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En campagne

5 décembre 2008 5 05 /12 /décembre /2008 03:48












C'est la faute au froid !


Alors là le journal m'en est tombé des mains, j'ai rameuté toute la tribu pour commenter le titre de l'article.


C'est écrit dans un journal régional qui se targue d'une bonne tenue journalistique et qui est très attentif à la qualité de rétribution de ses correspondants et de plus il est en pointe sur le statut de journaliste.

Il titrait un petit article ainsi : Un SDF mort dans la nuit : la faute au froid.


En ben là, je n'en reviens pas du tout.


Mais que fait le gouvernement pour interdire le froid et l'hiver ?

La réplique vient tout de suite, le gouvernement travaille au réchauffement de la planète pour que plus personne ne meure de froid.

Mais quel salaud ce froid qui s'en prend aux plus démunis des plus démunis.


Je dois dire que la colère m'a envahi un moment à lire ce type d'allusions.

Ce ne serait qu'à cause du froid que des gens mourrait dans la nuit.


Le manque de politique sociale,

le manque de solidarité,

le manque d'hébergements sociaux,

le manque d'argent,

le manque de reconnaissance,

le manque tout court,

tout cela n'est rien du tout face à ce salaud de froid.


A écrire des titres ainsi, il n'est pas surprenant que certains perdent les repères.

Que la presse la plus populaire invite à penser dans ce sens démontre une certaine déliquescence de la pensée ambiante.


Je suis encore en colère après avoir lu cette présentation qui tente de dédouaner la collectivité de ses responsabilités.


Nous devrions nous occuper de notre avenir.

Aurore

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4 décembre 2008 4 04 /12 /décembre /2008 03:00



Vers la fin de la télévision publique ?

 


Traité de savoir-vivre du service public audiovisuel

 Serge Regourd 



Avec la rigueur du juriste et la sagacité du fin analyste politique, Serge Regourd nous propose un éclairage d’une rare précision sur les exigences d’une télévision de service public et les conditions de sa rédemption.



Formidable coup politique du président de la République, la décision de supprimer la publicité dans le service public audiovisuel risque de remettre en cause l’existence même de la télévision publique si elle n’est pas accompagnée des financements nécessaires.

Retraçant la singularité de l’histoire de la télévision publique, de « la voix de son maître » à la privatisation de TF1 en passant par le démantèlement de l’ORTF, Serge Regourd met en garde face à l’instrumentalisation des mutations technologiques et aux contraintes européennes frappant les télévisions publiques. Fin connaisseur des modèles européens, il prône une réévaluation des missions du service public en termes de qualité des programmes, de pluralisme, de définition d’un modèle culturel spécifique.

Et s’interroge si, en réalité, l’objectif suprême du chef de l’État n’est pas d’en finir avec l’idée de service public audiovisuel…

Serge Regourd est professeur à l’Université des sciences sociales de Toulouse, directeur de l’Institut du droit de la communication. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages tels que L’exception culturelle, La télévision des Européens ou Éloge des seconds rôles.


septembre 2008

Editions de l'Attribut

ISBN 9782916002101
13 €

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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 03:03

Le Parti de gauche : une bonne nouvelle dans le champ politique !

Par Christophe Ventura

« Nous allons porter publiquement notre conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice contre la société humaine et l'écosystème » et «nous décidons d'engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la constitution d'un front de forces de gauche pour les élections européennes »
(Extrait de la déclaration de Marc Dolez et de Jean-Luc Mélenchon, novembre 2008).

Ce projet, présenté par les initiateurs du Parti de gauche (PG)[1], doit être salué. Il peut permettre d’engager en France une dynamique politique unitaire de rupture avec le néolibéralisme qui, malgré sa banqueroute, vient d’être remis en selle par les dirigeants du G 20 à Washington. A l’issue du Sommet du 15 novembre, ces gouvernants viennent en effet de déclarer que leurs « réformes ne porteront leurs fruits que si elles s’appuient sur des économies fondées sur les principes du libre marché (…), l’ouverture des échanges et des investissements, la concurrence entre les marchés ».

S’appuyant sur une analyse dynamique des relations entre les mouvements sociaux et les partis politiques, et attentif aux évolutions en cours - notamment aux innovations politiques en Europe (comme en Allemagne avec la montée de Die Linke) et aux processus de transformation en Amérique latine -, le Parti de gauche peut constituer une "offre" crédible pour qui veut voir naître en France une gauche de gauche, mais aspirant à gouverner.

C’est, au fond, cette perspective qui confère à l’initiative son principal intérêt. Quel est le paysage de la gauche politique et sociale aujourd’hui ? Le Parti socialiste, largement converti au social-libéralisme et à l’eurolibéralisme, paraît bien incapable de renouer un contact sociologique et politique avec les classes populaires et de porter leurs aspirations. De son côté, « l’autre gauche », dispersée, est soit prisonnière de contraintes électorales soit cantonnée dans une stratégie protestataire. Enfin, les mouvements sociaux et citoyens, notamment ceux issus de 10 années d’altermondialisme, commencent seulement à se poser la question des prolongements politiques de leurs mobilisations. Ce que certains d’entre nous avons désigné comme le post-altermondialisme. C’est parce que le projet du PG se fixe cet objectif de bâtir une gauche radicale de gouvernement, et qu’il en tire comme conséquence l’obligation de construire une union stratégique entre les différents acteurs de la gauche politique et sociale non social-libérale, qu’il se révèle pertinent. On peut aussi penser qu’il permettra de renouveler les formes et les contenus des politiques publiques et de l’action politique, notamment sur la question environnementale qui ne doit plus être un supplément d’âme.

Sans préjuger ses futurs scores électoraux, c’est par sa capacité à se constituer en un espace politique pluraliste et collégial, avec une pratique militante renouvelée, que le Parti de gauche pourra être un instrument utile pour mener le combat d’idées et contribuer à construire une nouvelle hégémonie politique. De ce point de vue, son engagement en faveur des valeurs républicaines, socialistes, écologiques et internationalistes, et la réhabilitation des clivages fondamentaux que sont le rapport capital/travail et la nature de la construction européenne, est une très bonne nouvelle.

Notes

[1] Pourquoi ne pas appeler le parti tout simplement La Gauche ou, à défaut, le Parti de la gauche ?

par Christophe Ventura
militant associatif, co-auteur de "En finir avec l'eurolibéralisme" (Editions des 1001 Nuits, Paris, 2008). voir tous ses articles

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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 03:57

Lettre de Maputo: Ve Conférence Internationale de La Vía Campesina



Agriculture Paysanne et Souveraineté Alimentaire face à la crise mondiale


Maputo, Mozambique, 19-22 octobre 2008

Le monde entier est en crise, une crise aux dimensions multiples, à la fois alimentaire, énergétique, climatique et financière. Les solutions offertes par le pouvoir – plus de libre échange, semences transgéniques, etc.- ignorent que la crise est le produit du système capitaliste et du néolibéralisme et elles en aggraveront les impacts. Pour trouver de véritables solutions, il vaut mieux se tourner vers la souveraineté alimentaire que propose La Via Campesina.  

Comment en est-on arrivés à cette crise?

Au cours des dernières décennies, nous avons vu l’avancée du capital financier et des entreprises multinationales, dans tous les aspects de l’agriculture et du système alimentaire des pays du monde entier. De la privatisation des semences et la vente d’agro-toxiques jusqu’à l’achat des récoltes, la transformation des aliments et leur transport, leur distribution et leur vente aux consommateurs, tout est entre les mains d’une poignée d’entreprises. Les aliments sont passés de l’était de droit pour toutes et tous à celui de simple marchandise. Les régimes alimentaires s’homogénéisent partout dans le monde, avec des aliments qui sont mauvais pour la santé, à des prix hors de portée des gens, entraînant la perte des traditions culinaires de nos peuples.

Nous assistons à une offensive du capital sur les ressources naturelles comme nous n’en avions pas vu depuis les temps coloniaux. La crise du taux de profit du capital les a poussés à lancer une guerre du secteur privé pour nous dépouiller, paysannes, paysans et indigènes. Nous assistons également au vol par le secteur privé de la terre, du territoire, des forêts, de la biodiversité, de l’eau et des minerais. Les peuples ruraux et l’environnement sont agressés. Les plantations d’agrocarburants sur de grandes surfaces de monocultures industrielles font partie de ce dépouillement, justifié par des arguments fallacieux sur les crises énergétiques et climatiques. La réalité cachée derrière cela est liée avec le système actuel de transport des biens sur de longues distances et le transport individualisé en automobiles, entre autres choses.

Aujourd’hui, l’apparition de la crise alimentaire et de la crise financière fait que tout s’aggrave. Cette même crise financière et les crises des aliments sont liées par la spéculation du capital financier sur les aliments et la terre, au détriment des gens. En ce moment, le capital financier revient plus désespéré et s’en prend aux biens publics pour son sauvetage, ce qui va conduire à des coupes budgétaires supplémentaires dans les pays et à plus de pauvreté et de souffrance. La faim dans le monde continue à croître. L’exploitation et toutes les formes de violence, notamment envers les femmes, augmentent. Avec la récession économique dans les pays riches, la xénophobie à l’encontre des travailleurs et travailleuses migrants augmente, tout comme le racisme et la répression. Enfin, le modèle dominant offre toujours moins d’opportunités pour la jeunesse dans les campagnes.  

Pour synthétiser, tout va de mal en pis. Cependant, comme toute crise, des opportunités se font jour. Des opportunités pour le capitalisme qui utilise la crise pour se réinventer et trouver de nouvelles sources de profit mais également pour les mouvements sociaux. Ainsi, il est clair que les thèses du néolibéralisme sont illégitimes pour les peuples et que les institutions financières internationales (Banque mondiale, FLMI, OMC) démontrent leur incapacité à gérer la crise (en plus d’être à l’origine de cette même crise). Cela donne l’opportunité de les éliminer afin de construire d’autres institutions de régulation de l’économie mondiale qui ne servent pas d’autres intérêts. Il est bien clair que les entreprises multinationales sont les véritables ennemis qui se cachent derrière ces institutions. Il est bien clair que les gouvernements néolibéraux ne servent pas les intérêts de leurs peuples. Il est bien clair également que le régime mondial des aliments contrôlés par les entreprises multinationales n’est pas capable de nourrir la population mondiale alors que la souveraineté alimentaire fondée sur l’agriculture paysanne locale est plus que jamais nécessaire.

Que défendons-nous au sein de La Vía Campesina face à cette réalité?

La souveraineté alimentaire : Mettre un terme au capitalisme financier et renationaliser la production et les réserves d’aliments constituent la seule issue à la crise alimentaire. Seule l’agriculture paysanne nourrit les peuples, alors que l’agrobusiness produit des exportations et des agrocarburants pour alimenter les automobiles en lieu et place des hommes. La souveraineté alimentaire fondée sur l’agriculture paysanne offre la solution à la crise.

Face aux crises énergétiques et climatiques : la mise en place d’un système alimentaire local qui ne soit fondé ni sur l’agriculture industrielle, ni sur le transport sur de grandes distances, éliminerait jusqu’à 40% des émissions de gaz à effet de serre. L’agriculture industrielle réchauffe la planète et l’agriculture paysanne refroidit la planète. Un changement des modes de transport, passant du transport individuel au transport collectif et un changement des modes de consommation constituent les étapes supplémentaires nécessaires pour faire face aux crises énergétiques et climatiques.  

La réforme agraire véritable et intégrale et la défense du territoire indigène sont essentiels pour inverser le dépouillement des campagnes et pour que la terre serve à produire des aliments plutôt que des exportations et des carburants.

L’agriculture paysanne durable : seule la production paysanne agroécologique peut déconnecter le prix des aliments du prix du pétrole, restaurer les sols dégradés par l’agriculture industrielle et produire des aliments sains et proches de nos peuples.

L’avancée des femmes est l’avancée de tous : la fin de tout type de violence envers les femmes, notamment physique, sociale et autres. La réalisation d’une véritable parité dans tous les espaces internes et les instances de débat et de prise de décision constituent des engagements obligatoires pour avancer en ce moment en tant que mouvements de la transformation sociale.

Le droits aux semences et à l’eau : Les semences et l’eau sont les sources de la vie et constituent le patrimoine des peuples. Nous ne pouvons pas permettre leur privatisation ni accepter les semences transgéniques ou de technologie Terminator.

Non à la criminalisation de la contestation sociale, oui à la Déclaration des Droits des Paysannes et des Paysans à l’ONU proposée par La Via Campesina. Il s’agira d’un instrument essentiel dans le système légal international pour renforcer notre position et nos droits en tant que paysans et paysannes.

La jeunesse dans les campagnes : Il est urgent d’ouvrir toujours plus les espaces dans notre mouvement pour l’incorporation de la force et de la créativité de la jeunesse paysanne, avec sa lutte pour se construire un avenir dans les campagnes.

Finalement, nous, hommes et femmes, produisons et défendons les aliments de toutes les femmes et de tous les hommes.

Nous, tous les participants et participantes de la V Conférence de La Vía Campesina, nous nous engageons à défendre l’agriculture paysanne, la souveraineté alimentaire, la dignité et la vie. Nous offrons des solutions réelles à la crise mondiale qu’affronte le monde aujourd’hui. Nous avons le droit de continuer à être des paysans et nous avons la responsabilité de nourrir nos peuples.

Nous sommes les paysans et les paysannes du monde et nous refusons de disparaître.

Pour la souveraineté alimentaire! Unité et mobilisation des peuples!

Globalisons la lutte! ¡Globalisons l’espoir!
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1 décembre 2008 1 01 /12 /décembre /2008 03:58

sur : le blog de Jean-Pierre Martin


L'enquête semble avoir pris un tour décisif dans l'affaire du sabotage de la SNCF. La thèse du complot terroriste, privilégiée par la police, a conduit à l'arrestation d'une dizaine de personnes, toutes membres d'un groupuscule de l'ultra-droite tendance "facho-libérale", l'UMP.

Depuis quelques années, la SNCF a été victime de nombreuses attaques visant à démanteler le service public du rail. On a ainsi assisté à une casse sociale sans précédent avec la réforme du système de retraites des cheminots, la réforme du fret, l'ouverture à la concurrence, la suppression des lignes et horaires non rentables, la suppression de guichets et de gares, une baisse significative des embauches, la multiplication des incidents, la modification de l'abonnement de travail et de la carte famille nombreuse. D'après les informations livrées par le parquet, le commando interpellé cette nuit préparait un gros coup, avec la privatisation de la SNCF.

Chut!! Ici on casse en silence


A l'heure actuelle, on possède assez peu d'éléments sur les prévenus. Les "petites mains" de l'organisation, Guillaume Pépy, Anne-Marie Idrac et Louis Gallois ont été interpellés à leur domicile parisien. Les policiers ont précisé qu'ils possédaient des preuves matérielles de l'implication de ces individus dans les actes de sabotage. Ils auraient utilisé leurs fonctions au sein même de la SNCF pour mettre en œuvre leurs noirs desseins. La tête du groupuscule est aussi dans le collimateur des autorités. Les opérations de sabotage auraient été pilotées par un certain Nicolas S., secondé par François F. et Dominique B..


Guillaume Pépy, lors de son arrestation en gare du nord

Le groupe était "suivi" par la police depuis des mois, en raison de son appartenance à l'ultra-droite et "à la mouvance facho-libérale". "Ils tiennent des discours très radicaux et ont des liens avec des groupes étrangers", précise l'entourage de la ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, notamment en Grande-Bretagne, où des actions de ce genre avaient conduit à la destruction totale du rail anglais. Toujours d'après le ministère, "ils ont des pratiques rituelles de type sectaire, priant régulièrement leur gourou Adam Smith, et se référant sans cesse à la parole de ses prophètes, Augusto Pinochet ou Margaret Thatcher. Ils rêvaient d'une sorte d'apocalypse, avec des accidents ferroviaires en série". Pour l'instant aucune revendication n'a été exprimée : il semblerait pourtant que le groupuscule soit composée de nostalgiques de la SNCF du régime de VIchy.

L'UMP porte un projet d'avenir pour la SNCF

L'action en "dégradations " préalablement ouverte devrait être requalifée "en association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" puisqu'il s'agit cette fois "d'action concertée". Mais les enquêteurs n'excluent pas des rebondissements dans cette affaire aux multiples ramifications. Il se murmure dans les milieux autorisés, que le groupuscule UMP menait des actions parallèles pour détruire la fonction publique et le droit du travail. "On n'est pas au bout de nos surprises" déclarait anxieux le juge d'instruction.
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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 03:40

Energies et climat : les tendances actuelles sont insoutenables, avertit l’AIE

« Les tendances actuelles dans l’approvisionnement et la consommation d’énergie sont manifestement non soutenables - écologiquement, économiquement et socialement. Elles peuvent et doivent être modifiées », avertit Nobuo Tanaka, le directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie. Mettant en garde contre les tensions prévisibles en raison du déclin accéléré des gisements et de la hausse de la demande - il faudra mettre en production l’équivalent de 6 Arabie Saoudite d’ici 2030 - il estime que « l’ère du pétrole bon marché est terminée. » Sur le volet de la lutte contre le réchauffement climatique, les difficultés ne s’annoncent pas moindres. Même si les pays de l’OCDE réduisaient à rien leurs émissions, la limite des 450 ppm d’équivalents-CO2 serait malgré tout dépassée. Extraits du dernier rapport de l’Agence, voici les faits, les chiffres et les tableaux qui décrivent l’ampleur de la tâche.

Agence Internationale de l’Energie, 12 novembre 2008

« Nous ne pouvons pas laisser la crise financière et économique retarder l’action politique requise d’urgence pour assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique et réduire l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Nous devons effectuer une révolution mondiale dans le domaine de l’énergie, consistant en une amélioration de l’efficacité énergétique et l’augmentation de la mise en oeuvre d’énergies pauvres en carbone », a déclaré Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) à Londres à l’occasion de la présentation du « World Energy Outlook (WEO) 2008 » - la nouvelle édition de la publication de l’agence qui dresse un tableau prospectif sur les questions énergétiques.

Projections

Dans le scénario de référence du WEO-2008, qui prend pour hypothèse la poursuite des politiques gouvernementales actuelles :

-  la demande mondiale d’énergie primaire croît de 1,6% par an en moyenne entre 2006 et 2030 - soit une augmentation de 45%. Chiffre inférieur à celui prévu l’an dernier, principalement en raison de l’impact du ralentissement économique, de la perspective de prix plus élevés et de nouvelles initiatives politiques.

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-  La demande de pétrole augmente de 85 millions de barils par jour actuellement à 106 mb/j en 2030 - soit 10 mb/j de moins que prévu l’an dernier.

-  La demande de charbon augmente plus que toute autre source d’énergie en termes absolus, représentant plus d’un tiers de l’augmentation de la consommation d’énergie.

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-  Les énergies renouvelables modernes croissent plus rapidement, dépassant le gaz, pour devenir la deuxième plus grande source d’électricité peu après 2010.


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-  La Chine et l’Inde représentent plus de la moitié de l’augmentation de la demande d’énergie à l’horizon 2030 alors que le Moyen-Orient apparaît comme une nouvelle région consommatrice.


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-  La part de l’énergie mondiale consommée dans les villes passe de deux tiers à près de trois-quarts en 2030. La quasi-totalité de l’augmentation de production d’énergie fossile se produit dans les pays en dehors de l’OCDE.

-  Ces tendances impliquent une augmentation des investissements dans le secteur de l’énergie de 26 300 milliards de dollars d’ici 2030, soit plus de 1000 milliards par an. Pourtant, les tensions sur le crédit pourraient retarder ces dépenses, et potentiellement provoquer un effondrement de l’offre qui pourrait étouffer le redressement économique.

Tendances insoutenables

« Les tendances actuelles dans l’approvisionnement et la consommation d’énergie sont manifestement non soutenables - écologiquement, économiquement et socialement. Elles peuvent et doivent être modifiées », a déclaré Nobuo Tanaka. « La hausse des importations de pétrole et de gaz dans les régions de l’OCDE et les pays en développement d’Asie, avec la concentration croissante de la production dans un petit nombre de pays, accroît le risque de ruptures d’approvisionnement et de forte hausse des prix. Dans le même temps, les émissions de gaz à effet seraient inexorablement accrues, mettant le monde sur les rails d’une augmentation de la température mondiale pouvant aller jusqu’à 6 ° C. »

« L’ère du pétrole bon marché est terminée »

Outre une réévaluation globale des projections sur le long terme jusqu’à l’horizon 2030, le WEO-2008 un propose une étude détaillée sur les perspectives de la production pétrolière et gazière. Le pétrole restera la principale source d’énergie pour de nombreuses années à venir, même dans le cadre de la plus optimiste des hypothèses sur le développement de nouvelles technologies. Mais les sources de production pétrolière, le coût de cette production et les prix que les consommateurs auront à payer restent extrêmement incertains. « Une chose est sûre », a déclaré M. Tanaka « avec des déséquilibres du marché accroissant la volatilité, l’ère du pétrole bon marché est terminée ».

Le rôle des sociétés nationales

« Un changement radical est en cours dans le secteur amont de l’industrie pétrolière et gazière : les sociétés pétrolières internationales font face à la diminution de leurs possibilités d’accroître leurs réserves et la production. En revanche, les entreprises nationales devraient compter pour environ 80% de l’augmentation de la production de pétrole et de gaz à l’horizon 2030 », a déclaré M. Tanaka. Mais il est loin d’être certain que ces entreprises soient disposées à faire ces investissements elles-mêmes ou attireront suffisamment de capitaux pour maintenir le rythme nécessaire de l’investissement. En amont, les investissements ont augmenté rapidement au cours des dernières années, mais la majeure partie de cette augmentation est due à la flambée des coûts de production. Accroître la production dans les pays ou elle est la moins onéreuse - la plupart membres de l’OPEP - sera une question centrale pour parvenir à faire face à la demande mondiale à un coût raisonnable.

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Déclin accéléré des gisements

La perspective d’une accélération de la baisse de production dans les différents champs de pétrole vient ajouter à ces incertitudes. Les résultats d’une étude sans précédent analysant en détail l’historique des tendances de production sur 800 champs pétrolifères indiquent que les pourcentages de déclin de la production sont susceptibles d’augmenter de manière significative dans le long terme, passant d’une valeur moyenne de 6,7% aujourd’hui à 8,6% en 2030. « Malgré toute l’attention qui est accordée à la croissance de la demande, le déclin de la production est en fait un facteur beaucoup plus important pour déterminer les besoins en investissements.

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Même si la demande de pétrole restait stable à l’horizon 2030, une capacité de 45 mb/j de brut - à peu près quatre fois la production actuelle de l’Arabie saoudite - devrait être disponible en 2030, juste pour compenser l’effet de la perte de production des gisements », a ajouté M. Tanaka .

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Changement climatique

Le WEO-2008 analyse également les politiques qui pourraient être mises en oeuvre pour lutter contre le changement climatique après 2012, date à laquelle un nouvel accord mondial - devant être négocié sous l’égide de l’ONU à Copenhague l’année prochaine - devrait entrer en vigueur. Cette étude fait l’hypothèse que soit mise en œuvre une approche hybride, incluant une combinaison de limitations des émissions et de marché des droits à polluer, des accords sectoriels et des mesures nationales.


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Au vu des tendances actuelles, les émissions de CO2 liées à l’énergie sont appelées à augmenter de 45% entre 2006 et 2030, pour atteindre 41 Gigatonnes (Gt). Les trois-quarts de cette augmentation proviendront de la Chine, de l’Inde et du Moyen-Orient, et 97% du total de pays hors OCDE.


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Scénario 550ppm

La stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre à 550 ppm d’équivalent CO2, ce qui limiterait l’augmentation de la température à environ 3 ° C, requiert que les émissions n’excèdent pas 33 Gt en 2030 puis déclinent sur le long terme. La part des énergies pauvres en carbone - énergie hydroélectrique, nucléaire, biomasse, énergies renouvelables et centrales électriques à combustibles fossiles équipées de dispositifs de captage et stockage du carbone (CCS) - dans le mix énergétique mondiale d’énergie primaire devrait augmenter de 19% en 2006 à 26% en 2030. Cela nécessite 4 100 milliards de plus d’investissements dans l’énergie sur l’infrastructure et le matériel que dans le scénario de référence - soit 0,2% du PIB mondial annuel. La majeure partie serait prise en charge par la demande, avec 17 dollars de dépense supplémentaire par personne et par an dans le monde entier pour augmenter l’efficacité énergétique des véhicules, des appareils et des bâtiments. D’autre part, l’amélioration de l’efficacité énergétique permettrait de réaliser une économie sur les dépense de carburant de plus de 7 0000 milliards de dollars.

Scénario 450ppm

D’une toute autre ampleur serait la tâche visant à limiter à 450 ppm d’équivalent CO2 la concentration de gaz à effet de serre, ce qui entraînerait une élévation de la température d’environ 2 °C. Dans ce cas, les émissions de CO2 mondiales liées à l’énergie devraient baisser fortement à partir de 2020, pour atteindre moins de 26 Gt en 2030. « Nous aurions besoin de l’action concertée de tous les principaux émetteurs. Notre étude montre que les pays de l’OCDE ne peuvent à eux seuls mettre le monde sur la trajectoire des 450 ppm, même si ils réduisaient leurs émissions à zéro », a averti M. Tanaka. Pour parvenir à un tel résultat, il faudrait également accélérer le développement des énergies pauvres en carbone - à hauteur de 36% des sources d’énergie primaire d’ici à 2030. Dans ce cas, l’investissement mondial dans l’énergie devrait être augmenté de 9 300 milliards de dollars (équivalents à 0,6% du PIB mondial annuel) ; dans ce scénario, les économies de carburant se monteraient à 5 800 milliards.


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Copenhague

Le rapport WEO-2008 démontre que les mesures de réduction des émissions de CO2 permettront également d’améliorer la sécurité énergétique mondiale par la réduction de l’utilisation des énergies à base de combustibles fossiles. Mais les grands pays producteurs de pétrole ne devraient pas pour autant s’en alarmer. « Même dans le scénario des 450 ppm, la production de l’OPEP devra être supérieure de 12 mb/j en 2030 par rapport à aujourd’hui. » note M. Tanaka.

« Il est clair que le secteur de l’énergie aura à jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique. L’analyse proposée dans ce rapport fournira une base solide pour tous les pays cherchant à négocier un nouvel accord mondial sur le climat à Copenhague. »

Sur le web :

La page d’accueil du WEO 2008

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29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 03:30
Régulation mondiale et hiérarchie des priorités

 par Corinne Lepage


« S’ils acceptaient de reconnaître les erreurs accumulées, le système de gaspillage et de destruction des ressources mis en place et le caractère non durable de la croissance de ces 20 dernières années, [les chefs d’Etat] seraient inéluctablement conduits à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une crise financière mais du volet financier de la crise du système dans lequel nous vivons. »

Par Corinne Lepage, 17 novembre 2008

Alors que le G20 peine à établir les prémisses de ce que pourrait être de nouvelles régles du jeu de la finance internationale, voire du capitalisme , on ne peut que constater la différence de traitement entre la crise financière et la crise écologique et climatique. L’urgence de la première n’est pas contestable et on peut que souscrire aux souhaits de certains Etats de voir mettre en place un nouveau Bretton Woods.

Il faut toutefois souligner qu’en s’attaquant au volet financier de la crise mondiale, les chefs d’Etat refusent en réalité de s’attaquer aux causes, la transformation du capitalisme , la croissance des inégalités et les bases artificielles de la croissance passée fondée sur la spéculation et l’économie financière , pour ne viser que les effets.

S’ils acceptaient de reconnaître les erreurs accumulées, le système de gaspillage et de destruction des ressources mis en place et le caractère non durable de la croissance de ces 20 dernières années, ils serait inéluctablement conduits à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une crise financière mais du volet financier de la crise du système dans lequel nous vivons. Or, le volet énergétique et climatique de cette même crise présente le même caractère d’urgence, car, comme en matière financière , tous les voyants sont au rouge.

En avril 2008, Nicholas Stern s’exprimait ainsi :

« Les émissions croissent beaucoup plus vite que ce que nous avions pensé, la capacité d’absorption de la planète est inférieure à nos prévisions, les risques des gaz à effet de serre sont potentiellement plus élevés que ce que prévoyaient les estimations les plus prudentes, et la vitesse du changement climatique semble être plus rapide. »

Nicolas Stern remettait ainsi en cause les objectifs fixés par son rapport pour la réduction des gaz a effet de serre, les jugeant désormais insuffisants. M. Stern ajoute que pour minimiser les risques d’un changement climatique dangereux, l’objectif initial pour les émissions devrait être multiplié par deux, avec une réduction mondiale de 50% en 2050, ce qui représente pour les Etats-Unis une réduction de leurs émissions de 90% d’ici là.

Le rapport 2008 que vient de publier l’AIEA montre que la trajectoire est contraire et la situation catastrophique. La demande mondiale en énergie primaire augmentera d’1,6% par an en moyenne d’ici à 2030 tirées par la Chine et l’Inde. Cette hausse se traduira par une demande accrue en pétrole : 106 millions de barils par jour en 2030 contre 85 millions aujourd’hui. Mais c’est surtout le charbon qui verra son utilisation s’accroître et comptera pour un tiers de la hausse de la demande en énergie.

Toutefois, l’AIE estime que les énergies renouvelables se développeront rapidement et deviendront la deuxième plus grande source d’électricité peu après 2010. Pour stabiliser la concentration de cO2 à 550ppm , ce qui représente une hausse de 3°, il ne faudrati pas émettre plus de 33GT en 2030 . Or, le scenario actuel est 41 gigatonnes , soit une augmentation de 45% entre 2006 et 2030, ¾ de l’augmentation ayant lieu en Chine, en Inde et au Moyen Orient. Or, rappelons, que la consigne du GIEC , pour éviter d’entrer dans l’irréversibilité était de 450ppm de concentration de cO2 .

Nous aurons besoin de l’action concertée de tous les émetteurs importants. Notre analyse prouve que les pays de l’OCDE ne peuvent pas à eux seuls mettre le monde sur une trajectoire de 450 ppm, même s’ils ramenaient leurs émissions à zéro, commente Nobuo Tanaka. Pour le directeur de l’AIE, il est donc urgent de déclencher une révolution énergétique globale en améliorant l’efficacité énergétique et en augmentant le déploiement de l’énergie à faible teneur en carbone.

Deux conclusions doivent être tirées de cette situation :

· D’une part, l’urgence est absolue et chaque année perdue dans l’agenda se traduit par un pas supplémentaire vers le risque majeur. Dès lors, la conférence de Poznan qui se tient le 1er décembre devrait être l’occasion d’une affirmation forte de l’acceptation d ‘une véritable régulation mondiale, impliquant tous les Etats sur des bases justes et réalistes

· D’autre part, vouloir réformer l’économie mondiale est indispensable , mais deux conditions doivent être réunies pour sortir de la crise elle-même :

-  Sortir du court termisme et de l’encouragement au profit maximal pour le risque minimal et mettre un terme en acceptant de toucher à la rémunération du monde de la finance, aux paradis fiscaux, aux agences de notation et en liant le financement public et contrôle public des établissements financiers..La question de la responsabilité en terme politique comme en terme juridique des acteurs de la faillite actuelle devra du reste être posée

-  Lier dynamisation de l’économie et sortie de la société du pétrole non seulement par un new deal vert, mais par l’économie sociale de marché, une économie dont les objectifs et les instruments de mesure ont sens sur le long terme et qui met la question de la répartition au centre de ses objectifs. Cela signifie que les taux de rentabilité absurdes, l’usage du seul PIB pour juger du développement, la répartition entre capital et travail, la valeur des matières premières et la place des pays émergents dans le partage de la richesse mondiale sont des sujets qui devront être débattus pour que l’Humanité ait une chance de créer un nouvel ordre économique permettant la durabilité faute de quoi la prophétie parfaitement pessimiste de Claude Lorius, premier Français à recevoir le prix Blue Planet pourrait se réaliser : attendre un sursaut inattendu de l’homme !

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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 03:50




























Fonds perdus

L’autre jour en lisant le Financial Times…non là je fais la maligne, je ne lis pas l’anglais et encore moins le Financial Times.

Bon je reprends.

L’autre jour en surfant sur le net (ça fait plus crédible ça ?) je suis tombée sur une traduction d’un article du Financial Times.

Hans Magnus : le grand désastre des fonds de pension

Hans Magnus, économiste en chef à UBS, met en garde contre les effets de la crise sur les fonds de pension. Ceux-ci ont perdu 2 000 milliards de dollars en moins d’un an avec la chute des bourses. La moitié des salariés des pays développés n’ont pas d’épargne, et de nombreux foyers américains comptaient sur la revente de leur bien immobilier pour financer leur retraite.

La transformation en profondeur de la pyramide des ages pose de nombreux problèmes. Mais l’idée que les fonds de pensions privés puissent apporter une réponse relève de l’illusion. La chasse au rendement à laquelle se livrent les fonds de pensions a pour effet de peser sur les salaires et les capacités d’investissement des entreprises, c’est à dire de contracter la demande et l’activité. En tentant d’assurer le revenu de leurs mandants, ils réduisent la richesse produite, et alimentent les flambées spéculatives - et leurs contrecoups, les krachs boursiers, qui ruinent les épargnants.

Allez on reprend dans le calme.

Les fonds de pensions étaient la panacée universelle pour régler le problème du trou de la sécu.

Et tout le monde était comptant, comptant.

Là Hans nous dit : les fonds de pension ont perdu 2000 milliards de dollars.

Et tout le monde est moins comptant.

Pour mémoire, le trou de la sécu en France, pour peu qu’il y ait réellement un trou de la sécu et qu’il ne soit pas fabriqué, est annoncé à : 9,5 milliards d’€uros en 2007 et estimé à 8,9 milliards d’€uros en 2008.

L’Etat veut se désengager.
On comprend l’Etat qui veut faire des économies, sauf que l’Etat c’est nous et que nous, l’Etat, on veut une couverture universelle de solidarité.

On continue.
Les choses étant simple et les américains ayant confiance dans les fonds de pension, ils n’ont pas fait d’économie, moi non plus d’ailleurs. Ils comptaient sur la revente de leur bien immobilier.
Et patatras le secteur immobilier !

On poursuit.

Pour obtenir les rendements les meilleurs, Hans nous dit que les fonds de pensions privés pesaient sur les salaires et les capacités d’investissements des entreprises.

D’où pertes d’emplois et ruine des épargnants.

C’est beau le libéralisme.


Alors on reprends en cœur : nous on veut garder nos retraites par solidarité, nous on veut garder notre sécu.

Même si ça doit coûter un peu à l’Etat, c'est-à-dire à nous.

Parce qu’au moins on sait ce qu’il en deviendra demain.

Et qu’après tout c’est notre argent, de notre travail.

Nous devrions nous occuper de notre avenir.

Aurore



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27 novembre 2008 4 27 /11 /novembre /2008 03:56

  G20 : un scénario incohérent qu’il faut réécrire complètement

MILLET Damien, TOUSSAINT Éric

Le sommet du G20, regroupant les grands pays industrialisés et émergents, vient de se réunir à Washington. La crise financière internationale est profonde, les Bourses ont perdu près de 40% de leur capitalisation en octobre 2008, les marchés financiers sont suspendus aux décisions prises par les Etats pour apporter des remèdes qui éclairciraient leur avenir bien assombri. Les feux de l’actualité internationale se sont braqués le temps d’un week-end sur Washington. Et pourtant…

Pourtant, que s’est-il passé à Washington ? Un spectacle affligeant, un scénario manquant franchement de crédibilité, mais trop peu de spectateurs s’en émeuvent. Dans les films policiers, il est assez rare que les clés du Palais de justice soient confiées aux coupables d’un crime abominable. C’est pourtant ce que le G20 est en train d’organiser…

Depuis la crise de la dette de 1982, les grands pays industrialisés ont promu avec vigueur des mesures économiques néolibérales que le FMI et la Banque mondiale ont été chargées d’imposer aux pays en développement. En proie à un surendettement provoqué par la chute des cours des matières premières durant les décennies 1980-90 et à une hausse brutale des taux d’intérêt décidée par les Etats-Unis en 1979, le Sud a été contraint de réformer son économie pour pouvoir servir ses créanciers : au menu, dérégulation forcenée, privatisations massives, ouverture des marchés au profit des grandes entreprises des pays industrialisés, réduction des budgets sociaux et de la fonction publique… Tous les maux venaient du fait qu’il y avait trop d’Etat, et il fallait réduire son influence sur la sphère économique à tout prix, même – et surtout – s’il cherchait à défendre l’intérêt du plus grand nombre.

Pour les populations du tiers-monde, le remède imposé par le FMI, la Banque mondiale puis l’OMC, à la demande des dirigeants des pays du Nord, fut pire que le mal. Les émeutes anti-FMI se sont multipliées, par exemple quand le prix du pain était doublé en une nuit. A l’exception notable de quelques gouvernements progressistes, souvent fortement déstabilisés en coulisses pour qu’ils rentrent dans le rang, la plupart des gouvernements du Sud ont appliqué ces mesures sans sourciller. Présentée comme indispensable à la création de richesse, la dérégulation économique a été étendue à la planète entière. Les institutions financières privées ont alors eu les mains libres pour inventer des produits financiers de plus en plus complexes dans le but d’engranger de plus en plus de profits, quitte à fermer les yeux sur les conséquences économiques réelles. Des montages financiers ahurissants ont été mis sur pied sans le moindre contrôle des autorités, et bien sûr sans aucune morale. Tant que cela fut possible, on a dissimulé la face obscure de cette dérégulation derrière de beaux petits chiffres de croissance, sans révéler que cette croissance concernait uniquement les plus riches et que l’on assistait en fait à une croissance prodigieuse des inégalités.

Puis vint le moment où il ne fut plus possible d’affirmer que la mariée était belle alors que sa robe était maculée de sang. La crise financière internationale s’est déclenchée en août 2007 et s’est aggravée durant l’année 2008. De grandes banques (Northern Rock, RBS, Bear Stearns, ING, Fortis, Dexia, UBS et tant d’autres), de grandes compagnies d’assurance (AIG), de grands organismes de crédit hypothécaire (Freddy Mac, Fannie Mae) ont appelé l’Etat à l’aide et il a souvent accepté de les renflouer ou d’organiser leur sauvetage. Mais au lieu d’en profiter pour reprendre le contrôle de cette mécanique inhumaine devenue folle, l’Etat a laissé le pouvoir de décision à ceux qui ont conduit l’économie mondiale dans l’impasse actuelle.

Ce sommet du G20 est révélateur du fait que les leçons n’ont pas été tirées. Les vieux démons du passé sont toujours là. Le FMI et la Banque mondiale, bien que délégitimés par l’échec des mesures imposées depuis 25 ans et par la crise de gouvernance qui les frappe depuis quelques années (démission forcée de Paul Wolfowitz de la présidence de la Banque mondiale, démissions de Horst Köhler et Rodrigo Rato du FMI avant la fin de leur mandat, enquête récente autour de Dominique Strauss-Kahn au FMI), sont toujours au cœur des solutions proposées. La relance des négociations à l’OMC pour accroître la déréglementation économique, qui vient de faire la preuve de son échec, est remise sur le tapis. Alors que les prêts du FMI ne trouvaient plus preneur, la Hongrie, l’Ukraine et le Pakistan viennent de se porter volontaires. Contrairement aux dénégations des institutions concernées, les mêmes conditionnalités inadmissibles sont toujours de mise : en contrepartie du dernier prêt, la Hongrie a dû décider entre autre la suppression du 13e mois et le gel des salaires pour les fonctionnaires. Le Japon a même proposé de fournir jusqu’à 100 milliards de dollars au FMI pour qu’il puisse accroître ses prêts et poursuivre sa funeste action. Par ailleurs, la réunion de Washington pour trouver une solution mondiale à la crise actuelle ne se tient pas dans le cadre des Nations unies, mais dans le cadre restreint du G20. Ce sont donc les promoteurs d’un modèle injuste et non viable à terme qui sont chargés de le tirer d’affaire. Les seules solutions proposées défendent l’intérêt des grands créanciers. Les populations et les pays pauvres n’ont toujours pas leur mot à dire.

Quand un scénario est aussi incohérent et aussi mal ficelé, on espère toujours un rebondissement final qui vienne apporter un peu de justice et de morale à l’ensemble. Ce rebondissement ne peut venir que des luttes sociales qui imposeront de par le monde une réorientation radicale des choix économiques. Et si le film finit aussi mal qu’il a commencé, le risque est grand que les spectateurs soient vraiment très mécontents et le fassent savoir aux vingt metteurs en scène de façon plutôt véhémente…


Damien Millet est porte-parole du CADTM France (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, http://www.cadtm.org).

Eric Toussaint est président du CADTM Belgique. Ils sont auteurs du livre 60 Questions 60 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale, CADTM/Syllepse, novembre 2008.

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26 novembre 2008 3 26 /11 /novembre /2008 03:13
Développement durable : marketing écolo ?

 

La Confédération nationale des Junior-Entreprises a organisé un débat sur les enjeux du développement durable à Sciences Po-Paris en présence d’Yves Cochet, Michèle Pappalardo, et Claude Jeandron, directeur adjoint au DD du groupe EDF. Confrontation.
 

     
Face aux crises de tous ordres – économique, social et écologique – qui dénotent la fin d’une époque, le développement durable peut-il apporter une réponse cohérente et systémique ? A l’heure où les ressources naturelles se raréfient, le développement durable n’est-il pas un concept trompeur ? Ne faudrait-il pas plutôt parler de décroissance ? Le modèle de développement des pays industrialisés n’est pas généralisable, car il n’y aura pas assez de matières premières pour tout le monde. Ainsi, selon Yves Cochet, député des Verts de la 11ème circonscription de Paris, invité à ouvrir le débat organisé le 5 novembre à Science-Po Paris à l'initiative de la Confédération nationale des Junior-Entreprises, le problème n’est pas technique, il s’agit de mettre en oeuvre un projet de civilisation équitable, puisque les ressources de la planète sont limitées. La décroissance, pour des raisons matérielles, est inéluctable, car les limites de notre monde ne sont pas extensibles. La seule solution est de réduire nos consommations d’énergies fossiles pour éviter de se retrouver au pied du mur, selon le député des Verts. Du reste, nous y sommes déjà, mais nous ne voulons pas l’admettre, tant nous sommes encore dans le déni, entretenu par une rhétorique gouvernementale, qui, à l’instar de Christine Lagarde, ministre des finances, parle de « croissance négative » plutôt que de récession, alors qu’il faudrait évoquer une « décroissance positive », un concept qui serait davantage en adéquation avec les évolutions actuelles.
Sans aller jusqu’à accréditer l’hypothèse d’une inéluctable décroissance, Michèle Pappalardo, déléguée interministérielle au développement durable, en appelle à une utilisation plus mesurée des ressources de notre planète : on peut aujourd’hui vivre selon un mode de vie comparable au nôtre avec 40 à 50% d’énergie en moins. Au lieu de cela, on gaspille, alors qu’il faut découpler notre croissance d’avec nos consommations de matières premières. D’autant qu’on est aidés par l’augmentation des prix des énergies fossiles. La contrainte prix va nous inciter à lancer des politiques d’économies d’énergie et de lutte contre le gaspillage.

Inefficacité énergétique

Mais ces politiques tardent à se mettre en place, pour des raisons structurelles. Selon Yves Cochet, le lancement du programme électronucléaire français, dans les années soixante-dix, a entraîné la multiplication par quatre de la consommation d’électricité en France : une aberration thermodynamique. L’entreprise EDF, représentée par Claude Jeandron, se dit pourtant intrinsèquement concernée par le développement durable : le développement durable renvoie à une dimension sociale et sociétale : maintenir la fourniture d’énergie pour les familles modestes, tout en utilisant des moyens de production propres. Propres, le nucléaire et les énergies renouvelables le sont, dans la mesure où ce sont des énergies non carbonées, selon le directeur adjoint au développement durable du groupe EDF. Et un logement chauffé à l’électricité ne consomme pas plus qu’un logement chauffé aux énergies fossiles, répond-il, en écho à la remarque d’Yves Cochet. Ainsi l’inefficacité énergétique est-elle générale, que l’énergie soit d’origine fossile, ou nucléaire, comme le souligne Michèle Pappalardo : on est vraiment des gaspilleurs, alors que le premier gisement d’énergie, ce sont bien les économies d’énergie. Mais alors, pourquoi une telle gabegie ? Comment une entreprise qui vend de l’électricité peut-elle être intéressée à vendre moins d’électricité ?, s’interroge Claude Jeandron. Par une redéfinition de son métier : à l’avenir on ne fournira pas seulement un produit électricité, on fournira aussi un produit de service et un diagnostic énergétique : on produira de l’énergie moins carbonée et on vendra de l’éco-efficacité énergétique.

Découplage ou bénéfices

Dans l’immédiat, il s’agit d’isoler les logements et de changer la manière dont les activités sont implantées sur le territoire, pour réduire la facture transports. Cet objectif, revendiqué par le Grenelle de l’environnement, est, de fait, selon Michèle Pappalardo, plus atteignable que faire 20% d’énergies renouvelables. Yves Cochet renchérit : c’est le point sur lequel nous sommes le plus d’accord. La plupart du temps, les grands offreurs pensent qu’il faut simplement changer d’énergie. Or il faudrait investir d’abord dans l’isolation des maisons et les économies d’énergie. Pour autant, je ne crois pas que les producteurs d’énergie soient décidés à moins produire !. Et de demander à Claude Jeandron si EDF serait prête à découpler la vente d’électricité de ses revenus, comme c’est le cas des compagnies électriques en Californie. Tous les six ou douze mois, les autorités californiennes fixent un chiffre d’affaires qui couvre les coûts de production et assure un bénéfice aux entreprises. Si elles vendent plus, elles rétrocèdent le bénéfice aux consommateurs. Ce système permet à la Californie d’assurer une fourniture suffisante et sûre à ses résidents, tout en maintenant son niveau de consommation d’électricité par habitant 40% au-dessous de la moyenne nationale des Etats-Unis. La plus grande entreprise de Californie, Southern California Edison, a ainsi économisé quatre milliards de kilowattheures de 2002 à 2007, soit l’équivalent de la consommation actuelle d’un demi million de ménages. Pour l’heure, la stratégie d’EDF repose sur un mix énergétique à dominante nucléaire : sur ses 36 milliards d’euros d’investissements, elle en consacre 3,3 milliards au projet de réacteur nucléaire EPR, et autant à l’éolien. Selon Claude Jeandron, cette double stratégie n’a pas de raison d’évoluer avec la crise économique. L’objectif de rachat de British Energy par EDF confirme la tendance, qui accrédite plutôt le renforcement dans le domaine du nucléaire plutôt que dans celui des renouvelables…

Agnès SINAI


1/ La revue durable, n°31, octobre-novembre 2008, et www.energy.ca.gov
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