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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 03:12



Jean Claude Werrebrouck : La crise globale des années 2010 (III/III)



Jean Claude Werrebrouck est professeur d’économie à l’université de Lille 2, dont il y a dirigé pendant de nombreuses années l’IUT puis l’Institut du Management de la Distribution. Il organise régulièrement des séminaires de réflexion pour un public de cadres et dirigeants du secteur médico-social

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6) Soyons raisonnables et sortons de son grenier la planche à billets

Le scénario du miracle sans lendemain

Une partie de l’opinion notamment occidentale pense encore que le bœuf est aussi léger que la grenouille, que les garanties ne seront jamais utilisées, que les capitaux publics prêtés aux banques seront en fait un placement paradisiaque, que les dénationalisations à venir seront juteuses, que les dépenses budgétaires massives pour relancer les échanges réels entraineront mécaniquement de nouvelles rentrées fiscales, etc. il s’agit du scénario optimiste. Son occurrence semble faible laquelle est, d’une certaine façon, une vraie chance.

Si la finance rentre dans sa boîte, presque par enchantement, les conditions d’une nouvelle crise seront vite réunies. Des « fire walls » efficaces ne seront pas mis en place et on se contentera d’un toilettage minimum du système : normes comptables nouvelles, et agences de notation revisitées feront l’affaire. La finance pourra d’autant plus facilement sortir de sa boite que l’expérience aura montré une fois de plus que les Etats sont là pour payer les coûts sociaux des orgies financières. il s’agit de la question tant débattue des comportements opportunistes chez les économistes. Au surplus le règlement, comme par enchantement, de la crise, aboutira à l’édification de nouveaux comportements opportunistes, cette fois dans la « paisible économie ». En effet nous constatons aujourd’hui, partout dans le monde l’allongement des files d’attentes de secteurs économiques venant au nom de la crise demander ce qu’ils croient être un juste soutien des Etats : automobile, mécanique ,sidérurgie, banques etc. L’acceptation dans l’urgence risque d’entrainer injustices et gaspillages de toutes sortes : pourquoi Toyota installé dans le sud des USA ne pourrait-il pas bénéficier du plan qui se prépare pour les « big three » ? Les banques tricolores qui reçoivent des fonds publics ne vont t-elles pas en profiter pour renforcer leurs positions internationales ? La prime à la casse n’aurait-elle pas pu être utilisée dans un secteur davantage porteur d’avenir ? « L’ordre spontané » qui alloue si efficacement les ressources et récompense les meilleurs serait ainsi une fois de plus pollué par les marchés politiques : GM est une entreprise obsolète mais le coût qu’il faut normalement payer pour cette inefficacité est reporté sur la collectivité. Ce que l’on perd sur les marchés économiques peut être gagné- comme d’habitude, pourrait-on ajouter- sur les marchés politiques. Nous avions abordé ces questions essentielles lors de notre séminaire de décembre.

Au total parce rien ne changerait dans ce scénario optimiste les vrais problèmes du monde continueraient de se poser : que faire du mercantilisme chinois ? Comment régler les déséquilibres financiers intergénérationnels ? Comment régler les problèmes d’environnement ? etc.

Le scénario de la catastrophe prometteuse

Beaucoup de nos collègues économistes pensent à l’inverse que si la grenouille, ou les grenouilles (les Etats sont nombreux et peuvent envisager une stratégie de coopération) réussissent à maintenir sous contrôle l’inéluctable deleveraging, le prix en sera très élevé.

La trajectoire du futur immédiat ou du moyen terme serait la suivante :

Il faut tout d’abord rappeler - et c’est très heureux - que les grenouilles ne sont pas seules à pouvoir grossir et à pouvoir théoriquement maitriser le deleveraging. Les banques centrales commencent à jouer et vont jouer un rôle d’abord essentiel, puis... en fin de processus.... un rôle complètement décisif.

D’abord un rôle essentiel en ce sens que les banques centrales sont déjà à l’œuvre dans l’aide au nettoyage des bilans bancaires. Au-delà des politiques de taux zéro ou proches de zéro, elles achètent et vont massivement acheter les actifs douteux des banques de second rang. Le processus est simple : En contrepartie de l’acquisition de titres qui vont figurer au bilan des banques centrales, il y a augmentation des comptes courants des banques de second rang, comptes figurant au passif des banques centrales (chaque banque de second rang dispose d’un compte courant à la banque centrale). Le résultat est simple : le total du bilan des banques centrales ne peut que gonfler. Celui - toutes choses égales par ailleurs- des banques de second rang reste identique (un actif non monétaire est remplacé par un actif monétaire théoriquement pour un même montant). Voilà pour l’aspect quantitatif.

Sur le plan qualitatif l’actif des bilans des banques de second rang est réputé meilleur et le risque d’insolvabilité s’éloigne. En revanche il y a détérioration de la qualité de l’actif des banques centrales. Certains auteurs de la presse économique en ont conclu rapidement qu’il s’agit d’un transfert de risques pouvant mettre en situation d’insolvabilité les banques centrales. Or, il est important de rappeler ici - et nous mettons en garde les participants du séminaire - que la notion de dépôt de bilan d’une banque centrale n’a strictement aucun sens puisque cette dernière dispose d’un pouvoir exorbitant : celui de créer de la monnaie. La banque centrale est l’élément complètement granitique des systèmes financiers nationaux.

Quand, par conséquent, on voit le bilan de la FED être multiplié par 4 sur le seul mois de novembre 2008, il faut simplement en conclure qu’il y a eu création monétaire, « quantitative easing » comme disent les habitués de la FED. Cette création n’est en aucune façon catastrophique et permet d’éloigner ou de contenir le risque systémique. Cette politique fût inaugurée par la FED - et sans doute auparavant par la banque centrale du Japon, il est vrai dans un autre contexte - mais il est clair que toutes les banques centrales du monde vont connaître la même évolution. Même la BCE pourtant réputée plus stricte a vu son bilan augmenter de 55% sur l’année 2008.

Il faut aller plus loin et le rôle des banques centrales pourrait devenir en fin de processus complètement décisif. Dans combien de temps ? Aucune réponse ne peut être apportée aujourd’hui. Le raisonnement, implacable, comme la réalité correspondante pourrait être le suivant :

Le déversement de billets par hélicoptère, s’il peut éloigner la déflation et le risque systémique, n’aboutit très largement que dans la trappe à liquidités, sans réenclencher de façon substantielle la ronde des échanges marchands. Tout au plus - pense t-on - les déversements héliportés contiendront la déflation comme d’autres types d’aéronefs contiennent les incendies de forêt. La ronde des échanges ne reprendra sérieusement que par la force : la commande publique de travaux et autres marchandises, ce qui nous renvoie à la grenouille. Elle peut certes grossir en se fixant des déficits budgétaires sans cesse croissants, encore faut-il que la dette souveraine, en particulier les bons du trésor à moyen terme trouvent preneurs....

C’est ici que les ennuis vont sérieusement commencer, car toutes les grenouilles cherchant à grossir par absorption de liquidités acquises sur divers agents ne présentent pas la même qualité de signature : le trésor grec ne jouit pas de la même réputation que celui de la première puissance économique, politique, et militaire du monde. Cette inégale réputation se mesure tous les jours sur les marchés. Jusqu’en décembre 2008 le trésor américain, bénéficiant de la « fuite vers la qualité » pouvait à court terme se financer à taux zéro : il s’agit de la « rente de la confiance ». A l’inverse, à la même époque, on apprenait que le trésor français devait consentir 40 points de base supplémentaire par rapport au trésor allemand, s’il voulait se financer sans difficultés. Devenir plus gros en « mangeant » de la liquidité, pour réenclencher la ronde des échanges marchands, est d’autant plus difficile que l’on est faible et que la réputation souffre d’un déficit d’excellence. Nous avons là l’origine des « transfusions » du FMI apportés aux grenouilles trop petites, trop jeunes, ou trop faibles : prêts à l’Ukraine, la Hongrie, le Chili, etc. Cette faiblesse de certaines est à terme coûteuse puisque la charge de la dette est proportionnelle au taux de l’intérêt. N’oublions pas que l’on ne prête qu’aux riches.

Ce qui veut dire que les Etats, qui sont grenouilles voulant se faire plus grosses que le bœuf vont entrer dans un processus croissant et dangereux de divergences. Et les plus faibles ne pourront pas longtemps compter sur le FMI qui, lui aussi, à l’échelle planétaire avec ses 250 milliards de dollars de disponibilités, n’est qu’une petite grenouille. Les Etats les plus faibles pourront-ils être aidés par les plus solides qui eux-mêmes de plus en plus vivront de transfusions probablement de plus en plus couteuses ? Qu’il nous soit permis d’en douter.

Le scénario le plus probable, et surtout le plus satisfaisant, devient alors celui-ci : puisque les banques centrales, malgré les déversements héliportés de liquidités, sont incapables à elles seules de réamorcer la ronde des échanges, puisque les Etats seront très vite à court de munitions malgré leur incontestable efficacité, alors il conviendra d’envisager un partage des tâches : Aux banques centrales le soin de fournir des quantités illimitées de munitions ; aux Etats - désormais bien armés - de les utiliser et de forcer par la commande publique le réamorçage de la ronde des échanges. Concrètement cela passera par l’achat massif de bons du trésor par les banques centrales, des achats qui par leur caractère massif empêcheront la remontée des taux d’intérêt. Sans doute la nature des choses va-t-elle changer puisque l’achat de bons du trésor US par un citoyen américain ou chinois est une ponction sur une masse monétaire existante, alors que l’achat par la FED est pure création. La récession peut ne pas devenir grave dépression si les autorités monétaires partout dans le monde s’orientent vers un tel partage des tâches. Et l’enjeu est tel que ce scénario a de bonnes chances d’émerger très rapidement. La double planche à billets (déversements héliportés sur les banques d’un côté, sur les trésors de l’autre) est au moins dans un relatif court terme la seule alternative à l’irruption massive et dévastatrice d’une crise exceptionnellement grave.

7) Des solutions ....et des questions sans réponses

Bien sûr le scénario qui vient d’être développé bouleverse les croyances les mieux établies, notamment les bienfaits de la stabilité monétaire, le dogme de l’indépendance des banques centrales, avec notamment l’interdiction pour un Etat d’exiger l’achat de bons du trésor par sa propre banque centrale. Le problème va rapidement se poser pour l’Europe qui s’est construite une banque centrale qui est de loin la plus indépendante du monde. Rappelons par exemple que l’article 101 du traité constitutif de la CE interdit à la banque centrale et aux banques centrales nationales d’accorder toutes formes de crédits aux administrations publiques nationales

Notons que dans les faits, le pragmatisme, tout au moins le pragmatisme américain, semble déjà se manifester et le président de la FED, en décembre 2008, n’hésite pas à déclarer qu’il compte bien utiliser des « moyens non conventionnels ». Ce pragmatisme fait à l’inverse place à beaucoup de rigueur côté BCE et le scénario retenu sera sans doute assez difficile à mettre en place. Difficulté accrue aussi en raison du fait que les stratégies de coopération entre Etats européens ne semblent pas toujours l’emporter sur des stratégies plus nationales.

Il n’empêche qu’il sera tout simplement intenable pour l’Europe de conserver des Etats nationaux dans leur statut de petite grenouille alors que partout ailleurs le double déversement héliporté sera à l’œuvre , et ce, ne serait-ce que pour des considérations de change qui verraient l’Euro s’apprécier au-delà de toute limite. Une solution devra donc être trouvée pour que l’Europe puisse à son tour - et sans limite - sortir du grenier la planche à billets.

Le double déversement héliporté aboutira mécaniquement à une hausse considérable de la masse monétaire mondiale. Lorsque les bons du trésor émis sans limites n’épongeront plus l’épargne mondiale, ce qui est encore largement le cas au moment où ces lignes sont écrites, mais deviendront de la pure création monétaire, un écart sera crée entre la masse monétaire disponible et ses contreparties en termes de marchandises disponibles. La question est alors de déterminer le moment où la déflation, enfin éloignée, laissera la place à l’inflation.

Il est impossible de répondre à une telle question. Cette inflation est pourtant inéluctable et débutera lorsque les Etats ayant forcé le redémarrage des rondes des échanges, les premières raretés réapparaitront. Ces premières raretés se manifesteront vraisemblablement sur les matières premières et notamment le pétrole dont le faible prix actuel élimine mécaniquement les recherches et forages difficiles et donc son offre.

Il sera difficile pour les Etats de contenir l’inflation...essentiellement parce qu’elle est une partie de la solution.

Tout d’abord parce qu’elle permettra de mieux fermer la boîte dans laquelle la finance sera venue se reposer après le grand nettoyage du deleveraging. C’est que les munitions fournies par les banques centrales au « soldat Etat » seront acquises à taux très faible. En effet l’offre massive de bons du trésor se fait généralement sur la base d’enchères inversées et les banques centrales meilleures disantes empêchent par la création monétaire de faire remonter les taux alors que l’endettement public croit dans de très importantes proportions. Comme la politique monétaire se conduira elle-même à taux proche de zéro, cela signifie, compte tenu de l’inflation à venir, la perspective de taux d’intérêts réellement négatifs. Ce que n’aiment pas la finance et la rente en général. Rappelons-nous l’époque (les années 70) où tous les taux étaient négatifs et les emprunts immobiliers plus aisés à rembourser. Une façon de contenir la finance dans sa boîte est donc de maintenir durablement des taux négatifs.

L’inflation est aussi une partie de la solution en ce qu’elle mettra fin aux sempiternels débats intergénérationnels qui minent le climat social dans nombre de pays. Le taux d’endettement des Etats et des administrations publiques s’érodera vite en situation inflationniste : le stock de dettes notamment anciennes, celles accumulées depuis une trentaine d’années diminuera - toutes choses égales par ailleurs - au rythme de l’inflation. Processus que la plupart des pays ont bien connu après chacune des deux guerres mondiales. L’ardoise intergénérationnelle s’effacera et on ne pourra plus dire que les vivants d’aujourd’hui vivent sur le dos des citoyens à naître.

L’inflation est enfin une partie de la solution car elle amènera immanquablement la question des nouveaux taux de change. Sa version américaine sera lourde de conséquences et il est clair qu’elle entrainera via une chute importante, et sans doute même considérable, du billet vert, une économie moins extravertie. Le couple étrange, le ou la « Chimérique » devra nécessairement redéfinir les modalités d’une coopération qui était insoutenable. Sans évidemment prédire ce qu’il en sera, il est clair qu’une « dé mondialisation », au moins limitée, se déroule déjà sous nos yeux. Il est en particulier vraisemblable que la crise risque de contrarier durablement le mercantilisme agressif chinois, économie continent qui devra elle aussi envisager un avenir moins extraverti à peine d’insoutenabilité ;

Alors, la grande crise ? « Ruse de la raison » ? Nouvelle version de la « main invisible » ? C’est trop vite dit.

Tout d’abord les grands dérangements monétaires vont affecter la devenue vieille organisation de la société : victoire des plus jeunes sur les plus vieux car délestés de la rente de la dette ; meilleure allocation du talent et du travail avec le retour de la « valeur ajoutée » au détriment de la « production de valeur » ; retour des projets et de l’avenir contre le culte du rendement trimestriel voire hebdomadaire.

Ces bouleversements restent éminemment positifs. Ils ne disposent toutefois pas de la marque de l’évidence et laisseront beaucoup de questions. Le combat idéologique des anti keynésiens est encore vigoureux, la baisse attendue des niveaux de vie - notamment aux USA - ne sera sans doute pas simplement passagère ; les modifications considérables des taux de change pourront être catastrophiques pour certains ;les fonds de pension sont abondamment peuplés d’acteurs qui n’accepteront pas facilement la disparition relative de la rente ; le redémarrage forcé de la ronde des échanges se fera sans les subtilités irremplaçables « des ordres spontanés », d’où de probables gaspillages et allocations non efficientes de ressources ; y aura-t-il une véritable fin de la déflation salariale ? ; la disparition de la rente permettra t’elle un nouveau partage de la valeur ajoutée ? ; un nouveau rapport de forces dans les entreprises et donc de nouvelles formes institutionnelles ? etc.

Au-delà, au niveau européen devra être solutionnée une question majeure : quel avenir pour l’euro ?

On a trop vite dit dans le bruit et la fureur de la crise que l’euro constituait un solide abri revendiqué notamment par les petites grenouilles noyées : Islande, Hongrie, etc. C’est que le processus d’euro divergence, processus qui a commencé dès l’installation de la monnaie unique, continue de tarauder la construction. Les différentiels de compétitivité et d’inflation entre les pays de la zone se sont accumulés déjà depuis de longues années et la crise va jeter de l’huile sur un feu qui risque de ne plus être maîtrisable. Déjà « les courbes de taux » divergent de façon inquiétante, et nous disions que l’Etat français est victime d’un « spread » négatif. Les choses sont bien sûr plus redoutables et plus redoutées, pour l’Italie, pour le Portugal, pour l’Espagne, pour la Grèce. L’inflation qui démarrera à la fin du deleveraging sera inégalement vigoureuse entre les différents pays de la zone. Nul doute qu’elle sera plus faible en Allemagne, pays qui à lui seul assure l’essentiel des exportations européennes, tandis que d’autres connaissent des déficits commerciaux abyssaux. S’agissant du couple franco-allemand comment sérieusement penser que l’écart des soldes commerciaux (approximativement excédent de prés de 200 milliards d’euros pour l’Allemagne, et déficit de 70 milliards d’euros pour la France) ne va pas s’accroître avec l’issue inflationniste de la crise ?

Cette issue va correspondre à un choc asymétrique aggravant « l’eurodivergence ». Dans les années 30 la dévaluation était une arme de guerre. Devenue impossible dans la zone euro, le débat portera au cours des prochaines années sur le dilemme suivant : Il est certes peu pensable d’abandonner l’Euro, mais il est aussi impensable de laisser une situation qui aboutira à l’étranglement de la plupart des pays de la zone sud de l’euro. A l’issue de la crise, on ne pourra ni abandonner l’euro, ni vivre avec lui. Que faire ?

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23 janvier 2009 5 23 /01 /janvier /2009 03:09





Jean Claude Werrebrouck : La crise globale des années 2010 (II/III)

Jean Claude Werrebrouck est professeur d’économie à l’université de Lille 2, dont il y a dirigé pendant de nombreuses années l’IUT puis l’Institut du Management de la Distribution. Il organise régulièrement des séminaires de réflexion pour un public de cadres et dirigeants du secteur médico-social.

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3) Le « Deleveraging » comme retour catastrophique dans la boîte

De la même façon que la technique de la pyramide financière, et ses rendements paradisiaques, ne peut correctement fonctionner, que si les apports de capitaux frais sont en volume continuellement supérieurs aux sorties, la hausse des prix de l’immobilier ne peut se poursuivre que si la machine à prêter et à titriser fonctionne sur des volumes rapidement croissants et... sans défauts. Que le taux de défauts augmente légèrement, par exemple parce que des ménages ne peuvent plus rembourser et toute la machinerie peut s’effondrer en entrainant un énorme « crédit Crunch ». Le risque systémique devient un événement relativement probable.

Le mécanisme du « deleveraging » ou de « crédit Crunch » fonctionne de la manière suivante :

Les actifs d’une banque sont bien sûr financés par des fonds propres mais aussi par de la dette. La banque est réputée solvable si ses actifs permettent de rembourser les dettes, y compris les fonds propres qui ont été financés par des apporteurs de capitaux. Le poids des fonds propres se doit d’être significatif dans le total du bilan si l’on veut qu’une éventuelle perte de valeur des actifs puisse néanmoins assurer le remboursement des dettes. ce qu’on appelle « levier » est le rapport entre les actifs et les fonds propres. Plus le levier est élevé et plus le risque est grand de voir la banque être dans l’incapacité de régler ses dettes en cas de défaut d’actif, par exemple un ménage américain incapable de rembourser son crédit immobilier. Il existe bien sûr toujours un certain « taux de défaut » dans les actifs (un pourcentage de ménages américains qui cesse de rembourser) et si ce taux augmente les risques augmentent car la banque compense les pertes sur ses fonds propres. Il en résulte que le levier augmente dangereusement, augmentation vite repérée sur les marchés et augmentation qui sera sanctionnée par une baisse du cours des actions de la banque concernée... la méfiance pouvant entrainer une contagion mimétique. Et la contagion est - nouvelles technologies obligent -aujourd’hui ultrarapide. La banque réagit en vendant des actifs pour rembourser une partie de ses dettes, ce qui à pour effet de rétablir le levier c’est-à-dire de le diminuer. Mais le mimétisme atteint le système bancaire dans son entier, et ce d’autant plus qu’il est de nature holistique. En effet d’autres banques vont connaitre, pour les mêmes raisons, une augmentation du taux de défauts. Toutes vont donc se libérer d’une partie des actifs, toutes vont vendre, ce qui va se traduire par un effondrement des cours , une dégradation de tous les bilans, mais aussi par la disparition du marché interbancaire puisque les banques ne prêtent plus. Selon la terminologie adoptée : « la liquidité a disparu ».

Ce retour dans la boîte est évidemment catastrophique puisqu’il va se traduire immédiatement sur le marché immobilier par un effondrement de la demande dans le sillage de l’effondrement du crédit. Et cet effondrement de la demande sera suivi d’un effondrement des prix du logement d’où de nouvelles difficultés financières pour des ménages américains qui ayant du vendre à vil prix seront incapables de rembourser les banques. La « chaotique finance » est en marche et les forces déstabilisatrices à l’œuvre. Sans frein ou blocage exogène l’implosion finale n’est qu’une question de temps. De nombreux ménages américains peu solvables se sont endettés jusqu’au début de l’année2007 sur la base de taux d’intérêts croissants alors que le bien acheté voit sa valeur décroître. Le taux de défaut ne pourra que gonfler surtout si ces ménages sont parmi les 1800000 chômeurs supplémentaires de l’année 2008. Simultanément les défauts sur les cartes de crédit (environ 7000milliards de dollars) vont augmenter. La « chaotique finance » vient dans sa chute briser la « paisible économie » qui en retour accélère le deleveraging qui....etc.

4)L’Etat sort de sa boîte : la grenouille peut-elle se faire aussi grosse que le bœuf ?

La crise qui s’annonce dispose théoriquement d’une puissance dévastatrice autrement plus importante que la crise de 1929. Les interconnexions étant bien plus importantes, la mondialisation bien plus prégnante, sa vitesse de développement laisse pantois tous les spécialistes. En 1929 la « chaotique finance » ne représentait qu’un poids quasi- négligeable dans le total du PIB mondial. Les instruments financiers étaient eux- même peu nombreux et peu sophistiqués et leur pouvoir de contagion éventuelle très faible. Aujourd’hui les techniques de titrisation développent une opacité totale et permettent de polluer tous les bilans avec une redoutable efficacité. Ce qui accroit le degré de méfiance généralisée et ce y compris à l’encontre d’établissements financiers réputés sains. C’est le sens qu’il faut donner à l’expression de « salade niçoise » employée parfois dans les milieux concernés : tous les ingrédients de la salade sont d’excellente qualité, tous sauf un... ce qui rend la salade incomestible. Au surplus la plus grande partie du monde était à l’écart de qui s’appelait à l’époque la seconde mondialisation : l’Asie n’était guère réellement concernée. Aujourd’hui elle est selon l’expression consacrée ensemble de « pays émergents » et représente 40% de l’humanité. Le salariat mondialisé s’y développe sur une base massive (environ 25 millions de nouveaux emplois salariés crées chaque année) tout au moins jusqu’à l’automne 2008 puisque l’on sait maintenant que l’Asie sera très largement confrontée à la nouvelle grande crise. Tous ces faits sont parfaitement connus et il est inutile d’insister.

Nous n’insisterons pas non plus sur les actions concrètes des Etats qui s’activent massivement depuis l’automne 2008. Ils n’ont pas fini de s’activer et le présent texte serait rapidement obsolète s’il devait trop décrire une réalité qui bouge au quotidien. Par contre il nous faut insister sur le sens de l’action des dits Etats.

A priori ils sont tous redevenus keynésiens et semblent considérer que « l’ordre spontané » ne saurait être hégémonique, ce qui devrait laisser une place à un peu « d’ordre organisé ». Ils sont conscients que la politique monétaire est devenue assez largement inefficace et que le monde est bien dans la « trappe à liquidités » chère à Keynes. Cette expression signifie qu’au fond les acteurs ne veulent plus détenir d’autres actifs que la monnaie elle-même. Cette trappe à liquidité est d’autant plus un piège d’où il est difficile de sortir, que la déflation menace. Celle-ci est un mouvement de baisse généralisée des prix, baisse qui est durable car faisant partie des anticipations des agents. La déflation est la conséquence du « deleveraging » si celui-ci devait se transformer en brutale et violente crise systémique. La déflation est de fait une catastrophe puisque même l’économie retournerait dans sa boîte : à quoi bon échanger de la monnaie contre des marchandises aujourd’hui si je sais que ces mêmes marchandises verront leur expression monétaire se réduire demain. La déflation est un énorme frein au jeu de l’échange, lequel à la limite peut se transformer en troc puisque la monnaie devient l’ultime valeur pouvant se mettre en valeur. Effectivement, et la finance et l’économie rentrent dans leur boîte. On peut saluer les Etats dont les dirigeants ont semble-il assez vite plus ou moins compris que l’enjeu était de l’ordre de la civilisation.

« Il ne faut pas que l’économie rentre dans sa boîte », l’enjeu est prioritaire, et ce bien avant toute réflexion ou nouvelle règlementation dans la « chaotique finance ». Si la politique monétaire devient inefficace (malgré « le déversement d’argent par hélicoptère » selon la célèbre formule de Friedman) pour relancer les opérations d’échanges spontanés (les acteurs se remettent à jouer à l’économie) alors il convient de les « forcer » à jouer le jeu de l’échange en décidant unilatéralement de commander la chaine des échanges : l’Etat doit se mettre à la place des échangistes et réanimer la « ronde des échanges ».

Mais auparavant il faut au moins garantir les échangistes contre les risques d’un jeu qu’ils ne veulent plus jouer : Il faut garantir les acteurs contre le risque systémique qui menace. Pour cela il faut garantir les dépôts bancaires, au moins à bonne hauteur, ce qui est aujourd’hui réalisé partout selon des formes adaptées à chaque Etat. Il faut aussi nationaliser, recapitaliser , mettre en place des structures de « cantonnement » ou de « défaisance » etc. afin de nettoyer les bilans et faire en sorte que la salade niçoise ne contienne que des produits d’excellente qualité. Là aussi le travail est effectué selon des formes et des méthodes relevant de la spécificité de chaque Etat, méthodes qui évoluent parfois d’un jour à l’autre comme ce fût le cas des multiples versions du plan Paulson aux USA à l’automne 2008. Parfois on ira, comme en France, jusqu’à mettre en place des structures de surveillance des banques, structures allant jusqu’à mobiliser préfets et trésoriers payeurs généraux des départements, afin que celles-ci jouent correctement le jeu. Le résultat est que le risque systémique est pour le moment resté à l’état de simple menace.

Mais comme la « turbulente finance » fait partiellement rentrer l’économie dans sa boîte, que le nettoyage, volontaire ou non, des bilans n’est pas suffisant, que les garanties ne sont pas suffisantes, l’Etat se doit aussi de réanimer la « ronde des échanges » par des déficits budgétaires dont Keynes lui-même ne pouvait en imaginer l’ampleur : 6%, 10%, et jusqu’à 14% du PIB s’agissant de la Chine. Et ce n’est vraisemblablement qu’un début : les Etats feront tout pour éviter la catastrophe du risque systémique.

Pour autant la réussite ne peut être garantie car les Etats, malgré le poids de leur signature, sont extrêmement faibles, beaucoup plus faibles qu’en 1929. Sans doute beaucoup plus intelligents (en 1929 les décisions prises ne feront qu’aggraver le désastre) ils sont en quelque sorte devenus la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Le bœuf est en effet le poids des institutions financières. Le total agrégé des bilans de l’ensemble financier par pays est considérable. Sans donner de chiffres, il faut comprendre qu’au bilan agrégé nous avons la plus grande partie du patrimoine des agents économiques. Ce patrimoine représente évidemment plusieurs fois le PIB de chaque pays. A l’inverse l’Etat lui-même ne dispose que d’une portion relativement réduite du PIB (en France moins de 300milliards d’euros pour un PIB d’approximativement deux mille milliards d’euros) Le total du bilan agrégé du système financier est ainsi, partout, près de 10 fois supérieur aux disponibilités théoriques des Etats. Et il s’agit bien de disponibilités toute théoriques car en temps normal elles sont partout insuffisantes, d’où des déficits budgétaires. C’est dire que si le risque systémique devait se produire, les Etats eux -mêmes ne survivraient pas : nous avons bien la fable de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Et tant que le deleveraging n’est pas achevé (il est loin de l’être à l’heure où ces lignes sont écrites) la menace existe.

5)Pourquoi la finance est-elle sortie de sa boîte à une hauteur encore jamais enregistrée ?

Le second paragraphe du présent texte a, au fond, partiellement répondu à la question. Les keynésiens et socio-démocrates ont sans doute raison d’affirmer que les années 80 furent celles de la dérèglementation (la destruction des « fire wall » financiers) et donc celles de l’ouverture de la boîte. Mais les ultralibéraux peuvent en retour affirmer que ce sont les injonctions fédérales américaines (l’interventionnisme étatique) qui sont responsables du drame des subprimes. C’est dire que le débat n’est toujours pas clos et si certains voient la crise comme la sanction de l’ultralibéralisme, d’autres continuent de penser que le problème n’est pas le marché qui ne saurait se tromper mais l’Etat aveugle, soumis aux groupes de pression, qui a exigé des banques des prêts immobiliers au profit de personnes notoirement insolvables.

Toutefois le débat sur les « fire wall » est très insuffisant car il néglige le fait que l’économie d’endettement aux USA s’est inscrite dans un contexte d’épargne proche de Zéro, ce qui est un phénomène relativement rare.

Les historiens de l’économie auront un jour à démêler l’écheveau des liens et de leurs causes qui vont jeter un pont entre la finance et le déséquilibre des comptes courants des USA, notamment vis-à-vis de la Chine. Pour des raisons insuffisamment élucidées le mode de coopération entre la Chine et les USA a abouti à un mercantilisme agressif côté chinois compensé par un transfert d’épargne rendant soutenable un déficit public abyssal côté américain. C’est un couple étrange que forment la Chine et l’Amérique, joliment désigné « Chimérique » par notre collègue américain Niall Ferguson.

Logiquement l’excédent commercial chinois devrait se trouver éliminé par une hausse de la devise chinoise. En effet cet excédent a pour contre partie une entrée massive de dollars et donc une émission de monnaie interne susceptible d’engendrer une hausse de prix affaissant la compétitivité chinoise. Nous avons la thèse de l’équilibre automatique de la balance des paiements. Le mécanisme est simple : puisqu’une partie importante de la production chinoise se trouve hors des frontières et que le volume monétaire correspondant se trouve sur le territoire chinois, alors la base monétaire excède le stock de marchandises disponibles et donc leur expression monétaire doit s’élever. La réalité contredit le raisonnement car la base monétaire va être gelée et les dollars chinois se convertiront en volumes croissants de bons du trésor venant financer un déficit public américain lui-même très fortement croissant. C’est comme cela qu’on a pu dire que les chinois finançaient l’intervention américaine en Irak.

Mais en contre partie l’excédent commercial croissant signifie que les marchandises chinoises aux USA (éventuellement fabriquées à partir d’entreprises américaines implantées en Chine) concurrencent avec une efficacité croissante l’appareil productif installé sur le territoire américain. La concurrence peut ainsi accélérer le rythme des délocalisations contre lequel, ou vis-à-vis duquel une politique de déflation salariale peut être mené. En termes simples la concurrence chinoise empêche une hausse du coût du travail américain. Les gains de productivité américains ne peuvent être facilement redistribués aux salariés et sont plus volontiers redistribués sous forme de baisse de prix à effet de contenir la concurrence asiatique.

Cette stagnation bien connue du pouvoir d’achat aux USA- et aussi dans nombre de pays européens pour des raison semblables- fût compensée par le développement fantastique du crédit et ce qui ne pouvait pas être acheté avec du revenu a pu l’être sur la base d’un endettement continuellement croissant. Nous retrouvons l’idée de politique monétaire laxiste, l’intervention fédérale pour développer les subprimes, les faire disparaître des bilans pour maintenir le levier et continuer l’endettement...etc.

Il existe donc un lien entre mercantilisme agressif chinois, déflation salariale et finance qui sort de sa boîte. Bien sûr le tout aboutit à des niveaux gigantesques d’endettement puisqu’à l’endettement privé il faut ajouter l’endettement public directement financé par l’achat de bons du trésor. Pour ne prendre que la seule économie américaine le total de cet endettement représentait au moment du déclenchement de la crise 450% du PIB US, ce qui est un record historique.

Les développements précédemment menés révèlent que le retour de la finance dans sa boîte sera une opération plus complexe qu’il n’y parait. Il ne s’agira pas de se contenter- à supposer que le deleveraging en cours puisse être maitrisé jusqu’à son terme- de mettre en place de nouvelles règlementations, de nouvelles normes comptables, un contrôle des agences de notation, de la titrisation etc. Il faudra aller beaucoup plus loin et revenir sur l’actuelle division internationale du travail, donc la tacite mondialisation sous sa présente forme.


A suivre...

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22 janvier 2009 4 22 /01 /janvier /2009 03:05


Jean Claude Werrebrouck : La crise globale des années 2010 (I/III)

Jean Claude Werrebrouck est professeur d’économie à l’université de Lille 2, dont il y a dirigé pendant de nombreuses années l’IUT puis l’Institut du Management de la Distribution. Il organise régulièrement des séminaires de réflexion pour un public de cadres et dirigeants du secteur médico-social.

Sur ContreInfo

Nous ne reviendrons pas sur les faits qui s’accumulent depuis l’été 2007 et qui bien sûr vont continuer à produire le bruit et les fureurs de la crise. Nous en avons déjà parlé et ce qui doit nous intéresser est davantage l’intelligence d’un processus qu’une description. Mais il est vrai que tout commence avec une réalité concrète : la crise financière. Comment comprendre la logique de la crise financière ?

1)« Paisible économie » et « chaotique finance »

On sait que « l’ordre spontané » hayekien est au fond un réseau de routes parsemé de feux de signalisation fonctionnant au service des acteurs consommateurs et producteurs. Feu rouge pour le consommateur lorsque les prix montent et vert lorsqu’ils baissent. Feu vert pour le producteur lorsque ces mêmes prix s’élèvent et rouge lorsqu’ils baissent. Quantités offertes et quantités demandées sont ainsi fonction du niveau des prix. Lorsque la demande est faible les prix peuvent être bas et induire une hausse des achats. En retour la demande plus élevée, toutes choses égales par ailleurs, provoquera une hausse des prix. Toutefois le mouvement de hausse est très contenu, car logiquement la demande est d’autant plus faible que le prix est élevé. Ainsi une élévation de prix vient limiter la demande, alors même que l’offre est stimulée par ladite élévation de prix. Il faut alors en conclure que si les forces du marché peuvent impulser des hausses de prix, des forces de même nature viennent en limiter l’importance : la hausse de prix limite l’appétit du consommateur et stimule le producteur...ce qui bloque la hausse...

Au surplus sur les marchés économiques traditionnels de biens et de services tout aussi traditionnels, les biens sont en quelque sorte destinés à la consommation et disparaissent dans l’acte correspondant. Même lorsqu’il s’agit de biens capitaux (une machine par exemple) il y a de fait disparition dans une consommation productive (la machine connait une usure). Cette disparition ou quasi disparition fait qu’il n’y a pas à spéculer sur la valeur future de ce qui doit être consommé. En dehors de quelques cas particuliers (vin par exemple) il n’y a pas de valeur future pour un objet sans avenir.

Les forces du marché sont aussi des forces stabilisatrices et les prix concrets ne connaissent pas le plus souvent de mouvements de grande ampleur. Bien sûr lorsqu’une économie est victime d’une inflation galopante, les prix montent à rythme vif mais les prix relatifs ne bougent pas : seule leur expression monétaire connait une modification.

Ainsi donc « l’ordre spontané » c’est-à-dire ordre social abandonné aux seules forces du marché, ne connaît pas de dérapages spectaculaires s’il cantonne ses échanges aux biens et services traditionnels. Le fait de limiter les échanges à des capacités ou quasi- capacités à consommer fait que les routes de l’ordre spontané sont pratiqués par des automobilistes prudents qui ne connaissent que fort exceptionnellement les dérapages. Bien sûr il existe des exceptions et ce n’est pas parce que les biens sont consommés ou quasi consommés qu’il n’existe pas d’incertitudes temporelles à propos desquelles il convient de se prémunir. Ainsi il est compréhensible que l’on puisse imaginer un marché à terme sur certains biens sensibles qui devront être en disponibilité demain. Concrètement on comprendra qu’Air France cherche à se prémunir des modifications du prix du pétrole en devenant acteur sur le marché à terme du kérosène.

Le marché économique traditionnel, même s’il est fait de compétitions sévères, est donc d’une certaine façon paisible : la notion de « bulle » est généralement absente de son vocabulaire.

Tel n’est évidemment pas le cas des marchés financiers.

Dans la finance la marchandise prend le nom d’actif, et un actif n’est pas réellement consommé : il est aussi pure valeur qui cherche à se mettre en valeur. Cela signifie qu’à l’inverse de ce qui se passe dans la « paisible économie » la demande ne faiblit pas avec la hausse des prix. Elle peut même augmenter. Ce phénomène, inversion de ce qui est classique sur les marchandises traditionnelles, résulte du fait que le bien financier est évalué par le marché en fonction de l’idée que l’on se fait de sa valeur future. Parce que non consommé, ce qui est acheté est le prix futur du bien en question.

Quand, dans la finance un prix monte, le phénomène est interprété comme une espérance de gain futur et donc plus le prix monte et plus le bien est désiré. Nous sommes ici au cœur de la bulle : la hausse de prix attire alors qu’elle devrait repousser. La hausse aujourd’hui implique presque mécaniquement une hausse nouvelle demain. Symétriquement il en est de même pour le phénomène de baisse : la baisse aujourd’hui suppose une raréfaction de la demande et simultanément une élévation de l’offre, d’où, tout aussi mécaniquement une baisse de valeur demain.

Ainsi, dans la finance, les forces stabilisatrices du marché classique sont remplacées par des forces déstabilisatrices. « L’ordre spontané » devient ainsi ordre social où les automobilistes accélèrent lorsque les feux sont pourtant rouges. La circulation paisible laisse la place à une circulation dangereuse et chaotique. A noter que pariant sur le futur, et un futur qu’évidemment personne ne connait, le phénomène connait l’emballement des foules mimétiques et des prophéties auto-réalisatrices. Sans doute le mimétisme existe-il aussi sur les marchandises de l’économie traditionnelle (phénomène de mode par exemple) mais les forces stabilisatrices du marché jouent un rôle majeur. Ces forces stabilisatrices sont d’autant plus efficaces que le produit échangé sur les marchés traditionnels est vite identifié quant à ses qualités, ce qui n’est pas le cas des produits financiers dont la valeur peut être frauduleusement cachée pendant une longue période de temps, par exemple en jouant sur le système des pyramides (système dit « Ponzi » tristement réapparu avec l’affaire Bernard Madoff)

Notons enfin que les forces déstabilisatrices peuvent théoriquement se transformer en bombe atomique et faire sauter la totalité de l’ordre : il s’agit du risque systémique. Dans l’économie traditionnelle, la compétition entre acteurs peut parfois entrainer des désastres. Par exemple l’échec du lancement d’un modèle de voiture peut à l’extrême entrainer le dépôt de bilan de l’ensemblier et la ruine de ses sous-traitants. Il y a bien contagion de l’échec, mais celle-ci reste limitée et ce n’est pas l’ordre lui-même qui est potentiellement détruit. Dans la finance il en va autrement et les liens interbancaires sont par nature d’une toute autre force que ceux qui unissent ensemblier et fournisseurs. Ces liens sont créés par les clients des banques eux-mêmes, lesquels se livrent à des milliards d’opérations qui correspondent à autant de liens imposés aux banques. Ainsi des clients de la Société générale vont effectuer des règlements qui vont impacter la BNP, le Crédit du Nord etc. Les clients de ces autres banques effectuant eux aussi des opérations impactant toutes les autres banques. Il en résulte une nature complètement holistique du système financier qui fait qu’un dépôt de bilan ici, peut entrainer une catastrophe planétaire en un délai extrêmement court. Les faits constatés depuis l’été 2007 confirment cette nature holistique du système financier et la grande peur des banquiers qui savent que leur propre survie dépend de la survie de tous les autres... dont pourtant on entretient des doutes sur leur solvabilité. ..On ne peut s’en sortir que tous ensemble mais on a peur de la maladie de l’autre dont on sait qu’elle est ultra contagieuse. D’où un marché interbancaire bloqué avec un taux d’intérêt qui enregistre un niveau de fièvre.

La conclusion des développements précédents parait évidente : si l’on veut que « l’ordre spontané » soit un espace de prix confortable assurant la « paisible économie » il faut interdire la finance déstabilisatrice. D’où l’expression parfois utilisée : « enfermer la finance dans une boîte » . L’idée, bien que séduisante n’est pas facile à mettre en œuvre. Outre les questions philosophiques que cela peut poser aux adeptes de l’ultralibéralisme, il existe des situations complexes où économie et finance sont indissolublement liées.

Tout d’abord il est assez difficile d’assurer le financement des entreprises sans passer par la finance. Sans doute peut-on interdire largement les marchés financiers et retrouver l’entreprise des 30 glorieuses, largement indépendante de la bourse. Il s’agirait même d’un progrès puisque la production de valeur ne serait plus celle de la valeur boursière mais simplement celle de la valeur ajoutée. Ainsi, à titre d’exemple, pourrait être mis fin aux rachats d’actions par l’entreprise elle-même, rachats improductifs et qui font aujourd’hui scandale. Toutefois il semble difficile de n’assurer la croissance des entreprises que par le recours au patrimoine familial ou l’endettement bancaire.

Mais surtout, il existe des biens qui ont une double nature : celle de biens à consommer et celle d’actifs cherchant à se mettre en valeur. Telle est évidemment le cas de l’immobilier dont on sait la responsabilité dans la crise à venir. Se loger c’est « consommer des murs » mais c’est potentiellement se constituer un capital que l’on pourra mettre en valeur par divers moyens y compris celui de constituer le socle de nouveaux crédits dits « rechargeables ».

Enfin la monnaie elle-même, qui appartient à l’économie, et qui appartient complètement à la finance surtout lorsqu’elle est complètement convertible en une infinité de devises sur lesquelles on spéculera. Il est ici bien sûr difficile de séparer « économie paisible » et « finance chaotique ». la question précédemment évoquée du risque systémique montre d’ailleurs le lien direct entre le marché interbancaire et le financement correct de la « paisible économie ».

Si la séparation est difficile, force est pourtant de reconnaitre que la fin du 20ième siècle correspond à une ouverture, volontaire ou non, de la boîte dans laquelle était jusqu’ici plus ou moins enfermée la finance.

2)La finance est « sortie de sa boîte »

Les hommes ont toujours cherché à enfermer la finance dans sa boîte. On sait qu’Aristote était un grand critique de la finance. Mais il est vrai que l’économie elle-même se devait de rester dans sa boîte et ce en tant que destructrice potentielle de l’ordre social.

La finance sort tout d’abord de sa boîte nationale lorsqu’on met fin à toutes formes de contrôles des changes. Tant que les devises ne connaissent qu’une convertibilité limitée au profit des opérations de l’économie traditionnelle, et surtout tant que les taux de change sont fixes, le risque de spéculation et d’emballement mimétique est possible, mais il est contenu. Tel n’est plus le cas avec les taux de change flottants et avec la convertibilité illimitée au profit de n’importe quel type d’opération en particulier spéculative. Cette sortie de la boîte nationale encouragée par le FMI lui-même est intervenue dans les années 80 pour un très grand nombre de pays et fût motrice de la mondialisation. En ce sens la mondialisation dispose d’une base réglementaire évidemment émise par des instances politiques. En clair si on a coutume de dire que la finance tue le politique (Le général de Gaulle ne pourrait plus dire aujourd’hui que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ») le politique se serait préalablement suicidé, d’où une double mort. Le séminaire nous a appris que cette interprétation de la mort du politique était contestée par les ultralibéraux, ce qui ne veut pas dire qu’elle est à rejeter.

Maintenant, la finance sort de sa boîte si internationalement libérée : il est autorisé à n’importe quel type d’agent de spéculer sur les matières premières produites et utilisées économiquement par les acteurs d’un secteur d’activité. Aujourd’hui la plupart des grandes productions agricoles sont mondialement financiarisées par des acteurs qui n’ont rien à voir avec l’agriculture. Les grandes matières premières donnent lieu à émission de titres financiers pour des volumes parfois 100 fois supérieur aux volumes physiques. Tel est approximativement le cas du pétrole dont le montant papier est chaque jour de 1 milliard de barils alors que le montant physique n’atteint pas les 85 millions de barils. Les opérations d’échanges financiers sont totalement déconnectées de la base économique

La finance sort également de sa boîte si au-delà des places off shore (400 banques 1500 Hedge Funds et 2 millions de sociétés-écrans), les ratios prudentiels imposés par la réglementation bancaire sont contournés par la systématisation des engagements et activités hors bilan. C’est évidemment le cas de la titrisation dont on a vu qu’elle permettait de revendre des crédits immobiliers et ainsi de se débarrasser des contraintes de levier, le risque de défaut étant transféré sur des agents qui in fine ne savent plus ce qu’ils ont acheté. De ce point de vue rien n’empêchait l’interdiction de la titrisation qui pouvait devenir un délit comme l’est le fait de rouler à 200KM/h sur les autoroutes françaises. On pourrait citer le cas des CDS (« crédits défaults swaps ») qui ne sont que des paris sur la valeur future d’actifs, le vendeur pariant sur sa hausse et l’acheteur sur sa dévalorisation. Ces produits réputés dangereux sont une invention récente de la finance et représenteraient aujourd’hui quelque 60000milliards de dollars, soit un peu plus de 4 fois le PIB américain. (Les lecteurs intéressés pourront consulter sur Wikipedia un article très intéressant sur le sujet [1].)

La finance sort également de sa boîte lorsque les agences de notation sont rémunérées par ceux là même qui exigent le triple A. Là aussi rien n’empêchait le décideur politique d’intervenir et mettre en place un système rigoureux de notation. Le fait est suffisamment connu pour ne pas insister.

La finance sort de sa boîte si une politique monétaire laxiste vient la nourrir et permettre un accroissement illimité de la pyramide des crédits. La politique monétaire laxiste est celle de la banque fédérale de réserve américaine (FED) qui avec son gouverneur Alan Greenspan a, depuis 2002, adopté une politique de taux très bas. Logiquement comme expliqué dans tous les manuels d’économie, les banques classiques peuvent se refinancer auprès de la Banque dite centrale (celle qui a autorité sur les banques classiques dites aussi de second rang) Ce refinancement s’il est peu couteux sera fortement demandé par les banques qui pourront ainsi délivrer davantage de crédits à coût intéressant auprès des acteurs économiques et en particulier les ménages. A coût intéressant car le taux de l’intérêt décidé souverainement par la banque centrale est un taux directeur : normalement les taux pratiqués par les banques sont légèrement supérieurs au taux de la FED et assurent le bénéfice desdites banques.

Enfin la finance sort de sa boîte si, associé à la politique monétaire laxiste un gouvernement fédéral intervient lourdement auprès des acteurs pour développer le crédit hypothécaire au profit de ménages américains qui, insuffisamment solvables, voient ce handicap s’effacer par la hausse continuelle des prix de l’immobilier... qui en retour autorise de nouveaux crédits... La croissance du stock de crédits devenant ainsi un substitut à la hausse des revenus interdits par une politique de déflation salariale. Ce mécanisme a lui-même pris un nom : le « home équity extraction » lequel permettait une croissance économique particulièrement élevée....

Au final il est possible de donner une dimension macroéconomique à la sortie de la boîte : les profits issus du secteur de la finance représentaient 14% du total des profits des entreprises américaines en 1960, mais ils se montaient à 39% de ce même total en 2007. Autre chiffre : la dette des ménages américains passe de 46% du PIB en 1979 à 98% en 2007... ce qui fait que le tiers de ces mêmes ménages supportent une dette continue de 10000 dollars sur leurs cartes de crédits avec des taux allant de 11 à 15% ...et jusqu’à 30% en cas de retard de paiement. Dernier chiffre : les banques françaises assuraient à elles seules le quart des revenus de l’Etat au titre de l’impôt sur les sociétés.

 


A suivre...

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21 janvier 2009 3 21 /01 /janvier /2009 03:49
La Paix Maintenant

Israël est l’opium du peuple, et autres tabous arabes

 
par Mona Eltahawy

Sur la Paix maintenant


Une intellectuelle arabe en colère contre l’hypocrisie et les tabous du monde arabe. Elle la crie en rappelant certains faits enfouis au nom d’une cause palestinienne que tous les pays arabes, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à démolir, tout en maintenant une posture de circonstance, bien utile aux dictateurs pour se maintenir au pouvoir. Aujourd’hui, Mona Eltahawy sera haïe un peu partout et qualifiée de traître. Comme tous ceux, d’où qu’ils viennent, qui font la part des choses, qui préfèrent le critique à l’apologétique et pour qui la réalité n’est pas monochrome


The Globe and Mail, 30 décembre 2008

Traduction. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


« Pourquoi vous, une Arabe, n’écrivez-vous pas sur Gaza ? »

Les messages ont commencé à arriver peu après que les bombardements israéliens sur Gaza eurent tué près de 300 Palestiniens. Implicitement, on me pressait de tracer la ligne : le Hamas, c’est bien, Israël, c’est mal. Dites-le ! Dites-le ! Sinon, vous n’êtes pas assez arabe, pas assez musulmane, pas assez !

Mais que dire d’un conflit qui, depuis 60 ans, nourrit le sentiment des Arabes et des Israéliens d’être des victimes et leur attente que tout s’arrête et qu’on fasse attention à eux, car que vaut un massacre ailleurs, au Congo ou au Darfour, comparé à leur sort ? Tout n’a-t-il pas été déjà dit ?

Et puis, le suicide d’un cycliste en Irak a déclenché quelque chose en moi qui m’a décidé à écrire, pour pleurer la faillite morale née de l’amnésie qui sévit au Moyen-Orient.

Dimanche dernier, un homme sur une bicyclette s’est fait sauter lors d’une manifestation anti-israélienne dans la ville irakienne de Mossoul. Cette technique, légitimée par des dirigeants religieux dans le monde arabe en tant qu’arme contre Israël, s’est détraquée et s’est retournée contre des Arabes qui manifestaient contre les bombardements israéliens sur Gaza.

Ce cercle vicieux, qui se termine dans les rues de Mossoul, ne peut être compris qu’en paraphrasant Karl Marx : Israël est l’opium du peuple. Comment expliquer autrement l’amnésie collective qui frappe le Moyen-Orient ?

Tzipi Livni, la ministre israélienne des affaires étrangères, a-t-elle oublié qu’il y a à peine un an, elle avait failli se débarrasser de son premier ministre Ehoud Olmert pour sa gestion catastrophique de la guerre d’Israël de 2006 au Liban, déclenchée dans des circonstances furieusement similaires à celles qui ont précédé le bombardement de Gaza ? Et pourtant, elle fait le tour des médias américains en expliquant pourquoi Israël devait agir contre le Hamas. Israël veut-il faire du Hamas des héros, comme il l’a fait avec le Hezbollah ?

Tiens, et en parlant du Hezbollah : Hassan Nasrallah a-t-il oublié que, alors qu’il fulmine contre l’Egypte qui contribue au blocus de Gaza, il vit dans un pays (le Liban) qui garde plusieurs générations de réfugiés palestiniens dans des camps qui sont des prisons virtuelles ?

Et les manifestants en Jordanie et au Liban ? Qui leur rappellera qu’en 1970, la Jordanie a tué plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens en tentant contrôler des groupes palestiniens (épisode connu sous le terme de Septembre Noir, ndt), forçant ainsi l’OLP à s’exiler au Liban où, en 1982, les milices phalangistes, des Libanais chrétiens, ont massacré 3 000 réfugiés palestiniens dans les camps de Sabra et Chatila ?

Pas un seul phalangiste n’a répondu de ce massacre. Une commission d’enquête israélienne, en 1983, a reconnu Ariel Sharon, alors ministre de la défense, indirectement responsable des tueries perpétrées lors de l’invasion du Liban par Israël en 1982. Mais vous pouvez être tranquilles : il n’y aura pas d’enquête arabe. C’est Israël qui donne un sens à notre victimisation. Les horreurs que nous nous infligeons les uns aux autres ne comptent pas.

Il est difficile de critiquer les Palestiniens au moment où tant d’entre eux ont trouvé la mort ces derniers jours, mais les maîtres du Hamas de Gaza ne sont que les derniers d’une longue liste de leaders à démolir leur cause. Pour ceux d’entre nous qui regrettons que la religion ne soit pas séparée de la politique, le Hamas a confirmé nos craintes : les islamistes se soucient davantage d’un affrontement avec Israël que du sort de leur peuple. Où était la colère quand deux fillettes palestiniennes ont été tuées à Gaza quand des roquettes du Hamas, dirigées contre Israël, sont tombées trop près, la veille du début des bombardements israéliens ?

Quant à l’Egypte, le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, est responsable d’une politique désastreuse qui, d’un côté, maintient en vigueur un traité de paix signé en 1979 par Anouar Sadate avec Israël et, de l’autre, laisse les médias d’Etat exprimer leur furie contre Israël en suscitant ainsi une haine quasi hystérique contre ce pays chez l’Egyptien moyen.

Oui, l’occupation par Israël de terres arabes met en colère les Egyptiens, mais il n’existe absolument aucun espace dans les médias égyptiens ni dans les cercles intellectuels permettant de discuter d’Israël autrement que comme d’un ennemi. M. Moubarak tire les marrons du feu d’une politique qui consiste à monter les camps les uns contre les autres, de manière à se rendre indispensable.

Mais ma question est : où est la colère des Egyptiens et des autres, partout dans la région, contre les violations des droits de l’homme et contre l’oppression dans leurs pays ? Si de si grosses foules s’étaient rassemblées chaque semaine dans chacune des capitales arabes, cela fait longtemps que leurs dictateurs auraient été renversés.

C’est un déshonneur suprême fait à la mémoire des Palestiniens tués ces trois derniers jours que d’appeler à davantage de violences. Cela a échoué depuis 60 ans.

Nous honorons les morts en frappant, jusqu’à nous heurter aux tabous, et continuons à frapper. Parler au Hamas ? Israël doit le faire s’il veut en finir avec la violence. Se concentrer sur les questions intérieures dans chaque pays arabe en ignorant l’opium qu’est Israël ? Les Egyptiens, les Jordaniens, les Libanais et les Syriens doivent le faire, avant que leurs pays n’échouent au nom de la Palestine.

Les Palestiniens n’ont pas encore leur Etat. Quelle honte ce serait si les pays arabes, les uns après les autres, tombaient au nom de la Palestine.

 

 

Mona Eltahawy est d’origine égyptienne et habite New York. Après avoir écrit pour le quotidien londonien en langue arabe Asharq al-Awsat, elle publie régulièrement des tribunes dans Al Masry Al Youm (Egypte) et Al Arab (Qatar).

Articles publiés :

-   « Toute nue » devant les Frères musulmans
-   Les jeunes blogueurs font souffler un vent de liberté sur le monde arabe
-  L’ennemi commun : le fanatisme religieux

Elle discute aussi longuement de ses tribunes avec ses contradicteurs sur Facebook

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20 janvier 2009 2 20 /01 /janvier /2009 03:46
Greenpeace France OGMlink

Les OGM et les herbicides toxiques continuent de faire les affaires de Monsanto
Une nouvelle étude sur le Round Up a mis en évidence les effets toxiques sur les cellules humaines de l'un des herbicides les plus utilisés au monde, y compris sur l'OGM alimentaire : son fabricant, la firme Monsanto, accumule pendant ce temps des bénéfices record.


De nombreuses associations ont déclaré la guerre aux OGM.

Le Roundup est le principal herbicide utilisé au monde et est vendu par la firme Monsanto comme « biodégradable » et « respectant l'environnement », alors que le glyphosate, molécule active du Roundup, est classé dans l'Union européenne depuis 2001 comme « Dangereux pour l'environnement et toxique pour les organismes aquatiques ».

Pour la première fois, les mécanismes de la toxicité de quatre différentes formulations de Roundup ont été mis en évidence sur des cellules humaines», explique le MDRGF (Mouvement pour le droit et le respect des générations futures) dans un communiqué. Cette étude, qui a fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique américaine Chemical Research in Toxicology, s'est intéressé à quatre différentes formulations de Roundup.

Les résultats ont montré que ces formulations agissent à des doses infinitésimales (dilués jusqu'à 100.000 fois ou plus) et programment la mort de différents types de cellules humaines (comme des cellules issues de cordon ombilical d'un nouveau-né). Elles causent aussi des dommages des membranes et de l'ADN, et empêchent la respiration cellulaire.

Autre résultat, le mélange de différents constituants adjuvants des Roundup augmente l'action du principe actif de l'herbicide, le glyphosate, et qu'un de ses produits de transformation peut s'avérer encore plus toxique.

Cette association demande aux autorités en charge de l'évaluation des pesticides de réévaluer les différentes formulations de Roundup en prenant en compte les effets de la toxicité du glyphosate.

"Cela est grandement sous-estimé par la réglementation actuelle qui ne tient pas compte de ces phénomènes et fixe par exemple des Limites Maximales en résidus pour le glyphosate, quelle que soit sa formulation de vente" indique dans un communiqué le MDRGF.



Monsanto sous l'oeil de la justice


Six ans après des plaintes déposées en 2001 par les associations Eaux et Rivières de Bretagne (E&R) et la CLCV, la cour d'appel de Lyon a confirmé, en octobre 2008, le verdict du tribunal de première instance, prononcé en janvier 2007, condamnant les dirigeants de Monsanto pour publicité mensongère.

Eaux et Rivières regrette que le droit ne permette pas d'attaquer en justice les personnes morales. Ainsi, ce sont donc l'ancien président de Monsanto France et l'ex-président du conseil d'administration de Scotts France, société qui distribue le produit, qui ont été condamnés à une amende de 15 000 euros chacun, peine identique à celle prévue en première instance.



Hausse record de ventes mondiales pour Monsanto


Le groupe agrochimique américain a enregistré une hausse de 29% de ses ventes lors du premier trimestre de son exercice décalé 2008-2009, pour un chiffre d'affaires de 2,6 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros), dont 1,12 milliard a été réalisé dans les semences et 1,4 milliard dans les herbicides.

Dans le même temps, son bénéfice net a augmenté de 117% à  556 millions de dollars.

Cette forte croissance trimestrielle fait suite à de récents résultats annuels record, avec doublement du bénéfice annuel, à plus de 2 milliards de dollars.

Ce premier trimestre "historique" reflète "essentiellement l'impact des activités en Amérique latine" explique le groupe, très présent chez les grands pays producteurs de soja.



Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique

www.criigen.org

Communiqué de presse CRIIGEN

LES DIFFERENTS ROUNDUP PROGRAMMENT LA MORT DE CELLULES D'EMBRYON, DE CORDON, DE PLACENTA ET SONT MAL EVALUES

Pour la première fois, les mécanismes de la toxicité de quatre différents Roundup sont élucidés sur des cellules humaines. Ils agissent à des doses où ils ne sont plus herbicides. Ont été étudiées des cellules de nouveau-né fraichement issues de cordon ombilical, ou de lignées moins sensibles spécialement utilisées pour mesurer la toxicité des polluants. Les différents constituants de ces herbicides majeurs ont été testés car ils sont parmi les plus communs du monde, leurs résidus sont parmi les plus polluants, et de plus ils sont autorisés comme contaminants dans des aliments OGM aux doses testées. Ce sont en effet les plus répandus sur la majorité des OGM cultivés du monde qui en contiennent des résidus, comme le soja au Roundup, le principal OGM importé en Europe. Les Roundup ont été dilués dans cette recherche à des doses infinitésimales (jusqu'à 100.000 fois ou plus) et ils programment la mort en quelques heures de manière cumulative, mais aussi les dommages des membranes et de l'ADN, et empêchent la respiration cellulaire. Cependant, il est montré que le mélange de différents constituants adjuvants des Roundup amplifient l'action du principe actif de l'herbicide, appelé glyphosate; un de ses produits de transformation peut être encore plus toxique. Cela est grandement sous-estimé par la réglementation actuelle qui ne tient pas compte de ces phénomènes et fixe des seuils trop arbitraires de contamination dans les aliments, cela pour du glyphosate quelle que soit sa formulation de vente. De plus, les autorisations d'utilisations de ces désherbants sont clairement à réviser car les effets toxiques dépendent, et sont multipliés par, d'autres composés toxiques vendus en mélange dont le glyphosate, le plus connu, n'est qu'un représentant. Les analyses de sang détaillées de chaque mammifère ayant reçu de l'herbicide lors des tests réglementaires avant autorisation commerciale doivent immédiatement être rendues publiques, car elles pourraient masquer des effets indésirables.
Ce travail indépendant a été réalisé par Nora Benachour et le Pr. Gilles-Eric Séralini à l'Université de Caen en France, et publié dans la revue scientifique américaine à fort impact Chemical Research in Toxicology. Il a été soutenu par le CRIIGEN et le Conseil Régional de Basse-Normandie. Les Fondations pour une Terre Humaine et Denis Guichard sont aussi remerciées
.

Contact en France: Pr Gilles-Eric Séralini, Biochimie, Institut de Biologie, Université de Caen, Esplanade de la Paix, 14032 Caen, France. Téléphone: 33(0)2-31-56-56-84. Fax: 33(0)2-31-56-53-20.
Corinne Lepage Présidente du CRIIGEN criigen@unicaen.fr.


“Glyphosate Formulations Induce Apoptosis and Necrosis in Human Umbilical, Embryonic and Placental Cells” by Nora Benachour and Gilles-Eric Séralini.
(http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/tx800218n)
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19 janvier 2009 1 19 /01 /janvier /2009 03:27


LE SOYA EST ET SERA TOUJOURS INSOUTENABLE, IRRESPONSABLE ET GENOCIDE
 



Les dettes extérieures qui accablaient nos pays dans les années 80, ont été la conséquence d’une alliance sinistre entre les dictatures natives des années précédentes, les banquiers et financières internationaux.. Ces dettes et le besoin d’obtenir des devises pour payer les intérêts, ont été la raison par la quelle les gouvernements de la démocratie, ont accepté le roll de pays producteurs de « commodities » imposé par les nouvelles normes du commerce international. Dans ce schéma de domination qu’on connaît comme Globalisation, a l’Argentine lui a correspondu produire des fourrages pour la CEE. On a abandonné la production d’aliments sains et abondants pour notre population. On a laissé d’être la grange du monde, pour dévenir une « Republiquette » fourragère productrice de Soja pour les animaux.

L’approbation (par les pouvoirs publiques) des Sojas résistants a l’herbicide Round Up de Monsanto en 1996. a accéléré le processus de spécialisation des producteurs argentins et a creusé le modèle d’agro-exportation qu’exprimait une nouvelle relation néo-coloniale, mais maintenant avec les Corporations Transnationales. Les famines qu’ont suivi à la crise de 2001 (chute du gouvernement De La Rua, par la mobilisation populaire) ont été aussi la conséquence du nouveau modèle de pays producteur de fourrages. Une bonne partie de la population est tombée dans l’indigence et beaucoup parmi eux, poussés par la faim, ont du s’alimenter avec le même Soja génétiquement modifié qu’on exportait en Europe et en Chine pour alimenter porcs et volailles. Le prix qu’a payé l’Argentine et son peuple au processus de Globalisation a été démesuré.
Plus de 19 millions d’hectares sont occupées actuellement par « le désert vert du Soja », quand les prix des « commodities » s’effondrent dans les marchés et l’avenir paraît sombre, étant donné que non seulement notre économie sinon aussi une énorme population de chômeurs, provenant en majorité de l’agriculture, dépendent de l’argent que le Soja donne a l’Etat comme droits d’exportation (impôts)

Lamentablement le model instauré de l’agriculture industrielle n arréte pas de s’approfondir. Maintenant le territoire sera destiné à produire fourrages et farines pour alimenter les bêtes, mais aussi pour combustibles pour les moteurs des automobiles européens. Par les grandes fleuves par les quels partent les substances nourricières de la terre, le phosphore et la matière organique des sols argentins, les entreprises internationales battissent des ports privés, des raffineries pour transformer le Soja, le maïs et la canne a sucre en bio-combustibles. Les conséquences de ce model de pays « mono-producteur » de fourrage, huiles et maintenant agro-combustibles, ne sont seulement la famine et la misère : les « agro-écosystémes » dévastés, le déboisement et l accroissement de l’entassement de la population déplacée vers las grandes villes. Il existe d’autres effets qui ne sont pas divulgués par les mass-media, mais qu’ils ne peuvent plus rester dans le silence.



Les substances chimiques toxiques (agrotoxcicos) qui viennent avec les semences génétiquement modifiées de Monsanto, sont en train de produire un véritable génocide sur les viles fumigées. Dans les villages voisines aux cultives, le cancer est un épidémie, la quantité d enfants nés avec malformations et handicapés sont innombrables. Ce pendant, les entreprises liées a la production et exportation du Soja, insistent en cacher ses crimes, et ont obtenu la complicité d’importantes ONG écologistes internationales pour mettre en place des opérations de « maquillage vert ». Ils cherchent à trouver la manière, pour que leur Soya, devienne acceptable pour les consciences critiques ou coupables des consommateurs européens. Complexes manœuvres de certification, leur ont permis d’imaginer que ces produits seraient éthiquement acceptables.
Se sont succédés les fantaisies du Soja soutenable, du Soja responsable, du Soja qui garantit le non-déboisement, etc., etc.

Rien que des « déguisements verts » destinés à cacher un’ échange commerciale qui s est transformé en le fondement du Capitalisme Global, et qu’en Europe et Orient signifie « bio-industries » pour la production massive de viandes a huit clos a des échelles chaque fois plus importantes, et consommation de produits nocifs (junkfood-comida chatarra) pour l’être humain. Pendant les 12 derniers ans, on a débattu sur ces thèmes avec nos amis européens, avec les écologistes, avec la gauche et aussi avec « les veganos » (végétariens a outrance).
On a fait des efforts pour les convaincre que nos ne voulons pas faire un demoin du Soja. Nos avons insisté qu il s’agissait de démonter un model de production qui nous colonisait, qui modifiait la consommation et la vie en Europe, leurs propres productions de fourrage en chaque pays, ou a approuver une moratoire pour la réduction de la consommation d’essence, pour que l’exploitation des pays condamnés a produire du Soja se fasse in viable et nos puissions rétablir notre sécurité alimentaire a la fois que récupérer des niveaux acceptables de santé dans notre environnement.

Non obstant, et malgré nos campagnes, les Corporations et ses servants dans le camp des consultants soi disant écologiques et des ONGs complices des entreprises, tous eux continuent à cacher ses affaires avec des « discours verts »
C’est pour cela, qu’une fois de plus nos disons que le Soja est un crime, que sa production et son commerce international signifient innombrables morts dans nos pays, que signifient des innombrables avortements, enfants avec malformations, dépeuplement de la campagne, la faim et des misères inénarrables.

IL n’existent pas « des masques vertes » acceptables dans le commerce criminel du Soja et des bio-combustibles. L'actuelle débâcle internationale des bourses, des banques et des marchés, devrait nous faire réfléchir sur le besoin de générer un monde différent, dans le quel les rapports entre les pays ne soient pas fondés dans la « spécialisation », et moins encore que certains pays soient obligés à fournir à d’autres ses matières de base et les meilleurs ressources de ses biens communs.

 



GRR Grupo de Reflexión Rural

Buenos Aires Argentina, 9 décembre 2008

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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 03:41


sanofi laboratoire generique medicament


Les "biotechs" ne trouvent plus de financements
sur E24

Les sociétés de biotechnologie, spécialisées dans des domaines médicaux de pointe, sont aujourd'hui rattrapées par la crise. Le montant des fonds apportés à ces entreprises a atteint son plus bas niveau depuis 10 ans. Selon la banque Burril & Co, les fonds levés par les biotechs ont chuté de 54% par rapport à 2007, à 8,2 milliards de dollars. Un coup dur pour ce marché extrêmement dynamique et profitable (le chiffre d'affaires du secteur a atteint 95,1 milliards de dollars en 2007).

Faillites

Et sans financement, pas de recherche, donc c'est la faillite. En octobre, déjà 5 entreprises américaines se sont mises sous la protection du chapitre 11. AtheroGenics, spécialisée dans le diabète, par exemple, ne pouvait plus faire face à ses 302 millions de dollars de dettes. Le 10 novembre MicroIslet, aussi spécialisée dans le diabète, a suivi. Le groupe a dépensé 50 millions de dollars sur les 10 dernières années pour développer un traitement contre le diabète et il lui faut encore plusieurs millions de dollars pour poursuivre ses essais. Les investisseurs ne se sont pas bousculés, et avec 3 millions de dollars de dettes, MicroIslet n'a pas tenu.

D'autres entreprises sabrent d'abord dans les effectifs. Peptimmune a déjà réduit de moitié ses équipes (réduite à 22 personnes aujourd'hui), changé de bureaux, et reporté certaines recherches sur de nouveaux médicaments. Amylin Pharmaceutical a aussi réduit de 16% ses effectifs pour essayer de sauver 80 millions de dollars en 2009. Cell Genesys, de son côté, a annoncé le 6 novembre qu'il allait licencier 80% de ses employés d'ici à la fin de l'année.

Plus d'introduction en Bourse

"Pour la première fois de l'histoire de l'industrie des biotechnologies, nous allons voir des niveaux de faillites ou de dissolutions sans précédent", avertit déjà David Strupp, directeur des investissements santé au sein de la banque Canaccod Adams. Avec une crise financière majeure, il n'est pas si étonnant que les entreprises de biotechnologies soient touchées de plein fouet. Leur modèle économique est atypique. Les sociétés essaient de lever de l'argent auprès d'investisseurs pour effectuer des recherches sur de nouveaux médicaments (principalement contre le diabète, le cancer et l'immunologie) qui pourraient ne jamais aboutir. Peptimmume, par exemple, a levé et englouti déjà 85 millions de dollars sans pour autant avoir de médicaments sur le marché. Dans le contexte actuel, les investisseurs privés gèrent avec prudence leurs investissements, et évitent donc les profils très risqués.

Et le marché n'est pas favorable aux introductions en Bourse pour les biotechs qui auraient pu espérer trouver par ce biais des financements. Au premier semestre 2008, les introductions en Bourse ont chuté de 93% aux Etats-Unis et de 82% en Europe, selon France Biotech. D'ailleurs pour l'heure, une seule entreprise, Bioheart, s'est introduite en Bourse aux Etats-Unis en 2008, en levant au passage 5,8 millions de dollars. En 2007, France Biotech dénombrait 109 introductions pour un montant total de 2,9 milliards de dollars.

Aujourd'hui les entreprises qui n'ont aucun produit sur le marché, qui n'ont pas accès au marché boursier pour lever de l'argent, qui n'ont que six mois de trésorerie devant eux, risquent de faire faillite dans les prochains mois.

Ralentissement des offres de rachats des laboratoires

Surtout que les biotechs risquent de ne pas profiter d'offres d'achat de grands laboratoires pharmaceutiques, comme c'est le cas depuis 2007. En effet, avec l'expiration des brevets, la concurrence des fabricants de génériques, et le coût de la recherche et développement, les grands laboratoires sont actuellement à la recherche des nouveaux relais de croissance, en nouant des partenariats ou même en achetant des entreprises de biotechnologies. Les rachats les plus emblématiques restent de MedImmune par AstraZeneca pour 15,6 milliards de dollars, de Serono par Merck pour 14,5 milliards de dollars. Ce type de transactions entre une entreprise de biotechs et un grand laboratoire a explosé, notamment en Europe (+700% selon Ernst & Young). En 2007, France Biotech note que le montant de ses opérations a atteint 50 milliards de dollars. Cette tendance s'est poursuivie au premier semestre 2008, mais la sévérité de la crise pourrait changer la donne. Et puis les laboratoires pharmaceutiques ne peuvent pas racheter toutes les entreprises de biotechnologies (petites et souvent pas encore matures), elles mêmes déjà en quête d'un nouveau modèle économique.

Anne-Sophie Galliano




 


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17 janvier 2009 6 17 /01 /janvier /2009 03:31


Voilà un site (blog) qui mérite le détour, tenu par Marc Laimé, qui se soucis du bien commun, cet homme intelligent a su discerner les homme (et femmes ) politiques qui défendent le bien commun à ceux qui s'arrogent des "bénéfices" particuliers

Alllez voir sans retenues sur Les eaux glaçées du calcul égoïste.

Dominique


 

Les deux leaders français du marché de la distribution de l’eau ne devraient bientôt plus se partager les parts de la Société des Eaux du Nord. Elles viennent en effet d’annoncer un « décroisement », demandé par le Conseil de la concurrence depuis 2002... Comme les deux membres éminents du cartel en détiennent 11 autres en France et dans les DOM-TOM, on attend la suite avec impatience, notamment à Marseille. Cette « victoire » de l’UFC-Que-Choisir, qui n’a cessé d’interpeller à ce sujet Mme Christine Lagarde, laisse néanmoins entière la question du devenir des centaines de millions d’euros que ces douze sociétés communes ont engrangé depuis des décennies, sous l’appellation de « provisions pour renouvellement »...

 

La gestion de la distribution de l’eau dans la Communauté urbaine de Lille (CUL) était confiée depuis 1985, (et jusqu’en 2015), à la Société des Eaux du Nord (SEN).

Ce contrat de délégation de service public a déjà provoqué d’innombrables remous, surtout depuis qu’une association locale d’usagers s’était inquiétée du devenir des sommes faramineuses, dénommées « provisions pour renouvellement », joyeusement mises de côté depuis des lustres par les deux actionnaires de la SEN, nos amis Veolia et Suez, qui se partageaient l’entreprise à 50/50...

Dès juillet 2002, le Conseil de la concurrence estimait que les deux groupes, par le biais de la SEN, ont « abusé de leur position dominante collective ». Une situation que Lille partage avec Marseille, Nancy et Saint-Étienne.

En clair, et selon M. Alain Cacheux, vice-président de la Communauté urbaine de Lille en charge de la gestion des eaux, interrogé par la Voix du Nord le 8 janvier 2009, si le marché de l’eau métropolitain devait faire aujourd’hui l’objet d’un nouvel appel d’offre, « nous aurions le choix entre la SEN, et la SEN ».

Sauf que l’UFC-Que Choisir dénonce à son tour depuis 18 mois cette situation de concurrence tout à fait « faussée »...

Après avoir interpellé Mme Christine Lagarde à l’automne 2007, l’association de consommateurs attendait depuis lors avec impatience de voir se concrétiser l’engagement de la ministre, qui avait assuré en février 2008 l’UFC qu’elle enjoignait aux deux représentants éminents du cartel de « décroiser » sous 6 mois leur douzaine de joint-ventures, en France et dans les DOM-TOM.

L’UFC avait mobilisé depuis lors ses antennes régionales de Lille, Marseille, Nancy et Saint-Etienne, ce qui devrait nous promettre de nouvelles annonces, après le précédent lillois.

Et voici que le miracle annoncé semble sur le point d’advenir.

« Les responsables de Veolia et de Suez vont venir dans la région, courant janvier, pour rencontrer les personnels et les clients, confiait le 7 janvier à la Voix du Nord M. Philippe Dupraz, P-DG de la SEN.

Une visite qui a pour objectif « d’annoncer le calendrier de décroisement » des parts que se partagent les deux groupes au sein de la SEN.

La visite à Lille des dirigeants des deux groupes sera également l’occasion d’annoncer officiellement quel sera l’opérateur qui restera aux manettes de l’entreprise nordiste, poursuivait le quotidien.

Selon la formule consacrée, une « source » confiait que c’est le groupe Suez qui restera seul maître à bord.

M. Philippe Dupraz ne manquait pas dans la foulée de s’emporter contre un communiqué de presse de l’UFC-Que Choisir, qui appelle à « un démantèlement de la Société des Eaux du Nord ».

« Il s’agit là de termes qui sont anxiogènes pour les personnels », juge le P-DG, accusant l’association de défense des consommateurs d’avoir « coupé l’herbe sous le pied » aux annonces à venir.

« C’est un dossier complexe, sur lequel nous travaillons depuis des mois et sur lequel des avancées importantes ont été faites ces dernières semaines », ajoutait-il...

Reste que l’analyse de l’UFC semble largement partagée par les responsables du dossier à la Communauté urbaine. Mme Martine Aubry a ainsi déclaré « partager entièrement l’analyse de l’UFC » , et rappelé que dès sa prise de fonction à la tête du conseil communautaire, elle avait exigé « un décroisement des capitaux qui soit le plus rapide possible ».

La situation de « position dominante collective » entraîne en effet son lot de difficultés pour les élus : « On ne sait jamais qui est responsable de quoi. Surtout, nous avons besoin de concurrent. Nous voulions (à l’heure du prochain appel d’offre) être face à deux entreprises, et non une entente ».

« Il est clair que si le décroisement ne se faisait pas avant l’échéance du contrat, en 2015, nous nous trouverions dans une situation de concurrence faussée », poursuivait M. Alain Cacheux, réitérant son espoir de voir la situation se régler rapidement.

Et Mme Martine Aubry de se féliciter de la « réactivité » des directions des deux groupes qui ont amorcé le décroisement des capitaux. La présidente de la Communauté urbaine a même jugé que la passation « va se faire très vite ».

Bien, mais si les Eaux du Nord se décantent comme l’annonçait également l’édition locale de 20 Minutes, l’affaire ne doit pas tant à l’activisme de Mme Lagarde dont le directeur de cabinet est l’ancien directeur de Connex, la filiale transport de Veolia), où à la mansuétude de nos amis opérateurs, qu’à l’ire de Bruxelles, qui menaçait de ses foudres VeoliaSuez...

Et laisser s’encalminer ce dossier sulfureux aurait fini par faire désordre, à l’heure où la France « qui gagne » (dans la tourmente), s’apprête à se doter d’une nouvelle très haute Autorité de la concurrence, dont on ne doute évidemment pas qu’elle va incontinent faire rendre gorge aux « usual suspects » des « petits arrangements entre amis » qui perdurent depuis des décennies...

C’est en effet le 13 janvier 2009 que la nouvelle « Autorité de la concurrence » sera officiellement installée par Mme Christine Lagarde, ministre de l’Economie.

Instituée par la loi de modernisation de l’économie (LME) du 4 août dernier, l’Autorité de la concurrence va donc voir le jour. Elle prendra la relève du Conseil de la concurrence, mais avec des pouvoirs et moyens « renforcés. »

A ses compétences de contrôle des pratiques anticoncurrentielles s’ajouteront en effet dès le 13 janvier les activités d’enquête, et le contrôle des concentrations, jusqu’alors confiés au ministère de l’Economie.

Qui disposera désormais d’un pouvoir d’injonction et de transaction pour traiter les pratiques anticoncurrentielles de dimension locale.

L’identité du président de l’Autorité de la concurrence n’a pas encore été dévoilée. Mais, d’après « Les Echos », l’actuel président du Conseil de la concurrence, M. Bruno Lasserre, devrait prendre sa propre succession.

On rêverait de voir « l’Autorité » se pencher enfin sur les fastueuses « provisions pour renouvellement » engrangées depuis des lustres par nos amis du cartel, bénéfice évident de pratiques anticoncurrentielles avérées...

Chiche !

Bon, on sait qu’il n’en sera rien. On peut toujours rêver.


Lire aussi :

Concurrence libre et non faussée : Veolia et Suez ne connaissent pas

Les eaux glacées du calcul égoïste, 27 juin 2008.

 




 

La cour d’appel de Bordeaux vient de rendre un énième jugement dans le feuilleton judiciaire qui oppose depuis 12 ans la ville de Castres à la Lyonnaise des eaux. Celle-ci réclame à la ville d’importantes indemnités, à hauteur de 49,5 millions d’euros, dernier chiffre en date, après la rupture unilatérale d’un contrat léonin, révoqué par le maire UMP, M. Pascal Bugis, en 2004...

 

En 1990, alors que les services de l’eau et de l’assainissement étaient jusque là gérés par une régie municipale, la municipalité dirigée par M. Jacques Limouzy signe un contrat d’une durée de trente ans avec la Lyonnaise des eaux, assorti du versement de « droits d’entrée », équivalent à 96 millions d’euros, qui alimenteront le budget général de la commune, ce qui est illégal.

Des usagers, des élus d’opposition, puis le comité de défense qui se constitue, découvrent que l’entreprise récupère cet apport, majoré d’intérêts de 8,76 % et indexé sur l’inflation, en relevant le tarif de l’eau. En trente ans, les usagers auraient ainsi remboursé trois fois la mise !

Une forte mobilisation conduit la nouvelle municipalité socialiste élue en 1995, dirigée par M. Arnaud Mandement (PS) à renégocier le contrat.

Plusieurs avenants prévoient une baisse du prix de l’eau, mais non la suppression de l’amortissement illégal.

Mais un comité d’usagers conteste devant le tribunal administratif la délibération approuvant la renégociation.

Après le dépôt d’une requête, le tribunal administratif annule, en 2001, la délibération municipale et déclare illégal le prix de l’eau, car il intègre le remboursement du droit d’entrée de 96 millions d’euros. Un jugement qui contraint la ville à négocier avec la Lyonnaise sur l’avenir des tarifs.

De 2001 à 2003, plusieurs tentatives de négociation entre la ville, désormais gérée par M.Pascal Bugis (UMP), et la Lyonnaise pour définir un nouveau prix de l’eau échouent.

Le 24 juin 2003, le conseil municipal décide à l’unanimité de résilier unilatéralement les contrats. Une régie publique autonome est créée le 1er juillet 2004.

Dès l’été, le tarif de l’eau et de l’assainissement baissait de 10 %. Inchangé depuis lors, il n’intègre que les seules charges nécessaires au service de l’eau. Après la rupture, le personnel repris a été renforcé par trois embauches.

La Castraise de l’eau a reconstitué le service, tout en diminuant le tarif, et en dégageant une marge d’autofinancement de 2 millions d’euros en 2006.

En 2008, elle s’apprétaît à utiliser une nouvelle source pour diversifier son approvisionnement en eau potable.

Exemple éclatant qu’une régie publique peut déployer un savoir-faire qui n’a rien à envier à celui d’une multinationale...

« La régie fonctionne très bien et simplifie considérablement la gestion des travaux, améliorant le service apporté aux usagers », se félicite M. Georges Carceller, président du Comité de défense. Il est aujourd’hui membre du conseil d’administration de la régie et de la commission d’achats.

" Cette présence devrait être généralisée, nous avons accès à toutes les informations sur la gestion, sur la fixation des tarifs, nous intervenons en toute transparence sur la meilleure utilisation possible des marges dégagées."

Harcèlement judiciaire

Mais dès janvier 2004 la Lyonnaise déposait un recours devant le tribunal administratif afin de se faire indemniser suite à la rupture du contrat.

En avril 2006 le tribunal administratif de Toulouse déboutait la Lyonnaise de toutes ses demandes d’indemnisation, estimant que le contrat d’origine n’est pas valable à cause d’une erreur de procédure lors de la signature du contrat entre la Lyonnaise et M. Jacques Limouzy en 1990.

La Lyonnaise faisait appel de cette décision en avril 2006.

En janvier 2009, la cour d’appel de Bordeaux vient de confirmer la nullité du contrat, mais a demandé une expertise afin d’estimer les préjudices réels subis par la Lyonnaise des Eaux entre 1990 et 2004.

Les arrêts de la cour rendus publics cette semaine n’ont pas vraiment démêlé l’imbroglio. Ils semblent toutefois davantage favorables à la municipalité qu’à la multinationale. Et à ce jour, comme l’avait décidé le tribunal administratif de Toulouse, en première instance, la ville ne doit toujours rien à la Lyonnaise. Pour l’instant.

Dans un premier temps, la cour d’appel de Bordeaux a en effet confirmé que les contrats passés en 1990 entre la ville et La Lyonnaise pour lui déléguer la gestion de l’eau et l’assainissement de la commune pour 30 ans ne sont pas valables, en raison d’une bévue administrative du maire de l’époque.

Du coup, la cour laisse entendre que les demandes d’indemnisation de la Lyonnaise pour la période de 2004 et 2020 ne reposent sur rien.

En revanche, la juridiction laisse une porte ouverte en ce qui concerne les demandes de la Lyonnaise, qui argue avoir investi et travaillé pour rien entre 1990 et 2004.

L’entreprise plaidant le fait que les contrats n’étaient pas valables par la seule faute de la ville.

Dans leur arrêt, les juges ont mandaté un expert pour réellement savoir si durant les 14 ans d’exploitation du service de l’eau et de l’assainissement, la société a bien perdu de l’argent comme elle l’affirme. Sans avoir pu le démontrer réellement aux yeux des juges.

Le jugement précise que cette expertise est nécessaire, suite « aux incohérences » des documents fournis par l’entreprise pour légitimer ses prétendues pertes.

M. Pascal Bugis affirme sa sérénité. Sa responsabilité apparaît déjà moins engagée : « Ce n’est plus la rupture du contrat en 2004 qui fait courir un risque financier à la ville, comme certains le prétendaient, mais un vice de forme commis en 1990 », affirme l’élu.

Il se montre aussi rassuré parce qu’on ne voit pas comment un expert pourrait évaluer l’appauvrissement de la Lyonnaise alors qu’elle n’est visiblement pas capable elle-même de l’établir...

Comme l’arrêt n’a fixé aucun délai à l’expert pour rendre ses conclusions, et qu’il n’est même pas nommé, la ville de Castres semble en effet pouvoir attendre sereinement, très longtemps, avant d’indemniser la Lyonnaise...

Bien fait ! Ca leur apprendra à persécuter d’honorables élus, fussent-ils de droite, comme ils le font aussi, depuis 2003, envers le Conseil général des Landes.

Réactions

Dans son édition du 10 janvier 2009, le quotidien La Dépêche publiait un florilège de réactions consécutives à l’annonce de la décision de la Cour d’Appel de Bordeaux. Extraits.

Philippe Folliot, député de Castres-la Montagne (apparenté Nouveau centre) : « En ma qualité de député, il ne m’appartient pas de commenter une décision de justice. Mais en tant que conseiller municipal, pour une affaire dont nous constatons une fois encore la très grande complexité, je prends acte avec satisfaction que la ville échappe ce jour à une condamnation. Constatant toutefois que rien n’est réglé au fond et que « l’épée de Damoclès » pend toujours au-dessus de nos têtes, je souhaite que l’expert désigné rende une décision dans l’intérêt de la ville. (...) »

Samuel Cèbe, conseiller municipal d’opposition (PS). « Je souhaite dire à nouveau mon attachement au principe de la régie municipale. Mais je suis circonspect à la lecture des sommes réclamées par la Lyonnaise. Je reste donc vigilant. Il y a une somme qui est réclamée et une menace qui pèse au dessus de la tête de la ville et du contribuable. Je reste donc en attente du résultat de l’expertise demandée par le tribunal. »

Noël Legaré, comité des usagers de l’eau. « Ce qui s’est passé à la cour d’appel pour l’instant va dans le sens que nous avions prévu. Les indemnités énormes et irréalistes qui sont demandées par la Lyonnaise ne sont pas acceptées par la cour d’appel qui demande une expertise.Pour le moment, les choses se déroulent donc favorablement pour les Castrais. Je vois mal comment la Lyonnaise va parvenir à démontrer qu’elle a perdu de l’argent entre 1990 et 2004. Déjà avant 1990 et avant les augmentations de tarifs pratiquées annuellement par la Lyonnaise, l’ancienne gestion sous régie municipale permettait de dégager des bénéfices tous les ans. Il va falloir qu’elle nous démontre comment elle a fait pour en perdre après 1990 ! »

Philippe Guérineau, conseiller municipal d’opposition « Castres à gauche vraiment ». « Profondément attaché au service public de l’eau, j’ai condamné en 1990 la privatisation de l’eau et de l’assainissement initié par Mrs. Limouzy - Bugis. (...) Depuis une remunicipalisation « contrainte et forcée » était devenue inévitable grâce à l’action du comité des usagers de l’eau (...). Curieusement certains se réjouissaient déjà, à Droite comme malheureusement semble-t-il à Gauche de voir la ville lourdement condamnée face pourtant à une multinationale richissime. Ils devront attendre sans doute encore longtemps et c’est tant mieux pour le contribuable castrais et tant pis pour les profits de la Lyonnaise des Eaux. »

 

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16 janvier 2009 5 16 /01 /janvier /2009 03:30


UNE LETTRE OUVERTE DEPUIS LA TERRE
Accablés par l’angoisse de ces derniers 100 jours passés depuis, ce que l’ on appelle “La crise des Producteurs de la Campagne” (Crisis del Campo), et avec l’esprit de ne pas continuer dans ce chemin d’affrontements suicidaires, le GRR s’ adresse à tous ceux citoyens se sentant pris en otages par un conflit que les dépasse et que les a mis dans l’ alternative de choisir pour trouver un “coupable” ou prendre (ou créer) parti. On vous propose de partager une reflexión qui nous aide, non seulement a comprendre le présent, sinon spécialement, a prendre conscience du futur immédiat.

Les évidences techniques des dernières décades signalent qu'au rythme de la présente croissance de l’agriculture, dans à peine une seule génération NOUS RESTERONS SANS TERRES PRODUCTIVES AGRICOLES, c’est à dire, avec des sols INCAPABLES DE CONTINNUER A PRODUIRE DES ALIMENTES EN QUALITÉ ET QUANTITÉ POUR NOTRE PEUPLE. Malgré les chiffres des entreprises d’agrobussines et le gouvernement national, on nous propose ce chemin comme une opportunité historique, ce qu ils ne nous disent pas, au beau milieu d’ une crise qui cache un nouveau dessin des “dépendances” argentines des marchés globaux, ce que cette croissance est fortement soutenue avec la FERTILITÉ des terres agricoles argentines.

Un des problèmes les plus diffíciles a comprendre par les citoyens est de “voir” le sol, c’est à dire, la terre apte pour la production agricole comme un écosystème. Quand on parle d’écosystème on imagine, immédiatement, une foret.

Dans la Patagonie, par exemple, la nature es cherchée dans las Réserves Naturelles (Parques Nacionales), dans les forets qui entourent les grands lacs, comme si la steppe avec ses “coirones” et “neneos” (spécimens végétaux locaux), était non relevante. Il est difficile par fois de démontrer que un pâturage (pastizal) est un écosystème, même s’il s’agit du paysage le plus connu par l immense majorité des argentins. Une foret, au contraire, est perçue sans effort, par le commun des gens, comme un écosystème. Souligner CECI est très important, parce que ce qui porte atteinte contre la “foret”, a “l’être” de la foret perçu comme un écosystème par la population, est rapidement identifié comme une menace contre le patrimoine a tous. Face au développement de “la frontière” agricole, beaucoup d’habitants urbains “sentent” qu il est en train de détruire “ses” forets au Chaco (province et région argentine), et que l’on détruit “ses” propres écosystèmes.

Au reconnaître la foret comme écosystème, il nous “fait mal” sa destruction, “il nous fait mal” la coupure d’un “quebracho” ou d’un “algarrobo” (encore des spécimens végétaux locaux) Le citoyen du commun, en général, perçoit la foret comme un patrimoine propre et collectif. Mais non comme une propriété mesquine, sinon comme un bien social et commun a tous et par conséquence, on expérimente le déboisement comme une chose amorale et delictive.

A vrai dire, la terre agricole (le sol), pareil qu une foret, est un écosystème avec des éléments “vivants” et “inertes”, avec des flux de matière et énergie, avec des milliers de petits étres vivants producteurs et consommateurs, avec des strates, de la biodiversité, avec de la richesse: on pourrait résumer avec une analogie “la terre ou sol es un cas particulier de foret” (écosystème)
Il est facile de voir les effets d’une fumigation, une bulldozer ou une tronçonneuse sur la foret, mais il n’est pas facile de voir les dégâts que l’agriculture produit dans la terre, tout simplement parce que nous ne pouvons pas les apercevoir, on ne peut pas le voir à l’œil nu.

Il est facile alors, percevoir le déboisement, mais il n’est pas de même pour la perte de la diversité biologique de la terre agricole. On peut comprendre que le déboisement est une “perte d’habitat” pour les spécimens sauvages, et on se met tristes quand disparaissent les “yaguaretes” et les “tatus carreta” (animaux de la région). Avec ces mammifères, par ressemblance avec nous ou de par leur aspect sympathique ou attendrissant, on peut se connecter plus facilement. Mais il nous résulte presque impossible de comprendre l’importance que les microorganismes de la terre ou acuatiques ou les insectes ont pour notre vie. Par fois ils nous résultent désagréables, parce qu’on ne connaît pas les bénéfices qu ils nous apportent. Continuant notre analogie de la terre et le bois, on peut affirmer que l’ agriculture industrielle en réalité est en train de produire une “perte d’habitat” pour les organismes de la terre agricole, les quels a leur tour, sont les chargés de la produire. Si les organismes que la “fabriquent” disparaissent, nous tiendrons terres beaucoup plus pauvres. Nous perdrons l’écosystème, parce que perdrons les organismes qui l’engendrent.

Si nous comprenons que la terre est un “système vivant” par conséquent nous allons expérimenter la perte des verres de terre, comme un crime.

Quand nous nous manifestons à faveur de “sauver les baleines”, on devrait réclamer encore plus: “sauver les verres de terre” ou “sauvons les microorganismes du sol”. Si nous pouvons comprendre la coupe de “quebrachos” est une activité d extraction quasi “minière”, alors nous comprendrons aussi, que la dévastatrice extraction du phosphore et de substances nourricières, avec la silencieuse mais implacable dévastation de la vie contenue dans les sols, est également nuisantes pour la terre, tel comme le sont les mines de “La Lumbrera”* en Catamarca ou celles qui menacent mettre en marche dans le Nord West argentin et la Cordillère des Andes.

Si nos comprenons les “services de l’environnement” qui nous donne le bois, tels comme la production d oxygène, l’adoucissement du climat et des inondations, la conservation de la biodiversité, la rétention du carbone, la production d’aliments, fibres et d autres biens, etc., etc.; nous pourrons comprendre aussi, les “services d’ environnement” qui nous offre la terre, dans les mêmes termes.

C’est à dire, l’idée de déboiser l’Amazonie nous produit peur, en partie parce qu’il existe une certaine idée que la planète entière dépends de masses des bois comme la foret amazonienne. L’humanité serait en grand danger si le déboisement de l’ Amazonie avançait, tel comme indiquent les intentions progressistes de l’actuel gouvernement brésilien..
Mais la terre agricole, comme écosystème qui se dégrade rapidement, devrait nous produire la même ou majeur commotion. L’humanité est en grave danger si l’on perd les caractéristiques de l’écosystème des sols.

*mine à ciel ouvert, ayant entraîné de nombreuses mobilisations populaires pour sa fermeture.
La fertilisation chimique n’est jamais, un substitut de la foret perdue. Détruire l’ “ECOSYSTEME SOL”, résulte aussi nocif pour l’humanité, comme détruire l’ “ECOSYSTEME DE LA JUNGLE AMAZONIENNE”.

Cette vision, que l’on propose, des thèmes ruraux, nous exemptue de continuer les argumentations du Système de Marché, c’est à dire, des explications économiques habituelles. Seulement avec les explications économiques, ce n'est pas suffisant pour prendre conscience du grave danger dans le quel se trouve notre société. Les explications et disputes économiques actuelles sont incomplètes de par elles-mêmes, parce que les statistiques ni les succès de la bourse de commerce montrent ces conséquences. N’offrent, non plus, d’issue, puis visent la seule obtention des rentes. Ce système de production manqué de tout avenir. Les temps de la nature, les temps biologiques de l’écosystème de la terre agricole, n’ont rien a voir avec les temps des “agrobussines”, temps chaque fois plus courts de production au dépends des écosystèmes agricoles et de l’abus irrationnel de l’énergie. Les temps écologiques, ne s’ajustent non plus, aux temps politiques, contraints toujours par las futures élections, incapables de produire des projets nationaux, aveuglés pour les mythes de la croissance sans limites...
Peut être, puisse nos donner la compreensión pour pouvoir lire l’avenir, de comprendre ce qui se passe dans un simple pot a fleurs que nos avons dans notre balcon ; et que, de par le manque de soins, sa terre s’entasse irrémédiablement.

Avec les logiques du marché nous continuerons à naufrager dans un tourbillon de vieilles discussions retoriques. Il faut s’éloigner des discours qui appellent à la “nouvelle droite”, a la “nouvelle gauche” et a n’importe quel essai de faire toujours la même chose, même s’il nous arrive avec un déguisement “vert” (écologique).

Il faut se préparer au futur SANS CROISSANCE ECONOMIQUE, et avec développements humains conformes aux logiques de l’écosystème. Il est impératif de commencer à penser en thermes d une économie a l’échelle locale, de récupérer l’Etat et la Souveraineté Alimentaire a partir des municipalités. Nos devons nous préparer pour confronter un futur sans pétrole, et en particulier, une agriculture sans apports chimiques, régie par LES LOIS ET LES TEMPS DE LA NATURE. Nous savons que CECI est possible et aussi nous savons qu'il s’agit de l’alternative pour que les générations à venir puissent avoir la possibilité d’une vie digne. Il va dans ce sens, que nous devons défendre l’idée que le DECROISSEMENT ECONOMIQUE est: l'avenir et la vie possible, et que ce que l’on nous propose n’a pas d’avenir. Récupérons la valeur d’utilisation de l’écosystème terre et les biens que nous obtiendrons de cet écosystème, abandonnant la valeur de change, imposé par la globalisation économique du capital, que seul mesure les gains en tonnes destinées aux marches anonymes et insatiables. Attribuons de nouveaux contenus philosophiques au mot “valeur”. Il sera, en tout cas, la “valeur de l écosystème du quel on fait parti”, non seulement comme une simple extension de la “valeur de la vie”, dans sons sens ontologique, sinon comme “valeur” de survie de l’espèce humaine, en inévitable inter-dépendance écologique avec la terre. CECI n’a pas de prix. Ou peut être, celui ci soit, le prix de notre futur.

SOUVENONS NOUS QUE LE SOL EST LE PATRIMOINE DE TOUS, AUSSI DE CEUX QUI NE SONT PAS ENCORE NÉS.
IL NE S’AGIT PAS D’UN RECOURS POUR ETRE EXPLOITÉ POUR ACCROITRE LA PRODUCTIVITÉ DES TERRES ET CONCENTRATION DE REVENUS.

 
GRR Grupo de Reflexión Rural
www.grr.org.ar juin 2008
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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 03:10





Éduquer

 

C'est une chose qui m'obsède au quotidien.

 

Comment je vais éduquer mes gosses, suis-je dans le vrai, ne fais-je pas d'erreur ?

 

Pas facile tout ça.

 

Et parce que je crois au service public d'éducation je me dis que je peux toujours déléguer vers les instits ou les profs dont c'est le boulot.

Et puis ils savent malgré tout mieux que moi. Même si je connais mieux mes gosses qu'eux peuvent les connaître.

 

Bon OK, mais après, au delà de l'école, comment m'éduque-je ?

 

Là j'ai pas le niveau en physique.

Pas facile pour une secrétaire de direction dans l'industrie métallurgique, la physique.

Et pourtant ça m'intéresse.

 

Pourquoi le nucléaire.
Est-ce utile?

Comment en sortir sans se priver de l'énergie ?

 

Et puis j'aime beaucoup le tango.
Guy Marchand me parle le soir devant le phono : « moi je suis tango, tango, j'en fais toujours un peu trop... »

Ah Guy !

 

Bon oublions Guy.

 

Comment je continue à me cultiver.

 

Il y a des types qui se sont creusé les méninges il y a déjà quelques temps.
Le premier : Condorcet. Enfin un des premiers. Tout au moins celui que l'on retiendra.

 

Il m'a permis d'aller dans des lieux comme les MJC, ou d'autres organisations d'éducation populaires pour que je continue à me former.

Et la formation continue, qu'est-ce sinon une émancipation personnelle ?

 

L'éducation populaire a beaucoup perdu dans les années qui viennent de passer, parce que, quelque soit le parti au pouvoir, la libération individuelle est une prise sur la démocratie.


Et comment contrôle-t-on mieux la démocratie ?

En la restreignant.

 

Donc l'éducation populaire est bonne pour le peuple.
Alors un seul mot d'ordre;  investissons les mouvements d'éducation populaire et dynamisons leurs actions ; que ce soit pour la physique, le tango ou tout autre sujet.

 

Nous devrions nous occuper de notre avenir.

Aurore

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