Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous Êtes Arrivé

  • : Le blog de la rue Goudouly
  • : Les humeurs, les rumeurs, les coups de cœur, les coups de gueule, et puis les amitiés de la rue et de plus loin, de la journée, de l'air du temps...un peu de tout, un peu de rien, mais toujours à gauche.
  • Contact

Pour le plaisir

Recherche

MÉMoire ClassÉE

En campagne

22 juin 2008 7 22 /06 /juin /2008 03:36

Iam - La fin de leur monde
envoyé par dagar

SHURIK'N
 



Histoire de ma terre en pleures



Mais les choses ici prennent une telle ampleur



Les fils partent avant les pères, y a trop de mères

en sueur



Quand les fusils de la bêtise chantent le même

air en cœur



Le mangeur d’âmes à chaque repas s’abreuve de

nos rancœurs



Je l’entends toutes les nuits, las des fantômes qui

la hantent, las de leurs complaintes,



Tellement que des fois elle en tremble



Par le sang de la haine, constamment ensemencée,



Au pas cadencé, quand ce dernier chasse le vent

hors des plaines



Rien n’a changé depuis, où je vis, Juifs, Catholiques,



Musulmans, noirs ou blancs, fermez vos gueules,

vous faites bien trop de bruit



Comme ces orages dont l'eau se mèle à nos nos

larmes, et leurs chocs



Sur le sol aride dont l’uranium à voler l’âme



Je veux pas d’une ville aux cimetières plus grand

que la surface habitable



Même si paraît que de l'autre coté tout est plus

calme, plus stable



Je veux pas qu’après le jour J, les survivants

survivent sous le néon,



Trop proches du néant, car le soleil les prive

de rayons



Les artères pleines d’amer comme un caddy

au Géant,



On charge, on charge, à la sortie c’est tout dans

les dents



Je crois que c’est dans l’ère du temps, chacun

cherche son bouque émissaire



Ouais, d’une simple vie ratée à l’envoi d’une

bombe nucléaire



L’amour manque d’air dans leur monde, nous on

suffoque, tout ce qu’on supporte,



Ca pressurise, et c’est les psys qui vont exorciser,

que quelqu’un me dise,si j’ai



Des chances de voir enfin la paix exigée. Qu’un

jour les abrutis s’instruisent,



Perché sur ma plume, j’attends ce moment,

observe ce bordel



De petites flammes montées au ciel, pour elle

j’ai saigné ce gospel



"Héra" se barre à tire d'ailes; las de la sève

qu’on tire d’elle



On clame tous ce qu’on l'aime, mais aucun

de nous n’est fidèle



Jalousie et convoitise, se roulent de grosses

pelles



Quand les problèmes viennent, on règle ça à

coup de grosses pêches



Et pendant ce temps là, certains amassent des

sous par grosses bennes



Devine qui est ce qui creuse mais avec des

plus grosses pelles



Quand est ce qu’on y arrive, là où le bonheur

désaltère



Mon futur se construit, sans cris, sans mecs

à terre,



Ni de centrale en fuite rien sur le compteur

Gegere



Et finalement conscient qu’ici, on est que

locataire



Tu parle d’une location, regarde un peu ce

qu’on en a fait



Quand le vieux fera l’état des lieux, on fera

une croix sur la caution



On aurait du le rendre comme on nous l’a

donné,



Clean, sans taches, et innocent comme un

nouveau né,



Seulement les notres meurent de faim en

Afrique



Et y a pas assez de fric pour eux



Alors la dalle faudra la tempérer



Les hommes tombent sous les rafales

racistes, mais on peut rien pour eux,



Alors les balles faudra les éviter



Le cul devant la télé, occupé à rêver, le

doigt poser sur la commande, on se sent exister



On râle, on gueule, on vote, espérant que

ça va changer



Mais dresse tes barricades et tu les verra

tous hésiter



Garni d’incompréhension et de stèles géantes,



Le globe rêve de compassion et de bourgeons

renaissant sur ses branches



Les mêmes qu’on laissera crever un soir de

décembre, dans le silence,



Juste un bout de carton pour s’étendre,



Tout le monde à ses chances, de quelle planète

vient celui qu’à dit ça ?



Un homme politique, je crois, live de

Bora Bora



Pendant que les foyers subissent, façon

tora tora, mais bon



C’est bien trop bas, alors forcément il ne

nous voit pas



Parole et paroles et paroles, ils ont promis

monts et merveilles,



Mais les merveilles se sont envolées,



Il reste que des monts, mais c'est raide

à grimper



Et au sommet, y a que des démons en

costumes cendrés



Et en bas, c’est les jeux du cirque,

César Avé



Parce qu’on va se faire bouffer par des

fauves qu’ils ont dressé



On note une sévère chute de sang sur

la map, une montée d’air noir



Un jour on payera cher pour une bouffée

d’air pur



Ici c’est chacun sa culture, chacun

son racisme



Seulement sur fond blanc, c’est le noir

qui reste la meilleure cible



Les temps changent c’est sur, mais y a

toujours désire à cible



Ils ont le bonjour d’Henry, d'Arron,

Mormeck ou Zinédine



A l’heure où les gens dînent,



Y en a encore trop cherchent, pour eux

pas de 8 pièces, ils crèchent au parking



Tout le monde s’en indigne,



Ca dévalue le quartier, ça effraye mémé,



Et on sait bien ce que mémé va voter



Du haut de leurs tours de "****", droites

comme la tour de Pise



Jumelles sur le pif, ils fractionnent,

divisent à leur guise



On s’étonne ensuite que ça finisse en fratricide



Car tout ce qui compte c’est de gonfler les

commandes de missiles



Vive la démocratie, celle qui brandie la

matraque, face à des pacifistes,



T’es pas d’accord, on te frappe,



multi-récidivistes : c'est jamais ceux là

qu'on traque



Ils vivent en haut des listes et mettent

leurs tronches sur les tractes



Ce monde agonise, vu ce qu’on y fait,

c’était prévisible



Comme la goutte sur le front, dès que

la merde se profile



Mais la peur atrophie les cœurs, peur de

tout ce qu’on connaît pas



Alors on se barde de préjugés débiles



De partout les extrêmes dominent, en

prime-time,



A chaque fois qu’ils déciment une famille



Et bien avant ces régions où sévie la famine



Image trop crue pour un beauf devant

sa viande trop cuite



Lui qui croyait que l’Euro ferait beaucoup

d’heureux,



Pour les vacances faudra attendre un peu

ou gagner aux jeux



Mais là c’est pas trop l’heure, demain

très tôt y a le taffe



Comprend ce monde va trop vite, aucune

chance qu’on le rattrape



Sur la route des principes, ils ont mis

des pièges à Loups,



Des gilets-dynamites, et des skud y en

a un peu partout



Faudra faire gaffe aux mines, aux puits

d’où la mort s’écoule



Il a beau être vif, mais à la longue il

évitera pas tout



Et un de ces quatre il finira par tomber,



J’espère qu’il y a aura quelqu’un pour

aider le prochain à se relever



J’espère qu’il sera pas comme le notre,

aigri et crever



Et j’espère surtout que celui-là essayera

pas de se faire sauter






AKHENATON
 



Tu sais, on vit dans la télé,



Le globe s'est fêlé,



Ils servent de l'emballé mais en vrai

c'est la mêlé



On s'prend à espérer des choses simples



Mais leur fabrique à peur s'est mise en branle



Tout ça pour les dérégler



cris sans cicatrices, terreur dans la matrice



Ils disent qu'une vie de plus à New York

Paris Londres ou Madrid



Alors c'est comme ça une échelle dans

la peine



On aime ces catastrophes quand des

gens manquent à l'appel



Surtout s'ils nous ressemble, on les

film à la morgue,



Et nous dans les sofas content d’échapper

à la mort,



Il reste dans les cœurs l'anomalie

appelée peur



Et grâce à ça de toute part ils ont

recours à la force,



C'est une révolution, cette fois elle

est de droite



Voilà pourquoi le chantage à l'emploi

dans pleins de boîtes



Voilà pourquoi ils veulent à tout prix

implanter la croix



Et face à la télé souvent on les croit

dans leur droit,



Ils disent c’est humanitaire



Mais ils niquent les mers et la terre pour

chaque écart c'est la guerre



Si le quotidien est précaire,



C'est qu'ils nous dressent à être délétères

et se contenter de joies éphémères



Si l'Afrique est en colère, c'est parce

que les trusts la pillent



Seuls les généraux corrompus coopèrent

et jouent des vies au poker



Est-ce que la rancœur et le désir d'revanche

est tout c'qu' on leur a offert?



On parle du droit des femmes quand

leurs maris les frappent,



Avec des clichés religieux sortis tout

droit des fables



Comme ci ici elles étaient bien depuis

le Moyen-Âge



Mais c'est en 46 que c'est ouverte une

nouvelle page



Maintenant elles nous valent, on dit

dans les ouvrages



Pourquoi elles touchent moins de pognon

à compétences égales?



Pourquoi elles seraient moins faites pour

êtres responsables ?



Alors qu'elles nous ont tous torché le

cul nu dans le sable



On force sur la boisson, parie sur

les canassons



Mais la réalité c'est qu'ils nous font

bouffer du poison



Et dans l'hotel du bonheur beaucoup

font la valise,



L' espoir tué par des fanatiques

libéralistes



Pas de bombes S.A.L , ni de grosses salves



La stratégie est simple ils exploitent

et ils affament



Quand on les voit à la télé ces cons

ont l'air affables



Mais le monde est à genoux quand

ces bandits sont dix à table



Des comptes sous faux noms ils prétendent

agir au nom de la liberté



Mais c'est la monarchie du pognon



La France et les States par factions interposées



Se livre une guerre en Afrique, et tu

veux rester posé?



Freedom par-ci démocratie par-là



Mais j'ai mater sous la table et j'ai vu

que c'était que des palabres



La vrai mafia non la cherche pas en

Calabre ni dans ce bled



Où dans les quartiers pauvres à

quarante ans on .....tombe malade



A fumer du mauvais tabac et manger de la merde



Où le xanax fait un tabac avec l'alcool fort



Les rues deviennent des grosses forges



Et le métal y est commun monté sur

grosses crosses



La violence au quotidien de tant de

gosses pauvres



Et moi j'attends l'apocalypse après

cette apostrophe



J'en ai marre de tous ces mensonges

qu'ils colportent



Pour les servir , dans de nombreux cas

il y a mort d'homme



Tous terroristes j'entend leurs théories



Porter le sacrifice pour des principes

c'est horrible



Les momes survivent nourris à l'eau

et au riz



Pendant que leur pouf se baladent à Aspen

ou St Morritz



La flore crame la faune canne



Dit : c'était des barbus qui lâché l'agent

orange sur le nord Vietnam ?



Non c'était les boyzzz mais qui peut

m'indiquer la justesse d'une cause



En partant de là chacun écrit ses droits



Désolé je trouve aucune excuse à Hirochima



Oon peint l'histoire comme on colorie

vite une image



Et peut importe qui se fait tuer chaque

fois je le vit mal



On croit en nos gendarmes qui servent

et nous protègent



Du moins, est ce au Rwanda quand ils

jouent du lance rocket?



Pour placer le pantin qui conviendra a la France



Une casserole de plus au ministère de la défense



Il se crêpe le chignon au fond ils sont ignobles



Sur la conscience des députés y en a plus

d'un million



"Quand ils font les aiguilles nos politiques

ont des chignoles"



Défilent sur des chars le 14 , ils se pignollent

au son de la marseillaise



Et d'une imagerie guerrière qu'ils veulent

gentiment refiler aux élèves de leur appart dans le 16



On voit un tableau différent : ils disent

croire en dieu mais croit en ce qu'ils possèdent



Ils trouvent même pas un corps dans les

ruines du world trade mais sortent des débris
le passeport de Mohamed



Je peux plus exprimer combien on trouve

ça grotesque



Tu comprends pourquoi "ça le désire"

dans les bibliothèques



Au collège de le vie ils jouent les profs

d'histoire



Et abreuvent le quotidien de milles

sornettes illusoires



On a battis une forteresse on l'a nommé

alamut



Coincé physiquement entre garde à vue

et garde à vous



Compte tenu de la pression patriotique

j'admire les gens de gauche en Israel , en Amérique



est ce qu'on vaut mieux en France



désolé si j'insiste mais regardons nous

franchement,



on est aussi raciste, ensuite on vend de

la liberté au marché public,



puatin le drame avec les valeurs de

la république.



La république, elle passe ces week

end en regate



puis se prostitue de toutes part pour

un airbus ou une frégate,



elle execute dans une grotte des

opposants canaques



et mange à table avec des gars

style Giancanna



puis explose le rainbow warriors



et dessine les frontières du tiers

monde à la térasse du Mariot,



sponsorisent les fanatiques aux

4 coins du monde,



les entrainent aux combats et manipuler

les bombes



le collier casse, ces cons échappent

à tous controles



et quand ils mordent la main du maitre

alors on crie aux monstres.



ils discutent notre futur autour d'un pichet



pour notre sécurité zarma, ils veulent

nous ficher.



c'est la france de derrière les stores



et j'en ai marre de me faire gruger



par des tronche de dispenser de sport.



je me bat pas pour la porche mais

pour un meilleur monde



avec mes petits bras



Souvent à cette époque ou la terreur

gronde



ou la frayeur monte, je travaille sur

moi chaque seconde



pour être un meilleur homme.



On vit en ces temps où dans un

taudis de Paris.



36 gosses meurent brulés vifs quand

les demandes en HLM dorment



depuis des années dans les archives



alors que des employés de la mairie

en obtienent avec terrasse et parking



t'appèle pas ça du racisme



après ils pleurent quand perdu on

revient aux racines.



ils ont caricaturés nos discours radicaux



et l'on résumé par wesh wesh ou yo yo.



Nous complexé, si peu sûr de soi,



on s'interpelle entre nous, comme

rital, rebeu ou renoi.



Chaque jour, la grande ville resserre

l'étreinte



et tu peux voir les noms des notres

évaporés écrit sur des trains.



ma vie, un mic, une mixetape, loin

des ambitions



de ce qui sera élu président en 2007



j'adore ce moment où il dévoile le minois



de qui devra tailler des pipes

monumentales au chinois.



à défaut d'argent putain, donnons

du temps,



dans nos bouches le mot liberté

devient insultant



car c'est les soldats qui le portent et

non plus le vent



comme si le monde était rempli de

cruel sultan.



Mécontent des schémas qu'on nous

propose, je cultive maintenant



les roses dans mon microcosme.



Mesure les dégats minimes que mon

micro cause.



Ca ne peut qu'aller mieux alors j'attend

la fin de leur monde







IAM



 

Partager cet article
Repost0
21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 03:10

sur le blog (im)pertinent de Valérie de Saint-Do

Non, nous n'avons pas arraché de radiateurs. Juste refusé d'assister en spectateurs passifs et victimaires au massacre actuel du service public de la culture.


Or donc, en l'après-midi du 18 février, nous étions convoqués, mon directeur – et néanmoins ami – et moi, à la Direction régionale des Affaires culturelles d'Ile-de-France.

Le Comité d'accueil était composé de trois personnes, que nous désignerons par leur typologie: l'executive woman sèchement technocratique, l'exécutante administrative silencieuse, et l'alibi mauvaise conscience.

À peine la première avait-elle ouvert sa bouche pour sussurer «J'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer» que mon directeur honora le Mouvement des ours dont il est l'un des fondateurs.

La diatribe fut belle, aux accents malrussiens, oserai-je dire. Avoir quelque chose à perdre ne nous ayant jamais empêché de l'ouvrir, n'avoir plus rien à perdre est une garantie d'éloquence.

Et il le fallait, ce coup de gueule, face à l'impuissance pseudo-innocente de fonctionnaires de la culture qui assistent, impuissament et silencieusement, à un massacre.

Oh, bien sûr, ce n'est pas le Tibet.

Ni même la xénophobie d'Etat qui sévit contre les sans-papiers.

Juste la destruction minutieuse, lente, par tranches, de toute l'action culturelle et artistique sur les terrains où elle est le plus nécessaire (les institutions culturelles sont préservées... pour le moment. Elles savent pertinemment que leur tour viendra).

Il s'agit de miner toute expression artistique qui n'offre pas un immédiat "retour sur investissement" en termes d'image, de glamour, de remplissage des salles ou de pacification sociale gentillette.

Pourquoi vous raconter cela? Surtout pas pour céder à la victimisation. Encore moins au corporatisme qui nous ferait défendre inconditionnellement et sans exigence «la profession» culturelle et artistique dans son ensemble.
Le mal est plus profond.

Nous recevons chaque semaine des dizaines d'e-mails nous informant de la fermeture prochaine de lieux de culture, de la faillite programmée de compagnies, du soutien retiré à des festivals. (Même si Mme Albanel bafouille, face au constat implacable et justifié de Jean-Marc Ayrault, «qu'il n'y a absolument pas de baisse des moyens pour la culture...»)(1)
Très diverses, ces équipes ou ces lieux menacés partagent pourtant un esprit commun.

Elles ont, presque toutes, la particularité de travailler sur ce qui, dans une société, divise, ce qui blesse, ce qu'on veut occulter. La pauvreté, les marges, la folie, l'enfermement, la relégation... Dans les campagnes, les banlieues, en taule, en hôpital psy...

Elles s'inscrivent comme des exceptions au tableau parfois juste, mais à bien trop gros traits, que le philosophe Alain Brossat dresse d'une société du «tout culturel» unificateur et pacificateur. (2)

Elles vont voir là où ça fait mal, là où ça blesse, là où ça combat. Là où le néolibéralisme atomise, réduit les têtes et s'efforce à tout prix de lisser, d'aseptiser, voire d'empêcher, les relations politiques entre les êtres.

«Mais non, mais non», nous a asséné M. Mauvaise conscience avec un regard d'épagneul. «Si nous vous supprimons votre subvention, c'est que nous devons faire des choix, et que nous continuons d'aider ces équipes sur le terrain...»

(Lesquelles? Nous ne recevons que de mauvaises nouvelles...) On gardera peut-être quelques actions pompières destinées à éteindre le feu dans les banlieues...

Comme on gardera de l'art «subversif» alibi dans quelques institutions prestigieuses, en prenant garde qu'il ne puisse trouver le contexte où sa force éventuelle pourrait s'épanouir. (3)
Le rôle de notre revue, Cassandre/Horschamp, c'est de gratter précisément là où ça fait mal. De ne pas tomber non plus dans un consensus politiquement correct encensant systématiquement l'action artistique militante. De l'interroger, d'analyser, de valoriser ses succès et de parfois questionner ses insuffisances. Et surtout, de créer le lien entre tous ces combattants de l'ombre qui veulent continuer à croire que le partage du sensible et de l'intelligence est le seul rempart à la bêtise triomphante, à l'utilitarisme dominant et au Brave New World annoncé.

Dans la situation politique que nous vivons, c'est suffisant pour lâcher les chiens de garde, les executives et les exécutants, aussi dociles que dans les années 40. Nous aurons au moins eu le plaisir de les voir se déconfire dans un silence honteux.

Cela ne nous empêchera pas de continuer, ni de gueuler plus fort qu'eux.

Nous connaissons assez bien le terrain pour savoir que ce ne sera pas dans le désert.

Post-scriptum qui a tout à voir: D'après le site Mediapart, le gouvernement s'apprête à débloquer des fonds pour développer les écoles privées en banlieue, bien que "les caisses soient vides". Mais le curé est, parait-il , un meilleur garant moral que l'instituteur, et l'école privée catholique, moins incitatrice à la réflexion, voire la révolte, que l'action artistique...

1. C'était le 16 mars, lors de la soirée électorale sur France 2.
2. Alain Brossat, Le Grand dégoût culturel.
3. Je pense par exemple aux pièces d'Edward Bond, si le seul public qu'elles peuvent rencontrer est celui du Théâtre de la Colline, ou à un plasticien comme Thomas Hirschhorn, dont l'art prend toute sa force en sortant des institutions, comme dans le fabuleux musée précaire Albinet à Aubervilliers.
Partager cet article
Repost0
20 juin 2008 5 20 /06 /juin /2008 03:57














Non, non, et non !

 

L’Irlande est le troisième pays à refuser le traité de Lisbonne.

C’est embêtant.

 

La France, les Pays Bas et puis l’Irlande….quelques 80 millions d’européens en fait.

Même s’il est sûr que les raisons des uns de sont pas les raisons des autres, il est toujours un constat : c’est NON.

 

Et pourtant les administrations, la presse, et les partis politiques dans leur grande majorité font le forcing pour ce traité de Lisbonne.

Traité entre nous illisible, qui ne vaut pas mieux que le précédent traité constitutionnel.

 

Valérie Giscard d’Estaing ancien président de la République française pour ceux qui ne suivent pas l’actualité, disait du traité de Lisbonne qu’il est comme « une quasi-copie parfaite du traité de 2005. »

 

Mais rassurons-nous. Comme ce traité est le même de celui d’avant les modifications de surface et qu’il n’a été remanié que pour emporter l’adhésion des foules, du peuple en bref (mot difficile à prononcer : le peuple), il est inconcevable, impensable qu’il soit encore refoulé.

 

Ainsi déclarons comme toute les élites politiques, comme toute la presse européenne : le peuple ne comprends rien, les élites sont en avance, suivez les élites.

Et puis comme vous ne suivez pas les élites, nous allons contourner le peuple.

Mais revenir sur nos pas, réfléchir à une Europe des peuples, nenni !


Eh bien voilà où je ne comprends plus rien.

La question est posée, le peuple répond non à la question et les questionneurs disent vous n’avez rien compris.
De deux choses l’une soit la question était mal posée et là il y a de quoi sérieusement douter des « élites », soit ce que recouvre la question fait trop peur aux européens et la réponse est valide.

 

Nous voilà rendu aux confins de la démocratie et de la liberté.

Peut être aurais-je le cœur à écrire une chronique, un de ces jours, sur les dérives de la démocratie.

 

Nous devrions nous occuper de notre avenir.

Aurore

Partager cet article
Repost0
19 juin 2008 4 19 /06 /juin /2008 03:00





L’accumulation sans précédent des richesses par une petite minorité financière dans un contexte de baisse des revenus réels pour la grande majorité de la population mondiale engendre une augmentation du mécontentement et de la colère.

C’est l’enseignement à tirer d’un sondage conduit en Europe, en Asie et aux Etats-Unis par l’institut Harris et commandité par le Financial Times de Londres.

Dans un commentaire, publié lundi dernier, des résultats du sondage, le Financial Times écrivait : « Les inégalités de revenus se sont révélées comme des questions politiques hautement polémiques dans de nombreux pays au moment où la dernière vague de mondialisation a engendré une « superclasse » de riches. »

Le sondage FT/ Harris a montré que, de par l’Europe, une écrasante majorité de personnes pensent que le gouffre social existant entre l’élite financière et le reste de la population est devenu beaucoup trop important. Par exemple, en Espagne 76 pour cent des sondés déclarent que les inégalités sociales sont devenues trop importantes, tandis qu’en Allemagne, ce chiffre s’élève à 87 pour cent.

En ce qui concerne la Chine, qui est devenue le centre industriel à bas salaire du monde, assujettissant des millions de travailleurs à l’exploitation tout en produisant une nouvelle classe de milliardaires et de multi millionnaires, 80 pour cent des sondés déclarent que les inégalités sont trop grandes.

Aux Etats-Unis, le pays le plus socialement inégalitaire des pays capitalistes avancés, 78 pour cent des sondés pensent que le fossé s’est trop creusé.

Une importante majorité des habitants dans les huit pays où le sondage a été conduit, déclarent croire que le gouffre social ne fera que s’amplifier dans les cinq années à venir, tandis qu’une majorité également importante soutient l’idée d’augmenter les impôts pour les riches tout en les diminuant pour les pauvres.

Dans une situation où l’aggravation de la crise secoue les Etats-Unis et le système financier mondial, de larges  bouleversements économiques ont rendu l’amassement de fortunes indécentes par une minuscule élite financière encore plus insupportable pour un nombre très important de personnes confrontées à une baisse de leur niveau de vie, à la perte de leur emploi et dans de larges régions du globe à une montée de la famine.

Selon la FAO (Food and Agricultural Organization, organisation pour l’alimentation et l’agriculture), les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 45 pour cent dans le monde au cours des neuf derniers mois et le prix des produits de base a augmenté encore plus – le blé a augmenté de 130 pour cent et le riz a augmenté de 74 pour cent au cours des douze derniers mois. Deux milliards et demi de personnes – soit 40 pour cent de la population mondiale – vivent avec moins de 2 dollars par jour et sont confrontés, de par l’augmentation faramineuse du prix des denrées alimentaires, au spectre imminent de la famine.

Dans un communiqué publié la semaine dernière, le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a présenté « le problème de la spéculation financière » comme étant la cause majeure de cette catastrophe imminente. Et il affirmait que « les fonds d’investissement spéculent sur les marchés à venir et contribuent à l’augmentation du prix des marchandises, y compris des denrées alimentaires. »

La décision du Financial Times, journal qui fait autorité à la Cité de Londres, de commanditer ce sondage traduit bien la montée du malaise au sein des cercles dirigeants de la planète qui craignent que la menace d’une intensification sans précédent de la polarisation sociale, associée à une crise économique, puissent déclencher une résurgence aiguë de la lutte des classes.

Ainsi, à Bruxelles, au cours de la semaine dernière, lors de la rencontre des 27 ministres des Finances de l’Union européenne, la montée en flèche des salaires des cadres supérieurs des sociétés a été présentée comme « un scandale » et comme un « fléau social. »

Jean Claude Juncker, actuel Président  de l’Eurogroupe  a fait le commentaire suivant : « Les abus des capitaines d’industrie auxquels nous avons assisté dans plusieurs pays de la zone euro sont proprement scandaleux et nous ne cessons de nous demander comment on peut agir dans le domaine de l’éthique professionnelle et dans le domaine des taxations afin de combattre ces excès. »

Récemment, un scandale public a éclaté quand un PDG néerlandais a encaissé 124 millions de dollars de primes et de stock options. Si l’on se base sur les critères américains, cette enveloppe n’a rien d’extraordinaire, mais les primes moyennes, aux Pays-Bas, représentent à peine le quart de ce qu’elles sont aux Etats-Unis.

Juncker, qui est à la fois premier ministre et le ministre des Finances du Luxembourg, a affirmé que la Commission européenne allait exiger des pays membres qu’ils fassent un rapport sur ce « qu’ils comptent mettre en place pour lutter contre ce fléau social. » Plusieurs gouvernements européens ont ébauché une législation qui taxerait lourdement les primes exorbitantes pour les cadres.

Junker a mis en évidence la crainte réelle de la bourgeoisie européenne quand il a prévenu que les travailleurs de base « ne comprendront pas si nous leur demandons de modérer leurs revendications salariales sans dire en même temps que nous n’acceptons plus une situation où certains directeurs perçoivent des salaires de PDG – tout en bénéficiant de parachutes dorés – qui n’ont rien à voir avec leur réelle performance. »

Autrement dit, une situation où les richesses s’accumulent ostensiblement en haut de l’échelle sociale, alors que l’on demande aux plus défavorisés de se serrer la ceinture, peut mettre le feu aux poudres et déclencher une révolte sociale.

Dans le même ordre d’idée, la semaine dernière, le Financial Times a publié un article de mise en garde de David Rothkopf, auteur de Superclass : The Global Power Elite and the World They are Marking (La superclasse: la puissante élite mondiale et le monde qu’elle façonne) et ancien sous-secrétaire adjoint au Commerce international au sein de l’administration Clinton.

Rothkopf écrit : « La crise du crédit amplifie la réaction brutale naissante contre les abus des grandes entreprises. Les élites se font des milliards sur les marchés, que ceux-ci soient à la hausse ou à la baisse, avec le soutien du gouvernement alors que monsieur Tout-le-monde perd sa maison et se retrouve à la rue. Il y a 30 ans, les dirigeants des multinationales gagnaient 35 fois plus qu’un employé moyen, maintenant ils gagnent plus de 350 fois plus. La crise a mis en évidence les iniquités indécentes dans ce domaine. – les 1100 personnes les plus riches du monde ont presque deux fois plus de biens que l’ensemble des 2,5 milliards de personnes les plus pauvres. »

Rothkopf conclut son article par une mise en garde : l’oligarchie financière doit sauver sa peau en réfrénant ses excès. « En reconnaissant qu’il y a un intérêt général auquel elle doit répondre, la superclasse financière peut échapper au sort des élites du passé, » écrit-il. « Pour réussir à le faire, elle doit éviter de donner ses explications arrogantes, du type "c’est le marché qui décide" pour expliquer les inégalités qu’elle a contribué à favoriser. »

Cet avertissement sur le danger de connaître le « sort des élites du passé » est indubitablement très sérieux surtout dans les pages du principal journal financier britannique. A qui donc pense l’auteur de cet article : A l’aristocratie française ? A la dynastie russe des Romanov ? Visiblement, on prend très au sérieux, au sein des classes dirigeantes, la menace que le ressentiment massif suscité par les inégalités est en train de créer les conditions pour des soulèvements sociaux, voire même la révolution.

Le conseil de Rothkopf adressé aux élites dirigeantes de répondre à « l’intérêt général » et d’être moins arrogantes ne parviendra pas à résoudre le problème qui est fondamentalement enraciné, non pas dans l’avidité et l’arrogance évidentes de ceux qui tirent profit de différentes formes de spéculation financière qui menacent de provoquer une famine dans de nombreuses régions du monde, mais bien plutôt dans le fonctionnement même du capitalisme.

C’est Karl Marx qui, il y a plus de 140 ans, a développé la théorie de « l’accroissement de la pauvreté » afin d’expliquer cette caractéristique inhérente à la production capitaliste.

Karl Marx a écrit : « Accumulation de richesses à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même. » [1]

Aucun élément de l’analyse marxiste du capitalisme n’a été sujet à des critiques  plus fournies et plus soutenues de la part des défenseurs de l’économie de marché que cette théorie. Ils argumentent que l’expansion du capitalisme et l’accumulation des richesses conduisent inexorablement à l’augmentation du niveau de vie de la masse des travailleurs.

La fausseté de cet argument et l’exactitude de l’analyse de Karl Marx sont une nouvelle fois confirmées, non seulement dans le discours froid des statistiques, mais également dans les luttes toujours plus explosives des masses confrontées à l’impossibilité d’obtenir les moyens de survie basiques qui leur sont refusés du fait d’un système de production basé sur le profit individuel.

[1] Karl Marx, Capital 1, chapitre 25, section 4.


 Articles de Bill Van Auken publiés par Mondialisation.ca
Article original en anglais, WSWS, paru le 20 mai 2008.
Copyright WSWS.


Partager cet article
Repost0
18 juin 2008 3 18 /06 /juin /2008 03:30

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Partage des richesses, la question taboue

Afin de « défendre le pouvoir d’achat », le gouvernement français envisage une série de mesures – monétisation des congés non pris, travail le dimanche, implantation plus facile des hypermarchés. Une donnée du problème est presque toujours occultée : en vingt ans, la part des salaires dans le produit intérieur brut français a baissé de 9,3 %, ce qui correspond à plus de 100 milliards d’euros en partie transférés vers le capital. Cet élément central du débat en est devenu le point aveugle.

Par François Ruffin

« La part des profits est inhabituellement élevée à présent (et la part des salaires inhabituellement basse). En fait, l’amplitude de cette évolution et l’éventail des pays concernés n’ont pas de précédent dans les quarante-cinq dernières années. » D’où sont tirées ces lignes ? D’un texte de la Confédération générale du travail (CGT) ? Nullement : elles viennent d’un article de la Banque des règlements internationaux (BRI), une institution qui réunit chaque mois, à Bâle (Suisse), les banquiers centraux afin de « coordonner les politiques monétaires » et d’« édicter des règles prudentielles ». Ce n’est pas vraiment un repaire de marxistes ; pourtant, leur exposé sur cette « marge [de profit] d’une importance sans précédent » se poursuit sur vingt-trois pages (1).

Et qui redoute le pire ? « J’ai attendu et j’attends encore quelque normalisation dans le partage du profit et des salaires » car « la part des salaires dans la valeur ajoutée est historiquement basse, à l’inverse d’une productivité qui ne cesse de s’améliorer ». Or « ce découplage entre faibles progressions salariales et profits historiques des entreprises fait craindre (...) une montée du ressentiment, aux Etats-Unis comme ailleurs, contre le capitalisme et le marché ». Là, il s’agit de M. Alan Greenspan, ancien directeur de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui livre ses inquiétudes au Financial Times  (2).

Ce constat, chiffré, est unanimement partagé. D’après le Fonds monétaire international (FMI), dans les pays membres du G7, la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 5,8 % entre 1983 et 2006. D’après la Commission européenne, au sein de l’Europe cette fois, cette part a chuté de 8,6 %. Et, en France, de 9,3 % (3).

Par le gigantisme des sommes en jeu, des dizaines de milliards d’euros, ces 9,3 % devraient s’installer au cœur du débat. Toute la contestation des « nécessaires réformes en cours » (« régimes spéciaux », retraites, sécurité sociale, mais aussi pouvoir d’achat) pourrait s’appuyer sur ce chiffre. Or c’est à l’inverse qu’on assiste : il est comme effacé de la sphère publique, éclipsé dans les médias, à peine mentionné par les responsables politiques. Un point central de l’économie en est devenu le point aveugle.

Qu’on évalue ce transfert de richesses : le PIB de la France s’élève à près de 1 800 milliards d’euros. « Donc il y a en gros 120 à 170 milliards d’euros qui ont ripé du travail vers le capital », calcule Jacky Fayolle, ancien directeur de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES). Soit, même avec des estimations basses, plus d’une dizaine de fois le déficit de la Sécurité sociale (12 milliards) et une vingtaine de fois celui des retraites (5 milliards). Ces derniers « trous » sont amplement médiatisés, tandis qu’on évoque moins souvent celui, combien plus profond, creusé par les actionnaires dans la poche des salariés... D’après Fayolle, de tels ordres de grandeur « traduisent des déformations structurelles, pas simplement de l’économie mais de la société ». Ces déformations résultent de « tout un ensemble de facteurs : le poids du chômage, les politiques économiques, les changements de la gouvernance des entreprises depuis une vingtaine d’années ».

Des médias entre mutisme et mensonges

C’est au début des années 1980 que le basculement intervient. Deux phénomènes se conjuguent : d’abord, le ralentissement de la croissance, qui passe de 4,8 % en moyenne durant les « trente glorieuses » (1945-1975) à environ 2 %. Ensuite, un bouleversement dans la répartition de cette croissance : « Tout se passe comme si ce changement de rythme avait été mis à profit pour modifier les règles du jeu au détriment des salariés (4)  », notent des chercheurs de l’IRES.

D’abord par des « suppressions de postes » : des salaires ne sont plus versés, et leur part dans le PIB se réduit naturellement. Dans le secteur public, dernièrement, mais surtout dans le privé, avec des entreprises (Whirlpool, Michelin, European Aeronautic Defence and Space [EADS], Danone, etc.) qui surfent sur les bénéfices tandis qu’elles « restructurent » vers des « pays à bas coût de main-d’œuvre ». En outre, le chantage au chômage aidant, les salaires réels ont stagné : « Le revenu salarial net n’a pratiquement pas augmenté depuis ces vingt-cinq dernières années », précise le quotidien Les Echos (5). Les approximations optimistes concèdent 16 % d’augmentation seulement entre 1987 et aujourd’hui. C’est aussi en 1987 que naissait le CAC 40, avec un indice 1 000. Il cotait 5 697 points le 11 décembre dernier : + 470 %, donc.

La « flexibilité » aussi a fait plonger les salaires, en les rendant plus irréguliers. Depuis 1980, « la proportion des travailleurs à temps partiel est passée de 6 % à 18 % de l’effectif salarié total, et celle des autres formes d’emploi atypique (intermittence, intérim, etc.) de 17 % à 31 % du salariat (6)  ». Devenu jetable, malléable, sur mesure, l’emploi s’est ajusté aux besoins variables des entreprises.

Enfin, on a rogné sur les à-côtés du salariat : il faut désormais cotiser plus et plus longtemps pour des retraites plus faibles, verser la contribution sociale généralisée (CSG) et des franchises médicales pour que les remboursements diminuent toujours, etc. « La masse salariale a deux composantes, nous explique Michel Husson, économiste à l’IRES : le salaire direct et les cotisations. Dans un premier temps, le salaire net a fait baisser la part salariale à un niveau qu’on ne peut plus faire trop descendre. Dans un second temps, la part des cotisations prend le relais. »

Le mutisme qui entoure ce détournement de richesses constitue un exploit permanent. Des heures de radio, des pages dans la presse : les journalistes ont glosé sur les miettes des régimes spéciaux, sur ces « bénéficiaires de lois obsolètes », sur ce « privilège intolérable », sur cette « inégalité inacceptable », sur la « nécessité économique et démographique » de cette « mesure d’équité » (7). Mais ils ont presque toujours oublié de mentionner le combien plus « inégal » partage des ressources nationales. Nos éditorialistes ont aussi omis de pester contre le « privilège intolérable » des actionnaires, ces « bénéficiaires » d’abattements fiscaux, sur la « nécessité économique et démocratique » de taxer leurs revenus financiers...

Mais, dans la foulée du conflit « catégoriel » des cheminots, le débat s’est fait plus « général », portant sur le pouvoir d’achat ! « Une surprenante stagnation », titra Le Monde (8). D’autant plus « surprenante » que ces 9,3 % n’étaient signalés à aucun endroit. Le terrain était ainsi préparé pour un président de la République qui se refusa à « distribuer les cadeaux de Père Noël car les Français savent bien qu’il n’y a pas d’argent dans les caisses. (...) Je n’ai pas le pouvoir d’augmenter les salaires. (...) Pour donner du pouvoir d’achat, il faut réhabiliter le travail (9) ». Et de soigner le mal par le mal : en aggravant la « flexibilité » des salariés : horaires variables et dimanche ouvré...

Le lendemain, tandis que Le Figaro saluait la « fin du carcan des 35 heures », Les Echos félicitaient M. Nicolas Sarkozy : « Il a tracé le programme des réformes pour les prochains mois – assurance-maladie, marché du travail. » Quelques pages plus loin, dans les mêmes éditions, on découvrait un article intitulé « Grande plaisance : la course au luxe ». Celui-ci expliquait que « les millionnaires, toujours plus nombreux, sont lancés dans une course sans fin au plus grand, au plus beau, au plus luxueux yacht... Dans ces châteaux des temps modernes, le robinet à 8 000 euros plaît beaucoup (10) » ! Mais pas le moindre lien entre le pouvoir d’achat en berne à la « une » et cette autre actualité, plus réjouissante. Pourtant, voilà qui aurait pu donner chair aux 9,3 %...

Ce mensonge par omission d’une donnée centrale de l’économie, qui surprendra-t-il ? « La presse quotidienne, résumait déjà Jack London, c’est l’escamotage quotidien » qui « purge » les injustices « par le silence de l’oubli » (11). Mais un autre « silence » assourdit. Quand MM. François Hollande, Bernard Thibault ou Vincent Peillon se sont-ils saisis de cet argument et l’ont-ils opposé à un journaliste ? Peut-être l’ont-ils fait, à l’occasion, dans une parenthèse. Mais, à coup sûr, l’« opposition » n’a guère accordé à ces 9,3 % la place qu’ils méritent. Qu’ils citent ces 100 milliards d’euros (au moins), et le socle d’inégalité, invisible et fragile, sur lequel reposent toutes les « réformes » des deux dernières décennies, pourtant effectuées au nom de la « justice », s’effondre. La rhétorique d’une pseudo-« équité » – car, comme le recommande l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), « il ne faut pas avoir l’air de défendre des intérêts, seulement des idées et des principes (12)  » – s’écroule d’un coup. Qu’entendit-on à la place le 29 novembre au matin, dans la « Revue de presse » de France Inter ? «  La Croix est allé à la rencontre des politiques et leur demande leurs idées en matière de pouvoir d’achat. Côté socialiste, le député Michel Sapin préconise des allégements de charges pour les entreprises qui auront conclu des négociations salariales. » Du chipotage et de nouvelles aides publiques.

Une semaine plus tôt, sur la même antenne, le député et maire d’Evry Manuel Valls affichait son « courage » : « Il faut travailler sur un allongement progressif de la durée de la cotisation. Ça vaut évidemment pour les régimes spéciaux ; ça vaudra demain pour le régime général. » Désormais, le « courage » consiste, dans ce camp aussi, non plus à soutenir une lutte qui inverserait un rapport de forces, mais à se plier par avance aux exigences du capital et du pouvoir, sans jamais batailler.

Les discours de la dernière élection présidentielle corroborent cette dérive : Mme Ségolène Royal ne signala à aucun moment les 9,3 % et les milliards évaporés – tandis qu’elle dénonça volontiers les « 80 milliards de déficits cumulés » de la Sécurité sociale, l’« endettement public qui est passé de 900 à 1 200 milliards d’euros en moins de cinq ans », le « déséquilibre historique de la balance commerciale, 30 milliards d’euros », etc. Si elle s’engagea à « lutter », ce ne fut pas contre un « adversaire » identifié (« Je ne désignerai aucun ennemi », précisa-t-elle), mais plutôt contre des problèmes sans responsables ni coupables (la « lutte contre toutes les formes d’insécurité », « contre le décrochage scolaire », « contre la vie chère », etc.).

Le « rentier » n’apparut à aucun endroit, la « finance » fut désignée deux fois (en quarante-deux discours), l’« actionnaire » ne surgit qu’à neuf reprises. En somme, presque rien qui aurait réclamé une répartition plus égalitaire des richesses produites. Pourtant, pendant cette campagne, le CAC 40 publia ses « profits records » – plus de 90 milliards d’euros – dont, autre record, 40 milliards avaient été reversés en « dividendes » (mot utilisé une fois par Mme Royal) (13). Mais la candidate socialiste ne se saisit pas de cette aubaine, lui préférant une autre recette, consensuelle : « Nous relancerons la croissance économique parce que nous réconcilierons les intérêts des entreprises et les intérêts des salariés. Voilà la clé du développement économique. »

L’extravagante hypothèse conservatrice se trouvait ainsi confirmée : avec une croissance de 2 %, parfois déguisée en « crise », tout progrès social serait impossible, voire rendrait « inéluctables » des reculs en série. Cependant, cette croissance qualifiée de « molle », aux alentours de 2 %, correspond à la moyenne observée au cours du XXe siècle, hors « trente glorieuses ». Un siècle qui ne se priva ni de progrès technique ou humain, ni de bâtir des protections salariales. Désormais, la justice sociale devrait néanmoins patienter, espérer une improbable – et pas vraiment souhaitable – hypercroissance à 4 %, 5 %, 6 %, voire plus.

Au printemps dernier, en « une » de l’hebdomadaire Challenges et sur toutes les affichettes des bars-tabacs, la candidate socialiste posa sous le titre : « Ségolène Royal face aux patrons : “Faites des profits, augmentez vos revenus !” » Comme s’ils avaient attendu sa souriante permission...

François Ruffin.
Auteur de Quartier nord, Fayard, 2006, et rédacteur du journal Fakir (Amiens).

(1) Luci Ellis et Kathryn Smith, « The global upward trend in the profit share », Banque des règlements internationaux, Working Papers, n° 231, Bâle, juillet 2007.

(2) Financial Times, Londres, 17 septembre 2007. Lire aussi La Tribune du même jour.

(3) Ou 8,4 %, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui adopte un mode de calcul différent, portant non sur le PIB du pays mais sur la valeur ajoutée des entreprises non financières. Données rassemblées par l’économiste Michel Husson dans son article « La baisse tendancielle de la part salariale », disponible sur http://hussonet.free.fr/p arvabis.pdf

(4) Samia Benallah, Pierre Concialdi, Michel Husson et Antoine Math, « Retraites : les scénarios de la réforme » (PDF), Revue de l’IRES, n° 44, Noisy-le-Grand, 2004.

(5) Les Echos, Paris, 30 novembre 2007.

(6) Le Monde, 30 novembre 2007.

(7) Respectivement, Patrick Fluckiger dans L’Alsace, Mulhouse (1er novembre 2007), Jacques Marseille sur France 3 (18 novembre 2007), Etienne Mougeotte dans Le Figaro Magazine, Paris (15 septembre 2007), Claude Weill dans Le Nouvel Observateur, Paris (25 octobre 2007), Alain Duhamel sur RTL (6 novembre 2007). Un recensement effectué par Le Plan B, n° 11, Paris, décembre 2007 - janvier 2008.

(8) Le Monde, 30 novembre 2007.

(9) M. Nicolas Sarkozy sur TF1 et France 2, 29 novembre 2007.

(10) Les Echos, du vendredi 30 novembre, qui publiaient page suivante un papier intitulé : « Les hôtels particuliers ont la cote » (on y lit notamment : « la mondialisation crée de plus en plus de multimillionnaires »). Le Figaro consacrait également, le même jour, un supplément au « Meilleur du Salon nautique ». Et Le Monde présentait, lui, des chaises à « 9 397 euros » l’unité.

(11) Jack London, Le Talon de fer (1908), Phébus, coll. « Libretto », Paris, 2003.

(12) Marianne, Paris, 24 novembre 2007.

(13) Relevé effectué à partir du site Technologies du langage.

Édition imprimée — janvier 2008 — Page 3

 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2008 2 17 /06 /juin /2008 03:08

En Bolivie, le paysan indien a-t-il droit de jouir des droits de l’homme ?
BLEITRACH Danielle
Sur Le Grand Soir
 
Pendant que la presse française condamne les FARC, elle tait ce qui se passe dans toute l’Amérique latine, la violence faite aux pauvres, aux paysans, aux Indiens et qui a obligé ceux-ci à faire face, à s’armer ou à mourir. Cette presse aux ordres tait ce qui se passe en Bolivie et qui illustre bien à quel point la haine de classe peut prendre un visage atroce de haine raciale.

Une groupe de jeunes nervis à Sucre (la capitale administrative du pays) se sont emparés hier 25 mai d’un groupe de paysans indiens et, là sur la place, ils ont été dépouillés de leurs vêtements et contraints de répéter sous la menace des phrases racistes . Il ne s’agit pas d’un acte isolé. La violence raciste se déchaîne contre la majorité de la population. On tente de les intimider pour qu’il ne s’opposent pas aux tentatives séparatistes de l’oligarchie alliée aux multinationales.



LA PAZ, le 25 mai. – Le gouvernement bolivien face à de tels actes de violence contre les paysans et les pauvres des villes a choisi la voie de la démocratie, et il a porté plainte devant les organismes judiaciaires en expliquant que si ceux-ci aux mains de l’oligarchie à Sucre rejetaient la plainte, le gouvernement porterait la plainte au niveau international auprès des organismes internationaux des droits de l’homme

Alors qu’il participait à l’émission El Pueblo es Noticia, de la radio publique Patria Nueva, le vice-ministre de la coordination avec les mouvements sociaux, Sacha Llorenti, a souligné qu’il revenait au ministère public de la République d’identifier les responsables des agressions contre des paysans.

Llorenti a rendu responsables les autorités du département du sud de Chuquisaca pour avoir distillé la haine et refusé de recevoir le président Evo Morales, à l’occasion du 199e anniversaire du Cri de la liberté de l’Amérique, qui devait assister à une manifestation populaire pour remettre des projets sociaux au profit de la région.

Il a aussi souligné que les affrontements à Sucre n’étaient pas isolées, et rappelé que les partis d’opposition et traditionnels ont pris la voie de la violence pour empêcher les transformations sociales, en faveur des plus démunis.

Ces faits - qui ne sont pas isolés - illustrent la violence raciale qui peut régner en Amérique latine, en particulier contre les descendants des indiens. Comment, quand ils tentent de changer les choses par la démocratie, ils ont devant eux une oligarchie violente avec des hommes de main qui massacrent, humilient. Cette violence, je l’ai découverte au Mexique, dans les Chiapas. J’ai été bouleversée par le regard perdu des populations originaires. Puis, pire encore j’ai vu sur la place centrale de Mexico un groupe de paysans à qui les propriétaires terriens et leurs groupes paramilitaires volaient les terres. Ils avaient un masque bleu de chirurgien. Ils l’ont baissé et j’ai vu qu’ils s’étaient cousu la bouche pour dire le silence de la loi les concernant. Ce silence est aussi celui de nos médias qui n’expliquent pas les populations déplacées, fuyant l’horreur en Colombie. Et qui se taisent sur ce qui se passe en Bolivie. Je vois l’humiliation de ces pauvres gens mis à nu et contraints de se traiter eux-mêmes d’animaux… Comme pour leur faire payer la majorité du peuple des pauvres qui soutient le gouvernement d’Evo Morales. Un gouvernement qui veut que son peuple se réapproprie les ressources, les reprenne aux multinationales, pour donner la santé, pour apprendre à lire, avec l’aide d’un autre peuple pauvre, étranglé par le blocus, Cuba.

La colère ne cesse de m’envahir quand je vois "les belles âmes" de nos médias critiquer les pauvres qui résistent à l’ignominie et considérer que les Etats-Unis qui soutiennent les assassins et les tortionnaires est une "grande démocratie". Pourquoi ? Parce qu’elle élit un G.W.Bush ?

Mais qui prendra le partie de tous ces pauvres torturés, humiliés ? Et ce sont eux que l’on traite avec haine, contre lesquels on multiplie les campagnes... Ce qu’on leur reproche, c’est de chercher les voix d’une vraie démocratie, celle où les pauvres savent que les institutions sont destinées à améliorer leur vie, à leur donner le droit à la parole.

Danielle Bleitrach


Ils nous détestent parce que nous sommes le miroir dans lequel se reflète leur échec et leur déroute historique

Bolivie : le délit de la rébellion indigène

Paysans à genoux sur la place de Sucre

obligés d’assister à l’autodafé de leurs ponchos.

QUISPE Jubenal
 

La Bolivie aujourd’hui, vit sous la plus cruelle et effrayante dictature xénophobe des patrons blessés dans leur orgueil dément. Si vous ne l’avez pas déjà vue, observez cette video. http://es.youtube.com/watch?v=5RXUk... .. (NDT)

Ces faits sont advenus le 24 mai à Sucre, capitale de la Bolivie et creuset du métissage Bolivien.

Qui croyait que le racisme ignorant n’était plus qu’un amer souvenir en Bolivie se trompait. La Bolivie de la « blanquitude » (1) , céée et gouvernée par les patrons, a été et est essentiellement anti-indienne. En 1825, les patrons fondèrent la République de Bolivie dans la Maison de la Liberté de la cité de Sucre en excluant et soumettant les peuples indigènes. Quasiment deux siècles plus tard, la semaine passée, en face de cette même Maison mythique, devant les cameras de la TV, ils ont flagellé les frères indigènes révoltés. Ce fut un acte macabre qui symbolise l’essence ethnodévorante de la Bolivie officielle de la blanquitude.

Face à de tels faits surgissent diverses questions. Où était l’Etat, monopole de la violence légitime ? Est-ce qu’il s’est complètement dissous en Bolivie ? Et si c’est le cas, que fait le gouvernement du camarade Evo Morales, s’il n’y a pas d’Etat à diriger ? Où est-ce que la violence xénophobe des patrons aujourd’hui est autorisée par l’Etat comme un instrument pour l’autodéroute de ses adversaires. Ce sont les questions auxquelles le gouvernement doit répondre. Mais la question de fond est : Pourquoi la Bolivie de la blanquitude hait tant les indiens ? Il y a beaucoup de réponses à cette dernière question.

Ils nous détestent parce que nous sommes le miroir dans lequel se reflète leur échec et leur déroute historique, depuis qu’ils ont fondé la Bolivie, pour construire « la modernité » et la nation métisse bolivienne, à la mesure de leurs intérêts et de leurs aspirations, mais ils ont totalement échoué sur le plan intellectuel et moral. Aujourd’hui, la Bolivie n’est ni "moderne", ni métissée. En deux siècles de gouvernement, ils n’ont réussi qu’à engendrer une bureaucratie cleptomane qui a dilapidé le pays.

Ils ont copié les réformes éducatives, les services militaires obligatoires et utilisèrent l’Etat pour promouvoir des politiques destinées à anéantir nos cultures, mais même là ils ont échoué. Aujourd’hui, comme jamais auparavent, la diversité bolivienne les écrase jusque dans leurs alcoves. Notre présence les insupporte parce que ça leur rappelle leur stérilité et leur incapacité quasi naturelle à réaliser leurs aspirations. Ils patissent d’une chronique anomie (carence d’identité) face aux multiples et dynamiques identités indigènes qui s’autoaffirment de partout à la fois. Ils souffrent d’une profonde insécurité existentielle parce que désormais ils ne peuvent plus s’autoaffirmer en niant et en anéantissant l’Autre. Cette situation pathologique dégénère chez eux en comportements xénophobes. Mais avec ces attitudes, l’unique chose qu’ils gagnent est le mépris national et international. Et ainsi ils s’enfoncent dans la spirale de la solitude.

Ils flagellent nos frères sur les places publiques, comme ils ont fait avec nos parents et grands parents jusqu’à les tuer, parce que notre présence les renvoie à leur réalité shizophrénique. Ils rêvent d’être des occidentaux mais ils portent dans leur sang les gènes indigènes. Ils choient la pratique de la morale libérale, mais leur molle volonté les entraine vers les vices de l’indien qu’ils détestent tant. Ils souffrent d’une profonde shizophrenie culturelle : toujours haissant ce qu’ils sont et rêvant d’être ce qu’ils ne sont pas. Ce sont des pauvres malheureux qui ne savent même pas qui ils sont, et ils ont encore moins, et n’ont jamais eu, une vision claire de la Bolivie en tant que pays. Ils souffrent d’être retenus par l’histoire bolivienne comme autant de minables ayant échoué aussi bien sur le plan intellectuel que moral. Ca leur fait mal parce que désormais des délinquants n’entreront plus dans l’histoire comme des héros nationaux.

Il a été démontré que nous les indigènes sommes ce qu’ils n’ont pu être : le rempart et le bastion de la Bolivinité en construction. Nous avons défende et récupéré les ressources naturelles et la dignité du peuple face aux entreprises multinationales, des monstres avec lesquels les patrons de la Bolivie et de la blanquitude se prostituèrent. Nos victoires pour la Bolivie leur fait mal parce qu’elles démontrent leur échec fatidique. C’est pour cela qu’ils ont humilié nos frères devant la Maison de leur Liberté.

Les bastonnades qu’ont supporté nos pères, mères, frères et sœurs, nous blessent l’âme, mais c’est une douleur féconde parce qu’elle maintient et maintiendra vivante notre subversive mémoire historique. Aux côtés de nos morts sans sépulture qui errent sur les fertiles terres boliviennes en exigeant justice, nous lutterons jusqu’à rendre digne cette vie indigène à laquelle ils nous ont condamnés. Nous ne sommes pas nés pour mourir en chemin, et nous n’avons pas commencé pour défaillir à la levée du jour.

Traduction Danielle Bleitrach

(1) Je ne trouve pas de terme et c’est dommage pour traduire la blanquitude donc je laisse ce terme et proposerait même que nous l’adoptions. (NDT)

 Bolivia : el delito de la insubordinación indígena


Racisme et violation des Droits de l’Homme à Sucre, en Bolivie

 

            Selon l’usage en Bolivie, samedi 24 mai, la ville de Sucre s’apprêtait à commémorer le premier soulèvement contre l’Espagne coloniale – festivité civique à laquelle participe l’ensemble de la population. Ce qui aurait dû être une fête réunissant les citoyens afin de célébrer les luttes pour l’Indépendance s’est transformé en une journée de furie raciste. La violence qui s’est déchaînée à Sucre contre les paysans indiens n’a nullement ravivé la mémoire des batailles héroïques : ce sont plutôt les heures les plus sombres de l’époque coloniale qui ont paru d’actualité.


Les faits

            Pour la célébration du « Cri libérateur », le Président de la République de Bolivie, Evo Morales, devait venir à Sucre remettre aux délégations paysannes, réunies dans le stade Patria, des fonds destinés à financer des projets de développement ainsi que l’achat d’ambulances. La nuit précédente, des groupes organisés, notamment étudiants, armés de pétards et de dynamite, occupèrent le quartier du stade, décidés à empêcher l’événement. A l’origine de cette initiative se trouve le soi-disant « Comité Interinstitutionnel » qui prétend tracer l’avenir politique de la cité – sans jouir de la moindre représentativité populaire ni de la moindre autorité départementale. Ce Comité est animé par le Recteur de l’Université San Francisco Javier de Chuquisaca, par diverses personnalités universitaires ou de la mairie, par un groupement dénommé « Comité Civico », et par la fédération patronale du département. Tout cela en étroite collaboration avec les leaders de l’opposition du Département de Santa Cruz.       

            En raison du climat de violence instauré depuis la veille, le rendez-vous prévu avec Evo Morales est annulé.

            Quand se présentent les paysans venus des campagnes alentour, accompagnés de leurs représentants traditionnels – tel le maire de Mojocoya –,  ces membres des communautés indiennes, hommes, femmes et enfants, sont attendus aux entrées de la ville et s’y trouvent bloqués. On leur jette des pierres, on les frappe, et même les femmes et les enfants qui gisent à terre sont roués de coups de pied. Autour de Sucre, et dans divers quartiers, des événements d’une extrême violence se produisent : des indigènes sont insultés, poursuivis, volés et contraints de se réfugier dans des maisons qui sont ensuite saccagées.

            Cinquante cinq paysans sont pris en otage et obligés à se mettre torse nu et à marcher mains attachées. Parvenus sur la place principale de Sucre, on les humilie sans que le public proteste, on leur ordonne de faire le tour de la place. Devant le siège des autorités (la Casa de la Libertad), on les force à se mettre à genoux, à embrasser le sol tandis que sont brûlés leurs drapeaux, leurs insignes et leurs vêtements traditionnels. Des groupes de jeunes isolés prennent en otages d’autres paysans, les enferment, les maltraitent, les frappent en leur imposant d’absorber des excréments de poulets.

            On dénombre plus de cinquante blessés ; la presque totalité sont des paysans indigènes dont plusieurs sont dans un état grave. Des médecins de l’hôpital Santa Barbara et de l’hôpital universitaire ont refusé de prodiguer des soins à certains d’entre eux.

            Ces événements inacceptables, reconstitués à partir de nombreux témoignages de paysans, de témoins oculaires et d’articles de la presse locale (El Correo del Sur du 25 mai 2008), pourraient être interprétés comme la conséquence du climat d’affrontement politique que connaît actuellement la Bolivie. En fait, ils trouvent leurs origines dans le resurgissement d’un profond racisme anti-indigène comme le montrent des appels « à tuer les Indiens », « à empêcher qu’ils entrent dans la ville », « à les traiter comme des animaux ». Ces incitations visent à persécuter, dévaloriser et exclure des citoyens boliviens, non seulement à cause de leur extrême pauvreté, mais aussi de leurs origines ethniques.


Refuser l’inacceptable

            Nous appelons donc l’opinion internationale à la plus grande vigilance. Et à empêcher que le climat politique ne débouche sur un racisme institutionnalisé, largement accepté par l’opinion publique bolivienne, dans les rues de Sucre et ailleurs.

            Nous demandons instamment aux autorités de Sucre de ne pas considérer les paysans indiens comme des citoyens de seconde catégorie : ils ont le droit d’exprimer leurs opinions politiques dans tout espace public, et d’appuyer, s’ils le souhaitent, un Président de la République démocratiquement élu. Le rôle des autorités est précisément de faire respecter ce droit inaliénable.

 

Rosalia Martinez,

Ethnomusicologue, Université Paris 8, CNRS, France

Tristan Platt,

Anthropologue et historien, Professeur à l’Université St Andrews, Écosse

Gilles Rivière,

Anthropologue, CERMA-EHESS, Paris, spécialistes des cultures andines et de la Bolivie

 

(Source : El Correo de Sucre, 25 mai 2008)


Partager cet article
Repost0
16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 03:57

Référendum en Irlande - Le "non" passe en tête. Et alors ?
voir : les mots ont un sens

 WELL DONE IRELAND !
 
Quand une nation rebelle dit « non »

Les électeurs irlandais viennent de donner raison  à M. Nicolas Sarkozy.

Dans des propos « off » rapportés par le quotidien britannique The Daily

Telegraph daté du 15 novembre 2007 ( et non démentis par l'Elysée), il affirmait que « des référendums sur le nouveau traité européen seraient dangereux, et un tel référendum en France serait perdu, de même qu'au

Royaume-Uni et dans d'autres pays ».

C'est pour se prémunir contre cet échec annoncé que le président de la

République avait décidé de faire procéder à la ratification du traité de

Lisbonne par le Parlement, où une majorité était d'avance acquise. Ce qui revenait à bafouer la souveraineté populaire qui s'était exprimée le 29 mai

2005 en rejetant à une majorité de 55 % une « Constitution » européenne dont le nouveau traité n'est qu'une copie quasiment conforme.

Tout aussi méfiants à l'égard de leurs peuples, les autres gouvernements de l'Union européenne (UE) ont jugé prudent de suivre cet exemple. Il en est cependant un, et un seul, celui de la République d'Irlande, qui ne pouvait constitutionnellement  se soustraire au verdict du suffrage universel. Et les résultats sont là : le « non » l'emporte largement et il est particulièrement massif dans les catégories populaires. Comme l'avait été le « non » français.

 

Well  done Ireland !

 

Résistant aux pressions, voire au chantage de tous les partis de gouvernement, du patronat et de l'Eglise, ainsi qu'aux objurgations  des autres dirigeants européens, les Irlandais, nation rebelle, ont dit sans équivoque qu'ils ne voulaient pas de cette Europe-là. Et ils ont en quelque sorte également voté par procuration pour tous les autres citoyens des Etats membres de l'UE auxquels on a dénié le droit de s'exprimer.

Face à un tel désaveu, la logique démocratique la plus élémentaire voudrait que les institutions communautaires et les gouvernements des Vingt-Sept remettent sur le chantier un projet européen incapable  d'entraîner l'adhésion des citoyens. Ce devrait être la première priorité, certes non prévue et encore moins désirée, de la très prochaine présidence française de l'UE.

 
 Mémoire des luttes, Paris, 13 juin 2008.
 Contacts :
 Bernard Cassen : 06 07 33 19 95
 Christophe Ventura : 06 76 05 23 31

 


 Déclaration du MARS-Gauche Républicaine
 
LES IRLANDAIS ONT VOTE POUR NOUS TOUS  !
 

Le 29 mai 2005, les français repoussaient avec force  le traité constitutionnel européen (TCE) à plus de 55%. Quelques semaines après, les néerlandais confortaient par leur vote le rejet d'une Europe qui  voulait se construire par delà les volontés et les aspirations des  peuples.

 

Dans l'intervalle, technocrates bruxellois et  dirigeants européens, Nicolas Sarkozy en première ligne, ont retenu la leçon.  Puisque le peuple ne veut pas d'un tel traité, ne lui demandons pas son avis !  Délesté du mot constitution, affublé d’un « simplifié » qui avait tout du  marketing et rien de la vérité, mais toujours aussi libéral et  anti-démocratique, le traité rejeté par le suffrage populaire revenait par la  voie parlementaire. Sauf que les irlandais, éternels mauvais élèves puisqu'ils  avaient déjà refusé de ratifier le traité de Nice, n'ont pu être exonérés pour  des raisons constitutionnelles d'un  référendum.

 

Et voila que le seul pays dont la population peut  s'exprimer, rejette le traité de Lisbonne si fidèle au défunt TCE ! Tout  cela malgré une campagne médiatique européenne des tenants du OUI qui  faisait peser sur les robustes épaules irlandaises bien plus qu'un simple  choix national. Avec les mêmes calomnies et poncifs élitistes et méprisants  que ceux que nous avons déjà connus lors du référendum en France.

 

Le MARS-GR ne peut que se réjouir de cette reprise en  main de sa destinée par le peuple souverain. Après les référendums français et  néerlandais, ce sont les irlandais qui ont pu cette fois exprimer le   refus  grandissant des peuples européens  de  la construction  actuelle de l’Union Européenne. Une Union Européenne qui n’est pas vécue comme  synonyme de progrès mais au contraire comme le cheval de Troie du tout marché  au détriment des solidarités et de la maîtrise des peuples sur leur destinée.  Ce qui explique que, comme ce fut le cas en France lors du TCE,  ce  sont  d'abord  les classes populaires qui viennent d’assurer la  victoire du NON en  Irlande.

 

Tout laisse penser qu’au lieu de comprendre, enfin, le  message de nouveau si fortement envoyé, nos gouvernants et la majorité des  élites européennes pensent d’abord aux moyens de contourner ce choix  populaire. Cela a été le cas en France  et en Hollande, et déjà en  Irlande, en 2002, avec un nouveau référendum tenu quelques mois après le  premier qui avait vu les irlandais refuser le traité de Nice. Nous devons  cette fois-ci empêcher toute nouvelle forfaiture ! L’Europe ne peut se construire en continuant à fouler le choix des populations européennes : la  Présidence prochaine de Nicolas Sarkozy doit s’ouvrir par la reconnaissance de  l’échec de ce nouveau traité comme cela aurait dû être clairement le cas pour  le TCE. C’est notre première exigence et nous devons nous préparer à nous  mobiliser pour la porter. C’est également la condition pour espérer  reconstruire une Europe  qui serait faite dans l’intérêt premier des  peuples. Et qui méritera alors, du coup, leur adhésion.       

  

 "MARS-GAUCHE REPUBLICAINE"
 4 Allée Nungesser et Coli 94550 CHEVILLY-LARUE
 Tel : 06 87 57 66 21
 Courriel :contact@mars-gr.fr
 www.mars-gr.fr <http://www.mars-gr..fr/>

 


 

Victoire du Non en Irlande : va-t-on entendre enfin la voix des peuples ?
 

La victoire du Non en Irlande est une bonne nouvelle pour tous les peuples européens et pour l'Union européenne.

Le choix du peuple irlandais est un choix de courage et de lucidité.

Malgré les pressions immenses qui rappellent celles qui avaient pesé en 2005 sur les Français et les Néerlandais, il a su par son vote rejeter la mise en concurrence effrénée des salariés, la pression sur les dépenses publiques et les salaires, le sacrifice des services publics, la militarisation de l'Union européenne.

 

En Irlande, le slogan des opposants au traité était clair : « Dites non à ce traité pour un traité meilleur ». C'est désormais la question à l'ordre du jour. Le traité de Lisbonne ne doit pas être ratifié. Il faut ouvrir le chantier d'un nouveau traité.

 

Toutes ces dernières années, dès que la possibilité a été offerte aux peuples européens de se prononcer sur le destin de l'Europe, ils ont dit non, à partir de leur expérience, à ce que leur proposaient ses dirigeants> actuels. Va-t-on enfin en tirer les conséquences ?

 

Il n'y aura pas d'avenir pour l'Union européenne si on continue d'être sourd aux exigences des peuples européens, si on persiste dans la même voie qu'ils ne veulent plus suivre. La présidence française qui s'ouvre dans quelques jours doit proposer d'arrêter le processus de ratification et d'engager l'élaboration d'un nouveau traité fondateur de l'Union européenne sur de tout autres bases et dans de tout autres formes, rompant avec celles qui la conduisent de crise en crise. Il faut que ce travail permette d'entendre enfin la voix des peuples, qu'il s'ouvre à la vie réelle, à la participation active des citoyens européens. Le non irlandais est porteur de la promesse d'un nouvel avenir pour l'Europe.

Engageons-nous dans cette voie.

 
 Parti communiste français

 


 

LE NON IRLANDAIS VA-T-IL PASSER A LA TRAPPE ?

Communiqué du Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP)

Le peuple d’Irlande a dit NON au traité de Lisbonne, pourtant l'UE et sa future présidence ont décidé de bafouer la souveraineté du peuple.

C’est évidemment avec joie que nous avons accueilli le NON venu d'Irlande, seul pays où le référendum ne pouvait être interdit car il est inscrit dans sa constitution.

Les gouvernements de la France et des Pays-Bas, dont les peuples avaient dit NON au TCE en 2005, eux, se sont détournés de leur peuple et ont décidé de déléguer l’adoption du Traité de Lisbonne à leurs parlements, comme toutes les autres nations de l’Union européenne, hormis l'Irlande.

Ainsi, une fois encore, lorsque le peuple est appelé à se prononcer il rejette un traité européen.

On pourrait donc en conclure que ce NON irlandais remettra en cause l’adoption de ce traité dit « simplifié ». Pourtant ce n’est pas ce qui va se produire.

Il faut se souvenir qu’en 2001, le NON irlandais au traité de Nice n’avait pas empêché l’adoption du texte original, tout comme le NON danois de 1992 n’avait pas arrêté la marche du traité de Maastricht et que le NON français au TCE en 2005 n’a pas été respecté le 4 février 2008 au Congrès, par une majorité de parlementaires français.

Le référendum irlandais a fait peur à l'Union européenne qui a, cette fois, anticipé un éventuel rejet du traité et organisé la trahison du peuple. Le 20 février 2008, en effet, le Parlement européen approuvait le traité de Lisbonne. Les grands médias n’ont pas omis de le faire savoir. Mais ils ont omis de dire que le 13 février 2008, le député européen Francis Wurtz avec d’autres députés européens de la Gauche Unitaire Européenne, avaient déposé un amendement demandant que le Parlement européen « s’engage à respecter le résultat du référendum irlandais » sur le traité de Lisbonne.

Le bal des hypocrites : une union sans principe contre les décisions populaires

Lors de la séance plénière du Parlement européen du 20 février, cet amendement (n°32) a été rejeté à 499 voix contre 129. Et ce, en contradiction flagrante avec la résolution adoptée au même moment qui stipule que « les députés se félicitent de l’accroissement de la responsabilisation démocratique » permettant aux citoyens « d’avoir un plus fort contrôle de l’action de l’Union ».

499 députés européens ont voté CONTRE l’amendement 32, indiquant ainsi leur détermination à ne pas respecter le résultat du référendum irlandais !

Lors du débat parlementaire de ce 20 février, la députée européenne irlandaise du Sin Féin, Mary Lou McDonald (GUE), a interpellé ses collègues : « Il y a clairement une peur des référendums dans les autres Etats et je me demande pourquoi. Pourquoi alors parle-t-on tant de démocratie ? Qui ici a peur de la voix du peuple ? ».

Les 4 députés européens de gauche de nationalité française qui ont sauvé l’honneur et respecté la décision du peuple français du 29 mai 2005 sont :

Au Parti Communiste : Hénin, Jouye de Grandmaison, Wurtz

Au Parti Socialiste : Laignel

Les 46 députés européens de nationalité française qui ont osé voter CONTRE cet amendement sont :

Chez les Centristes (MoDem et Nouveau Centre) : Beaupuy, Cornillet, Fourtou, Gibault, Griesbeck, Laperrouze, Lehideux, Morillon.

A l'UMP et Divers Droite : Audy, Daul, Descamps, Fontaine, Fouré, Gaubert, Gauzès, Grossetête, Lamassoure, Mathieu, Morin, Sudre, Toubon.

Chez les Verts : Aubert, Benahmias, Lipietz.

Au Parti Socialiste : Arif, Berès, Bourzai, Carlotti, Désir, Douay, Guy-Quint, Hazan, Le Foll, Lefrançois, Navarro, Neris, Patrie, Peillon, Poignant, Pribetich, Savary, Schapira, Vaugrenard, Vergnaud, Trautmann, Weber.

Ainsi, comme par le passé, une alliance politique, entre une partie de la droite et de la gauche, a donc autorisé l’Union européenne à contourner le résultat du référendum irlandais.

La France prend la présidence de l’Union et va « se couper du peuple »

Nicolas Sarkozy, président de la République française, assurera la présidence de l’Union Européenne à partir du 1er juillet 2008.

Le 9 mai 2004, il s'exprimait ainsi à la Convention nationale de l'UMP : « A chaque grande étape de l'intégration européenne il faut donc solliciter l'avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (...) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution européenne est un acte majeur et d'en tirer la conséquence qu'elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l'on prenne la peine de solliciter directement l'avis des Français (...) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d'incompréhension sévère de nos compatriotes. »

Alors, la présidence française de l’Union européenne aura-t-elle à faire face à une « réaction sévère de ses compatriotes ? »

Nicolas Sarkozy aurait raison de le craindre car ni le Parlement européen, ni la Commission européenne ne respecteront le résultat du référendum irlandais...

Une fois de plus, l’Union européenne démontre son caractère anti-démocratique, met en lumière la complicité des gouvernements de la majorité des pays qui la composent et d’une grande partie des parlementaires dont certains se prétendent de gauche.

Une preuve supplémentaire, s’il en fallait, que le principe même de l’Union bafoue la souveraineté populaire.

Cette répétition de la trahison de la voix populaire conduit de plus en plus de citoyens à poser la question de la sortie de l’Union européenne.

Une question que le M’PEP n’hésite pas en mettre en débat, sans complexe ni tabou.

Campagne « Bouger l’Europe ou sortir de l’Union européenne » http://www.m-pep.org/spip.php?article601

Communiqué du Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP)






 

Quand les élites bourgeoises disent oui, les peuples disent non!

L'Irlande est le seul pays où les dirigeants politiques ne pouvaient pas supprimer la voix du peuple et l'Irlande a dit non !

En France comme aux Pays-Bas, et comme dans beaucoup d'autres pays européens où l'on bâillonne la démocratie (Grande-Bretagne, Allemagne, etc.) les gouvernements et le patronat européen multinational en tête, bafouent la souveraineté populaire, un des principes fondamentaux de la République.

Ce non rejoint tous les non qui souhaitent plus de démocratie, d'égalité, de laïcité, de social, et aussi de vrais services publics pour la santé, l’éducation, la recherche fondamentale, l’énergie, l'eau, les transports en commun… dans tous les pays, en Europe et dans le monde.

Ce non renforce la résistance des citoyens et des peuples contre les complices des dirigeants du turbocapitalisme, gouvernements, patronat, églises, dirigeants des organisations putes et soumises, qui mettent un voile ou un bandeau sur les yeux et les oreilles pour ne pas voir, ne pas entendre la voix des citoyens et des peuples. Aujourd'hui, au nom des citoyens et de leurs familles, attachés au progrès démocratique, laïque et social, nous appelons les gouvernements à nous proposer un autre texte radicalement différent de TOUS les traités européens existants, pour éviter que l'Union européenne soit perçue de plus en plus pour ce qu'elle est, c'est-à-dire l'Europe des puissants, des dirigeants des multinationales et des églises, de ceux qui pensent que la croissance des inégalités sociales, inégalités de revenus, inégalités d'accès à la santé, à l'éducation, à la culture, est une fatalité. Si les gouvernements s'entêtaient dans leurs dogmes économiques, financiers et communautaristes, alors le rejet des peuples grandirait.

Travaillons à un futur OUI à une Europe des citoyens et des peuples !


Communiqué de l'UFAL

 


 

 

 

Pas de titre, mais...

Retiré à la demande de l'AFP le 6 juillet 2010


Ce qui peut se passer maintenant Christophe Garach

Le traité européen peut-il s'appliquer sans les Irlandais ?

Non.
C'est une certitude : le traité rejeté hier par l'Irlande n'entrera pas en vigueur le 1er janvier 2009. Pour être applicable le traité de Lisbonne devait être impérativement ratifié par les 27 Etats membres de l'UE.

A ce jour 18 pays sur 27 ont dit oui (par voie parlementaire). Et plusieurs avaient d'ailleurs déjà ratifié le projet initial de Constitution européenne, rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005...

Un nouveau référendum en Irlande est-il possible ?

En théorie, oui.
Mais seule l'Irlande peut naturellement en décider. Ce ne serait pas la première fois que les Irlandais seraient appelés à revoter. La première version du traité de Nice avait été rejetée en juin 2001 avant d'être amendée (spécialement pour les Irlandais) et finalement adoptée par référendum lors d'un second vote en octobre 2002. Mais dans une Europe souvent critiquée pour son « déficit démocratique », faire revoter ne serait pas habile politiquement.

Un pays peut-il être exclu de l'Union ?

Non.
C'est le comble des institutions européennes : aucune procédure n'existe à ce jour pour quitter volontairement l'UE, ou en être exclu. Ironie du sort : le traité de Lisbonne prévoyait justement une clause de sortie (article 50) qui aurait permis d'enclencher une procédure de retrait à la demande d'un ou plusieurs Etats. Faute de pouvoir être évincé de l'Europe, un pays peut en revanche être privé - temporairement - de certains de ses droits en cas de violation des valeurs et principes de l'UE (liberté, démocratie...). Une clause adoptée après l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite en Autriche dans les années 1990.

Le non irlandais va-t-il bloquer l'Europe ?

Non.
En tous cas pas sur le plan juridique. En l'état actuel c'est le traité de Nice (2000) qui continuera à s'appliquer. L'article 51 de ce traité précise même que sa durée est « illimitée ». Toutes les grandes compétences de l'Union restent donc gravées dans le marbre : l'euro, la concurrence « libre et non faussée », la politique commerciale de l'Union, la politique de la pêche, l'union douanière, le marché unique... Mais sur le plan politique c'est une autre histoire car le traité de Nice est totalement inadapté à une Europe à 27 (bientôt 28 avec l'arrivée de la Croatie en 2010) et les problèmes restent entiers en terme d'efficacité et de capacité d'action.

Quels scénarios sont possibles ?

Il y en a trois. 1.
Poursuivre le processus de ratification du traité jusqu'au bout - huit pays ne se sont pas encore prononcés - et forcer les Irlandais à revoter à plus ou moins longue échéance. 2. Renégocier le traité en proposant de nouvelles dérogations à Dublin... mais lesquelles ? En 1992, les Danois, après avoir dit non au traité de Maastricht, avaient obtenu de ne pas participer à l'euro ni à la politique de défense européenne. 3. Tourner la page institutionnelle (pour longtemps) et en rester au traité de Nice. Avec de lourdes conséquences : non seulement l'UE se privera d'avancées importantes (un président stable de l'UE, un « ministre » des affaires étrangères...) mais elle devra renoncer à légiférer dans de nombreux domaines : services publics européens, politique spatiale....

 

Partager cet article
Repost0
15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 03:00


Par Lucien Sève
sur : Communisme du 21ème siècle


Compte tenu de ce qu’Yvon Quiniou vient de dire sur son travail, je dis un mot sur ce sur quoi je travaille. J’ai engagé, imprudemment à mon âge, une série de quatre ouvrages sous le titre général Penser avec Marx aujourd’hui. Passe encore de bâtir, mais écrire une tétralogie à cet âge, ce n’est pas prudent. J’en sais quelque chose puisqu’ayant publié il y a quatre ans l’introduction au premier tome qui se sous-intitule Marx et nous, je suis en train de terminer, enfin, au bout de quatre ans, le deuxième tome qui s’intitulera « l’homme ? » Je suis sur Marx et l’anthropologie au sens théorique du mot. C’est inimaginable ce qu’il y a à dire, à la fois en montrant ce que Marx apporte, qui est à mes yeux incalculable ; et en polémiquant, à un niveau j’espère suffisamment élevé, en permanence contre ce qu’est aujourd’hui l’anthropologie dominante, laquelle de manière souterraine et parfois d’ailleurs affleurante, joue un rôle très important dans l’idéologie de défense du capitalisme. Voilà, je travaille là-dessus. Je suis dans la dernière ligne droite, mais elle est longue.

Sur le communisme, j’ai écris aussi plusieurs livres. Dans la toute dernière période, j’ai commis quelques textes que peut-être certains d’entre vous connaissent, et je suis dans la situation d’avoir ou à me répéter, ou à me contredire, selon la formule connue. Vous comprendrez que je choisisse la première branche de l’alternative. Je m’en excuse auprès de ceux qui auraient lu les textes que je vais non pas paraphraser – j’espère parler de manière relativement originale – mais enfin quant au fond, je l’avoue, je n’ai rien de neuf à avancer par rapport à ce que j’écrivais en décembre. Ma pensée évolue certes, mais quand même pas à ce rythme.

J’ai 20 minutes, je vais essayer de présenter 4 idées. Vous devinez d’avance à quel point en cinq minutes ces idées seront schématiques. Elles s’exposent ainsi, ventre ouvert, à la critique acérée d’Yvon Quiniou qui ne manquera pas d’y procéder et, par là, de nous engager dans un échange, un débat, un approfondissement peut être.

Première idée : notre vie publique est dominée par un dogme, dont le poids est écrasant. Ce dogme c’est que le communisme a été essayé, comme on dit, et qu’il a échoué d’une manière incontestable et écrasante. C’est donc terminé. C’est le grand dogme dans lequel nous vivons, dans lequel nous pensons, dans lequel nous échangeons, dans lequel nous essayons d’inventer. Le communisme est mort. A cela j’objecte que le communisme n’a pas pu échouer pour l’excellente et simple raison qu’il n’a jamais été « essayé », nulle part. Ni dans des pays qui ont voulu construire au-delà du capitalisme, ni de la part de partis, qui sans être jamais parvenus vraiment au pouvoir, ont censément fait de la politique avec le communisme. Je dis qu’ils n’en ont jamais fait vraiment avec le communisme, y compris le parti dont je suis membre depuis maintenant pas loin de 60 ans. Pour tirer au clair cet étrange constat – le communisme a été essayé et il a échoué, réponse : pas du tout, il n’a été essayé nulle part – il faut se demander : de quoi parle-t-on ? Que veut-on dire ? Pour moi cette question a commencé à prendre corps au tout début des années 80. Ayant été beaucoup mis en mouvement (comme nombre de communistes, membres du Parti ou pas, mais appartenant à cette mouvance politique), par le fameux abandon de la dictature du prolétariat en 1976, qui posait des problèmes stratégiques fondamentaux ou, plus exactement, qui devait poser ces problèmes beaucoup plus qu’il ne l’a fait réellement, ma réflexion a été particulièrement sollicitée à ce moment-là. D’autant plus que j’étais en bisbille avec Althusser sur ce point. Lui était pour qu’on garde la dictature du prolétariat, moi j’étais absolument d’accord avec la décision du Parti, mais pas du tout d’accord avec le manque de pensée théorique qui accompagnait cette décision. C’est ce qui m’a mis en mouvement. Ce mouvement a abouti à ce qui a été pour moi une véritable découverte et que chacun peut refaire aujourd’hui encore. J’ai longuement enseigné que Marx, dans un texte fameux de 1875 qui s’appelle la critique du programme de Gotha, explique qu’au-delà du capitalisme, il y a deux moments historiques fondamentaux. Le premier, qui est une phase inférieure, c’est le socialisme. Le deuxième, plus tard, phase ultérieure, sera le communisme. Or, j’ai commencé à découvrir à ce moment-là, il y a de cela pas loin de 30 ans, qu’en réalité ce n’est pas du tout cela le vocabulaire de Marx. La fameuse première phase, jamais nulle part, en aucune circonstance, il ne l’a appelé socialisme. Il l’a toujours appelé communisme. Mieux même, le choix du mot communisme par Marx et Engels, qui est une longue histoire dans laquelle il est hors de question d’entrer en quelques minutes, est un choix fondamental, théorique, qu’Engels éclaire notamment dans la préface à l’édition anglaise du manifeste de 1877, lorsqu’il dit nous avions le choix entre socialisme et communisme en 1848, mais socialisme c’était un terme bourgeois, salonnard alors que communisme était prolétarien. Et de plus, quand on s’intéresse au contenu, le socialisme renvoyait à toute sorte de choses dont l’étatisme, alors que le communisme, de ce point de vue, était beaucoup plus proche de l’anarchisme, malgré une divergence radicale quant à la manière et au moment de la suppression de l’Etat. Mais en tout cas le communisme c’est le dépassement, l’abolition de l’Etat. Donc entre socialisme et communisme il n’y a non pas successivité historique : d’abord le socialisme puis, tout naturellement, comme son aboutissement, le communisme. Question : et alors pourquoi l’Union soviétique n’a-t-elle jamais transité vers le communisme, contrairement à la croyance, à l’espoir de Khrouchtchev qui annonçait que le socialisme bien « beurré » serait meilleur que celui « sans beurre », et que ça allait se produire dans peu d’années ? A ce moment-là, on vivait encore dans l’idée qu’on était dans la phase socialiste, puis qu’on allait passer enfin (en tout cas commencer à passer) au communisme, avec la gratuité du métro, tout ça, qui allait s’étendre petit à petit. Puis, sous Brejnev, le communisme disparaît. Ou plutôt il existe, mais très « en haut ». Au sommet des immeubles comme dans des slogans que plus personne ne regarde. Ceux qui sont allés à Moscou dans ces périodes là ont certainement encore cette extraordinaire image des grands slogans en lettres éclairées la nuit : « En avant vers le communisme », ce qui n’avait rigoureusement plus aucun sens, qui n’en avait jamais vraiment eu, mais qui alors là, officiellement, n’en avait plus aucun.

J’ai déjà presque atteint les 5 minutes pour l’exposé de la première idée, c’est beaucoup trop court pour dire quelque chose de vraiment substantiel. Je dirai donc : il y a entre socialisme et communisme, non pas un rapport de succession historique dans lequel nous avons longtemps marché (enfin moi en tout cas) mais bien plutôt une différence fondamentale d’orientation qui fait que jamais le communisme ne peut sortir du socialisme. Si une chose est acquise, c’est celle-là. Disons de manière extrêmement schématique (mais peut-être si, à tâtons, je touche à quelque chose, on pourra préciser davantage) : dans l’idée du socialisme, il y a l’idée de la conquête révolutionnaire du pouvoir politique comme moment décisif pour changer la société. Il faut conquérir le pouvoir d’état pour changer la société. Donc le changement de la société, fondamentalement, s’opère par en haut. Ce qui a d’innombrables conséquences, y compris en matière d’organisation car alors le parti dont on a besoin pour ça est aussi un parti de pouvoir, un parti de conquête du pouvoir, et donc un parti dans lequel il y a un pouvoir, un parti vertical. Il y a toute une cohérence, la cohérence bolchevique si vous voulez, brillante et puissamment pensée chez Lénine. Mais cohérence caricaturale et mortifère puisque, chose étrange, des mouvements et des pays se réclamaient du communisme tout en s’intitulant clairement socialistes. Mic-mac de vocabulaire qui traduit un impensé théorique fabuleux. Dans le socialisme, il y a intrinsèquement l’idée d’un pouvoir d’Etat. Il n’y a donc pas ce qui est le « cœur du cœur » de l’idée communiste chez Marx : l’appropriation des moyens de productions et d’échanges, et plus largement des moyens de vivre de l’ensemble de ce qu’il appelle les puissances sociales des hommes, l’appropriation par les producteurs associés. C’est tout à fait autre chose que la conquête du pouvoir politique à partir duquel on transforme la société et qui va, en réalité, rester, à demeure, le vrai dépositaire de l’appropriation. L’idée communiste, profondément différente, c’est l’idée de l’appropriation par les gens eux-mêmes, associés donc aux bénéfices de nouveaux rapports qui s’établissent entre eux. Le communisme n’a pas échoué, il n’a jamais été « essayé ». Pour des raisons de tous ordres, qui sont d’abord des raisons historiques liées aux situations réelles des pays dans lesquelles se sont faites des révolutions majeures mais aussi pour des raisons qui tiennent à toute l’histoire du mouvement ouvrier, notamment au fait que contrairement à ce dont on s’est longuement gargarisé, il n’est pas vrai que les idées de Marx et Engels ont pénétré le prolétariat dans les grands pays avancés à la fin du 19ème siècle. C’est complètement faux. La sociale démocratie allemande n’est pas du tout communiste, pas du tout. Et c’est un des drames de la fin de la vie de Marx et d’Engels, qui vit 12 ans de plus, de voir qu’en effet les choses ne vont pas dans ce sens la. Elles vont dans le sens du socialisme, de l’étatisme et même dans le cas du lassalisme, courant majeur du mouvement ouvrier allemand, dans l’idée qu’on peut s’entendre avec Bismarck pour créer des formes productives nouvelles. Avec Bismarck ! Le socialisme a été infesté de cela. En ce sens, le stalinisme, l’irruption brutale de l’Etat dans tout ça n’est pas une surprise complète. C’est un peu dans la logique des choses. L’idée d’un socialisme autogestionnaire ultra-humaniste fait partie de ces rêves théoriques qu’on peut naturellement manipuler, mais qui sont sans consistance profonde. Vous n’y coupez pas : ou bien vous vous tournez vers le socialisme, ou bien vous vous tournez vers le communisme. Il y a un dilemme, et nous sommes toujours devant. Quel dépassement du capitalisme aujourd’hui ? Cette première idée vous permet sans doute d’entrevoir que, bien évidemment, je suis totalement, inconditionnellement, absolument et entièrement pour une alternative communiste au capitalisme. Je pense qu’il n’y en a pas d’autre. Qu’une autre, c’est une rêverie. Cela renverse donc complètement, 2ème idée, un autre dogme, selon lequel le communisme est probablement une très belle idée mais, malheureusement, intrinsèquement utopique. C’est une idée qu’on rencontre partout, de mille manières, et que les communistes ont eux-mêmes longuement entretenue, en qualifiant le communisme « d’idéal ». C’est un litige que j’ai eu jusqu’au bout avec Georges Marchais. Il n’a jamais renoncé à l’idée que le communisme était un idéal, et dans cette façon de penser le communisme comme idéal, je vois précisément ce qui me parait l’erreur des erreurs, l’incompréhension des incompréhensions. C’est l’idée selon laquelle le communisme sera un « plus » quand on aura fait le socialisme. Le socialisme pour la France d’abord et après, plus tard, on ne sait pas quand, comme couronnement, le communisme. Idéal ? utopie ? Vaste chapitre auquel on peut aisément consacrer toute une séance de discussion. Je sais bien que le mot utopie est souvent pris, aujourd’hui, en bonne part ; qu’on revalorise l’utopie par rapport à l’avachissement devant les rapports existants, leur poids apparemment écrasant, l’impossibilité apparemment démontrée de ne pouvoir rien faire d’autre. Beaucoup de gens pensent que utopie c’est bien, c’est positif, ça réveille. Je ne méconnais pas cet aspect des choses mais plus profondément, je m’excuse, Marx a passé sa vie à lutter contre l’utopisme. Vous direz utopie et utopisme, ce n’est pas pareil. On peut en discuter, bien sûr. En tout cas, l’utopisme, c’est la pire des choses. Et surtout c’est ne pas comprendre quelle est la démarche de Marx. Car Marx est tout sauf un rêveur humaniste, un philanthrope qui dit « Ce serait tellement mieux si… ». On ne changera jamais l’histoire avec des « Ce serait tellement mieux si… ». Toute la démarche de Marx, c’est de dire je m’occupe du réel, je regarde ce qui se passe dans la réalité, j’étudie le mouvement du capital et qu’est ce que je constate ? Que ce mouvement est puissamment contradictoire. Aspect des choses que nous n’avons (je dis nous, c’est la tradition communiste française, mais aussi internationale) jamais pleinement voulu prendre en compte. Alors que c’est clair comme le jour à la lecture du Manifeste. Le Manifeste est un vibrant éloge historique de l’apport positif du capitalisme. C’est quand même extraordinaire, non ? Le capitalisme a révolutionné l’histoire, il est puissamment contradictoire et il le reste. Il bouscule tout, il créé des choses nouvelles. Et dans tout ça, il y a de l’horreur. Nous sommes dans l’horreur jusqu’au cou. Mais en même temps regardez bien : cette horreur a un envers. Cet envers, c’est des possibles ou, inversement, ces possibles, hélas, sont tous grevés d’une face abominable. On est dans la contradiction intense. Il ne s’agit donc pas de rêver d’une autre forme sociale, il s’agit d’examiner ce qui se passe, d’étudier les contradictions en mouvement, de voir quels sont les possibles qui affleurent. Prenons un exemple tout simple. Même aujourd’hui, même dans l’abominable de la situation qu’on connaît à l’échelle nationale, à l’échelle internationale, à l’échelle mondiale, à l’échelle planétaire, il y a, dans l’ensemble, un développement de la productivité du travail humain fabuleux, permanent. Enfin permanent : compliqué, contradictoire, coupé de phénomènes contraires. Je retombais hier sur un article que j’avais découpé d’un ouvrier de chez Renault. Il calculait l’augmentation de la productivité chez Renault en 20 ans et trouvait 40 %. Partout, vous avez des processus comme cela. Partout, autrement dit malgré tout, malgré la casse, malgré des gâchis inimaginables, que la masse des gens n’imagine même pas, dont le capitalisme est responsable. Or, c’est un point très important à mes yeux, malgré tout cela, il y a un développement de la productivité du travail qui fait que dans des pays développés « à chacun selon ses besoins » n’est déjà plus du tout une utopie. Ce serait parfaitement possible, dès maintenant. Je ne dis pas à chacun selon « tous » ses besoins, sans autres limites que sa conscience éthique, non, mais très largement déjà. Très largement des gratuités, des pouvoirs d’achat sans comparaison avec ce qui existe aujourd’hui et qui est invivable pour l’immense majorité des gens qui travaillent. Tout cela est déjà possible. Mais tout cela est masqué par l’ampleur inouïe des gâchis. Je nous trouve d’une faiblesse effrayante sur le recensement des gâchis capitalistes. Je ne peux pas prendre le temps de le faire ici. Je donne cependant une idée. Si je prends comme unité de compte la centaine de milliers de milliards d’euros ou de dollars, je peux énumérer dix rubriques dans lequel il y a des gâchis de cet ordre de grandeur. Si donc on mesure l’ampleur des gâchis, on mesure à quel point l’idée de l’utopie communiste est elle-même une idée complètement misérable. J’abrège, j’ai passé mes cinq minutes. Je dirai : le développement des individus est un élément capital, le développement multilatéral des individus, et spécialement ce qui se passe du côté des femmes. (Je ne dirai pas que la femme est l’avenir de l’homme, car c’est une formule très poétique mais bien équivoque. Cela dit, il y a de l’avenir qui se passe là, vraiment.) Le développement de moyens d’information, de communication et d’échange qui rendent une démocratie directe possible à l’échelle planétaire ; la planétarisation d’une manière générale des échanges, de la communication et des problèmes : Tout ça c’est des possibles. Des possibles qui ne se réalisent pas d’eux-mêmes. Voir ces possibles, ce n’est pas se reposer, c’est savoir comment travailler. Ce n’est pas « rêver à… », C’est partir des contradictions insupportables qui, en même temps, contiennent en elles-mêmes des éléments avec lesquels on peut commencer à transformer en profondeur les rapports sociaux.

Troisième idée. Si, donc, le communisme est bien la vraie alternative par rapport au capitalisme ; s’il n’est pas une utopie mais au contraire un mouvement réel que nous avons sous les yeux, vouloir moins que le communisme, aujourd’hui, c’est être en dessous de la situation. Si l’on demande moins, on est déjà sur la pente savonneuse d’une sociale démocratie qui va tout accepter. Il me semble qu’il faut mettre la barre au moins à ce niveau par rapport à ce qu’est la situation. Mais alors comment avancer dans cette direction ? Je pense que l’histoire nous a administré au 20ème siècle une double leçon inoubliable. La première, c’est qu’il y a une voie qui a fait faillite. Elle a été essayée et elle a fait faillite. C’est la voie de la révolution, avec une bonne dose de violence naturellement, mais la violence n’est pas un élément complètement définitionnel. Elle est simplement une circonstance qui va normalement de soi quand on pose le problème dans les termes d’une révolution de conquête du pouvoir politique, et à partir de là, - à partir de ce que Lénine, dans une conférence très populaire sur l’Etat appelait « le gros gourdin » qu’il faut prendre à la classe adverse - on fait place nette et on construit une nouvelle société. De manière ultra schématique, c’est le stalinisme. On sait ce que ça donne. Cela n’apporte pas ce qu’on espère, et ça discrédite historiquement à un point que nous n’avons pas fini de vivre. Parce que les procès de Moscou sont loin, mais ils sont toujours là. Je trouve que c’est important de se poser la question : pourquoi peut-il y avoir chez beaucoup de gens tant de haine du communisme ? Dans l’anticommunisme d’aujourd’hui encore, il y a une haine profonde. Cette haine a des racines historiques inoubliables. Cette voie n’a pas seulement échouée, c’est une voie infâme, honteuse, et en tout cas inexorablement décevante.

D’un autre côté, il y a, précisément parce que cette voie-là n’est pas possible, n’est pas bonne, n’est pas acceptable, l’idée selon laquelle il faut se contenter du système que nous avons, en essayant de le traficoter pour l’améliorer, pour le rendre moins injuste. Nous sommes plus que jamais dedans, alors que le courant de pensée et d’action dit socialiste en France aujourd’hui (si le parti socialiste était capable de tirer au clair ses rapports théoriques avec le mot socialisme, on aurait déjà fait un certain progrès. Mais apparemment, il n’en est même pas capable, il est au dessous de la ligne de flottaison du minimum de la pensée théorique) n’offre pas d’issue. Il faut bien reconnaître que nous sommes devant un problème stratégique sans précédent, qui exige de nous une invention du même ordre de grandeur que celle dont Marx et Engels ont fait preuve avec le Manifeste communiste, mais dans une situation où le capitalisme rend le monde invivable et, à terme, pas forcément éloigné, pose même la question de la survie de l’humanité, sa survie physique à travers le drame écologique. Et j’enrage de voir que nous ne sommes pas capables de faire monter l’autre thème, le thème anthropologique, c’est-à-dire la survie morale de l’humanité, la survie de ce qu’est être un homme et pas une bête. Ça, c’est en danger à un point extraordinaire. Les écologistes ont été capables, il faut leur en donner acte, de constituer un mouvement de prise de conscience. Nous, nous n’avons pas été capables, jusqu’ici, de constituer un mouvement analogue au service de la cause anthropologique, c’est-à-dire de la lutte contre la manière sans nom d’abîmer l’humanité au sens qualitatif du mot, l’humanitas, le fait humain, le fait d’être homme. C’est l’autre versant. Il y a le versant écologique, il y a le versant anthropologique, qui n’est pas d’une moindre importance, et nous sommes d’une grande faiblesse. En écrivant un livre sur « l’homme ? », je n’ai pas le sentiment unique de faire de la philosophie au mauvais sens du mot ; j’ai le sentiment d’être pleinement au cœur de nos problèmes.

Si ces deux démarches sont en faillite, comment fait-on ? Personne n’a de lapin à sortir de son chapeau. Je ne prétends pas en sortir un sous vos yeux médusés. Mais, je dirai quand même, à partir d’une formule qu’on peut reprendre à Jaurès – il y aurait à dire, il y aurait à voir, en particulier l’évolution si complexe et si intéressante de la pensée de Jaurès, ce qu’il appelait « évolution révolutionnaire » – une formule exhumée depuis une dizaine d’années, à mon avis judicieusement, qu’aucune formule ne règle aucun problème par elle-même, elle indique simplement une direction de recherche, une évolution révolutionnaire. Au fond on a vécu, on vit toujours, mais c’est déjà un petit peu derrière nous, le foisonnement de mouvements sociaux, lesquels ont montré que des formes nouvelles d’action transformatrices dans la société sont possibles. Mais, en même temps, elles portent leurs limites, elles sont morcelées, elles ne débouchent pas sur un processus global de transformation. C’est un mouvement social mais malheureusement pas politique. Il s’agit de chercher, en tâtonnant, la voie de mouvements socio-politico-culturels, quelque chose dans ce genre. Des mouvements enracinés dans ce qui ne peut plus durer, dans ce qui met spontanément en mouvement des tas de gens, dans des tas de sens différents. Il y a du dynamisme possible. Et ça, malheureusement, ça n’est pas pensé, ça n’est pas coordonné, ça n’est pas durable. Je suis très frappé, en jetant un regard rétrospectif sur l’histoire du parti dont je suis membre et considérant que l’essentiel était la future révolution, de ce que, quelques mois avant sa mort, Jacques Duclos disait devant moi « j’espère quand même bien vivre jusqu’au socialisme en France ». C’est ainsi que le problème était posé, c’est ainsi qu’il était pensé. Mais je m’égare, si je vais dans cette direction.

Au fond, il me suffit de dire : il y a à inventer la voie d’un nouveau type de mouvement qui engage au comptant des transformations effectives, des transformations profondes. Des exemples, lisez l’Huma chaque semaine, vous allez en trouver. Il y a quelques jours, un nommé Frédéric Lorbon a publié un grand texte sur la finance sans loi. Un texte très vigoureux de pensée. De très bon tonus je trouve. Il terminait en disant « mais il faut faire quelque chose enfin, on ne va pas laisser tout de même la finance circuler comme ça. » Il avance l’idée qu’il faut engager une pétition pour l’abolition de l’article 56 du traité de Lisbonne. Bon, c’est une idée. Huit jours après, une telle pétition prend corps. Quel est l’avenir d’une telle initiative ? Personne n’en sait rien. En tout cas, ce qu’on observe en général, c’est que ce genre de choses marche pendant une semaine, pendant un mois, éventuellement pendant trois mois, puis ça tombe. Toute la question est là. Tout est tellement relié. On peut tirer un fil, mais le problème c’est de ne pas le lâcher. Tirons, continuons systématiquement à tirer, et il va venir quelque chose. Des entrées, il y en a en permanence. Prenez l’épidémie de suicide de salariés sur le lieu de travail et ce que ça dit sur « où on en est ». Pour le coup, la cause anthropologique, là, on y est. Ça met en cause l’organisation du travail, laquelle met en cause le poids nouveau dont pèse l’actionnaire dans la gestion, ce qui met en cause, au bout, toutes les logiques financières. Il faut prendre ça, qui est une cause urgente, immédiate, mobilisatrice, mais réfléchir sur pourquoi, jusqu’ici, tout ce qu’on a fait dans ce domaine est resté limité, sectoriel, borné dans le temps. Il faut travailler à ça et à partir de là, commencer à construire un réseau, un tissu, un maillage d’initiatives transformatrices.

J’en viens à mon dernier point. En même temps que « comment faire ? » (c’est-à-dire stratégiquement), vient une question brûlante « comment s’organiser pour faire ça ? ». C’est toute la question de la forme de parti. Je me désespère un peu de voir que beaucoup, à mes yeux, sous-estime la radicalité. Sous-estime à quel point là, il y a une vraie percée à faire, des changements fondamentaux à opérer. Pas en se jetant dans le vide. Je suis contre toute solution brutale, risquée, aventureuse. Nous savons ce que nous avons encore, gardons le précieusement, ne perdons rien, ne sabotons rien, faisons marcher tout ce qui marche. Je ne suis pas du tout dans une optique du grand soir, et de la suppression aventureuse. Non. Mais expérimentons sérieusement des formes tout à fait différentes d’organisation. Et cohérentes avec ce qui a été dit précédemment, si du moins ça vous parait pouvoir tenir la route, comme l’ancienne conception du parti était cohérente avec l’ancienne conception stratégique. Car Lénine n’était pas un imbécile. Moi je défends hautement l’œuvre de Lénine, la mémoire de Lénine, la pensée de Lénine, qui est odieusement méconnue, calomniée. Autant, je suis prêt à signer un texte disant que le léninisme ne peut plus rien nous apprendre pratiquement, autant l’œuvre de Lénine reste une réflexion, une pensée politique magistrale. Or, il y avait une cohérence fondamentale entre la verticalité du parti (le que faire ?), le parti organisé de haut en bas et un prolétariat qui n’avait pas la culture, n’avait pas la conscience. Il fallait lui apporter les idées socialistes. Tout ça était complètement cohérent, parfaitement pensé en un tout, en un bloc même, à la limite. Mais maintenant il faut évidemment une toute autre cohérence. Et si le communisme, à la différence de l’étatisme socialiste, c’est les producteurs associés qui s’approprient eux-mêmes leur puissance sociale, alors la forme d’organisation qui correspond est dictée d’avance elle aussi. C’est la suppression de la verticalité et l’exploration systématique des possibilités de l’horizontalité. Au lieu de ce que nous continuons à faire avec une absence de succès répétitive et flagrante (la direction se réunit et décide d’engager des campagnes) faisons confiance aux gens. Car enfin, quelqu’un veut transformer le monde dans un parti qui va lui dicter ce qu’il doit faire ? C’est de l’incohérence ! Je le répète : faisons confiance aux gens eux-mêmes pour prendre en main leur propre sort. Jouons à fond la carte de l’horizontalité. Je pense, de ce point de vue, que la cellule est un mode d’organisation totalement périmé, car la cellule n’est pas le lieu possible de la mise en mouvement d’une politique, au sens général, global et profond qui est aujourd’hui nécessaire. Ce n’est pas possible. En principe une cellule, c’est le lieu de réception de toute une série d’initiatives décidée en haut et dont elle est l’exécutant potentiel (d’ailleurs de plus en plus inexécutif). La dégénérescence de ma propre cellule m’a énormément appris, je dois dire. Dans un ensemble de 300 logements, voir comment elle était il y a 25 ans, et comment elle est devenue dans la dernière décennie, c’est au-delà du navrant il y a de quoi pleurer, mais en même temps, tout cela fait réfléchir. On voit bien pourquoi cela ne peut plus marcher comme ça. J’imagine, je rêve, je ne suis pas totalement contre l’utopique, une assemblée de militants, en carte ou sans carte, c’est une question subalterne, on verra plus tard, qui veulent transformer vraiment la société et qui s’attachent, dans un lieu donné, à l’échelle de ce qu’est dans le Parti communiste aujourd’hui une section. Je suis à Bagneux, où il y a encore quelques centaines de militants. Ils se réunissent, ils discutent le coup, et ils retiennent 2, 3, 4 objectifs d’initiatives, en fonction de ce qu’ils sont, de ce qui les intéressent, de la situation locale. Ils décident de ça et ils constituent (jadis j’employais le mot réseau, je ne l’emploie plus parce qu’il a donné lieu à des tas de contestations, à des expériences malheureuses, ou qu’on n’a pas voulu réussir), disons un atelier, car pour l’instant le mot n’a pas encore été saboté. Prenons ce mot, donc, avant qu’il soit saboté par la suite, comme je le redoute. Il y a là des gens qui ne peuvent pas vivre avec l’idée que des salariés en sont maintenant à se suicider sur le lieu de travail. Ils prennent cette question, non pas dans une cellule, mais dans un atelier consacré à cette question. Ils partent de là. Ils s’informent, ils rassemblent les données. En s’informant, ils gambergent. Cela pose quel problème ? Aussitôt on se rend compte que si le problème se pose ici, il se pose à maints endroits ailleurs. Alors une communication horizontale est d’emblée nécessaire. Je constate qu’ailleurs les ateliers sur ce même sujet se sont constitués. Ils échangent entre eux. Echange de questions, échange d’expériences, de savoirs. Constitution centrale car pour moi dans la forme parti, ce qui est mort c’est la verticalité, mais pas du tout la centralité. Une centralisation horizontale est tout à fait nécessaire. Supposons que nous ayons, dans le pays, des douzaines d’ateliers qui se battent sur la même question, qui essaient de faire avancer la même sorte d’initiative, par l’échange entre eux. A certains moments, cela peut aller vers une journée d’étude, physique ou fictive, ou immatérielle, ou informatisée. On approfondit, on consulte des spécialistes, on lit et on travaille, et on fait rebondir tout ça dans des initiatives mieux affinées, plus pertinentes par rapport à la situation. Je rêve, je rêve. Mais cela me paraît un rêve productif.

Une toute autre forme d’organisation, pour une tout autre stratégie, à un tout autre moment historique et avec une tout autre conception du communisme.

Partager cet article
Repost0
14 juin 2008 6 14 /06 /juin /2008 03:13
 
Déclaration du Sommet des Peuples.
LIMA 13 au 16 mai 2008
 

Nous, organisations sociales, politiques et populaires, de travailleurs et travailleuses, de migrants, communautés indigènes et paysannes, mouvement des femmes, des jeunes, et mouvement syndical d'Amérique Latine, des Caraïbes et d'Europe, réunis à Lima durant le Sommet des Peuples, Enlazando Alternativas III, déclarons :

La coopération et l'intégration de nos peuples passent d'abord par la construction d'un système dans lequel les droits économiques, politiques, sociaux, culturels et environnementaux du plus grand nombre soient une priorité et une raison d'être des politiques gouvernementales. C'est pour ces raisons que nous rejetons le projet d'Accord des Associations, proposé par l'Union Européenne et approuvé par plusieurs gouvernements latino-américains et caribéens, qui ne visent qu'à intensifier et perpétrer l'actuel système de domination qui a fait tant de mal à nos peuples.

La stratégie de l'Union Européenne, « Europe globale, celle de la concurrence dans le monde », suppose le perfectionnement des politiques de compétitivité et de croissance économique qui cherchent à gonfler le carnet de commandes de leurs transnationales et à approfondir les politiques néolibérales, incompatibles avec le discours sur le changement climatique, la réduction de la pauvreté et la cohésion sociale.
Bien qu'on prétende protéger leur identité en incluant des notions de coopération et de dialogue politique, l'essence du projet est d'ouvrir les marchés des capitaux, des biens et des services, de protéger l'investissement étranger et de réduire la capacité de l'Etat à promouvoir le développement économique et social.
Cela a des implications dans les deux régions.

Pour l'Amérique Latine et les Caraïbes cela reproduit le schéma des Traités de Libre Commerce avec les Etats Unis auxquels ont adhérés la plupart des pays de la région, et qui vont bien au-delà des politiques de l'O.M.C. que nous rejetons. Les ressources naturelles de ces pays sont exploitées sans discernement, des communautés entières sont déplacées, la biodiversité dévastée, les ressources hydriques épuisées,la main d'œuvre paupérisée, et les multinationales européennes ont une lourde part de responsabilité. Depuis des siècles l'Amérique Latine a été victime du saccage des multinationales et, maintenant, alors que des avancées démocratiques stimulent la recherche de chemins propres au développement dans différents pays, et de formes d'intégration au service des peuples, plusieurs gouvernements qui appliquent les recettes du libre commerce favorisent la fragmentation de la région, les contradictions entre ces différents pays et les affrontements nationaux. En Europe , l'une des grandes menaces pour la démocratie, la justice, la paix et l'équilibre écologique, est le Traité de Lisbonne, qui est ratifié par les élites sans consultation préalable de la population, et que nous rejetons comme nous l'avons déjà fait par le passé. Ce traité renforce l'Europe néolibérale, intensifie la militarisation, l'exclusion, les inégalités et la marchandisation, et il favorise le durcissement des politiques sécuritaires et répressives. Et en sont la preuve l'augmentation de la précarité, une attaque généralisée contre tous les droits sociaux, en particulier les conquêtes sociales. En même temps la construction de « l'Europe Forteresse » s'accélère, ce qui implique la fermeture des frontières, violant ainsi le droit d'asile et criminalisant les migrants et les mouvements sociaux, créant des murs virtuels ou réels, qui ne sont pas différents de ceux qui sont construits à la frontière au Nord de l'Amérique.

Les Accords d'Association que l'Union Européenne a signé avec le Mexique et le Chili ont aggravé les inégalités et montrent le chemin que suivront ceux qui signeront ces Accords en Amérique Centrale, dans la Communauté Andine des Nations et au sein du MERCOSUR dont on veut ressusciter les négociations. Pour les pays des Caraïbes, ces Accords, récemment signés, augmenteront la vulnérabilité et la dépendance de leur économie, de même qu'ils freineront la dynamique d'intégration régionale.

Au moment où à Lima les gouvernements parlent de cohésion sociale, de changement climatique et de réduction de la pauvreté, il convient de rappeler que la principale cause d'inégalités, de polarisation sociale, de dégradation environnementale et de discriminations, est la suprématie du marché sur les droits de la personne et l'octroi de toutes les garanties aux corporations qui privent les Etats de leur capacité à définir des projets nationaux de développement, et ceci avec la complicité des gouvernements. Les transnationales jouent un double jeu en s'appuyant sur les asymétries que les Accords d'Association ont tendance à renforcer. En conséquence, le discours sur la Coopération et le Dialogue Politique est l'appât qui fait mordre à l'hameçon des intérêts de ces corporations.

Face à la crise alimentaire qui affecte des dizaines de pays, nous dénonçons l'hypocrisie et les politiques des institutions multilatérales (OMC,MI,BM,BID,BEI) qui veulent cacher ses véritables causes : orientation de la production de ces pays vers l'exportation, perte du rôle de l'Etat dans la régulation alimentaire et utilisation des aliments comme source de spéculation financière, tout ceci étant le résultat des politiques de « libre commerce ».De même, il est inadmissible que l'on préconise, pour sortir de la crise, plus de libéralisation et de déréglementation. La production massive d'agro combustibles aggrave les conditions de vie déjà difficiles de millions d'habitants. Nous rejetons une fois encore cette prétendue sortie de la crise énergétique et climatique.

Face à cette situation, nous, organisations formant partie de "Enlazando Alternativas", rappelons qu'une intégration différente est possible, basée sur la libre détermination des peuples, le respect de l'environnement, des droits humains et des processus démocratiques entrepris par les gouvernements qui s'éloignent du néolibéralisme et cherchent pour leurs peuples des relations égalitaires avec les autres pays du monde. Cela suppose, entre les peuples, le renforcement de la solidarité et de la coopération dans tous les domaines, la fin de toute forme de discrimination et le dépassement des pratiques de violation de la souveraineté des pays. Comme l'a montré la deuxième session du Tribunal Permanent des Peuples, nous demandons justice et réparation des torts, dommages et préjudices provoqués par les entreprises européennes, et la remise en question des relations avec ces entreprises, de façon à ce qu'elles assument les passifs sociaux et environnementaux qui leur incombent.

Nous saluons les nationalisations d'entreprises stratégiques pour le développement national et des ressources nationales, qui appartiennent aux peuples, et non aux transnationales, comme par exemple celle de l'entreprise bolivienne de télécommunications ETI/ENTEL. Nous lançons un appel aux gouvernements qui favoriseront des politiques progressistes pour qu'ils adhèrent au processus de transformation que nous encourageons. Nous condamnons les interventions provocatrices des USA et de l'Union Européenne contre la souveraineté des peuples. L'Union Européenne doit assumer sa dette historique envers les peuples d'Amérique Latine, en particulier envers les peuples d'origine. Nous attirons l'attention sur la situation dramatique de Haïti, résultat de décennies de spoliation, aggravée par l'actuelle domination militaire. Nous dénonçons aussi la politique de complaisance de l'Union Européenne avec le gouvernement colombien.

La seule issue pour les peuples latino-américains, caribéens et européens est de s'unir pour défendre leur bien-être et renforcer la résistance et la mobilisation contre les politiques néolibérales. Cette résistance doit se nourrir de l'apport des femmes, des peuples d'origine, des paysans et des autres forces sociales qui, de par leur présence au Sommet Social, ont donné un exemple de combativité et de créativité dans l'élaboration d'alternatives et de recherche de progrès fondé sur l'harmonie avec la nature, les droits humains et l'élimination de toute forme de discrimination.

Nous exigeons des gouvernements qu'ils tiennent véritablement compte des demandes des peuples pour créer un autre type de relations entre les régions, basées sur le dépassement du modèle marchand. Nous lançons un appel aux populations pour qu'elles ne se laissent pas encore abuser par des gouvernements autoritaires qui prétendent criminaliser les mouvements de protestation civile juste. Nous invitons les habitants d'Amérique Latine, des Caraïbes et d'Europe à se joindre aux forces de plus en plus nombreuses d'organisations qui recherchent un monde meilleur pour tous, pour être ainsi à la hauteur des défis auxquels l'humanité doit faire face aujourd'hui.

Nous invitons toutes les organisations sociales et populaires des deux Continents à préparer dès maintenant le prochain Sommet Social des Peuples, « Enlazando Alternativas IV », qui aura lieu en Espagne en 2010.
Partager cet article
Repost0
13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 03:48
MOUVEMENT POLITIQUE D'EDUCATION POPULAIRE (M'PEP)
République, laïcité, internationalisme, vers un socialisme du XXIe siècle
89 36 45 68 05. d'autres victoires sont possibles !



DECLARATION D'INTENTION POLITIQUE DU MOUVEMENT POLITIQUE D'EDUCATION POPULAIRE

Le Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP) a tenu son congrès fondateur le 24 mai 2008 en Seine-Saint-Denis. Au moment de sa création, le M'PEP était composé de militants ou anciens militants de partis de gauche, d'associations, de mouvements altermondialistes ou de syndicats, ayant mené la bataille victorieuse du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, et qui veulent donner un débouché politique à leur engagement.

Trois ans après cette victoire historique, le paysage politique français est un champ de ruines. L'incroyable élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, il y a tout juste un an, fait honte à la France. Elle n'a été permise que par la faillite de la gauche : renoncements, calculs politiciens, sectarismes, jeux des egos, ont provoqué l'échec et ne semblent plus avoir de fin.

Toute la gauche française est à reconstruire. Elle est en haillons et n'a plus de fondements idéologiques solides. Une partie d'entre elle s'est même inscrite dans le cadre intellectuel du néolibéralisme, ne cherchant, timidement, qu'à freiner les conséquences de la mondialisation capitaliste. Elle s'est résignée. Elle a capitulé.
Fascinée par le martèlement idéologique de la droite et du Medef, cette gauche a perdu l'initiative et se retrouve impuissante à s'engager sur la voie d'un projet de société libéré de l'emprise du capitalisme. Elle croit que c'est en tournant ses regards vers le « centre » qu'elle pourra se « moderniser ».

L'élection présidentielle de 2007 a marqué une rupture dans la vie politique française. Alors que la droite affiche ses convictions, souvent avec mépris et arrogance, la gauche rase les murs. Elle ne croit plus à ce qui lui a donné sa raison d'être : la lutte pour l'égalité et contre le capitalisme, pour la République sociale et laïque et le socialisme.

La création du M'PEP répond à une double finalité : contribuer aux débouchés politiques des activités d'éducation populaire et des luttes sociales ; participer à la création d'une grande force politique de gauche.

C'est pourquoi le M'PEP considère qu'il faut engager dès à présent une bataille de fond pour ouvrir un nouveau cycle idéologique, culturel, philosophique et politique : celui de l'épuisement de la pensée néolibérale et de l'avènement d'un socialisme du XXIe siècle.
Il faut organiser le réarmement idéologique et culturel de la gauche.
La gauche doit se décomplexer et renouer avec son ancrage populaire.
Il faut faire grandir l'idée et construire une nouvelle force politique de gauche, à vocation majoritaire et internationaliste.

Après avoir mené un intense travail collectif pendant un an, disponible sur son site Internet (www.m-pep.org), le M'PEP s'est fixé six objectifs :

- agir pour repolitiser les citoyens
- démystifier la mondialisation qui vise à établir définitivement la domination du capitalisme
- contribuer à la construction d'une grande force politique de gauche
- placer la souveraineté des peuples au centre du débat politique
- sortir de l'eurolibéralisme
- lutter contre l'emprise du capitalisme et ouvrir la voie à un socialisme du XXIe siècle

Ses autres travaux portent notamment, pour l'instant, sur les questions suivantes qui sont mises au débat public :

-  Mettre un terme à la financiarisation de l'économie.
- Stopper le vandalisme sur l'environnement et le pillage des ressources naturelles.
- Dynamiser les principes de la République qui lient les citoyen-ne-s entre eux : démocratie, intérêt général, laïcité, égalité, services publics.
- Remettre en cause l'existence du FMI, de la Banque mondiale, de l'OCDE et de l'OMC.
- Inciter la France à lancer une vaste offensive diplomatique pour un nouvel ordre politique, économique, social, démocratique et environnemental mondial, basé sur la Charte de La Havane, outil de - lutte contre le libre-échange favorisant la coopération internationale.
- Prélever sur les flux et stocks de capital et les hauts revenus les moyens nécessaires aux politiques sociales.
- Baisser, à moyen terme, la TVA.
- Appliquer le droit constitutionnel à l'emploi en le rendant opposable à partir du financement de plusieurs millions d'emplois.
- Créer un service public national décentralisé de l'aide aux familles et aux personnes seules.
- Etablir un pôle public de l'énergie.

Le 28 juin, au cour du département de la Haute-Savoie frappé par les délocalisations, le M'PEP organise une journée d'étude sur le thème « Face aux délocalisations, faut-il sortir de l'Union européenne ? ».
Lors de son université d'été à Poitiers, le 23 août, il rendra publique sa plateforme politique. Après les élections européennes de 2009, le M'PEP diffusera son programme de gouvernement. Dans l'immédiat, dans la perspective des élections européennes de 2009, le M'PEP lance une campagne intitulée « Faire bouger l'Europe ou sortir de l'Union européenne ».

Le M'PEP est présent dans chaque département. Il est prêt à accueillir tous ceux et toutes celles qui souhaitent mettre de l'éducation populaire dans la politique et de la politique dans l'éducation populaire pour reconstruire une gauche courageuse, prête à affronter les intérêts du capitalisme et à ouvrir la voie à un socialisme du XXIe siècle.

Le 24 mai 2008.

Siège social : 168, rue Cardinet - 75017 Paris - contact@m-pep.org

Le site du M'PEP : http://www.m-pep.org/
Partager cet article
Repost0