou statu quo ?

« Le système basé sur la science existe, existait et existera toujours » annonce John Dalli. Il ne s’agit donc pas de modifier la procédure européenne actuelle d’autorisation des OGM. Mais le commissaire à la santé déclare vouloir, une fois les OGM autorisés, « accorder aux États membres la liberté de restreindre ou d’interdire la culture des OGM ». Or, dans les faits, il apparaît que les propositions de la Commission ne modifient pas sensiblement le pouvoir des Etats sur la culture. Voyons le détail.

Le collège des commissaires a adopté deux mesures. Premièrement, il remplace la recommandation sur les lignes directrices sur la coexistence, de 2003, par une nouvelle recommandation « plus souple ». Les anciennes lignes directrices, prises en application de la directive 2001/18 sur les OGM [1], étaient en effet assez restrictives mais comme toute recommandation, elles n’étaient pas contraignantes et les États pouvaient déjà prendre des mesures plus restrictives sans être inquiétés par des poursuites devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) (l’Autriche, la Hongrie ou la Bulgarie appliquent déjà des règles de coexistence très strictes). La nouvelle recommandation n’est pas d’avantage contraignante.

Deuxième mesure : la Commission propose au Conseil et au Parlement d’ajouter un article à la directive 2001/18. Le nouvel article 26 ter prévoit que les autorisations de commercialisation d’OGM « ne devraient pas affecter la possibilité pour les États membres d’adopter des mesures, interdisant, et empêchant la culture de tout OGM ou d’un OGM, y compris les OGM mis sur le marché ». Mais cette possibilité de restriction ne doit ni se baser sur des aspects sanitaires et environnementaux (déjà évalués par l’UE dans le cadre des procédures d’autorisation), ni sur des questions de préventions des contaminations (déjà couvertes par l’article 26 bis et les recommandations sur la coexistence). On parle donc d’interdiction d’un ou de plusieurs OGM mais on se demande sur quoi pourront se baser ces nouvelles possibilités d’interdiction s’il ne doit pas s’agir d’éléments faisant partie de l’évaluation ou de la prévention de la présence d’OGM dans d’autres produits.
A cette question, Dalli répond que les États pourront s’appuyer sur des raisons éthiques, mais également sur des mesures plus larges. La communication de la Commission accompagnant les mesures détaille que cela pourrait permettre aux Etats d’interdire les OGM pour des raisons agronomiques, ou du fait de l’impossibilité de garantir la coexistence, ou bien pour préserver le marché du « sans OGM », ou encore pour protéger des zones naturelles. Les raisons pourraient donc être d’ordre plus politique. Or une note juridique commandée par les Amis de la terre Europe et Greenpeace Europe explique quant à elle que seules des motivations purement éthiques pourraient potentiellement être invoquées sur ce fondement. Selon les avocats, aller au-delà exposerait les États membres à des poursuites devant la CJUE [2]. A noter que les arguments éthiques peuvent déjà être invoqués dans le cadre des Traités : la Pologne avait avancé l’argument en 2009, mais la Cour l’avait écarté car il était intervenu trop tard dans la procédure [3].
Par ailleurs, la note juridique souligne que la proposition est « criblée d’incertitudes juridiques ». Cela conduit les Amis de la terre Europe à qualifier les mesures de « vides » et de « dangereuses » [4].

 Volonté de débloquer l’épineux dossier de la culture des PGM en Europe

Depuis 1998, l’Union européenne n’a autorisé que deux PGM pour la culture : le maïs MON810 en 1998 et la pomme de terre Amflora en mars 2010. La Commission peine à rassembler l’appui politique nécessaire à l’autorisation de la culture de nouvelles PGM. Les moratoires se multiplient : France, Allemagne, Luxembourg, Autriche, Hongrie et Grèce interdisent la culture du MON810. Pour la pomme de terre, le Luxembourg et la Hongrie se sont déjà positionnés contre.

En parallèle, au Conseil environnement de juin 2009, treize États, parmi lesquels l’Autriche et les Pays-Bas, ont formulé la demande d’avoir plus de pouvoir sur la culture des PGM. Face à ces difficultés, la Commission, même si elle s’en défend [5], a vu dans la demande la possibilité de troquer plus de subsidiarité sur la culture contre un appui politique plus fort en amont des autorisations. C’est aussi l’analyse des Amis de la Terre et de Greenpeace Europe qui estiment que la Commission souhaite accélérer les procédures d’autorisation des OGM [6]. Le risque est donc de voir se multiplier les autorisations de la culture des PGM : quatre PGM pourraient ainsi être autorisées sous peu.

 Quelles suites ?

John Dalli présentait le 13 juillet après-midi la proposition à la Commission environnement du Parlement européen. La prochaine étape est la mise en œuvre de la procédure de codécision sous la présidence belge. Le Conseil sera saisi des questions en septembre et octobre. Tous les États ne sont pas favorables à la proposition : la France, l’Espagne [7] et la Belgique ont déjà fait part de leurs réticences.
S’en suivra un débat au Parlement, qui risque de déclencher des discussions fort intéressantes sur la politique menée par la Commission sur le dossier OGM.

[1] Selon l’article 26 bis de la directive 2001/18 relative à la dissémination volontaire d’organismes génétiquement modifiés dans l’environnement : « Les Etats membres peuvent prendre les mesures nécessaires pour éviter la présence d’OGM dans d’autres produits. »

[2] http://www.foeeurope.org/GMOs/docum... 

[3] Affaire C 175/08, Cour de justice de l’Union européenne

[4]  http://www.foeeurope.org/press/2010... 

[5] « Nous n’allons pas échanger cette réforme contre l’assurance qu’ils seront plus souples concernant les autorisations », a ainsi affirmé Dalli au Monde (Le Monde du 14 juillet 2010).

[6]  http://www.foeeurope.org/press/2010... 

[7]  OGM - UE : La France et l’Espagne ne veulent pas du calendrier de la Commission

 

  •  

 

La position de la France :

Le 7 février 2008, le gouvernement français a interdit la culture de la seule plante génétiquement modifiée (PGM) autorisée à la culture en Union Européenne, le maïs MON810. Cette interdiction repose sur l’avis rendu par le comité de préfiguration de la Haute autorité sur cette PGM. Dans le même temps, la France a informé la Commission européenne de l’interdiction, en notifiant la mise en œuvre de la « clause de sauvegarde » de la directive 2001/18. La « clause de sauvegarde » est un article de la directive qui permet à un Etat de l’Union européenne de suspendre une ou plusieurs utilisations d’un OGM autorisé sur le territoire de l’Union européenne, lorsque cet Etat a des « raisons précises de considérer qu’un OGM (...) présente un risque pour la santé humaine ou l’environnement ».

Toutefois :

La fin du moratoire français sur la culture des OGM ?
par Anne Furet, Christophe Noisette, et Guy Kastler, Réseau Semences Paysannes juillet 2010

 

Le 20 juillet, à la demande de plusieurs entreprises semencières [1], le ministre de l’Agriculture, Bruno Lemaire, a inscrit au catalogue français 36 variétés de maïs génétiquement modifié Mon810 et deux variétés de maïs GM T25 [2]. L’inscription des deux variétés de maïs T25 pourrait signifier la fin du moratoire français sur la culture commerciale des OGM, et l’entrée dans les champs européens de cette plante tolérante à un herbicide. Inf’OGM demande que toute la transparence soit faite sur cette affaire.

Les maïs Mon810 et le T25 ont été autorisés à la culture en 1998 en Union européenne et font aujourd’hui l’objet d’une demande de renouvellement qui prolonge leur autorisation. Depuis 2008, la France a interdit la culture du Mon810 de Monsanto. L’autorisation de commercialiser ces 36 variétés ne remet donc pas en cause cette interdiction de culture, mais elle fait automatiquement accéder ces dernières au catalogue européen. Les entreprises françaises peuvent ainsi en commercialiser les semences dans les pays où le Mon810 n’est pas interdit [3].

Plus préoccupante encore est l’inscription des deux variétés de maïs T25 appartenant à deux sociétés françaises Orsem Hybrides et Maïsadour. Tolérant aux herbicides à base de glufosinate d’ammonium, l’évènement transgénique T25 de l’entreprise allemande Bayer [4] n’est pas cultivé sur le territoire européen. Interrogée par Inf’OGM, la Commission européenne précise qu’aucune variété de maïs T25 n’a été inscrite au catalogue européen. En effet, une autorisation de mise sur le marché de semences GM est subordonnée à l’inscription de variétés sur le catalogue. L’arrêté du ministre de l’Agriculture du 20 juillet pourrait donc conduire à ce que le T25 puisse être désormais cultivé sur l’ensemble du territoire européen. La France n’a pas déposé de clause de sauvegarde sur cet événement transgénique, contrairement à l’Autriche [5]... Cela marquerait donc la fin de l’interdiction des cultures commerciales des OGM en France.

Interrogé sur ce point le 29 juillet, le ministère de l’Agriculture n’a pas encore répondu à nos questions. De son côté, le semencier français Maïsadour ne nous a pas indiqué si ces variétés pourraient être commercialisées lors des prochains semis et dans quelles régions.

Il convient de rappeler que l’usage du glufosinate d’ammonium n’est pas homologué sur le maïs en France, retirant de fait tout intérêt agronomique spécifique à la culture du maïs T25 pour les agriculteurs français. Il est en revanche autorisé pour désherbage avant mise en culture, ce qui permet de douter de la capacité de l’administration à contrôler le moment exact de son éventuel usage. Par ailleurs, une éventuelle multiplication de semences de T25 destinées à l’exportation pourrait être envisagée même sans utilisation de glufosinate d’ammonium. Comme les homologations des pesticides varient d’un pays à l’autre, l’utilisation de cet herbicide total sur le maïs pourrait être autorisée dans d’autres pays de l’UE. Mais nous n’avons pas réussi à savoir dans quels pays un tel usage serait éventuellement permis.

Il demeure difficile de connaître les raisons précises de l’inscription des ces variétés au catalogue. Mais cela pourrait être à rapprocher de la volonté des semenciers de valoriser au plus vite leurs obtentions OGM dans les pays où elles peuvent être cultivées. Par ailleurs, le Mon810 et le T25 attendent le renouvellement de leur autorisation de culture au niveau européen, doit-on y voir un lien ? S’agirait-il d’un pas pour faire faire homologuer le glufosinate d’ammonium sur le maïs et autoriser à la culture d’autres OGM résistants à l’herbicide total ? On pense notamment au Bt11 et au TC1507 actuellement dans les tuyaux des institutions européennes, et tout deux tolérant au glufosinate. De nombreux éléments doivent donc être éclaircis, mais aucune culture commerciale ne devra avoir lieu, en France, sans l’information du citoyen, comme l’exige l’article 10 de la loi de 2008 sur les OGM [6].

 

[1] Monsanto associé à Delkab et Asgrow, Pionner, KWS, mais aussi de sociétés françaises comme Limagrain ou Maïsadour associé à R 2n

[2] http://www.legifrance.gouv.fr/affic...

[3] L’Allemagne, l’Autriche, la France, la Grèce, la Hongrie, et le Luxembourg interdisent la culture du Mon810

[4]  http://ec.europa.eu/food/dyna/gm_re... 

[5]  OGM - La Commission européenne désavouée par les Etats-membres, les moratoires sont donc maintenus 

[6] Article L.663-1 du Code rural

 

 

 

 

 

 

12. Quelques propositions concrètes pour une agriculture de qualité

 

 

  1. Interdire les importations d’OGM agricoles en France et en Europe (en ayant recours au Protocole de Carthagène sur la prévention des risques biotechnologiques relatif à la Convention sur la diversité biologique)
  2. Interdire les expérimentations en plein champ
  3. Interdire les cultures actuelles d’OGM
  4. Mettre en place une réglementation rigoureuse sur l’étiquetage des produits contenant des OGM
  5. Soutenir le boycott des produits contenant des OGM
  6. Accroître l’effort de recherche pour comprendre le monde du vivant
  7. Considérer les résultats des recherches comme des biens communs inaliénables de l’humanité et accessibles à tous
  8. Se retirer de l’AGCS et de l’OMC, et développer une recherche plurielle, multidisciplinaire et indépendante, en particulier par rapport aux intérêts des multinationales
  9. En finir avec la prétendue neutralité scientifique et créer un dialogue permanent entre les chercheurs et la société afin de décider les objectifs et priorités des recherches, et mettre la recherche directement au contact des citoyens en formant les chercheurs à une compréhension du monde où ils vivent.
  10. Interdire tout brevet sur le vivant : se retirer de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle liés au commerce (ADPIC) de l’OMC et faire abroger la directive européenne 98/44
  11. S’inspirer du régime de propriété intellectuelle « copyleft » pour garantir une juste rémunération de tous les acteurs économiques.
  12. Revoir les protocoles d’évaluation des risques, dont certains datent des années 1970 ; évaluer le niveau de risque acceptable en fonction de l’intérêt général avant usage d’une nouvelle technologie hors de la « sphère de la recherche » (où celle-ci peut être utilisée pour les seules finalités de la recherche).
  13. Ne plus restreindre ces évaluations aux seuls critères scientifiques ou financiers : le principe de précaution doit être appliqué, le Protocole de Carthagène doit primer sur l’OMC pour préserver l’environnement, les générations futures et les autres activités humaines.
  14. Garantir l’absence de toute augmentation des coûts pour le producteur et le consommateur qui refuse les OGM
  15. Garantir l’accès à des produits sans traces d’OGM, et dont aucun ingrédient n’est issu d’OGM ; dénoncer l’accord commercial avec les Etats-Unis qui empêche l’Europe de produire une alimentation sans OGM pour son bétail
  16. Rompre avec les pratiques agricoles productivistes et de la grande distribution
  17. Développer de nouvelles pratiques agricoles pour faire accéder les populations les plus pauvres à l’autonomie alimentaire et préserver la biodiversité
  18. Développer l'apprentissage des pratiques alimentaires dans les populations (réapprendre à cuisiner, libérer du temps, mettre en place des filières courtes, etc. )
  19. Etendre la responsabilité civile à l’ensemble de l’environnement et permettre aux victimes de demander réparation à l’auteur du dommage causé par des OGM
  20. Faire participer des citoyens aux prises de décision, au contrôle de leur mise en œuvre et à leur évaluation. Il est possible de s’inspirer des conférences de citoyens telles que pratiquées au Danemark. Elles ont démontré la capacité des « profanes » à s’approprier un dossier complexe pour donner un avis digne des assemblées politiques et scientifiques.
  21. Reconsidérer l’attribution du foncier pour :

a-      préserver ou rétablir les équilibres biologiques et écologiques ;

b-     recenser les ressources naturelles et d’en assurer une sage gestion ;

c-      sauvegarder ou restaurer les espaces naturels, les paysages et les sites ;

d-     prévenir et combattre les pollutions ;

e-      développer et réaliser des établissements humains et les équipements de façon que soit assuré un équilibre entre les régions et dans chacune d’entre elles ;

f-       organiser les établissements humains, ruraux et urbains dans le souci du développement de communautés vivantes et responsables, et dans celui de l’épanouissement physiologique des personnes qui les constituent ;

g-      favoriser le développement économique ;

h-      définir les règles d’affectation du sol et des richesses naturelles et d’en assurer la maîtrise collective chaque fois que celle-ci doit favoriser la réalisation des objets ci-dessus définis ;

i-        de former les hommes et d’organiser les collectivités de façon qu’elles assument pleinement leurs responsabilités.

  1. Créer les conditions d’une revitalisation des échanges locaux en promouvant une véritable politique de relocalisation des espaces de décisions

 

Tant que toutes ces conditions ne seront pas remplies et que la charge de la preuve de l’innocuité et de l’utilité sociale n’incombera pas à celui qui veut introduire une nouvelle technologie, le moratoire doit être renforcé et les OGM doivent rester en milieu confiné.

 

 

Les projets au-delà des OGM (biotech, nanotech, biologie moléculaire,...)

L’industrialisation de la biologie, et donc de la biologie synthétique, suscite une frénésie d’investissement porté par de nouveaux marchés purement spéculatifs comme l’énergie, avec la production de biocarburant et la bourse des émissions de CO2 décidée par l’accord de Kyoto, la chimie, la pharmacie, la détection des substances (organismes sentinelles) ou la décontamination de l’environnement.

Les questions liées à ces technologies sont les même que celles posées par les problèmes liés aux OGM : sont-elles utiles socialement, quel est le coût social de ces technologies et qui le supporte ? La transparence est-elle de rigueur dans ces domaines ? Un contrôle autre que commercial est-il exercé ?

 

L’industrialisation de notre monde, la course à la croissance, qui aujourd’hui s’apparente exclusivement à une croissance financière, éloigne les centres de décisions de notre quotidien.

 

 

13. Conclusions

 

            Les familles

La famille, au centre de tout et déjà combattue comme cercle structurant, est l’enjeu de toutes les batailles. Et sur le cas des OGM aussi ! puisque les questions de santé, de faim, d’utilité sociale passent obligatoirement par la structure familiale qui est le lieu où le lien affectif, la transmission, l'échange, résiste encore au paradigme dominant qui tente de réduire la totalité des rapports à ceux purement économiques.

Aussi, un des objectifs du néo libéralisme est de déstructurer la famille, c'est à dire ce dernier bastion de la richesse humaine, afin que la propagande productiviste puisse faire son œuvre aisément afin de commercialiser les produits qu’elle juge utile de diffuser pour son exclusif bénéfice, prolétariser (c'est à dire domestiquer !) les individus dès leur plus jeune âge et pousser les catégories économiques toujours plus loin, en faire des valeurs dans les rapports humains les plus intimes.

 

            La préservation de la planète

La préservation de la planète ne concerne pas nos élites qui sont des esprits dominés psychologiquement par le paradigme de l'ère industrielle. Nous avons pu le constater lors de Cop15 à Copenhague, et la démonstration sera encore faite pour la préparation de Cop 16 à Cancun au Mexique du 29 novembre au 10 décembre 2010 où les intérêts industriels et libéraux seront aux avants postes pour empêcher tout frein à la logique d'une machine qui mène le monde au bord de la rupture sociale, éthique, environnementale.

Voir :

http://www.ufal.info/developpement-ecologique-et-social/cop-15-quel-bilan/391

 

            Le combat anticapitaliste

 

Le productivisme qui guide le capitalisme est-il viable pour l’avenir de la planète et de ses occupants ?

La réponse est clairement non.

Notre combat passe donc par une remise à plat de tous les paradigmes inculqués surtout dans le domaine économique. Or, la question centrale est bien là ! Car, de fait, la problématique de l'agriculture interpelle, celle du rapport au culturel, au vivant, celle de la santé, celle de l'accès au savoir, celle de l'autonomie de l'individu et celle de la propriété des terres. Or, tous ces aspects ne peuvent trouver d'articulation qu'au travers d'un projet alternatif qui s'appuie non pas uniquement sur une analyse socio-économique, mais sur la compréhension des mécanismes du productivisme, c'est à dire sur la remise en cause de la mécanique propre au paradigme de l'ère industrielle qui impose ses outils de pensée depuis le XIXème. Il n'y aura donc pas de projet alternatif viable hors un modèle alternatif de paradigme économique; projet qui pourrait reposer sur la transmission, l'abondance et le libre accès, le bien être et l'autonomie ; en lieu et place du trio capital-propriété, travail-salarié, production.

 

L’objectif est de remettre l’humain au centre de nos préoccupations. Les solutions proposées au chapitre précédent dans les domaines incriminés sont des pistes de travail qu’il convient de bien exploiter.

 

Dominique Mourlane

 

 

 

 

 


 

Notes de lectures

 

Société civile contre OGM : arguments pour ouvrir un débat public

Collectif

Editions Yves Michel

 

Plantes et aliments transgéniques

Jean-Marie Pelt

Pocket Fayard

 

La bio piraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance

Vandana Shiva

ALiAS etc

 

Les OGM en guerre contre la société

Attac

Mille et une nuits

 

La guerre au vivant

Dirigé par Jean Pierre Berlan

Agone

 

L’agriculture talon d’Achille de la mondialisation

Jacques Berthelot

L’Harmattan

 

Graines suspectes

Robert Ali Brac de la Perrière et Franck Seuret

Enjeux planète

 

Santé, mensonges et propagande

Thierry Souccar et Isabelle Robard

Seuil

 

Ces OGM qui changent le monde

Gilles-Eric Séralini

Champs / Flammarion

 

Vers un commerce équitable

Minga

 

Utopie foncière

Editions du Linteau

 

Agricultures africaines et marché mondial

Marc Dufumier

Fondation Gabriel Péri

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires