Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous Êtes Arrivé

  • : Le blog de la rue Goudouly
  • : Les humeurs, les rumeurs, les coups de cœur, les coups de gueule, et puis les amitiés de la rue et de plus loin, de la journée, de l'air du temps...un peu de tout, un peu de rien, mais toujours à gauche.
  • Contact

Pour le plaisir

Recherche

MÉMoire ClassÉE

En campagne

29 novembre 2008 6 29 /11 /novembre /2008 03:30
Régulation mondiale et hiérarchie des priorités

 par Corinne Lepage


« S’ils acceptaient de reconnaître les erreurs accumulées, le système de gaspillage et de destruction des ressources mis en place et le caractère non durable de la croissance de ces 20 dernières années, [les chefs d’Etat] seraient inéluctablement conduits à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une crise financière mais du volet financier de la crise du système dans lequel nous vivons. »

Par Corinne Lepage, 17 novembre 2008

Alors que le G20 peine à établir les prémisses de ce que pourrait être de nouvelles régles du jeu de la finance internationale, voire du capitalisme , on ne peut que constater la différence de traitement entre la crise financière et la crise écologique et climatique. L’urgence de la première n’est pas contestable et on peut que souscrire aux souhaits de certains Etats de voir mettre en place un nouveau Bretton Woods.

Il faut toutefois souligner qu’en s’attaquant au volet financier de la crise mondiale, les chefs d’Etat refusent en réalité de s’attaquer aux causes, la transformation du capitalisme , la croissance des inégalités et les bases artificielles de la croissance passée fondée sur la spéculation et l’économie financière , pour ne viser que les effets.

S’ils acceptaient de reconnaître les erreurs accumulées, le système de gaspillage et de destruction des ressources mis en place et le caractère non durable de la croissance de ces 20 dernières années, ils serait inéluctablement conduits à reconnaître qu’il ne s’agit pas d’une crise financière mais du volet financier de la crise du système dans lequel nous vivons. Or, le volet énergétique et climatique de cette même crise présente le même caractère d’urgence, car, comme en matière financière , tous les voyants sont au rouge.

En avril 2008, Nicholas Stern s’exprimait ainsi :

« Les émissions croissent beaucoup plus vite que ce que nous avions pensé, la capacité d’absorption de la planète est inférieure à nos prévisions, les risques des gaz à effet de serre sont potentiellement plus élevés que ce que prévoyaient les estimations les plus prudentes, et la vitesse du changement climatique semble être plus rapide. »

Nicolas Stern remettait ainsi en cause les objectifs fixés par son rapport pour la réduction des gaz a effet de serre, les jugeant désormais insuffisants. M. Stern ajoute que pour minimiser les risques d’un changement climatique dangereux, l’objectif initial pour les émissions devrait être multiplié par deux, avec une réduction mondiale de 50% en 2050, ce qui représente pour les Etats-Unis une réduction de leurs émissions de 90% d’ici là.

Le rapport 2008 que vient de publier l’AIEA montre que la trajectoire est contraire et la situation catastrophique. La demande mondiale en énergie primaire augmentera d’1,6% par an en moyenne d’ici à 2030 tirées par la Chine et l’Inde. Cette hausse se traduira par une demande accrue en pétrole : 106 millions de barils par jour en 2030 contre 85 millions aujourd’hui. Mais c’est surtout le charbon qui verra son utilisation s’accroître et comptera pour un tiers de la hausse de la demande en énergie.

Toutefois, l’AIE estime que les énergies renouvelables se développeront rapidement et deviendront la deuxième plus grande source d’électricité peu après 2010. Pour stabiliser la concentration de cO2 à 550ppm , ce qui représente une hausse de 3°, il ne faudrati pas émettre plus de 33GT en 2030 . Or, le scenario actuel est 41 gigatonnes , soit une augmentation de 45% entre 2006 et 2030, ¾ de l’augmentation ayant lieu en Chine, en Inde et au Moyen Orient. Or, rappelons, que la consigne du GIEC , pour éviter d’entrer dans l’irréversibilité était de 450ppm de concentration de cO2 .

Nous aurons besoin de l’action concertée de tous les émetteurs importants. Notre analyse prouve que les pays de l’OCDE ne peuvent pas à eux seuls mettre le monde sur une trajectoire de 450 ppm, même s’ils ramenaient leurs émissions à zéro, commente Nobuo Tanaka. Pour le directeur de l’AIE, il est donc urgent de déclencher une révolution énergétique globale en améliorant l’efficacité énergétique et en augmentant le déploiement de l’énergie à faible teneur en carbone.

Deux conclusions doivent être tirées de cette situation :

· D’une part, l’urgence est absolue et chaque année perdue dans l’agenda se traduit par un pas supplémentaire vers le risque majeur. Dès lors, la conférence de Poznan qui se tient le 1er décembre devrait être l’occasion d’une affirmation forte de l’acceptation d ‘une véritable régulation mondiale, impliquant tous les Etats sur des bases justes et réalistes

· D’autre part, vouloir réformer l’économie mondiale est indispensable , mais deux conditions doivent être réunies pour sortir de la crise elle-même :

-  Sortir du court termisme et de l’encouragement au profit maximal pour le risque minimal et mettre un terme en acceptant de toucher à la rémunération du monde de la finance, aux paradis fiscaux, aux agences de notation et en liant le financement public et contrôle public des établissements financiers..La question de la responsabilité en terme politique comme en terme juridique des acteurs de la faillite actuelle devra du reste être posée

-  Lier dynamisation de l’économie et sortie de la société du pétrole non seulement par un new deal vert, mais par l’économie sociale de marché, une économie dont les objectifs et les instruments de mesure ont sens sur le long terme et qui met la question de la répartition au centre de ses objectifs. Cela signifie que les taux de rentabilité absurdes, l’usage du seul PIB pour juger du développement, la répartition entre capital et travail, la valeur des matières premières et la place des pays émergents dans le partage de la richesse mondiale sont des sujets qui devront être débattus pour que l’Humanité ait une chance de créer un nouvel ordre économique permettant la durabilité faute de quoi la prophétie parfaitement pessimiste de Claude Lorius, premier Français à recevoir le prix Blue Planet pourrait se réaliser : attendre un sursaut inattendu de l’homme !

Partager cet article
Repost0

commentaires