Un affrontement, qui s’étalera durant la première moitié du XXIème siècle, est déjà engagé et ne trouvera qu’une seule issue entre les protagonistes : la victoire de l’un sur l’autre.
C’est un peu terrible de parler ainsi, mais nous avons connu tant de guerres liées à la religion, que celle-ci, qui passera avant tout par les mots, mais pas seulement à l’échelle planétaire, emprunte aussi du vocabulaire guerrier.
Les questions de communautarisme et de laïcité paraissent surgir d’un autre siècle et pourtant elles se présentent depuis quelques années dans notre société d’une manière sous jacente.
La manière dont les candidats aux présidentielles en France ont pu éviter le sujet en dit long sur les questionnements qui se posent sur cette liberté de conscience.
Il a été attribué à Malraux la phrase suivant : « le 21ème siècle sera religieux ou ne sera pas », malgré qu’il n’ait jamais démenti avoir dit cela, il précisa sa pensée quelques années plus tard en disant : « le 21ème siècle sera spirituel, ou ne seras pas ». Malraux était athée.
Nous sommes le XXIème siècle et le débat a commencé.
La question religieuse dans notre société moderne est traitée via le communautarisme. Cette approche permettant à chaque communauté de s’alimenter mutuellement sans nécessairement céder du terrain à l’autre. Le combat commun étant d’abattre la laïcité. Cela s’appelle une alliance objective et ponctuelle.
Mais qu’est-ce que la laïcité ?
Le dictionnaire nous dit :
La laïcité désigne le principe de séparation du pouvoir politique et administratif de l'État du pouvoir religieux. Le mot « laïque » désigne les personnes ou les institutions qui respectent ce principe.
La laïcité implique un enseignement étatique d'où la formation religieuse (dans le sens enseignement de la foi) est absente. Pour autant, l'enseignement des religions n'est pas incompatible avec la laïcité, tant qu'il ne s'agit que de décrire des « us et coutumes », et si l'on présente chaque religion d'un point de vue extérieur (objectif) à celle-ci, par exemple dans le cadre d'un cours d'histoire-géographie.
Etymologiquement le mot "laïc" est issu du latin "laicus", de même sens, lui-même issu du grec "laikos", qui signifie "qui appartient au peuple" par opposition aux organisations religieuses.
Par ailleurs, le terme laïc est également utilisé au sein de la religion catholique dans un sens très différent : il désigne toute personne qui n'est ni clerc, ni religieux (ce qui ne l'empêche pas de se voir confier certaines responsabilités au sein de l'Église).
Il convient à ce point de prendre la définition de Henri Pena-Ruiz sur la laïcité :
« Certains hommes croient en Dieu. D’autres en plusieurs. D’autres enfin sont athées. Tous ont à vivre ensemble. Et cette vie commune, depuis la première Déclaration des droits de l’homme, doit assurer à tous une liberté de conscience et l’égalité de droit. Tel est du moins le sens d’un contrat fondateur propre à fournir le cadre d‘un état de droit. La liberté de conscience exclut toute contrainte religieuse ou idéologique. L’égalité de droit est incompatible avec la valorisation privilégiée d’une croyance ou de l’athéisme. La puissance publique, chose commune à tous comme dit si bien res publica, sera donc neutre sur le plan confessionnel : neuter, en latin encore, signifiant exactement « ni l’un, ni l’autre ». Cette neutralité confessionnelle est à la fois garantie d’impartialité et condition pour chacun, quelle que soit sa conviction spirituelle (humanisme athée ou humanisme religieux par exemple), puisse se reconnaître dans cette république, ou cité, dont tous les membres se retrouvent sur le même pied d’égalité. »
La définition de Pena-Ruiz englobe l’ensemble des problématiques ou chacun de ses mots pourrait faire l’objet d’un billet d’humeur.
Quoiqu’il en soit, la laïcité est un des fondements de la république française, elle est la garantie que chacun puisse exercer individuellement sa liberté de conscience. Entamer cette liberté ouvrirait la boite de pandore à des conflits communautaristes que nous aurions bien du mal à refermer. Accepter les regroupements de communautés en leur laissant édicter des règles propres à leurs propres pensées reviendra à laisser ces mêmes communautés tenter d’imposer ces règles à toute la population.
C’est en ce sens que la laïcité est la seule garantie de notre liberté individuelle et que la république et la seule entité démocratique capable de donner des règles claires à l’ensemble de la population française, sans mettre en place d’exceptions.
Suite aux lois scolaires de Jules Ferry de 1881 et 1882 et à la loi relative à la séparation des Eglises et de l’Etat, dite loi sur la laïcité, de 1905, il y a eu combat sérieux afin que les Eglises puissent reprendre du terrain sur ce sujet.
La promulgation des lois Marie et Barangé de septembre 1951, autorisant l’Etat à subventionner l’enseignement privé à permis de brouiller les cartes d’une manière durable en entamant sérieusement la laïcité.
Dans un monde voué au libéralisme et à la liberté des marchés, nous pouvons, encore une fois, constater que la puissance financière publique, votre argent, le mien, est consacré à des intérêts privés au détriment des intérêts publics.
Nous devrions nous occuper de notre avenir.
Aurore