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13 mars 2010 6 13 /03 /mars /2010 03:07




Quand les maîtres du monde crachent leur fiel

http://goudouly.over-blog.com/article--quand-les-maitres-du-monde-crachent-leur-fiel-46256468.html

Sur PACO

 

 


Après le sommet du G20 de Pittsburgh, on lira avec intérêt un petit livre au goût amer publié par les éditions Libertaires. Ces Paroles de maîtres du monde d’aujourd’hui vont hanter vos pires cauchemars.

 

L’idée était simple. Il suffisait d’y penser. Une fois n’est pas coutume, les anars donnent la parole aux Maîtres du Monde. Et ça vaut le détour. À la première lecture, on rigole un peu. On se dit, « les cons ! C’est de la grosse provoc. C’est pas possible, ils ne sont pas sérieux. C’est du troisième degré. »

 Bref, on se croit presque dans un sketch à la Coluche. « Salauds de pauvres... », etc. Et puis les citations des Laurence Parisot, Ernest-Antoine Seillière, Serge Dassault, Pascal Lamy, Guillaume Sarkozy, José-Manuel Baroso, Thierry Breton, Bill Gates, Jean-Luc Lagardère, mais aussi des Michel Rocard, Laurent Joffrin ou Claude Perdriel... glanées dans des livres, des interviews, des conférences de presse et livrées sans commentaires, commencent à nous faire rire jaune. Et si tout ce mépris, cette arrogance vis-à-vis du petit peuple sortaient tout bonnement de leur bouche comme la vérité sort du puits ?

 Alors, on fait une seconde lecture et on se pince pour se rendre compte que l’on fait un cauchemar éveillé. Agencées par thème (environnement, chômage, médias, police, armée, droit du travail, religions...), les citations s’enchaînent comme dans un mauvais discours.

 « Nous croyons qu’un véritable humanisme passe aujourd’hui par l’économie de marché », assure ainsi Laurence Parisot. « 500 pages de Code du travail, c’est 500 000 chômeurs. 3 000 pages de Code du travail, c’est 3 millions de chômeurs », poursuit le baron Seillière. « Le marché est plus grand que nos rêves », s’enflamme un industriel américain. « Le client, c’est l’ennemi. Pour le fidéliser, il faut le désarmer, le faire prisonnier, garder l’initiative », s’emballe un expert en marketing.

 « L’argument selon lequel nos obligations morales à l’égard des générations futures exigent un traitement spécial des investissements environnementaux est stupide », affirme Lawrence Summers, ex-président de la Banque mondiale. « Les grands patrons ne sont jamais trop payés. La limite, c’est l’acceptabilité sociale », lance Claude Bébéar, PDG d’Axa. « Tout le monde sait que l’on vivra avec moins de garanties, moins d’acquis, moins de bonheur que les générations précédentes », prophétise le président de la Commission européenne.

 Quant à Friedrich von Hayek, père du libéralisme et Prix Nobel d’économie en 1974, il a le mérite d’être très clair : « Nous devons admettre que la préservation des libertés individuelles ne peut pas correspondre pleinement à l’image que nous avons de la justice. » La cinquantaine de pages s’avalent d’un trait comme une potion acide. Cul sec et grimace.

 Vous me direz, rien de bien nouveau sous le soleil. Pas de scoop. Sauf que ce pot vraiment pourri de citations des nouveaux maîtres à penser fout carrément les chocottes. Toute cette cruauté débitée avec un aplomb terrifiant, toute cette violence assénée pour justifier le pire avec une apparente bonne foi... où vont-ils chercher tout ça ? À quel sein ont-ils été nourris ces ennemis de la vie et du genre humain ? À quels monstres nous frottons-nous ?

 Faute de connaître les réponses, Jean-Michel Perchet explore des hypothèses en brossant des scènes tragi-comiques. Ses personnages, patrons, flics, prêtres, militaires arborent des visages verdâtres peu engageants. Le rouge qui macule les nez et les bouches n’arrange rien à l’affaire. Les sourires carnassiers n’en sont que plus inquiétants.

Jean-Michel Perchet connaît bien son sujet. Il a croisé certains de ses personnages en travaillant pendant sept ans à la direction financière d’une grande entreprise internationale. Constatant que les repas princiers de son PDG nécessitaient le licenciement de quelques femmes de ménage péruviennes, il est retourné à ses pinceaux et à ses crayons. C’était le bon choix.

 Paroles de maîtres du monde d’aujourd’hui (citations recueillies par Jean-Michel Perchet et Franck Thiriot, illustrations de Jean-Michel Perchet), éditions Libertaires. 13 euros.

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