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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 03:19

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La dette publique, insupportable hier, bienfaisante aujourd'hui

sur DéCHIFFRAGES


La crise qui s’abat sur l’économie mondiale laisse peu de place à l’optimisme. Ne laissons donc passer aucune raison d’espérer. Et saluons comme il se doit le revirement de ceux qui jugeaient naguère la dette publique insupportable, et qui soudain s’en accommodent, quand ils ne l’embrassent pas.

Il y a tout juste trois ans, Nicolas Sarkozy estimait la dette « insoutenable ». Le 14 décembre 2005, président de l’UMP, il saluait dans un communiqué « l’effort de pédagogie et le travail très approfondi d’analyse » qu’il avait cru déceler dans le rapport de Michel Pébereau. « Pour ma part, ajoutait-il, j’ai déjà eu l’occasion, à plusieurs reprises, de souligner la nécessité de rompre avec l’accumulation des déficits et de la dette,  et d’entreprendre les réformes nécessaires.»

En 2007, candidat à l’Elysée, il se justifiait ainsi : « La maîtrise de nos finances publiques est un impératif moral autant que financier. Les jeunes générations ne peuvent accepter que les générations actuelles vivent à leur crédit. »

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 Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a compris que la dette n’était pas la seule à passer d’une génération à l’autre : « Nos enfants hériteront certes du passif mais aussi des actifs. Ce que nos parents ont investi dans le nucléaire, dans le TGV, dans l’aéronautique, les ponts, les autoroutes, les hôpitaux, c’est nous qui en profitons. »  Son soulagement présent est à la hauteur de ses craintes passées.

Pour achever de le rasséréner, révélons-lui que la génération future ne sera nullement lésée. En même temps que la dette publique, elle héritera non seulement des actifs que cette dette aura financés, mais aussi des créances sur l'Etat que ses parents lui auront léguées. D'ailleurs, les edministrations publiques, les ménages et les entreprises disposent chacun d'un patrimoine net positif.


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Rien n’indique cependant que Michel Pébereau se soit rendu à cette évidence. Il se tait, mais ce n’est peut-être qu’un silence pudique. La banque qu’il préside, BNP-Paribas, vient d’accepter que l’Etat s’endette de 2,5 milliards d’euros afin de les lui prêter. Et cela sans contrepartie aucune. Même pas, comme dans d’autres pays, le gel de la distribution des dividendes pendant la durée du prêt.

Il y a trois ans, dans son fameux rapport, Michel Pébereau n’avait pas eu de mots assez forts pour condamner la dette publique. Et comme il s’agissait de faire peur, il en rajoutait. Selon lui, la dette publique n’atteignait pas seulement 1.100 milliards d’euros, comme chacun le croyait, mais  1.530 milliards. Il y rajoutait une partie des retraites des fonctionnaires jusqu’en 2050, puisque l’Etat, soulignait-il, s’est engagé à les leur verser.


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Michel Pébereau venait d’inventer la dette sans emprunt. Une innovation prometteuse sans aucun doute, quoique étonnante sous la plume d’un banquier. On se demande d’ailleurs pourquoi il avait ainsi bridé son imagination. Car l’Etat ne s’engage pas seulement à verser leurs retraites à ses fonctionnaires jusqu’en 2050. Il s’engage aussi à payer ses agents en activité et ses fournisseurs sans limitation de durée.

Bref, la dette publique selon Pébereau, c’est la totalité des budgets de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales jusqu’à la fin des temps. Y compris, bien entendu, les avances sans contrepartie à BNP-Paribas. Lorsqu’on a commencé un tel « effort de pédagogie » et un tel « travail très approfondi d’analyse », on ne devrait pas s’arrêter en chemin.

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