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En campagne

26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 04:16


Retraite : La droite mène une campagne idéologique

Pointés du doigt comme des «nantis», les salariés qui bénéficient des «régimes spéciaux» sont pourtant loin de bénéficier de droits exorbitants. Mais pour la droite, peu importe. Ce qui compte c’est de parvenir à détourner l’attention du plus grand nombre sur les privilèges qu’elle accorde aux plus riches. Et pour cela il lui faut des boucs émissaires.

 

Ne nous y trompons pas, la droite ne veut pas régler le problème de l’équilibre financier des régimes de retraite par répartition. Au contraire elle cherche à remettre en cause notre système de solidarité nationale pour renvoyer chacun à l’assurance individuelle privée. Déjà durant la campagne présidentielle la droite avait ciblé les plus fragiles pour les stigmatiser opposant les salariés entre les prétendus assistés et «ceux qui se lèvent tôt».

 

Supprimer les régimes spéciaux ne veut pas dire pour la droite un seul régime de retraite, bien au contraire. Cette solution est totalement écartée par la droite. Non seulement parce que les non salariés qui ont toujours refusé l’intégration au régime général (qui les obligerait à aligner leurs cotisations sur celles des salariés) sont souvent des clientèles électorales de la droite. Mais aussi parce que l’unique objectif du gouvernement – et du MEDEF- est d’aligner le plus vite possible vers le moins-disant le régime de retraite des salariés et de laisser libre cours ensuite à la capitalisation… Le chacun pour soi remplace progressivement le chacun selon ses moyens pour les cotisations et le chacun selon ses besoins pour les pensions. Or passer d’un système à l’autre n’est pas anodin. En effet les retraites par capitalisation, et plus généralement toutes les formes de revenus d’épargne accentuent les inégalités. Sans compter qu’elles sont sensibles à l’instabilité chronique des marchés financiers.

 

Supprimer les régimes spéciaux au nom de l’ « équité »

 

Les agents de la SNCF (160.000 environ) peuvent partir à 55 ans mais ils cotisent plus. Lorsque qu’un salarié du privé cotise environ 26% de son salaire (régime général et ARCCO) l’agent de la SNCF cotise près de 36 % de son salaire. Une partie de ces 36 % est certes payée par l’Etat mais c’est aux dépens d’un salaire direct plus élevé.
Le montant de retraite des cheminots est inférieur au montant moyen des pensions. Pour partir plus tôt à la retraite, les agents de la SNCF non seulement cotisent plus mais acceptent d’avoir un taux de remplacement (niveau de la retraite par rapport au dernier salaire) inférieur de 10 point au taux de remplacement des autres salariés. La retraite d’un agent de la SNCF est calculée sur son dernier salaire. C’est un acquis qui n’est pas transposable pour un salarié du privé qui peut voir son revenu considérablement régresser au cours de cette dernière année. La vraie égalité avec les salariés du public serait de revenir au calcul de la retraite sur la base des 10 meilleures années.
La pénibilité ne serait plus la même aux dires du gouvernement. Pourtant une note de l’INSEE publiée en juin 2005 montre que les écarts d’espérance de vie entre catégories socio-professionnelles se sont accrus chez les hommes (les hommes cadres vivraient 7 ans de plus que les ouvriers) alors qu’ils restaient stable chez les femmes. Parmi les facteurs identifiés pour expliquer les différences de mortalité, certaines professions sont plus sujettes à des horaires de travail décalés qui affectent l’état de santé et donc la mortalité.
Et si nous introduisions le débat sur la pénibilité du travail, il ne serait pas évident que les dépenses seraient diminuées. Prenons l’exemple des caissières et caissiers de supermarché. Devons-nous conclure que ce n’est pas un travail pénible puisqu’ils sont assis ?

 

Réformer les régimes spéciaux ne réglera nullement la question de l’équilibre des régimes de retraites

 

L’idée reçue : en supprimant les régimes spéciaux, on sauvegarderait la retraite par répartition. Or, les salariés des régimes spéciaux de retraites représentent peu de personnes. Prétendre dès lors qu’il faut s’attaquer aux régimes spéciaux pour retrouver l’équilibre des régimes de retraite est un argument fallacieux ! Actuellement, il y a environ 500 000 retraités relevant des régimes spéciaux pour un total de 12 millions de retraités, soit 4,2 %. En 2025 ils seront environ 300 000 à relever des régimes spéciaux sur 18 millions de retraités, soit 1,6 % du total…

 

Le partage des richesses : la solution

 

Quand la droite parle «d’égalité» entre les salariés, il faut s’attendre à encore plus d’inégalité entre les riches et les pauvres… Alors à nous de proposer notre vision de l’égalité. Et pour cela il est nécessaire de revenir sur la question du financement des retraites. Pour parvenir à ses fins, la droite a préparé les esprits à la nécessité d’une «réforme des retraites» qui abaisserait leur niveau. La thèse de l’impossible financement, comme celle de l’augmentation de l’espérance de vie, ont été patiemment introduit dans les têtes. Il ne serait plus possible de partir à la retraite aussi tôt du fait des courbes démographiques et du coût exorbitant des retraites pour les actifs. Pourtant, aujourd’hui la richesse produite ne cesse d’augmenter. Il faut sans cesse moins de salariés pour produire davantage. Pourquoi cela ne bénéficie pas au système de retraite ? Cela renvoie à l’enjeu de la répartition des richesses ainsi créées. Pour le Conseil d’Orientation des Retraites «il était possible de maintenir le niveau des retraites à condition d’augmenter les cotisations retraites de 15 points en 40 ans». Cela représente une augmentation de 0,38 point par an. Bien sûr, le principal opposant à cette proposition est le Medef, qui prétend qu’une augmentation de 0,25 point pour les cotisations patronales et de 0,13 point pour les cotisations salariales est impensable. Or ceci est au contraire non seulement possible, mais largement souhaitable.

 

Vigilance et solidarité

 

Je pourrais écrire des pages et pages pour produire autant d’arguments que nécessaire. Les arguments, voilà une belle arme contre la droite qui n’en produit pas, mais attise uniquement le ressentiment d’un peuple bien souvent désorienté et à la recherche de solutions à ses problèmes quotidiens. Tout devient difficile et notamment pour les retraités dont les revenus sont parfois très faibles, trop faibles. Ce sont bien souvent les premiers à défendre la retraite par répartition, le meilleur instrument de la République pour garantir à chacun un niveau de vie décent. La droite tente une démolition de ce formidable système de solidarité entre tous poursuivant ainsi le profond travail de sape commencé dès 1993 avec Balladur (attaque du privé), puis Juppé en 1995 (au nom de l’équité) et dernièrement par Fillon, déjà lui, en 2003 (toujours l’équité).
Après les régimes spéciaux la droite va s’attaquer au régime général, en agitant toujours l’impossible alternative et surtout en protégeant les nantis de toute réforme. Nous devons être vigilants : la remise en cause des régimes spéciaux n’est que le signe annonciateur de remise en cause du régime général, celui de tous les citoyens.

 

Soyons solidaire !

 
 

Thierry Duval

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