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  • : Le blog de la rue Goudouly
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MÉMoire ClassÉE

En campagne

31 décembre 2007 1 31 /12 /décembre /2007 03:33
sur : La Vigie

                           

Ce creux qui
grandit dans ta poitrine, ne s'y insère

rien d'aérien sinon
parmi
les caillots

Et pesant des tonnes

Ici habite (objet nommé coeur) la rose
épaisse mouillée de larmes

Tu dis: Aucun vin jamais
ne passe
d'un verre à l'autre

Ce creux - je
l'aggrandis dans ta poitrine.

Christian Barnet
in "Les Carnets du Club des Poètes"

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30 décembre 2007 7 30 /12 /décembre /2007 03:30
sur : La Vigie

Qu'adviendrait-il de moi?
Qu'adviendrait-il de nous?
Et que penseraient les fleurs, les renards,
Et les colombes sauvages?
Pour eux, je ne serais plus qu'une étoile lointaine
Ayant rejoint son berceau d'origine et transformant le bonheur
en un jeu déloyal.
J'aurais beau briller plus haut que tous les astres,
ils continueraient leur marche infinie
pour me rejoindre bientôt.
Non, nous devons rester calmes...
Mais comment ne pas songer
à ce noir qui obsède notre conscience
et ne pas provoquer les rires moqueurs de la fatalité?
Je resterai le temps qu'il faudra, ni plus, ni moins.
Un jour, une étoile s'éteindra,
Mais je veillerai encore sur le monde.
Ensuite, les fleuves reprendront leur calme
Et le vent cessera enfin de rire.

 

Célia Bornert (poème et dessin)

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25 décembre 2007 2 25 /12 /décembre /2007 03:59


Conte de Noël

(Guy de Maupassant)

Le docteur Bonenfant cherchait dans sa mémoire, répétant à mi-voix : " Un souvenir de Noël ?... Un souvenir de Noël ?... "

Et tout à coup, il s'écria :
- Mais si, j'en ai un, et un bien étrange encore ; c'est une histoire fantastique. J'ai vu un miracle ! Oui, mesdames, un miracle, la nuit de Noël.
Cela vous étonne de m'entendre parler ainsi, moi qui ne crois guère à rien. Et pourtant j'ai vu un miracle ! Je l'ai vu, fis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s'appelle vu.

En ai-je été fort surpris ? non pas ; car si je ne crois point à vos croyances, je crois à la foi, et je sais qu'elle transporte les montagnes. Je pourrais citer bien des exemples ; mais je vous indignerais et je m'exposerais aussi à amoindrir l'effet de mon histoire.

Je vous avouerai d'abord que si je n'ai pas été fort convaincu et converti par ce que j'ai vu, j'ai été du moins fort ému, et je vais tâcher de vous dire la chose naïvement, comme si j'avais une crédulité d'Auvergnat.

J'étais alors médecin de campagne, habitant le bourg de Rolleville, en pleine Normandie.
L'hiver, cette année-là, fut terrible. Dès la fin de novembre, les neiges arrivèrent après une semaine de gelées. On voyait de loin les gros nuages venir du nord ; et la blanche descente des flocons commença.
En une nuit, toute la plaine fut ensevelie.
Les fermes, isolées dans leurs cours carrées, derrière leurs rideaux de grands arbres poudrés de frimas, semblaient s'endormir sous l'accumulation de cette mousse épaisse et légère.
Aucun bruit ne traversait plus la campagne immobile. Seuls les corbeaux, par bandes, décrivaient de longs festons dans le ciel, cherchant leur vie inutilement, s'abattant tous ensemble sur les champs livides et piquant la neige de leurs grands becs.

On n'entendait rien que le glissement vague et continu de cette poussière tombant toujours.
Cela dura huit jours pleins, puis l'avalanche s'arrêta. Là terre avait sur le dos un manteau épais de cinq pieds.
Et, pendant trois semaines ensuite, un ciel clair, comme un cristal bleu le jour, et, la nuit, tout semé d'étoiles qu'on aurait crues de givre, tant le vaste espace était rigoureux, s'étendit sur la nappe unie, dure et luisante des neiges.
La plaine, les haies, les ormes des clôtures, tout semblait mort, tué par le froid. Ni hommes ni bêtes ne sortaient plus : seules les cheminées des chaumières en chemise blanche révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient droit dans l'air glacial.

 

De temps en temps on entendait craquer les arbres, comme si leurs membres de bois se fussent brisés sous l'écorce ; et, parfois, une grosse branche se détachait et tombait, l'invincible gelée pétrifiant la sève et cassant les fibres.

 

Les habitations semées çà et là par les champs semblaient éloignées de cent lieues les unes des autres. On vivait comme on pouvait. Seul, j'essayais d'aller voir mes clients les plus proches, m'exposant sans cesse à rester enseveli dans quelque creux.
Je m'aperçus bientôt qu'une terreur mystérieuse planait sur le pays. Un tel fléau, pensait-on, n'était point naturel. On prétendit qu'on entendait des voix la nuit, des sifflements aigus, des cris qui passaient.
Ces cris et ces sifflements venaient sans aucun doute des oiseaux émigrants qui voyagent au crépuscule, et qui fuyaient en masse vers le sud. Mais allez donc faire entendre raison à des gens affolés. Une épouvante envahissait les esprits et on s'attendait à un événement extraordinaire.
La forge du père Vatinel était située au bout du hameau d'Épivent, sur la grande route, maintenant invisible et déserte. Or, comme les gens manquaient de pain, le forgeron résolut d'aller jusqu'au village. Il resta quelques heures à causer dans les six maisons qui forment le centre du pays, prit son pain et des nouvelles, et un peu de cette peur épandue sur la campagne.
Et il se mit en route avant la nuit.

Tout à coup, en longeant une haie, il crut voir un œuf dans la neige ; oui, un œuf déposé là, tout blanc comme le reste du monde. Il se pencha, c'était un œuf en effet. D'où venait-il ? Quelle poule avait pu sortir du poulailler et venir pondre en cet endroit ? Le forgeron s'étonna, ne comprit pas ; mais il ramassa l’œuf et le porta à sa femme.
" Tiens, la maîtresse, v'là un œuf que j'ai trouvé sur la route ! "
La femme hocha la tête :
" Un œuf sur la route ? Par ce temps-ci, t'es soûl, bien sûr ?
- Mais non, la maîtresse, même qu'il était au pied d'une haie, et encore chaud, pas gelé. Le v'là, j'me l'ai mis sur l'estomac pour qui n'refroidisse pas. Tu le mangeras pour ton dîner. "
L’œuf fut glissé dans la marmite où mijotait la soupe, et le forgeron se mit à raconter ce qu'on disait par la contrée.
La femme écoutait toute pâle. " Pour sûr que j'ai entendu des sifflets l'autre nuit, même qu'ils semblaient v'nir de la cheminée. "
On se mit à table, on mangea la soupe d'abord, puis, pendant que le mari étendait du beurre sur son pain, la femme prit l’œuf et l'examina d'un œil méfiant.
" Si y avait quelque chose dans c't'œuf ?
- Qué que tu veux qu'y ait ?
- J'sais ti, mé ?
- Allons, mange-le, et fais pas la bête. "
Elle ouvrit l’œuf. Il était comme tous les œufs, et bien frais.

 

Elle se mit à le manger en hésitant, le goûtant, le laissant, le reprenant. Le mari disait : " Eh bien ! qué goût qu'il a, c't'œuf ? "
Elle ne répondit pas et elle acheva de l'avaler ; puis, soudain, elle planta sur son homme des yeux fixes, hagards, alliolés, leva les bras, les tordit et, convulsée de la tête aux pieds, roula par terre, en poussant des cris horribles.

 

Toute la nuit elle se débattit en des spasmes épouvantables, secouée de tremblements effrayants, déformée par de hideuses convulsions. Le forgeron, impuissant à la tenir, fut obligé de la lier.
Et elle hurlait sans repos, d'une voix infatigable :
" J'l'ai dans l'corps ! J'l'ai dans l'corps ! "
Je fus appelé le lendemain. J'ordonnai tous les calmants connus sans obtenir le moindre résultat. Elle était folle.
Alors, avec une incroyable rapidité, malgré l'obstacle des hautes neiges, la nouvelle, une nouvelle étrange, courut de ferme en ferme : " La femme du forgeron qu'est possédée ! " Et on venait de partout, sans oser pénétrer dans la maison ; on écoutait de loin ses cris affreux poussés d'une voix si forte qu'on ne les aurait pas crus d'une créature humaine.
Le curé du village fut prévenu. C'était un vieux prêtre naïf. Il accourut en surplis comme pour administrer un mourant et il prononça, en étendant les mains, les formules d'exorcisme, pendant que quatre hommes maintenaient sur un lit la femme écumante et tordue.
Mais l'esprit ne fut point chassé.
Et la Noël arriva sans que le temps eût changé.
La veille au matin, le prêtre vint me trouver :
" J'ai envie, dit-il, de faire assister à l'office de cette nuit cette malheureuse. Peut-être Dieu fera-t-il un miracle en sa faveur, à l'heure même où il naquit d'une femme. "
Je répondis au curé :
" Je vous approuve absolument, monsieur l'abbé. Si elle a l'esprit frappé par la cérémonie (et rien n'est plus propice à l'émouvoir), elle peut être sauvée sans autre remède. "
Le vieux prêtre murmura :
" Vous n'êtes pas croyant, docteur, mais aidez-moi, n'est-ce pas ? Vous vous chargez de l'amener ? "
Et je lui promis mon aide.

Le soir vint, puis la nuit ; et la cloche de l'église se mit à sonner, jetant sa voix plaintive à travers l'espace morne, sur l'étendue blanche et glacée des neiges.
Des êtres noirs s'en venaient lentement, par groupes, dociles au cri d'airain du clocher. La pleine lune éclairait d'une lueur vive et blafarde tout l'horizon, rendait plus visible la pâle désolation des champs.

J'avais pris quatre hommes robustes et je me rendis à la forge.
La possédée hurlait toujours, attachée à sa couche. On la vêtit proprement malgré sa résistance éperdue, et on l'emporta.
L’église était maintenant pleine de monde, illuminée et froide ; les chantres poussaient leurs notes monotones ; le serpent ronflait ; la petite sonnette de l'enfant de chœur tintait, réglant les mouvements des fidèles.
J'enfermai la femme et ses gardiens dans la cuisine du presbytère, et j'attendis le moment que je croyais favorable.

 

Je choisis l'instant qui suit la communion. Tous les paysans, hommes et femmes, avaient reçu leur Dieu pour fléchir sa rigueur. Un grand silence planait pendant que le prêtre achevait le mystère divin.

Sur mon ordre, la porte fut ouverte et les quatre aides apportèrent la folle.
Dès qu'elle aperçut les lumières, la foule à genoux, le chœur en feu et le tabernacle doré, elle se débattit d'une telle vigueur, qu'elle faillit nous échapper, et elle poussa des clameurs si aiguës qu'un frisson d'épouvante passa dans l'église ; toutes les têtes se relevèrent ; des gens s'enfuirent.
Elle n'avait plus la forme d'une femme, crispée et tordue en nos mains, le visage contourné, les yeux fous.
On la traîna jusqu'aux marches du chœur et puis on la tint fortement accroupie à terre.
Le prêtre s'était levé ; il attendait. Dès qu'il la vit arrêtée, il prit en ses mains l'ostensoir ceint de rayons d'or, avec l'hostie blanche au milieu, et, s'avançant de quelques pas, il l'éleva de ses deux bras tendus au-dessus de sa tête, le présentant aux regards effarés de la démoniaque. .
Elle hurlait toujours, l’œil fixé, tendu sur cet objet rayonnant.
Et le prêtre demeurait tellement immobile qu'on l'aurait pris pour une statue. Et cela dura longtemps, longtemps.
La femme semblait saisie de peur, fascinée ; elle contemplait fixement l'ostensoir, secouée encore de tremblements terribles, mais passagers, et criant toujours, mais d'une voix moins déchirante.
Et cela dura encore longtemps.
On eût dit qu'elle ne pouvait plus baisser les yeux, qu'ils étaient rivés sur l'hostie ; elle ne faisait plus que gémir ; et son corps raidi s'amollissait, s'affaissait.
Toute la foule était prosternée, le front par terre.
La possédée maintenant baissait rapidement les paupières, puis les relevait aussitôt, comme impuissante à supporter la vue de son Dieu. Elle s'était tue. Et puis soudain, je m'aperçus que ses yeux demeuraient clos. Elle dormait du sommeil des somnambules, hypnotisée, pardon ! vaincue par la contemplation persistante de l'ostensoir aux rayons d'or, terrassée par le Christ victorieux.
On l'emporta, inerte, pendant que le prêtre remontait vers l'autel.
L'assistance, bouleversée, entonna le Te Deum d'action de grâces.

Et la femme du forgeron dormit quarante heures de suite, puis se réveilla sans aucun souvenir de la possession ni de la délivrance.
Voilà, mesdames, le miracle que j'ai vu.

 

Le docteur Bonenfant se tut, puis ajouta d'une voix contrariée : " Je n'ai pu refuser de l'attester par écrit. "

Le Gaulois, 25 décembre 1882

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14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 03:21


Le cinéma, pour aider à vivre,

par Cédric Klapisch

(Article paru dans LE MONDE, le  05.11.07)



Monsieur Sarkozy, vous demandiez récemment à Mme Albanel, ministre de la culture et de la communication, de relancer la démocratisation culturelle en la définissant ainsi : "La démocratisation culturelle, c'est veiller à ce que les aides publiques à la création favorisent une offre répondant aux attentes du public." Cette petite phrase anodine cache en fait le drame qui touche depuis quelques années le secteur du cinéma.

Il y a dans la culture, comme dans le rugby, des fondamentaux... Et ce n'est pas seulement à vous que je m'adresse ici, mais à tous ceux qui font aveuglément confiance aux "attentes du public", sans mesurer à quel point la diversité culturelle est ainsi menacée.

Vous vous inquiétez avec justesse d'une maladie française qui s'appelle l'élitisme. C'est vrai, on a souvent reproché au cinéma français d'être snob, prétentieux, intello, "prise de tête", et je dois vous avouer que je l'ai aussi beaucoup pensé.

C'est même assez étrange pour moi de m'être battu pendant des années pour affirmer la nécessité d'un cinéma populaire et de me retrouver à défendre aujourd'hui un cinéma non pas élitiste mais "culturel". J'ai toujours pensé qu'on pouvait faire des films commerciaux en refusant de prendre les spectateurs pour des imbéciles. Je crois à une "troisième voie" qui refuse la sempiternelle opposition : film d'auteur, film commercial.

Un député européen me demandait récemment : "Pourquoi n'y a-t-il pas d'Harry Potter européen ?" Est-ce réellement ce que vous attendez tous ? Est-ce là votre seul rêve culturel : un film absolument sans auteur et sans saveur dont la seule valeur est d'être un succès ? Je comprends que, dans d'autres domaines, vous soyez en attente de résultats industriels. Mais, dans le cinéma, nous préférerions que les personnalités politiques nous incitent à être originaux ou audacieux, plutôt qu'à faire du chiffre.

Aujourd'hui, ce qui nous inquiète, nous, réalisateurs, c'est d'assister à la lente et insidieuse disparition de ce qui pourrait surprendre ou éveiller le public. Il y a de fait un appauvrissement culturel dans notre pays et les élites n'envisagent même plus de travailler à le ralentir. Je m'inscris ici dans la même démarche que Pascale Ferran aux César. Avec la Société des réalisateurs de films (SRF), nous remarquons, comme elle, à quel point la situation se dégrade rapidement, et il devient urgent de réagir.

Si notre métier contient une part de rêve, être "réalisateur", au sens littéral, c'est rendre réels ces rêves. Si nous aidons les spectateurs à fuir la réalité avec nos images, notre but est aussi que ces images les renvoient autrement à la réalité. Le cinéma doit sans doute divertir, mais il doit aussi avertir. Un réalisateur doit plus aider les gens à se "tourner vers" qu'à se "détourner". Il ne doit pas "endormir", mais donner à voir, informer, éveiller la curiosité.

Woody Allen m'a averti des paradoxes du couple. Federico Fellini m'a éclairé sur les mystères de la masculinité, Jane Campion sur les mystères de la féminité. Jean Renoir m'a parlé de ce qui dépasse les classes sociales, Charlie Chaplin de ce qui n'échappera jamais aux classes sociales, Abbas Kiarostami de l'intelligence contenue dans la simplicité, Jean-Luc Godard de la simplicité contenue dans l'intelligence, Martin Scorsese de la beauté de la violence, Alain Resnais de l'horreur de la violence, Pedro Almodovar du fantasme contenu dans le réel, Alfred Hitchcock du réel contenu dans le fantasme...

Tous ces cinéastes m'ont aidé à vivre. Ils m'ont autant diverti qu'averti. Ils m'ont aidé à aborder des problèmes quotidiens sans me donner de leçons. Ils m'ont donné des éléments de réflexion sans que je sache que c'était de la réflexion. Ce "reflet" du monde n'est pas juste un effet de miroir, c'est ce qu'on appelle un regard. Bizarrement, plus ce regard est personnel, plus il sera universel. Moins il sera consensuel et formaté, plus il sera général. La culture a ceci de particulier qu'elle n'est pas conçue a priori pour satisfaire le public, même si au fond elle s'adresse à tous. On pourrait croire qu'avec Internet il y aura toujours plus d'espaces pour plus de films. Non ! Paradoxalement, plus on ouvre de fenêtres et plus les portes se ferment. La multiplication des espaces de diffusion accentue la logique de l'Audimat et l'omniprésence des block-busters. Le résultat : un formatage sans précédent des oeuvres.

En matière d'environnement, on sait aujourd'hui que seule l'audace politique peut infléchir les effets pervers de l'industrie. En matière culturelle, il devient indispensable de contrebalancer les effets pervers du marché. Nous ne voulons pas une culture assistée, nous voulons une culture protégée.

Je me souviens de La Voce della Luna, le dernier film de Federico Fellini. Il y mettait en garde l'Italie contre les méfaits de l'acculturation, et notamment le rôle destructeur et abêtissant de la télévision. Aujourd'hui, Fellini est mort, et avec lui Pasolini, Visconti, Antonioni, Rossellini, De Sica et bien d'autres. Et avec eux, quelque chose d'essentiel a disparu en Italie. La cinématographie italienne des années 1940 à 1980 était diversifiée, il y avait aussi bien des grands films populaires que des films difficiles. Ce qui est mort là-bas, ce n'est pas le talent, ce n'est pas une époque... ce qui est mort, c'est la politique qui a déserté le terrain de la culture au profit du divertissement et du populisme les plus mercantiles.

Il est difficile d'inventer une politique qui aide la création, mais le manque d'idées politiques mène à l'acculturation. Se borner à laisser faire le marché en matière de culture, c'est tuer la culture.

 

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1 juin 2007 5 01 /06 /juin /2007 03:42



De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France

Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France

Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France

Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France

Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France

Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France

Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France

Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France

Paroles et Musique: Jean Ferrat

1969 "Jean Ferrat - Vol.1 (1999)"





Bonus : le dernier Kamini

Je suis blanc


 


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10 mai 2007 4 10 /05 /mai /2007 03:26
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19 avril 2007 4 19 /04 /avril /2007 03:45



Appel aux candidats 2007

NOUS INTERPELLONS AUJOURD’HUI CHAQUE CANDIDAT POTENTIEL AUX ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES FRANÇAISES SUR SA TRÈS GRANDE RESPONSABILITÉ EN CE MOMENT HISTORIQUE

Nous sommes particulièrement inquiets de l’absence de véritable projet culturel dans les différents programmes des candidats aux élections françaises.

La France est le pays du monde occidental où, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, un certain nombre de combats menés par des acteurs de toutes sensibilités politiques, ont permis à un service public de la culture assez exemplaire de se développer.
Ces outils culturels construits de haute lutte dans notre pays ne doivent pas être abandonnés. Ils doivent au contraire servir de courroie d’entraînement à une Europe qui ne se contente pas d’adopter une attitude suiviste par rapport aux États-Unis d’Amérique.

Dans le domaine de la démocratie culturelle et artistique, l’Europe porte des valeurs fondamentales qu’elle doit plus que jamais mettre en avant et notre pays doit être en première ligne. Jean Monnet le disait déjà, rapporte-t-on : « si c’était à refaire, je commencerais
par la culture ».

Il est essentiel aujourd’hui, face à une représentation européenne principalement soumise aux exigences de la rentabilité et au démantèlement pro-grammé de nos services publics, de défendre avec force des valeurs, des méthodes et des institutions, qui protègent la culture et la circulation de l’art de l’emprise des critères marchands de l’actuelle «mondialisation ».
La question de l’intermittence est essentielle - et il reviendra au  prochain gouvernement d’imposer une loi face au « contrat » cher à Mme Parisot -mais aussi celle de la responsabilité de l’État central en termes de politiques culturelles publiques, indépendamment de toute ouverture à un secteur privé qui n’offre aucune garantie pour ce qui est de l’intérêt général.


APPEL

Si, dans cette période de transition périlleuse, nous ne manifestons pas, au plus haut niveau de l’État, la volonté politique de prendre en compte l’importance de l’art et de la culture comme outil de civilisation, notre avenir commun est prévisible.

Les valeurs immatérielles portées par l’art et par la pensée, pivot de notre culture historique commune, n’auront plus leur place dans une société entièrement soumise au néolibéralisme.
Il suffit d’analyser la place des arts et de leur circulation dans l’Amérique de Georges Bush, la Grande-Bretagne de Tony Blair ou l’Italie de l’ex-gouvernement Berlusconi, pour en être convaincu.

Il faut aujourd’hui que les hommes et les femmes politiques qui
prétendent aux plus hautes charges de l’État sachent que dans ce domaine leur responsabilité est immense et que nous attendons d’eux non seulement des paroles, mais des actes et des moyens pour agir.
C’est autant du rôle européen et mondial de la France que du problème crucial de la circulation culturelle et artistique dans les lieux de relégation de notre société qu’il est ici question.
L’absence de prise en compte de cette question majeure de civilisation nous mènerait à une perte de valeurs et à un affaiblissement irrémédiable. Cette démission suicidaire nous rendrait incapables à l’avenir de défendre un point de vue non-marchand dans le domaine de la création et de l’esprit. Il est temps de prendre la mesure de cet enjeu.
Pour qui prend la peine de se pencher sur l’histoire des combats culturels dans notre pays, Il est clair qu’une pensée originale autour de la notion de « démocratisation de l’art et de la culture » s’y est développée dans les dernières décennies, de différentes façons, et que des outils remarquables (bien qu’évidemment perfectibles) y ont été construits.
Sans remonter jusqu’à Condorcet, mais au moins depuis le Front populaire et la Libération en ce qui concerne la mise en actes de la décentralisation culturelle et artistique (Centres dramatiques nationaux, mouvement de l’Éducation populaire, festival d’Avignon, TNP, maisons de la culture de Malraux… jusqu’au système de l’in-termittence) la France a bel et bien été, pour l’Europe et le monde, une sorte de « phare » en matière de création d’un service public de la culture. C’est-à-dire d’un système public qui préserve les pratiques artistiques d’une obligation de rentabilité tirant les actions et les oeuvres vers le bas. Ce qui nous semble inquiétant, c’est que les valeurs qui sous-tendent ces combats ne sont pas (en dehors d’imprécises
notions d’« exception » et de « diversité » culturelles) vraiment prises en compte au niveau européen. La conséquence en est que ces valeurs, de l’ordre du symbole, de l’humain, qui s’opposent à la conception consumériste dominante aux États-Unis, risquent fort d’être noyées dans un ensemble européen largement orienté par l’OMC et construit sur un modèle « américain ».
Si nous commettons l’erreur majeure de passer à la trappe ces importantes particularités historiques, il ne nous restera d’autres outils pour combattre que ceux déjà employés par les activistes culturels britanniques et américains qui, ne cherchant pas à préserver un service public qui n’a jamais existé chez eux, ne peuvent utiliser pour s’exprimer que les espaces intersticiels abandonnés par la société de consommation. C’est-à-dire pas grand-chose, et surtout, sans aucune chance que cela agisse sur
l’ensemble de la société.
Agir de cette manière consisterait à jeter avec l’eau du bain toute une richesse produite par notre histoire contemporaine. Nous pensons qu’il est aujourd’hui indispensable de porter vers l’extérieur les institutions et les outils construits au fil de cette histoire française (globalement ce qu’on appelle service public de la culture) comme un exemple à suivre.
La France a les moyens historiques de résister à la globalisation marchande, et d’être un exemple fort pour les autres. Si elle en a la volonté politique. Notre passé récent est une force, il est urgent de ne pas la dilapider. C’est l’arme la plus puissante dont nous disposons pour tenter de tirer l’Europe vers le haut dans le domaine de la culture et de l’esprit. Il serait criminel de ne pas utiliser cette arme pour résister aux effets désastreux pour notre civilisation d’une mondialisation « marchande », qui détruit mécaniquement tout ce qui est de l’ordre du « symbolique », de la gratuité et de la « relation »…

Voilà en quelques mots pourquoi nous avons lancé cet APPEL sur le site art/société Horschamp.



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1 mars 2007 4 01 /03 /mars /2007 04:27
L'éducation populaire, ils n'en ont pas voulu...

Ils savaient trés bien ce qu'ils faisaient.
L'éducation populaire connait un regain et c'est tant mieux


Robin Renucci travaille avec comme support le théâtre, les domaines de l'éduc pop.
Je m'en rejoui.

Je rêve que ce serait un pote...







"La confiscation de l'imaginaire peut
conduire à la barbarie"

dans l'Huma dimanche du 18 février 2007

entretien : Robin Renucci fait escale aux Bouffes du Nord
avec Le Pianiste. Théâtre, éducation populaire constituent le socle de son engagement

On peut le croiser en Corse où, depuis 1998, il a créé l'ARIA (Association des rencontres internatio- nales artistiques), un pôle d'éducation et de formation par la création théâtrale dans la tradition de l'éducation populaire. On peut le croiser à Pantin, avec la même structure et le même objectif, celui du « faire ensemble » : amateurs avec professionnels, artistes avec enseignants, pour permettre à chacun, par l'expérience du théâtre, de se construire dans une démarche collective.

On peut aussi le croiser à la télévision ou au cinéma mais aussi et surtout au théâtre ; auquel il est resté fidèle. Acteur, réalisateur, metteur en scène, Robin Renucci est tout ça à la fois et bien plus. Un homme préoccupé par le monde, un « ardent insoumis » (1).

LE PIANISTE
« En 2000, le musée d'Art et d'Histoire du judaïsme me demande de lire le Pianiste de Wladyslaw Szpilman et je découvre ce texte du ghetto dont la ligne conductrice est singulière : cet homme a réussi à survivre, à se sauver de son aliénation par l'imaginaire, et son imaginaire, c'était la musique. Dans la résistance culturelle, il ne s'agit que de cela, de cette confiscation de l'imaginaire qui peut conduire à la barbarie. J'ai aimé l'aspect métaphorique et véridique du récit. J'ai obtenu les droits pour la scène grâce à Mickhaïl Rudy Roudy, pianiste de son état et qui m'accompagne sur scène. Je me suis interrogé sur le sens de mon travail sur un texte aussi fort, surtout après la sortie du film de Polanski : peut-on fictionner la Shoah tant que les acteurs de cette époque sont vivants ? Peut-on fictionner cela ? Personnellement, je ne le pense pas. J'ai beaucoup travaillé à partir de la musicalité du texte, de sa résonance jusqu'à ce que la musique prenne le relais quand les mots ne suffisent plus à dire l'indicible. Ce n'est pas un spectacle mais un moment partagé avec le public. Il aurait été malvenu de ma part de confisquer l'imaginaire alors qu'il s'agit de donner à voir des choses pour que le public perçoive intimement ces émotions. J'ai déjà beaucoup dit ce texte, il prend des strates : mon travail c'est d'épurer pour laisser juste les mots. C'est là que réside la force du langage. Le Pianiste évoque la capacité de résistance quand seul l'imaginaire, malgré la privation de dignité, est capable de reconstruire le monde et nous permet de survivre.

J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, nous vivons d'autres barbaries : pas un jour ne se passe sans que l'on tente d'atteindre à la capacité d'imaginaire des gens. »

LE THÉÂTRE
« Le sens du théâtre c'est de se situer dans le monde. La culture permet de donner les clés pour comprendre le monde. On a besoin de ce rendez-vous entre un auteur, un acteur et le public pour se situer dans le monde, élever sa conscience de vie. Nous sommes confrontés à une forme de barbarie qui a déjà atteint les corps et veut atteindre les esprits. Seul ce qui se vend et s'achète a de la valeur, nous martèle-t-on tous les jours... Au lendemain de la guerre, des hommes et des femmes ont imaginé un monde avec des lois sociales progressistes. De là est né le programme du Conseil national de la résistance (CNR). Aujourd'hui, pas un seul jour ne passe sans qu'il soit délité, vidé de son contenu. Il y a un temps de l'histoire et ce chantier lancé par le CNR, désintéressé et profondément humaniste, répondait à une nécessité historique. Aujourd'hui, je regrette qu'aucun programme, qu'il soit de gauche ou de droite, ne propose de telles ambitions politiques, sociales ou culturelles. Je suis traversé par cette histoire, je suis un enfant de cette aventure de la décentralisation théâtrale, de l'éducation populaire. »

LA RENCONTRE ET LA PEUR
« J'ai chevillé au plus profond de moi le désir de la rencontre. Or nous vivons dans un monde qui ne cesse de fixer les limites du connu alors qu'il faut se projeter dans l'inconnu pour repousser la peur. Plus vous donnez du connu, plus vous accentuez la peur de l'autre. Il y a une dictature du monde connu, à la télévision, au cinéma qui exclut. Le théâtre peut être un arc tendu vers la rencontre de nouveaux publics. Pour qu'il y ait théâtre, le public doit pouvoir rencontrer les oeuvres, qu'elles soient classiques ou contemporaines. De l'imprévu naît de la rencontre, la transversalité. Cela repose sur l'éducation, la transmission. Je suis convaincu que la solution passe par la jeunesse, celle dont on nous dit qu'il faut se méfier. L'éducation populaire reste un des fondamentaux, or elle est souvent ignorée, parfois méprisée. Certains n'y voient que le côté condescendant. Mais c'est tout le contraire : l'éducation populaire, c'est l'autre qui vient vous donner. Je prône la rencontre, en Corse, à Pantin (Robin Renucci travaille à Pantin dans une structure, l'ARIA dont les objectifs sont les mêmes qu'en Corse - NDLR) ou à Saint-Denis où je postule à la direction du CDN. »

LE THÉÂTRE (BIS)
« C'est la vocation des CDN de faire se rencontrer des hommes et des femmes qui s'ignorent, qui ne franchissent jamais les portes du théâtre. Le lieu théâtre est celui du partage, c'est peut-être enfoncer une porte ouverte que de dire cela mais il faut l'avoir sans cesse en tête. Que serait un nouveau théâtre d'art pour un nouveau public ? On ne peut favoriser l'émergence de nouvelles esthétiques si on ne se pose pas cette question. Il me semble nécessaire que le service public rende au théâtre d'art ce qu'il a reçu pour se fonder. Cet art de représenter le monde pose des questions fondamentales sur l'individu et l'art d'exister. Saint-Denis est traversée par cette problématique. Malgré la dégradation économique, le Théâtre Gérard-Philipe existe et la population doit pouvoir s'y retrouver. Dans cette ville, dans ce département, la capacité à produire de la culture est inestimable. Retracer cette histoire, redonner aux gens ce qui leur est confisqué à mes yeux, ça passe par le théâtre, par l'imaginaire. »

AU COMMENCEMENT ÉTAIT LE VERBE...
« On nous dit : le verbe n'a plus de valeur. Je ne pense pas qu'on puisse se retrancher derrière le rocher du verbe, mais il existe une narration du souffle qui offre la possibilité d'inventer un autre langage qui réconcilierait le verbe, le mouvement, des esthétiques plasticiennes et le silence dans un monde saturé de signaux. Le théâtre peut être tout cela. S'il a été autant récupéré, c'est bien parce que sa subversion fait peur. Peut-être est-il temps de retrouver le bon sens des philosophes des Lumières. Notre pays a su, à un moment, éclairer le monde : retrouvons ces instants-là plutôt que de nous laisser porter dans l'abîme... »

CINÉMA
« Je viens de réaliser un film, Sempre vivu (Toujours vivant), qui sera sur les écrans fin mai, début juin. J'ai fait un film pour toucher le grand public avec des moyens de résistant, sans acteurs connus, en situant l'histoire en Corse, en langue corse... Je me suis heurté à toutes les difficultés possibles et inimaginables pour sa production, sa diffusion, sa distribution. Mais il faut savoir s'allier avec des gens qui ont la capacité de résister avec vous. Sempre vivu raconte l'histoire d'un vieil homme qui refuse de mourir avant de léguer quelque chose de précieux, qui compte beaucoup pour lui. Et ce quelque chose, c'est un théâtre... »

Propos recueillis par Marie-José Sirach Le Pianniste, de W. Szpilman, mise en scène de Cécile Guillenot avec Robin Renucci et Mikhaïl Rudy, au Théâtre des Bouffes du Nord, du 21 février au 17 mars à 21 heures. Renseignements : 01 46 07 34 50.
(1) Robin Renucci, l'ardent insoumis, d'Éric Fourreau, Éditions De l'Attribut.
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22 janvier 2007 1 22 /01 /janvier /2007 04:40
REDRESSEUR DE TORTSRedresseur de torts

Les rendez-vous proposés 
par l’Affabuloscope
en 2007:




- Février : De la fabrication de l'eau ridée et de la domestication des courants d'air hourvariens sous abri.

- Mars : présentation du Glouto-lectographe, ou comment téter un livre de 250 pages en moins de 7 secondes.

- 16 et 17 juin, Festival de la Vacuité.
MACHINE A VERSER DANS LE TRAGIQUE

Machine à verser dans le tragique



- du 9 au 13 juillet, stage d’initiation à la “Nihilophysique”: comment transformer votre or en latex (sans frais).

- Le 15 septembre: les 1ères Rencontres inter-ethniques du Goitre.

- Le 14 octobre, séminaire: la glouto-lectographie est-elle un palliatif tutélaire au sevrage du bébé?
EXTRACTEUR DE QUINTESSENCE

Extracteur de quintessence


- Le 21 octobre, conférence: sur l’espérance de vie des microbes à l’ombre
de la technicienne de surface.

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Cocktail : Samedi 28 avril, 18h :
inauguration de La Mamosphère - le Saint
des Seins.


__________________________

A F F A B U L O S C O P E
Claudius de Cap Blanc

Zéro rue de l'Usine
09290 Le Mas d'Azil
Tél / fax 05 61 69 72 10

E-Mail : claudius@affabuloscope.fr
http://www.affabuloscope.fr/




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10 janvier 2007 3 10 /01 /janvier /2007 20:40
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