Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous Êtes Arrivé

  • : Le blog de la rue Goudouly
  • : Les humeurs, les rumeurs, les coups de cœur, les coups de gueule, et puis les amitiés de la rue et de plus loin, de la journée, de l'air du temps...un peu de tout, un peu de rien, mais toujours à gauche.
  • Contact

Pour le plaisir

Recherche

MÉMoire ClassÉE

En campagne

17 octobre 2006 2 17 /10 /octobre /2006 21:44

987 Avènement de Hugues Capet. — A la mort de Louis V, la couronne revenait à son oncle Charles, duc de la Basse-Lorraine, frère de Louis d'Outre-mer, mais les seigneurs le repoussèrent parce qu'il s'était reconnu vassal d'Othon, empereur d'Allemagne, et offrirent le trône à Hugues Capet, maire du palais, fils de Hugues le Grand. Proclamé roi à Noyon, Hugues Capet alla se faire sacrer à Reims par l'archevêque Adalbéron, et fixa sa résidence à Paris, qui n'a depuis lors cessé d'être la capitale de la France.
Hugues Capet n'ayant été élu que par un petit nombre de seigneurs, s'efforça de se faire accepter par ceux qui n'avaient pas participé à son élection, et dans ce but eut recours, avec succès, aux bons offices de l'Eglise. Il lui fallut cependant imposer son autorité par la force à quelques mécontents. Un des plus irréductibles était Adalbert, comte de Périgueux, qui cependant finit par reconnaître sa suzeraineté.

991 Hugues Capet eut à soutenir une autre guerre contre Charles de,Lorraine que son ascension au trône avait évincé. Charles avait pu, grâce à quelque trahison, se rendre maître de Laon où il s'était fait proclamer roi par ses compagnons. Une autre trahison livra la ville et le prétendant à Hugues Capet : Charles fut enfermé à Orléans, où il mourut en 992.
Afin d'éviter à son fils Robert les surprises que réservaient alors les successions au trône, et qu'il avait vu si souvent se produire, Hugues voulut de son vivant élever son successeur à la royauté ; dans ce but, il l'associa au trône.

996 Avènement de Robert le Pieux, fils de Hugues Capet et d'Adélaïde de Poitiers. Ce roi a laissé une réputation méritée de bonté et de charité. Il cultiva les arts avec succès. Son règne ne vit pas de guerres, mais il eut, à cause de ses femmes, de nombreuses tribulations. Il avait épousé pour des raisons politiques Rosala, fille de Bérenger, comte de Provence, qu'il n'aimait pas et qu'il répudia dès qu'il le put pour épouser Berthe de Bourgogne, sa cousine, dont il était épris. Ce mariage scandalisa le Saint-Siège, et Robert fut frappé d'excommunication : cela était alors une chose trop grave pour qu'il passât outre. Il dut se séparer de Berthe, et ne put reprendre Rosala, qui avait embrassé l'état monastique. Il épousa en troisièmes noces Constance, fille d'un comte d'Arles, belle, intelligente, mais impérieuse et hautaine, qui ne tarda pas à s'aliéner toute la noblesse d'origine franque dont son époux était entouré.

1000 En cette année, selon la croyance superstitieuse du peuple dans presque toute l'Europe, le monde devait finir : on croyait avoir vu cette prédiction dans l'Apocalypse (texte symbolique, incompris à l'époque). Depuis quelques années, le monde était en proie à la terreur ; chacun s'ingéniait à détourner de soi, par sa piété et ses bonnes œuvres, le châtiment qui devait frapper les pécheurs au dernier jour universel, que l'on croyait si proche. L'histoire a gardé le souvenir de l'an mille comme celui du temps où l'âme humaine fut le plus troublée. Mais cette époque ne fut marquée que par une grande famine causée par l'incurie des gens qui, dans l'attente de la mort, avaient cru inutile de cultiver les terres.

1016 -1020 Réunion à la France du duché de Bourgogne : le dernier duc étant mort sans héritier, le duché devait faire retour à la couronne ; mais en raison de l'opposition manifestée par les grands du duché contre cette solution, il fallut prendre les armes pour faire rentrer cette province dans l'obéissance.

1031 Avènement de Henri Ier, fils de Robert le Pieux et de Constance. Cette dernière avait projeté de faire donner la couronne à son autre fils Robert, et elle le poussa à renverser Henri, qui dut prendre les armes pour se défendre. Robert fut vaincu dans cette lutte, mais Henri, dans un but de pacification, lui céda le duché de Bourgogne (qui resta dans sa famille jusqu'en 1361).

1032 Année de cruelle famine, conséquence de l'incurie résultant des terreurs vécues dans l'attente de l'an mille.

1033 Rodolphe III, roi de Provence, lègue en mourant son royaume à Conrad II, empereur d'Allemagne. — Des aventuriers normands, commandés par les fils de Tancrède de Hauteville, s'emparent de la Pouille (Italie) et l'érigent en comté au bénéfice de leur chef. Cette conquête amena la création du royaume des Deux-Siciles, sur lequel régna dès 1130 Roger II, fils de Tancrède.

1035 Avènement au duché de Normandie de Guillaume le Bâtard, plus connu sous le nom de Guillaume le Conquérant, né en 1027, fils du duc Robert le Diable ou le Magnifique.

1041 Établissement, à l'instigation des évêques, de la Trêve de Dieu, instituée dans le but de réduire les guerres privées et de protéger les gens sans défense contre les brutalités et les exactions des hommes de guerre : elle interdisait tout acte de violence entre le mercredi soir et le lundi matin. Inutile de dire que cette généreuse institution ne fut pas toujours appliquée. La Chevalerie fut instituée à la même époque, aussi à l'instigation de l'Église, pour faire respecter la Trêve de Dieu et protéger les faibles.
La Trêve de Dieu et la Chevalerie eurent une action indéniablement bienfaisante sur les idées et les mœurs de la féodalité.

1043 Apparition en France du mal des Ardents, fléau épidémique, sorte de lèpre qui sévit pendant deux siècles.


1060 Avènement de Philippe Ier, fils de Henri Ier et d'Anne de Russie, né en 1052. Indolent et ami des plaisirs, ce roi ne prit que peu de part aux grandes choses qui s'accomplirent sous son règne. Âgé seulement de huit ans à la mort de son père, il régna d'abord sous la tutelle de Baudouin V, comte de Flandre. Il eut, comme Robert le Pieux, maille à partir avec le Saint-Siège à propos de ses mariages. En effet, il avait épousé Berthe, fille de Florent, comte de Hollande, et il la répudia pour vivre avec Bertrade de Montfort, femme de Foulques, comte d'Anjou, qu'il avait enlevée. Il fut pour ces faits excommunié.

1086 Conquête de l'Angleterre par les Normands dirigés par Guillaume le Conquérant. Guillaume prétendait avoir des droits sur l'Angleterre en vertu d'un testament d'Édouard le Confesseur. Il prit ce prétexte pour faire une descente en Angleterre. A la bataille d'Hastings, il battit le roi Harold, qui fut tué. Guillaume établit sa souveraineté sur le pays et le distribua en fiefs entre ses compagnons. Cette conquête fut une des causes des longues guerres qui eurent lieu entre l'Angleterre et la France.

1071 Philippe Ier, intervenant dans les affaires de Flandre, est battu à Cassel.

1087 Intervention de Philippe Ier dans le différend entre Guillaume le Conquérant et son fils Robert Courte-Heuse (en faveur de Robert) ; il est battu à Mantes.

1094 Fondation du royaume de Portugal. Deux chevaliers de Bourgogne, Henri et Raymond, ayant été appelés en Espagne par le roi de Castille Alphonse VI, devinrent ses gendres. Le fils de Henri fut roi du Portugal (que les deux frères avaient fondé) ; le fils de Raymond succéda au roi de Castille.

 1095 Le moine Pierre l'Ermite prêche la première croisade au concile de Clermont-Ferrand, présidé par le pape Urbain II. Cet appel aux armes de la chrétienté se justifiait par les mauvais traitements que les musulmans, maîtres de la Palestine, faisaient subir à leurs sujets chrétiens et aux pèlerins qui allaient visiter les Lieux saints. Le but de l'expédition réclamée par Pierre l'Ermite, et des sept autres croisades qui suivirent celle-là, était donc de libérer les chrétiens d'Asie et les Lieux saints du joug des musulmans, et en occupant ces lointains territoires, de prévenir de nouvelles entreprises des sectateurs de Mahomet contre les nations d'Occident. Les croisades échouèrent à ce point de vue, mais elles eurent pour la civilisation de l'Europe des conséquences indéniablement heureuses.

1096 -1099 Première croisade : elle comprit deux expéditions : d'abord Pierre l'Ermite et Gautier Sans-Avoir, pauvre gentilhomme bourguignon, partirent à la tête d'une masse confuse, indisciplinée, ignorante et dénuée de tout : ces bandes à peu près désarmées et affamées, traversèrent péniblement l'Europe, trouvèrent à Constantinople un accueil qui les réconforta sans les rendre plus redoutables et passèrent en Asie où le sultan de Nicée, à la bataille de ce nom, les tailla en pièces. La deuxième expédition ne comprenait que des gens aguerris et pourvus, en armes et en approvisionnements, de ce qui leur était nécessaire : c'était une véritable armée, qui marcha en bon ordre sous le commandement de Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lorraine. Cette expédition rencontra en Asie de grandes difficultés ; néanmoins, après s'être emparée des villes de Nicée, Tarse, Antioche, elle assiégea et prit Jérusalem. Godefroy de Bouillon en fut proclamé roi (1099), et y promulgua, d'accord avec les seigneurs qui l'accompagnaient, les Assises de Jérusalem, qui instauraient en Asie la féodalité européenne. Le nouvel État dura jusqu'en 1187, époque à laquelle il fut détruit par le sultan Saladin.

1099 Le roi Philippe Ier associe à la couronne son fils Louis, né de Berthe de Hollande en 1081 : ce sera dans l'histoire, Louis VI le Gros, surnommé aussi le Batailleur et l'Éveillé.

 

1100 Mort de Godefroy de Bouillon, roi de Jérusalem. Son frère Baudouin Ier lui succède.

1108 Avènement de Louis VI. le Gros— Ce prince turbulent, mais brave et intelligent, passa son règne à batailler pour agrandir le royaume et affermir la royauté. Tous ses efforts tendirent à réduire, avec l'appui du clergé et des villes, les privilèges des grands vassaux, à faire régner l'ordre dans le royaume, et à établir une administration centralisatrice. Dès son avènement, il partit en guerre contre les seigneurs de Montlhéry et du Puiset qui ravageaient les campagnes à leur portée et détroussaient pèlerins et voyageurs : il s'empara de leurs repaires et les détruisit.

1118 Fondation en Palestine, par Hugues de Payens, de l'ordre militaire et religieux des Templiers.

1119 Louis VI ayant excité Robert Courte-lieuse (fils de Guillaume le Conquérant) à exiger de Henri Ier d'Angleterre, le duché de Normandie, Henri s'empara par vengeance de la place de Gisors, mais il fut ensuite battu à Brenneville. La paix de Gisors mit fin à cette courte guerre.

1124 L'empereur d'Allemagne, Henri V, poussé par Henri Ier d'Angleterre, envahit la Champagne. Louis rencontre des Allemands, qui ne jugent pas prudent de l'attendre. C'est au cours de cette campagne que devint général pour les Français, le cri de guerre : Montjoie-Saint-Denis. 

1108-1124 Le règne de Louis VI fut marqué surtout par l'activité que prit le mouvement communal, qu'il favorisa et dont il fit profiter la monarchie, mais sans y prendre directement part. Les communes étaient les villes qui, ayant obtenu de leur suzerain une charte d'autonomie, sanctionnée par le roi, s'administraient et se gardaient elles-mêmes. Leur émancipation ne pouvait que restreindre le pouvoir féodal, aussi fut-elle toujours favorisée par les rois de France, auquel elles étaient reconnaissantes de leur appui moral. A l'émancipation des communes remonte la naissance de la bourgeoisie et la formation du tiers état. Les premières communes affranchies furent : Le Mans en 1066, Cambrai en 1076 ; ensuite, parmi les plus importantes, Laon et Amiens en 1111.

1129 Mariage de Mathilde, fille de Henri Ier d'Angleterre, avec Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou.

1130 Couronnement à Palerme du premier roi normand de Sicile, Roger II (fils de Tancrède de Haute-ville) qui régnera jusqu'en 1154.

1135 A la mort de Henri Ier d'Angleterre, Etienne, comte de Blois, petit-fils par sa mère de Guillaume le Conquérant, s'empare de la couronne au détriment de Mathilde, femme de Plantagenet.

1136 Le célèbre philosophe Abailard (ou Abélard) commence à enseigner à l'Université de Paris. Quelques années auparavant (en 1122), ses ouvrages sur la, Trinité avaient été déclarés hérétiques et condamnés par le concile de Soissons.

1137 Mort de Louis VI et avènement de Louis VII dit le Jeune (fils de Louis VI et d'Alix de Savoie, né en 1119). En cette année, Louis VII épouse Eléonore de Guyenne (ou d'Aquitaine) qui lui apporte en dot la Guyenne, la Gascogne, le Poitou, la Marche, le Limousin, l'Angoumois, la Saintonge et le Périgord.

1142 Pour punir le comte de Champagne, qui avait refusé de l'aider dans une expédition contre le comté de Toulouse dont il voulait s'emparer, Louis VII envahit la Champagne et la ravagea en partie. Il fit notamment brûler l'église de Vitry avec les 1 300 personnes qui s'y étaient réfugiées. Ce fut pour expier cet acte de barbarie qu'il entreprit un peu plus tard une croisade (la deuxième).

1147 Le moine Arnaud de Brescia qui avait été le disciple d'Abailard, ennemi du pouvoir temporel des papes, tente de le renverser et d'établir à Rome le gouvernement républicain. — Deuxième croisade, prêchée par saint Bernard à Vézelay. Les troupes partent sous le commandement de Louis VII et de Conrad III, empereur d'Allemagne. L'expédition fut malheureuse. Les croisés assiégèrent inutilement Damas (1148) et la discorde s'étant mise entre les deux princes qui les commandaient, Conrad regagna ses Etats.

1149 Retour en France, presque sans armée, et sans gloire, de Louis VII. Pendant son absence, le gouvernement avait été exercé par le moine Suger, abbé de Saint-Denis, qui avait été aussi le premier ministre de Louis VI et mérita par sa sagesse d'être appelé par le peuple le Père de la patrie (né en 1081, mort en 1151).

1152 Divorce (prononcé par le concile de Beaugency) de Louis VII et d'Eléonore de Guyenne ; celle-ci porta la même année sa main et son immense dot à Henri Plantagenet. (Déjà comte du Maine, de l'Anjou et de Touraine, et duc de Normandie depuis 1149, il devint roi d'Angleterre en 1154 et possédait en France un territoire égal à 22 de nos actuels départements.) Ce divorce fut la deuxième des causes des guerres qui éclatèrent plus tard entre la France et l'Angleterre. Louis avait déjà indisposé les Anglais en recueillant Thomas Becket, archevêque de Cantorbery, adversaire déclaré du roi Henri Ier (et qui mourut peu après, assassiné en Angleterre). Enfin Louis VII avait soutenu certaines prétentions des fils de Henri Ire contre leur père. Il était résulté de ce mécontentement quelques conflits armés entre Anglais et Français ; les traités de Montmirail en 1169 et de Montlouis en 1174 les firent cesser.

1180 Mort de Louis VII. — Avènement de Philippe II (Philippe Auguste) né en 1165, fils de Louis VII et d'Adèle de Champagne, que celui-ci avait épousée après la répudiation d'Eléonore.

1180-1189 Les premières années du règne furent employées par le jeune roi à lutter pour rabaissement de Henri II d'Angleterre, qui mourut en 1189 et eut pour successeur Richard Ier, Cœur de Lion. A l'intérieur, il fortifia les institutions sur lesquelles reposait la monarchie et amorça les réformes heureuses et les créations qui ont fait de lui un des rois auxquels la France doit le plus.

1189-1192 Troisième croisade. — Le sultan Saladin venait en 1187, en remportant sur Guy de Lusignan la victoire de Tibériade, de détruire le royaume français de Jérusalem et de s'emparer de cette ville. Guillaume, archevêque de Tyr, vint réclamer le secours des princes d'Occident en faveur des chrétientés d'Asie menacées dans leur existence par le triomphe des musulmans. C'est à Gisors, en France, que ce prélat prêcha la croisade ; le départ eut lieu en 1189 : Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion se mirent à sa tête. De son côté, l'empereur d'Allemagne Frédéric Barberousse, prit la croix et partit pour les rejoindre avec une armée nombreuse.
Frédéric s'empara de la ville d'Iconium et quelque temps après se noya en Cilicie. Les croisés français et anglais s'emparèrent de Saint-Jean-d'Acre. Des différends ayant surgi entre les chefs, Philippe rompit avec Richard et rentra en France en 1191, le laissant continuer seul la croisade (jusqu'en 1192).

1191 De retour en France, Philippe voulut profiter de l'éloignement de Richard et de leur rupture, pour mettre la main sur les provinces que le roi d'Angleterre possédait en France.

 

1192 Ayant conclu la paix avec Saladin, Richard s'achemina vers l'Europe ; mais il fut jeté par un naufrage sur la côte de Dalmatie où il fut reconnu pour avoir, pendant la croisade, insulté la bannière d'un seigneur du pays. Retenu prisonnier par le duc d'Autriche, il recouvra la liberté en payant une rançon et vint prendre en France la direction de la résistance contre Philippe Auguste.

1192-1199 Philippe avait été aidé dans ses projets contre Henri II, puis contre Richard, par le frère de celui-ci, Jean sans Terre. En apprenant le retour de Richard ; pour se faire pardonner de l'avoir trahi, Jean trahit le roi de France et fit massacrer par des Anglais la garnison d'Evreux. Cependant, la lutte entre les deux souverains restant indécise, un accord intervint entre eux, qui mettait fin pour le moment aux hostilités. Mais Richard voulut avoir raison de quelques seigneurs qui avaient déserté sa cause. Il alla dans ce but assiéger le château de Chalus en Limousin, et fut tué pendant cette opération (1199), laissant pour héritier de la couronne, son neveu Arthur de Bretagne, fils posthume de Geoffroy Plantagenet. Le déloyal Jean sans Terre fit enfermer et plus tard (1203) assassiner dans la Tour de Rouen le prétendant Arthur, afin de monter sur le trône à sa place.

1202-1204 Quatrième croisade, qui fut prêchée par Foulques, curé de Neuilly-sur-Marne. La couronne n'y prit pas une part active. Elle eut pour chefs Baudouin IX, comte de Flandre, Boniface, marquis de Montferrat et Simon de Montfort. Baudouin comptait sur la marine vénitienne pour le transport de ses troupes, mais le doge Dandolo exigea pour prix de son aide que Baudouin fasse au profit des Vénitiens la conquête de Zara, en Dalmatie. Une deuxième cause le détourna de sa route. Isaac II l'Ange, empereur d'Orient, que son frère Alexis III venait de détrôner en 1195, sollicita son appui pour reprendre le trône. La croisade se dirigea donc sur Constantinople dont elle s'empara, et rétablit Isaac (1203). Celui-ci ayant été assassiné quelques mois après, Baudouin fut proclamé par ses troupes, empereur de Constantinople (1204). Ce fut l'empire latin de Constantinople qui dura jusqu'en 1261, époque à laquelle les princes byzantins de la famille des Comnène recouvrèrent le trône ; le nouvel empire avait duré cinquante-sept ans. Pendant ce temps, de nombreux seigneurs croisés avaient reçu en fiefs des territoires situés en Grèce, en Bulgarie et en Roumanie, et qui restèrent longtemps dans la famille de certains d'entre eux. Un des croisés, Geoffroi de Villehardouin, s'est immortalisé par le récit qu'il a laissé de la conquête de Constantinople par les croisés, et qui est un des plus anciens monuments de la prose française. Il avait reçu de grands biens en Roumanie.

1203 A la nouvelle de l'assassinat d'Arthur, les Bretons, ses sujets, se soulevèrent. Philippe Auguste cita Jean à comparaître devant sa cour pour être jugé.

1205 La Cour prononça la confiscation des biens de la couronne d'Angleterre en France : Normandie, Maine, Anjou, Touraine, Poitou, pendant que le pape Innocent III frappait Jean de déchéance et chargeait Philippe d'exécuter sa sentence et de s'emparer de la personne dit criminel. Philippe faisait ses préparatifs de guerre dans ce but, lorsque Jean fit acte de soumission envers le pape, qui ordonna à Philippe de s'en tenir là. Mais des troupes anglaises, en France, n'en continuaient pas moins à désoler les campagnes.

1209 Commencement de la croisade contre les Albigeois (qui ne prendra fin qu'en 1229). Les Albigeois étaient une secte hérétique, fondée aux environs d'Albi et dont les doctrines se propageaient rapide-ment dans tout le Midi de la France : on les appelait aussi cathares, d'un mot grec qui signifie purifiés. Les Albigeois comptaient parmi leurs plus puissants protecteurs Raymond VI, comte de Toulouse, Roger, vicomte de Béziers et le propre roi d'Aragon, Pierre.
En 1208, quelques-uns de ces hérétiques assassinèrent, sur les terres de Raymond VI, un moine de Cîteaux, légat du pape, nommé Pierre de Castelnau ; chargé d'enquêter sur leurs doctrines qui d'ailleurs étaient jugées hérétiques et dangereuses pour l'État. Le pape Innocent III ordonna une croisade contre eux. Ce fut surtout le Nord qui fournit le personnel volontaire de l'expédition ; l'antipathie des gens de langue d'ail contre ceux de langue d'oc vint renforcer le sentiment religieux des rudes barons du Nord.
La croisade avait à sa tête Simon de Montfort, un des hommes de guerre les plus cruels de son temps, et son fils Amaury. Les croisés s'emparèrent de Béziers dont les habitants furent passés au fil de l'épée, saccagèrent Carcassonne, battirent les Albigeois à Muret (1213) et mirent le siège devant Toulouse ; Simon de Montfort y fut tué d'une pierre lancée du haut des remparts par une femme, et qui lui enleva le sommet du crâne. Les femmes en effet contribuèrent vaillamment à la défense, en accablant de pierres les assiégeants (1218). Son fils Amaury lui succéda et continua la guerre ; plus tard, il céda ses droits et ses conquêtes à Louis VIII, fils de Philippe Auguste, qui vit là une occasion de réunir effectivement sous son sceptre des provinces qui jusqu'alors ne tenaient à la couronne que par un lien assez lâche de vassalité. Cette guerre ne se termina que pendant la régence de Blanche de Castille.

1214 Obligé de suspendre ses préparatifs contre Jean sans Terre, Philippe Auguste s'était retourné contre le comte Ferrand de Flandre qui, quoique étant son vassal, s'était déclaré pour le roi d'Angleterre ; Philippe arma pour cette campagne les milices communales grâce auxquelles il devait en sortir victorieux. Ferrand était soutenu par les Anglais et par l'empereur d'Allemagne Othon. Malgré ces alliés, Philippe remporta sur lui la célèbre victoire de Bouvines. Les Anglais avaient été, la veille même de ce jour, battus à la Roche-aux-Moines par le fils de Philippe Auguste.

1219-1221 Cinquième croisade, à laquelle le roi de France resta étranger. Jean de Brienne, héritier du titre de roi de Jérusalem et André II de Hongrie, menèrent contre les Sarrasins d'Égypte une expédition sans résultat.

1223 Mort de Philippe Auguste. Cet excellent roi avait considérablement fortifié la monarchie ; il agrandit le domaine royal de sept provinces : Normandie, Maine, Anjou, Touraine, Poitou, Valois et Vermandois. Il établit en France, divisée par lui dans ce but en bailliages et prévôtés, l'administration directe par la couronne ; il adoucit les mœurs violentes du temps, en instituant la trêve appelée quarantaine-le-roi, en vertu de laquelle on ne pouvait tirer vengeance d'une injure avant quarante jours écoulés ; il embellit Paris, dont il bâtit les premiers remparts, bâtit l'Hôtel-Dieu et acheva Notre-Dame. Philippe Auguste fut marié trois fois : 1° avec Isabelle de Hainaut ; 2° avec Ingeburge de Danemark qu'il répudia pour épouser 3° Agnès de Méranie, ce qui le fit excommunier.

Louis VIII le Lion succède à son père Philippe Auguste qui l'a eu en 1187 d'Isabelle de Hainaut. Il avait guerroyé en Angleterre contre Jean sans Terre, au profit des barons de ce pays, qui l'avaient élu pour leur roi. Mais il fut ensuite défait et rentra en France. Roi de France, il conquit sur les Anglais un certain nombre de places, et prit part à la croisade contre les Albigeois. Il fut surnommé le Lion et mourut en 1226. Il laisse son royaume à un enfant de douze ans, le futur Saint Louis.

 

1226 Avènement de Louis IX (saint Louis), fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, âgé seulement de 11 ans (né en 1215). La reine Blanche de Castille prend la régence (qu'elle exercera avec fermeté et habileté). Les principaux faits de la régence se rapportent à la lutte que la régente eut à soutenir (et dont elle sortit victorieuse) contre les grands vassaux désireux de profiter de la minorité de Louis IX pour recouvrer des privilèges et acquérir des avantages matériels. Blanche de Castille détache de leur parti le plus puissant, Thibaut, comte de Champagne, dont la défection amène la soumission du duc de Bretagne et la cessation de l'hostilité des autres vassaux.

1229 Traité de Meaux (dit aussi Traité de Paris) qui met fin à la croisade ou guerre contre les Albigeois.

1233 Organisation par Grégoire IX de l'Inquisition, chargée de poursuivre les erreurs contre la foi catholique.

1234 Mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence (née en 1221 et qui mourut en 1295).

1242 A la majorité de Louis IX, un des grands vassaux, le comte de La Marche avait formé, avec raide de Henri III d'Angleterre, une nouvelle ligue contre lui. Le roi de France marcha contre ces ennemis et battit le roi d'Angleterre à Taillebourg et à Saintes. Ces victoires marquent la fin de la lutte des grands vassaux contre la Couronne. Louis IX fait accepter le principe que les seigneurs possédant des fiefs en France et en Angleterre devront désormais choisir ce-lui des deux suzerains auquel ils entendent s'attacher ; il rend à Henri III certains territoires en France, à condition qu'il renonce à ses prétentions sur toutes autres provinces qui lui auraient été précédemment enlevées

.
1248-1254 Septième croisade. — (La sixième a eu lieu de 1227 à 1229 sans la participation des Français : elle était conduite par Frédéric II, empereur d'Allemagne, héritier de Jean de Brienne, roi nominal de Jérusalem, qui, ayant réussi à se faire livrer sans combat Jérusalem par le sultan d'Égypte, s'en fit proclamer roi, mais comme il était excommunié, des légats du pape défendirent aux chrétiens de lui obéir.)
Louis IX, au cours d'une grave maladie, avait fait vœu d'entreprendre une croisade, s'il en guérissait. Il était prévenu d'ailleurs que les musulmans avaient repris la Palestine, et menaçaient l'Empire latin de Constantinople, qui était en pleine décadence. Il réunit donc des troupes et s'embarqua pour la Terre Sainte à Aigues-Mortes, emmenant sa femme Marguerite.

1249 Il débarqua à Damiette et s'empara de cette ville après avoir livré bataille.

1250 Deux batailles se livrèrent à Mansourah. Vainqueur dans la première, Louis IX fut, dans la deuxième, battu et fait prisonnier avec un grand nombre de ses compagnons. Traité avec égards par les musulmans, il put se racheter moyennant l'abandon de Damiette, et racheter ses compagnons en payant une rançon de 400 000 besants (d'autres auteurs disent un million de besants). Cependant, les maladies et la famine décimaient ses troupes ; d'autre part, il apprit la mort de sa mère qui exerçait de nouveau la régence en son absence ; il se rembarqua donc avec son armée et rentra en France en 1254. Il avait mis à profit son séjour en Palestine, après sa libération, pour parcourir ce pays, et fortifier les dernières places qu'y possédaient encore les chrétiens. Il laissait parmi les musulmans la réputation d'un prince brave, généreux et vertueux.

1252-1270 Cette période fut consacrée par Louis IX à l'organisation de ses États. Il fit régner en France l'ordre et la sécurité ; d'excellentes institutions fortifièrent la monarchie (enquêteurs qui visitaient les provinces pour réprimer les abus, confirmation et extension de la Quarantaine-le-Roi, abolition du duel judiciaire, établissement d'une sorte de Cour royale de Justice, formation d'un corps de Légistes, mesures propres à établir en France l'unité monétaire, garanties assurées au Clergé par la Pragmatique Sanction de 1269, etc.). Louis IX bâtit la Sainte-Chapelle pour y placer la Couronne d'épines rapportée de Terre Sainte, fonda la Sorbonne, centre d'études universitaires, et les Quinze-Vingts, destinés à hospitaliser les chevaliers revenus aveugles ou blessés de Palestine. Il se montra un souverain éclairé et passionné pour le bien public. 

1270 Huitième croisade. — A l'instigation de Charles d'Anjou, son frère, Louis IX prépara une nouvelle croisade (ce fut la dernière de ces expéditions). Cette fois, il allait attaquer les musulmans sur les rivages de l'Afrique, peut-être pour attirer leurs forces de ce côté, et ainsi soulager les dernières villes chrétiennes de Palestine qu'ils ne cessaient d'attaquer. Louis IX porta donc son année près de Tunis, sur l'emplacement de l'ancienne Carthage. Il remporta d'abord quelques succès, mais la peste se mit dans son armée, lui-même fut frappé du fléau et y succomba devant Tunis (1270). Le reste de l'armée se distingua encore par quelques faits d'armes et Philippe III qui succédait à saint Louis la ramena en France.

1270 Avènement de Philippe III le Hardi, fils de Louis IX et de Marguerite de Provence, né en 1245, proclamé roi devant Tunis. En 1271, il hérita de son oncle Alphonse de Poitiers, recueillant ainsi le Poitou, l'Auvergne et le Comté de Toulouse, qui furent incorporés au domaine royal.

1282 Un autre de ses oncles, Charles d'Anjou (le même qui avait provoqué la huitième croisade), régnait sur la Sicile, où ses hommes d'armes passaient pour terroriser et dépouiller la population. A l'instigation de Pierre III d'Aragon, à Palerme et dans quelques autres villes, elle se souleva en masse, le lundi de Pâques, au moment où les cloches appelaient aux vêpres, et massacra traîtreusement tous les Français qui purent être atteints : il en périt huit mille et deux seulement s'échappèrent. C'est à cette journée que l'on a donné le nom de Vêpres siciliennes. Un médecin nommé Jean de Procida avait été le principal agent de Pierre d'Aragon dans cette affaire.

1285 En punition de son rôle dans les événements de Sicile, le pape excommunia Pierre d'Aragon et donna son royaume à Charles de Valois, fils de Philippe le Hardi. Ce dernier de son côté prit les armes pour tirer vengeance du roi d'Aragon, qu'il alla attaquer en Catalogne, mais sans succès. A son retour, Philippe III mourut à Perpignan.
Philippe avait épousé en premières noces Isabelle d'Aragon (fille de Jacques ler, prédécesseur de Pierre III) ; celle-ci étant morte, il épousa Marie de Brabant, fille du duc Henri III de Brabant.

1285 Avènement de Philippe IV le Bel, fils du précédent et d'Isabelle d'Aragon, né en 1268. C'est une des personnalités les plus curieuses de la monarchie française et un des rois qui ont fait le plus pour la France, bien qu'en usant souvent de moyens critiquables. En 1284, Philippe avait épousé Jeanne de Navarre, qui lui apporta la Champagne et la Navarre, et pris le titre de roi de Navarre. La Champagne rentra de ce fait dans le domaine royal.

 

1291 Traité de Tarascon, qui met fin à la guerre entreprise par Philippe III contre l'Espagne . En vertu de ce traité, le royaume de Naples reste à la maison d'Anjou et la Sicile est attribuée à l'Aragon.

1292 Rixe à Bayonne entre matelots français et anglais, origine de la guerre qui éclatera peu après entre la France (alliée à l'Écosse) et l'Angleterre (alliée à la Flandre).

1297-1305 En 1297, premières hostilités de cette guerre, dont les faits principaux sont : les victoires remportées par les Français sur les Anglais à Furnes (1297) et à Comines (1299). Ces succès et l'intervention du pape Boniface VIII amènent les Anglais à signer la paix (traité de Montreuil, 1299). La fille de Philippe IV, Isabelle de France, fut mariée en vertu de cet arrange-ment au fils du roi d'Angleterre. Cependant la guerre, un moment interrompue avec la Flanche, se ralluma par suite du massacre, à Bruges, de 3 000 Français par les Flamands outrés de la déloyauté de Philippe qui, ayant attiré à Paris le comte de Flandre, Guy de Dampierre, l'y retenait prisonnier (il mourut en cette captivité en 1305). En 1302, les Flamands infligent une sanglante défaite aux Français commandés par Robert d'Artois (cousin de Philippe IV) à Courtrai; mais en 1304 les Français battent les Flamands à Mons-en-Puelle. Cette guerre se termine en 1305: la Flandre française reste à la France.

1302 Pour satisfaire aux grands besoins d'argent du Trésor, Philippe altérait les monnaies et, de plus, avait fait saisir les revenus des églises. Un évêque de Pamiers, Bernard Saisset, refusant d'obéir aux injonctions royales, Philippe le fit arrêter et prétendit le faire juger par une cour laïque. Le pape s'interposa, réclamant l'évêque comme n'étant justiciable que de lui seul. Une première bulle, lancée contre le roi, demeura sans effet ; Philippe fit même emprisonner le légat du pape. Ce dernier adressa au monarque un nouvel avertissement, la bulle Ausculta filii. Philippe voulut faire la nation entière juge du différend et pour la première fois convoqua les États généraux (trois ordres), afin de leur soumettre la bulle (dont il avait d'ailleurs eu la précaution de dénaturer le texte). Les États réunis à Paris donnèrent raison à Philippe contre Boniface VIII.

1303 Des envoyés de Philippe IV, Nogaret et Sciarra Colonna, chargés de notifier à Boniface VIII le résultat de la tenue des États généraux, insultent gravement à Anagni le souverain pontife, d'où résulte une rupture entre la France et le Saint-Siège.

1305 Bertrand de Got, évêque de Bordeaux, est élu pape sous le nom de Clément V en remplacement de Boniface VIII, grâce au concours de Philippe le Bel.

1309 Le nouveau pape Clément V, afin de témoigner sa gratitude au roi de France (qui l'a fait élire) transporte le siège de la papauté en France, à Avignon (où il demeurera jusqu'en 1378).

1312 Concile de Vienne, dans lequel Clément V prononcer l'abolition de l'ordre des Templiers. Philippe le Bel ne réussissant toujours pas à équilibrer les finances du royaume par des expédients, songeait de-puis longtemps à s'emparer des immenses richesses que les Templiers possédaient en France. Cet ordre était accusé par la rumeur publique de pratiquer, sous le couvert du catholicisme, une hérésie rapportée d'Asie, le manichéisme ; on les accusait aussi de se livrer entre eux à la sodomie. Philippe prit acte de ces bruits pour réunir de nouveau, en 1308, les États généraux, afin de faire déclarer par eux que les Templiers, par leurs crimes, avaient mérité la mort. Armé de cette décision, Philippe ordonna la confiscation de leurs biens et exigea de Clément V (qui ne pouvait rien lui refuser) l'abolition de l'ordre, contre lequel d'autre part était ouverte une instruction qui ne pouvait pas ne pas donner les résultats que le roi en attendait. Reconnus donc coupables à tort ou à raison, un grand nombre de Templiers furent emprisonnés. En 1310, 54 d'entre eux périrent sur le bûcher. En 1314, leur grand-maître, Jacques Molay, et les trois derniers dignitaires de l'ordre, montèrent à leur tour sur le bûcher.

1314 Il paraît que Jacques Molay, en montant sur le bûcher, avait prédit à Philippe et à Clément V qu'ils ne tarderaient pas à comparaître eux-mêmes devant le Souverain Juge. Cette prédiction se réalisa la même année : les deux persécuteurs de l'ordre du Temple moururent en effet en 1314. Philippe le Bel laissait le souvenir d'un prince habile mais fourbe ; mais il a créé des institutions qui ont été heureuses pour la France ; on lui dut la réorganisation du Parlement, qu'il divisa en trois sections : le Parlement proprement dit qui était une Cour de justice, le Grand-Conseil qui était chargé de préparer les lois, et la Chambre des Comptes qui avait à s'occuper des finances du royaume. Il établit les premières douanes et permit aux serfs, du moins dans le Midi, d'acheter leur libération à prix d'argent. Par contre, afin de remplir les coffres de l'État, il expulsa les juifs de France après avoir confisqué leurs biens, et il pressura toutes les classes de la société afin de tirer d'elles de l'argent, avec le concours des légistes (hommes de loi dont les décisions étaient censées justifier ses exactions). Ceux-ci s'étant attiré, par leur servilité à l'égard du roi et l'iniquité de leurs sentences, l'animadversion de la population, une révolte éclata contre eux : le plus puissant, Enguerrand de Marigny, surintendant des finances, qui était peut-être le moins coupable, fut pendu en 1315 au gibet de Montfaucon. Énfin, Philippe le Bel avait agrandi par son mariage le domaine royal, et il lutta pendant tout son règne pour la consolidation des droits de la couronne (c'est-à-dire alors de l'État) à l'encontre de la noblesse et de la papauté. Philippe le Bel laissait trois fils qui lui succédèrent à tour de rôle.

1314 Avènement de Louis X le Hutin, né en 1289, fils aîné de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre. Ce surnom lui fut donné à cause de son caractère querelleur. Son court règne fut marqué par le triomphe de la réaction de la bourgeoisie contre les agissements de la noblesse, réaction dont fut victime, comme on vient de le dire, Enguerrand de Marigny (1315). Toujours à court d'argent, comme son père dont il imita les pro-cédés, Louis X affranchit les serfs de ses domaines moyennant finance. Une expédition militaire qu'il entreprit contre les Flamands n'eut pas de résultat. Louis X avait épousé Marguerite de Bourgogne, qu'il fit étrangler en 1315, à cause des scandales de sa conduite. II mourut en 1316.

1316 Jean Ier (fils de Louis X) ne règne pas (mort en bas âge).

1316 Avènement de
Philippe V le Long (deuxième fils de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre) né en 1294. Louis X laissait deux enfants : Jean (Jean Ier) et Jeanne, tous deux en bas âge. Philippe V prit la régence et sur ces entrefaites, Jean mourut ; Phi-lippe V se fit reconnaître pour roi. La couronne fut réclamée au nom de Jeanne. Philippe réunit les États généraux (1317) en leur demandant de se prononcer sur l'application dans ce cas de la loi salique. (Cette loi établie par les Francs Saliens et qui se rapportait aux diverses circonstances de leur vie sociale, contenait une clause en vertu de laquelle, chez eux, les femmes étaient exclues du partage de la terre conquise. Étant donné l'origine de la monarchie française, on pouvait regarder la loi salique comme l'un de ses fondements.) Les États généraux interprétèrent la vieille loi franque dans le sens des prétentions de Philippe, et déclarèrent les femmes incapables de succéder au trône de France. Philippe V eut à réprimer un soulèvement des pastoureaux du Midi qui, fanatisés par quelques meneurs, se croyaient appelés à entreprendre une nouvelle croisade ; il persécuta les juifs, prit des mesures contre la libre circulation des lépreux qui constituaient un danger public, et amorça l'unification dans le royaume des poids et mesures. Il organisa une Cour des Comptes. Il épousa Jeanne de Bourgogne qui lui survécut de trois ans. II mourut en 1322.

1322 Avènement de Charles IV le Bel, troisième fils de Philippe IV et de Jeanne de Navarre, né en 1294. Le seul fait vraiment intéressant de ce règne de six ans fut l'érection en duché-pairie de la baronnie de Bourbon, en faveur de Louis, comte de Clermont, fils de Robert de France, petit-fils de Louis IX le Saint (qui devait être l'origine de la maison royale de Bourbon). Charles IV fut le dernier des Capétiens directs. Il mourut en 1328.


 


 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires