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  • : Le blog de la rue Goudouly
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MÉMoire ClassÉE

En campagne

11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 03:22

 

 

 

 

"Je suis retraité, je n’ai rien à faire et ça occupe toutes mes journées"
LES VÉRITABLES ENJEUX DE LA BATAILLE DES RETRAITES.

http://goudouly.over-blog.com/article-je-suis-retraite-je-n-ai-rien-a-faire-et-a-occupe-toutes-mes-journees-50132395.html

 

Sur M'PEP

******************************

1.- PRÉSERVER LE DROIT DE BIEN VIVRE PENDANT SA RETRAITE.

Profiter tranquillement de sa retraite après une vie de labeur n’est pas un luxe. C’est un dû. Cela ne se discute même pas, sous aucun prétexte, dans une société aussi riche que la France. Surtout pour les travailleuses et travailleurs qui ont occupé des emplois pénibles. Il est tout à fait normal, puisque nous vivons plus longtemps, de consacrer aux retraites une part plus importante de la richesse nationale : 5% du PIB en 1970 ; 12% en 2010 ; 20% en 2050. Et alors ?


2.- DÉJOUER L’OPÉRATION POLITICIENNE DE SARKOZY QUI, APRÈS SA DÉFAITE ÉLECTORALE, VEUT UNE REVANCHE SOCIALE.

Comme le Parti socialiste n’est pas clair sur la question des retraites, et que d’un autre côté les syndicats ne sont pas unis sur des revendications précises et fortes, Sarkozy pense pouvoir infliger un échec au mouvement social. Cela lui permettrait de se remettre dans la course pour 2012 en divisant la gauche.


3.- INTERDIRE AUX BANQUIERS, ASSUREURS ET FINANCIERS DE FAIRE MAIN-BASSE SUR NOS RETRAITES POUR SPÉCULER.

Les banquiers, assureurs, financiers enragent car ils ne parviennent pas à mettre la main sur toutes les cotisations retraites. Elles représentent des centaines de milliards d’euros qui pourraient être placées sur les marchés financiers pour spéculer. Et leur rapporter beaucoup d’argent ! Pour parvenir à convaincre les Français, comme dans les autres pays, ils racontent n’importe quels bobards et tentent de faire peur ! Ils disposent pour cela d’une armée d’ « experts » et de « journalistes ».


4.- METTRE EN ÉCHEC LA VOLONTÉ DES CLASSES DIRIGEANTES D’ORGANISER L’INSÉCURITÉ DES RETRAITÉS APRÈS CELLE DES SALARIÉS.

En 1997, le Fonds monétaire international (FMI) a estimé qu’il fallait réduire tous les dispositifs publics qui ne génèrent pas d’épargne, afin de « forcer les gens à épargner pour leur retraite en orientant les fonds de manière stable et permanente vers les investissements dans le secteur privé ». Il ajoutait « qu’un système de retraite en répartition peut déprimer l’épargne nationale parce qu’il crée de la sécurité dans le corps social ». Mais avec la crise financière, tous les fonds de pension dans le monde, qui fonctionnent avec de l’épargne, sont au bord de la faillite ! Repousser l’âge légal de départ à la retraite ne repousse pas l’âge de fin d’activité puisque les employeurs se débarrassent des « vieux » travailleurs. Le but est de les faire partir au même âge, mais avec une pension plus faible. C’est le moyen de les « obliger » à épargner !


5.- IMPOSER UN NOUVEAU PARTAGE DES RICHESSES FAVORABLE À LA POPULATION.

Le financement des retraites ne dépend que du partage des richesses. La richesse nationale est produite par le travail. Chaque année, il faut répartir cette richesse produite entre les deux facteurs de production que sont travail et capital. La répartition dépendra du rapport de forces entre capital et travail (la lutte des classes !). Ces trente dernières années, la part de la rétribution du travail a baissé de 10% (170 milliards d’euros chaque année). Il faut les récupérer pour financer, notamment, les retraites (on nous parle de 115 milliards d’euros en 2050). La richesse dépend aussi de la productivité : en 1960, 3 millions d’agriculteurs nourrissaient 40 millions de Français ; 600 000 en nourrissent aujourd’hui 60 millions (au prix, hélas, de la « malbouffe » !). Il n’y a donc aucun problème pour passer de 1,8 cotisant pour 1 retraité en 2010, à 1,2 en 2050. En 1982, les dividendes versés aux actionnaires ne représentaient-ils pas 3,2% du PIB et 8,5% en 2009 ? C’est beaucoup trop, il faut les faire baisser ! Et il faut que les cotisations sociales patronales ne pénalisent pas l’emploi dans les petites entreprises.


6.- AVANCER VERS LA SUPPRESSION DU CHÔMAGE ET DE LA PRÉCARITÉ EN DÉVELOPPANT DES PRODUCTIONS ET SERVICES PERMETTANT DE RÉPONDRE AUX BESOINS SOCIAUX, TOUT EN ORGANISANT LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE DE L’ÉCONOMIE.

Le chômage et la précarité privent de recettes les régimes de protection sociale. Il faut donc supprimer le chômage et la précarité ! C’est possible en imposant le « droit opposable à l’emploi ». Financé par un meilleur partage des richesses, il permettra à la fois la relocalisation de l’économie, la conversion écologique du mode de production, et la création d’emplois dans les secteurs non-marchands pour répondre aux besoins de la population. Le financement des retraites ne doit pas conduire au développement de l’économie marchande actuelle sans tenir compte de la crise écologique. Il ne faut pas augmenter le gâteau (le PIB), il faut changer de gâteau ! Passer de productions futiles à des productions utiles, de productions nuisibles à des productions saines. Les retraités ne dépendent absolument pas du travail des « actifs ». D’abord, les 15 millions de retraités, par leur consommation, créent des millions d’emplois ! Ensuite, ils sont eux-mêmes « actifs », car ils travaillent et créent de la valeur, mais d’usage, non marchande. Le PIB contient déjà environ 20% d’activités non-marchandes, qui sont essentiellement des salaires (des fonctionnaires, des salariés des associations…). Il faut réorienter l’économie à partir du financement de salaires.


7.- DÉSOBÉIR À L’UNION EUROPÉENNE ET PRENDRE DES MESURES PROTECTIONNISTES UNIVERSALISTES POUR DÉVELOPPER NOTRE SYSTÈME SOCIAL ET LE PROMOUVOIR À L’ÉTRANGER.*

Chacun devrait méditer les propos de l’ancien gouverneur de la Bundesbank, Hans Tietmeyer, en 1999, peu après le lancement de l’euro, expliquant le rôle de l’Union européenne : « La concurrence entre les systèmes de protection sociale sera plus forte, pas seulement vis-à-vis du monde non européen, mais aussi à l’intérieur de l’Europe… Il faut de la concurrence entre les systèmes fiscaux, tout comme entre les systèmes de protection sociale nationaux. » Cela signifie que si on se contente simplement d’augmenter les cotisations sociales des entreprises, on met en difficulté l’emploi face à la concurrence étrangère. Il faut donc sortir de cette logique concurrentielle qui tire vers le bas la protection sociale. Pour cela, il n’y a pas d’autre choix que de désobéir à l’Union européenne, et même envisager d’en sortir, pour prendre des mesures protectionnistes dans un cadre universaliste (Charte de La Havane) et interdire les délocalisations. Alors il sera possible d’augmenter les cotisations sociales patronales sans pénaliser l’emploi.


8.- SOUMETTRE LE PARTI SOCIALISTE À LA « QUESTION SOCIALE ».

Le PS a largement participé à la casse des retraites quand il était au pouvoir (Livre Blanc de Rocard, 1991). Aujourd’hui il est embarrassé. Il a tenu un certain discours de gauche pendant la campagne des régionales, et postule à reprendre le pouvoir en 2012. Il doit donc, de son point de vue, adopter une « posture responsable ». C’est-à-dire plier devant les milieux d’affaires sans en donner l’impression à l’électorat. Martine Aubry dit qu’il faut se préoccuper de l’emploi des « séniors ». Mais pour quoi faire ? Pour qu’ils travaillent plus longtemps et empêchent les jeunes d’occuper leur place ? C’est de la précarité et de l’emploi des femmes et des jeunes dont il faut s’occuper ! Le succès de la gauche en 2012 dépendra en partie de la lutte d’aujourd’hui sur les retraites : plus ces luttes seront fortes, plus le PS proposera un programme de gauche !


9.- DÉVELOPPER LE « TRAVAIL LIBÉRÉ » QUE FONT LES RETRAITÉS, PRÉMICES D’UN SOCIALISME DU XXIE SIÈCLE.

Les retraités travaillent ! Ils disent n’avoir « jamais autant travaillé », et qu’ils sont même « heureux de travailler » ! Pour comprendre, distinguons le travail de l’emploi. Le travail est l’activité de production de biens et de services qui permet de répondre aux besoins individuels et collectifs. L’emploi est le cadre, souvent juridique, dans lequel on exerce un travail. Les retraités travaillent, mais ils n’ont pas d’emploi ! Ils travaillent à rendre la vie plus douce aux autres, à leur famille, leur voisinage, dans les associations. Ils réinvestissent leur qualification professionnelle et sociale sous des formes différentes, non-marchandes. Mais ce travail ne s’exerce pas sur le « marché du travail », ils n’ont pas de lien de subordination avec un employeur qui les exploite, ils décident de ce qu’ils font, c’est un travail émancipé, c’est un embryon de contrôle des citoyens sur l’économie. Leur pension est un salaire à vie, inaliénable, sans contreparties. L’enjeu de la bataille des retraites c’est aussi celui du travail libéré de l’exploitation et des nuisances. L’activité des retraités préfigure un socialisme du XXIe siècle, sans « marché du travail », sans salariat, sans employeurs qui exploitent…


Source : http://www.m-pep.org/

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 03:07

 

carte postale de Paolo Faber

logo IconoclassesLes Iconoclasses
10 ans d'études,
Duchamp d'étude...
www.galerie-duchamp.fr

Paolo FABER
"Fauteuil Paolo", 2007

Sur The cARTed Picture Show
Sculpture Amicale - Friendly Sculpture

 

SECOND DÉPÔT DE PLAINTES NATIONAL CONTRE BASE ÉLÈVES
*LE 19 MAI 2010 *

 

http://goudouly.over-blog.com/article-second-depot-de-plaintes-national-contre-base-eleves-50132175.html

Suite à la journée nationale du 9 décembre 2009 [1], des parents toujours plus nombreux souhaitent déposer une plainte contre X concernant la mise en place de Base élèves [2]. Le CNRBE propose une nouvelle date nationale de dépôts de plaintes contre ce système de fichage centralisé de la population scolaire, le 19 mai 2010. Ce jour-là, des parents d'élèves déposeront à nouveau plainte contre X simultanément dans plusieurs départements, au Tribunal de Grande Instance de leur circonscription.

En effet, malgré l'opposition et la mobilisation de nombreux directeurs, parents et citoyens contre Base élèves, malgré les observations et recommandations du Comité International des Droits de l'Enfant des Nations Unies [3] et les nombreuses prises de position des élus [4], l'administration persiste à imposer Base élèves, sans la moindre consultation, ni avec les parents, ni avec les enseignants. Les parents d'élèves ne sont que rarement informés de l'existence de ce fichage et ne peuvent pas s'y opposer. Malgré les allégations faites à l'Etat français par les instances internationales de défense des droits de l'homme [5], les directeurs d'école récalcitrants [6] sont toujours plus lourdement sanctionnés [7] et d'autres, harcelés, menacés, cèdent aux pressions et renseignent Base élèves souvent contre l'avis d'une partie ou de la totalité des parents concernés.


Des parents d'élèves, ne recevant pas de réponse à leurs questions et revendications, ont décidé d'entamer une action en justice. Conseillé et soutenu par des hommes de loi et notamment par le Syndicat des Avocats de France, le Collectif National de Résistance à Base Elèves a répertorié les différentes atteintes aux lois et conventions relatives à la protection de la vie privée, aux droits de l'Homme et de l'enfant. Ensemble, ils ont élaboré un modèle de plainte pénale contre X utilisable par tous les parents qui souhaitent porter plainte. À ce jour, 1820 parents ont déposé une plainte dans 30 départements.


Base élèves est un système informatique obligatoire mis en place par le ministère de l'Education nationale qui permet d'attribuer à chaque enfant un Identifiant National Elève (INE), véritable matricule qui le suivra pendant 35 ans et qui rend possible toutes sortes d'interconnexions avec d'autres fichiers. Base élèves, l'Identifiant National Elève et la Base Nationale des Identifiants Elèves (BNIE) [8], ont été mis en place, sans information aux parents et sans leur consentement, et sont imposés aux équipes enseignantes et aux directeurs d'école sous la menace et les pressions. Ce système d'immatriculation et de traçage des enfants n?est pas nécessaire à la gestion des écoles, il est mis en place dans le cadre d'une politique générale de fichage dont les méfaits sont régulièrement dénoncés. Cette plainte pénale permet enfin de faire entendre la voix des parents, de plus en plus nombreux à refuser ce fichage.


Porter plainte contre X, c'est revendiquer le respect des droits en tant que parent et citoyen, pour préserver les enfants des dérives attentatoires aux libertés individuelles et aux droits de l'Enfant !


Le Collectif National de Résistance à Base Elèves invite les parents d'élèves, qui souhaitent participer à un dépôt de plainte, à le contacter. Vous trouverez les contacts des coordinateurs des dépôts de chaque département sur le site du CNRBE.


*Le collectif National de Résistance à Base Elèves

*_base-eleves@orange.fr__
http://retraitbaseeleves.wordpress.com <http://retraitbaseeleves.wordpress.com/>

_


[1] Communiqué du CNRBE du 9 décembre 2009 : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2009/12/09/bilan-plus-de-670-nouvelles-plaintes
_
[2] _Les motifs de la plainte :

1. La mise en place de Base élèves ne respecte pas les formalités préalables prévues par la loi.   

2. La sécurisation des données ne respecte pas les dispositions légales. Base élèves a été mis en place sans dispositif d?identification forte, avec un simple nom de "login" et un mot de passe.
3. Les données collectées dans Base Elèves alimentent le traitement BNIE avec conservation de l?état civil de l'élève et son parcours scolaire pendant 35 ans, ce qui est contraire à ce qui a été déclaré lors de la création de Base Elèves.
4. La collecte des données du traitement "Base Elèves 1er degré" s'effectue en l'absence d'information donnée aux enfants, parents et à leurs proches.
Lire la plainte et les informations sur la procédure : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/plaintes-parents

[3] Observations finales du Comité des droits de l'enfant des Nations Unies : _http://www2.ohchr.org/english/bodies/crc/docs/co/CRC.C.FRA.CO.4_fr.pdf
Articles du CNRBE concernant le respect des recommandations du Comité des droits de l'enfant : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/juridique/

[4] Communiqué du CNRBE du 22 septembre 2009 : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2009/09/22/senatrice-borvo-bonnes-questions

[5] Rapport présenté au Conseil des Droits de l'homme par la Représentante du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation des Défenseurs des droits de l'homme dans le monde (pages 129 et 130 du document, paragraphes 839 et suivants) : _http://retraitbaseeleves.files.wordpress.com/2010/03/onu-a-hrc-13-22-add1_efs.pdf
Communiqué du CNRBE du 12 mars : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2010/03/12/droits-enfants-directeurs-confortes-onu/

[6] À ce jour 210 directeurs d'école ont déclaré leur refus d'utiliser Base élèves : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/refuzniks

[7] Communiqué du CNRBE du 31 mars : _http://retraitbaseeleves.wordpress.com/2010/03/31/lia-de-lisere-persiste-je-desobeis-tu-desobeis-qui-desobeit/

[8] Informations supplémentaires sur la BNIE :
_http://retraitbaseeleves.wordpress.com/bnie
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article3516
Déclaration à la CNIL du traitement BNIE du 25 février 2006 complétée le 8 février 2007 :
_http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2877_


*Les départements qui participeront aux dépôts de plaintes du 19 mai
*/Tous les dépôts en préparation, et ceux qui sont envisagés, sont annoncés dans les pages de chaque département.
/- Drôme, Gard, Haute-Garonne, Gers, Ille et Vilaine, Jura, Loire, Loire Atlantique, Maine et Loire, Hautes-Pyrénées, Rhône, Tarn, Vendée, Seine St Denis, Val de Marne.
- A confirmer : Bouches du Rhône, Charente Maritime, Côtes d?Armor, Isère, Morbihan, Sarthe, Yvelines, Tarn et Garonne, Var, Vosges.
- Autres dépôts envisagés : Aisne, Ardèche, Ardennes, Gironde, Indre et Loire, Loiret, Lot, Manche, Marne, Meurthe et Moselle, Nord, Pyrénées Atlantiques, Pyrénées Orientales, Bas-Rhin, Haute-Savoie, Deux-Sèvres, Somme, Hauts de Seine...

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 03:10
carte postale de Bruno Brusa & Marianne Féraille

Image-texte : Bruno Brusa - Marianne Féraille

Titre : Route-paysage
Série : La route dans le paysage

Sur  The cARTed Picture Show

Le chœur dans nos têtes

http://goudouly.over-blog.com/article-le-choeur-dans-nos-tetes-49939773.html

« La Rabbia », de Pier Paolo Pasolini

Dans Le Monde Diplomatique

 

On fulmine souvent en découvrant comment les journaux télévisés présentent (ou occultent) les événements. On se dit que, si on pouvait, on exposerait cela tout autrement. De manière à rendre plus parlante la réalité. Comme le fit, en 1963, le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini dans son film La Rabbia (« La Rage »), un documentaire politique d’une force telle qu’il fut censuré. On peut enfin le voir aujourd’hui.

Par John Berger

Quand je dis qu’il ressemblait à un ange, je ne peux imaginer de propos plus idiot à son égard. Un ange né du pinceau de Cosimo Tura ? Non. Cet artiste, né et mort à Ferrare, en Italie, au XVe siècle (1430-1495), a peint un saint Georges qui est son portrait vivant ! Lui abhorrait pourtant les saints officiels et les anges béats. Alors, pourquoi le dire ? Parce que l’immense tristesse qui ne le quittait jamais ne l’empêchait pas de plaisanter, et que l’expression sur son visage affligé distribuait le rire en devinant exactement qui en avait le plus besoin. Et plus sa touche était intime, plus elle était lucide ! Il pouvait parler aux gens tout doucement de ce qui leur arrivait de pire, et cela atténuait quelque peu leur souffrance «  (...) car nous ne désespérons jamais sans garder un peu d’espoir » (« Nulla disperazione senza un po’ di sperànza »). Il s’appelait Pier Paolo Pasolini (1922-1975) (1).

Je pense qu’il doutait de lui-même à maints égards, mais jamais de son don de prophétie, la seule chose, peut-être, dont il aurait aimé douter. Pourtant, pour avoir été prophétique, il nous vient en aide dans ce que nous vivons aujourd’hui. Je viens de voir un film, La Rabbia (« La Rage »), qu’il a réalisé en 1963. Etonnamment, ce film n’a jamais été diffusé en salles (2). Il nous arrive tel le légendaire message glissé dans une bouteille jetée à la mer qui échoue quarante-trois ans après sur notre plage.

A cette époque, beaucoup de gens suivaient les événements dans le monde en regardant, non pas les informations télévisées, mais les actualités hebdomadaires au cinéma. En 1962, le producteur d’actualités cinématographiques Gastone Ferranti eut l’idée brillante de donner au cinéaste Pier Paolo Pasolini, déjà célèbre, l’accès aux archives de ses bobines d’actualités de 1945 à 1962, afin de répondre à la question : pourquoi cette peur d’une guerre partout dans le monde ? Le réalisateur pouvait monter tout le matériau de son choix et devait rédiger un commentaire qui serait lu en voix off. Gastone Ferranti espérait que le film d’une heure ainsi réalisé rehausserait le prestige de sa société. La question posée était « brûlante » car, à l’époque, la peur d’une nouvelle guerre mondiale était en effet répandue. La crise des missiles nucléaires entre Cuba, les Etats-Unis et l’Union soviétique avait eu lieu en octobre 1962.

Pier Paolo Pasolini avait déjà réalisé Accattone (1961), Mamma Roma (1962) et La Ricotta (1963). Il accepta de faire un pur documentaire de montage pour ses propres raisons : il aimait l’histoire et était en guerre avec elle. Il réalisa le film, et l’intitula La Rabbia (« La Rage »). Lorsque les producteurs le visionnèrent, ils eurent la frousse et exigèrent qu’un second cinéaste, un journaliste d’extrême droite tristement célèbre, du nom de Giovanni Guareschi (1908-1968), auteur du fameux Don Camillo (1948), réalise une seconde partie et que les deux documentaires soient présentés comme n’en faisant qu’un. Résultat : aucun des deux ne fut diffusé.

La Rabbia de Pasolini est un film inspiré, je dirais, non pas par une colère rageuse, mais par un sens féroce de l’endurance. Pasolini regarde ce qui se passe dans le monde avec une lucidité infaillible. (Rembrandt a dessiné des anges qui ont ce même regard.) Parce que la réalité est tout ce que nous avons à aimer. Il n’y a rien d’autre. Son rejet de l’hypocrisie, des demi-vérités et des faux-semblants, des rapaces et des puissants est total car ces feintes engendrent et nourrissent l’ignorance, qui est une forme de cécité devant la réalité. Et aussi parce qu’elles pissent sur la mémoire, dont celle de la langue elle-même, notre premier héritage.

Pourtant, il n’était pas simple d’endosser cette réalité qu’il aimait car, à ce moment-là, c’était celle d’une déception. Beaucoup d’espoirs, fleuris et épanouis en 1945 après la défaite du fascisme, avaient été trahis. L’URSS avait envahi la Hongrie en 1956. La France avait commencé en 1954 sa lâche guerre contre l’Algérie (qui recherchait avec courage sa libération). L’accession à l’indépendance des anciennes colonies africaines n’était qu’une macabre farce. Patrice Lumumba avait été liquidé au Congo en 1961 par les tueurs à gages de la CIA. Le néocapitalisme s’apprêtait déjà à dominer le monde.

Malgré tout, les espérances demeuraient. Ce qui avait été légué était bien trop précieux et trop coriace pour qu’on y renonce. Autrement dit, il était impossible d’ignorer les exigences de la réalité, criantes et omniprésentes. Qui se manifestaient sur le visage d’un jeune homme. Dans la façon dont une femme recouvrait sa tête. Dans une rue où les gens se pressaient pour réclamer moins d’injustice. Dans les rires suscités par leurs espoirs et dans l’insouciance de leurs plaisanteries. C’est de là que vient sa rage d’endurance. La réponse de Pasolini à la question originelle fut simple. La lutte des classes explique la guerre. Le film se termine sur un monologue imaginaire de Youri Gagarine, qui note, après avoir vu notre planète de l’espace, que, contemplés de cette distance, tous les êtres humains sont des frères qui devraient renoncer aux pratiques sanglantes de la Terre.

Mais, pour l’essentiel, ce film a trait à des expériences que la question et la réponse laissent de côté. Le froid de l’hiver pour les sans-abri. La chaleur du souvenir des héros révolutionnaires. La malice de paysan dans les yeux du pape Jean XXIII qui sourient comme ceux d’une tortue. Les fautes de Staline qui sont aussi les nôtres. La tentation consolatrice de croire que la lutte est finie. La mort de Marilyn Monroe, comme si la beauté était tout ce qui reste de la bêtise du passé et de la sauvagerie à venir. Comment Nature et Richesse se confondent aux yeux des classes possédantes. Nos mères et leurs larmes en héritage. Les enfants et les enfants de leurs enfants. Et la légère panique dans les yeux de Sophia Loren lorsqu’elle regarde les mains d’un pêcheur éventrer une anguille...

Deux voix off anonymes commentent ce film en noir et blanc. Ce sont les voix de deux des amis du cinéaste, le peintre Renato Guttuso et l’écrivain Giorgio Bassani. L’une est celle d’un commentateur captivé, l’autre celle de quelqu’un qui est moitié historien, moitié poète, une voix de devin. Entre autres événements majeurs, le film aborde l’insurrection hongroise, le second mandat présidentiel brigué aux Etats-Unis par Dwight Eisenhower, le couronnement de la reine Elizabeth II d’Angleterre, la victoire de l’insurrection algérienne, et le succès en 1959 de Fidel Castro à Cuba.

La première voix nous informe, la seconde éveille nos souvenirs. De quoi ? Pas exactement de ce qui est oublié (elle est plus maligne que cela), mais plutôt de ce que nous avons choisi d’effacer, et ces choix-là commencent souvent dès l’enfance. Pasolini n’a rien oublié de son enfance – d’où cette coexistence constante de la souffrance et du rire dans ce qu’il cherche. Cette seconde voix suscite en nous la honte d’avoir oublié. Les deux voix fonctionnent comme un chœur grec. Elles ne peuvent pas peser sur l’issue de ce qu’on nous montre. Elles n’interprètent pas. Elles posent des questions, écoutent, observent et articulent ensuite ce que le spectateur peut ressentir. Et si elles arrivent à leurs fins, c’est parce qu’elles ont conscience que le langage que parlent acteurs, chœur et spectateur est l’entrepôt d’une expérience commune très ancienne. Le langage lui-même est complice de nos réactions. On ne peut pas tricher avec lui. Ces voix s’élèvent, non pour renchérir sur un argument, mais parce qu’il serait honteux, vu la durée de l’expérience et de la souffrance humaines, que ce qu’elles ont à dire ne soit pas dit. Si elles gardaient le silence, notre aptitude à être humain serait amoindrie.

Dans la Grèce antique, le chœur était composé, non pas d’acteurs, mais de citoyens masculins, choisis tous les ans par le choregus, le maître du chœur. Ces citoyens représentaient la cité, ils venaient de l’agora, du forum. Mais, en tant que chœur, ils devenaient les voix de plusieurs générations. Lorsqu’ils évoquaient ce que le public reconnaissait, ils étaient les grands-parents. Lorsqu’ils articulaient ce que le public ressentait mais ne pouvait exprimer, ils étaient les générations à venir. Pasolini arrive à ce résultat avec seulement deux voix, en faisant les cent pas, furieux, entre le monde antique qui va disparaître avec le dernier paysan, et le monde futur du calcul féroce. A plusieurs reprises, La Rabbia nous rappelle les limites de la justification rationnelle et la fréquente vulgarité de certains termes comme optimisme et pessimisme.

Les plus grands esprits d’Europe et des Etats-Unis, annonce-t-il, nous expliquent ce que signifie, en théorie, mourir à Cuba (en combattant aux côtés de Fidel Castro et de Che Guevara). Il n’y a pourtant qu’avec de la pitié, à la lumière d’un chant, à la lumière de larmes, qu’on puisse expliquer ce que mourir à Cuba – ou à Naples ou à Gaza –, aux côtés de ceux qui souffrent, signifie vraiment. A un moment, La Rabbia de Pasolini nous rappelle que nous avons tous le droit de rêver d’être comme certains de nos ancêtres ! Et il ajoute : seule la révolution peut sauver le passé. La Rabbia est un film d’amour. Cela dit, sa lucidité est comparable à celle de l’aphorisme de Franz Kafka : « Dans un certain sens, le Bien n’apporte aucun confort. » C’est pourquoi je dis que Pasolini ressemblait à un ange.

La Rabbia ne dure qu’une heure, une heure façonnée, mesurée, éditée il y a quarante ans. Et ce film contraste tellement avec les commentaires sur les actualités et les informations que l’on regarde aujourd’hui que, quand cette heure s’achève, on se dit que ce ne sont pas seulement des espèces animales et végétales qu’on détruit ou qu’on pousse à disparaître actuellement, mais aussi nos priorités humaines, les unes après les autres. Celles-ci sont systématiquement pulvérisées, non pas avec des pesticides, mais avec des éthicides – des agents qui tuent l’éthique et, par conséquent, toute notion d’histoire et de justice. Les priorités visées sont celles qui émanent du besoin humain de partager, de léguer, de consoler, de faire son deuil, d’espérer. Et les médias d’information de masse pulvérisent, nous arrosent, aujourd’hui, d’éthicides jour et nuit.

Les éthicides sont peut-être moins efficaces, moins rapides que ne l’espéraient les experts en communication, mais ils ont réussi à enterrer et à recouvrir l’espace d’imagination que tout forum public traditionnel représente et nécessite. (Nos forums sont partout, mais demeurent marginaux pour l’instant.) Et sur le terrain vague où les forums ont été enfouis (qui rappelle celui, près de Rome, où Pasolini a été assassiné par des fascistes), l’écrivain-réalisateur nous étreint avec sa Rabbia et nous montre, par son exemple tenace, comment porter le chœur dans nos têtes.


(Traduit de l’anglais par Claude Albert.)

John Berger

Ecrivain et peintre britannique. A obtenu le Booker Prize en 1972. Dernier ouvrage paru : D’ici là, Editions de l’Olivier, Paris, 2006.

 

(1) Lire Guy Scarpetta, « Pasolini, un réfractaire exemplaire », Le Monde diplomatique, février 2006.

 

(2) La Rabbia (1963), 1re partie de Pier Paolo Pasolini, 2e partie de Giovanni Guareschi, est disponible en DVD (réf. TW5785) édité, à Paris, en version originale sous-titrée par MK2 (accompagné d’un entretien avec Hervé Joubert-Laurencin et d’un court métrage de Pasolini, Les Murs de Sanaa, 1970).

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 03:11

evo-morales-reelu-president

 

Accord des peuples

http://goudouly.over-blog.com/article-accord-des-peuples-49896998.html

Résolution de la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et le Droits de la Terre Mère

22 avril, Cochabamba, Bolivie


Aujourd'hui notre Terre Mère est blessée et le futur de l'Humanité est en danger.


Avec l'augmentation de la température globale de plus de 2°C, à laquelle dénommé « Accord de Copenhague » risquerait de nous conduire, il y a 50% de chances que les dommages provoqués à notre Mère Terre soient totalement irréversibles. 20 à 30% des espèces seraient en danger de disparition. De grandes étendues de forêts seraient affectées, les sécheresses et inondations toucheraient diverses régions du monde, les déserts s'étendraient et la fonte des pôles et des glaciers des Andes et de l'Himalaya s'aggraverait. De nombreux États insulaires disparaîtraient et l'Afrique subirait une hausse de température de plus de 3°C. De ce fait la production d'aliments dans le monde réduirait, entraînant des effets catastrophiques pour la survie des habitants de vastes régions de la planète, et le nombre de personnes souffrant de la famine croitrait de manière dramatique dans le monde, alors qu'il dépasse déjà le nombre de 1.020 millions de personnes.


Les multinationales et les gouvernements des pays dits « les plus développés », avec la complicité d'une frange de la communauté scientifique, nous imposent de discuter du changement climatique comme d'un problème réduit à l'augmentation de la température, sans se poser la question de la cause, qui est le système capitaliste.


Nous sommes confrontés à la crise finale du système de la civilisation patriarcale basée sur la soumission et la destruction des êtres humains et de la nature, qui s'est accélérée avec la révolution industrielle.


Le système capitaliste nous a imposé une logique de compétences, de progrès et de croissance illimitée. Ce régime de production et de consommation recherche le gain sans limites, séparant ainsi l'être humain de la nature, établissant une logique de domination sur celle-ci, transformant tout en marchandise : l'eau, la terre, le génome humain, les cultures ancestrales, la biodiversité, la justice, l'éthique, les droits des peuples, la mort et la vie elle-même.


Sous le capitalisme, le Terre Mère se transforme en une simple source de matières premières, et les êtres humains en moyens de production et en consommateurs, en personnes qui comptent pour ce qu'ils ont et non pour ce qu'ils sont.


Le capitalisme demande une puissante industrie militaire pour son processus d'accumulation et le contrôle des territoires et des ressources naturelles, réprimant la résistance des peuples. Il s'agit d'un système impérialiste de colonisation de la planète.


L'Humanité est face à une grande alternative : continuer sur la voie du capitalisme, du pillage et de la mort, ou s'engager sur le chemin de l'harmonie avec la nature et le respect de la vie.


Nous avons besoin de forger un nouveau système qui rétablisse l'harmonie avec la nature et entre les êtres humains. Il ne peut y avoir d'équilibre avec la nature que s'il y a équité entre les êtres humains.


Nous proposons aux peuples du monde de récupérer, revaloriser et renforcer les connaissances, les savoirs et les pratiques ancestrales des Peuples Indigènes, affirmés dans le vécu et la proposition de « Bien Vivre », reconnaissant à la Terre Mère comme un être vivant, avec lequel nous avons une relation indissoluble, une relation d'interdpéendance, de complémentarité complémentaire et une relation spirituelle.


Pour affronter le changement climatique nous devons reconnaître la Terre Mère comme source de la vie et forger un nouveau système basé sur les principes :


de l'harmonie et l'équilibre entre tous et avec tout
de la complémentarité, la solidarité et l'équité
du bien-être collectif et la satisfaction des besoins fondamentaux de tous en harmonie avec la Terre Mère
du respect des Droits de la Terre Mère et des Droits de l'Homme
de la reconnaissance de l'être humain pour ce qu'il est et non pour ce qu'il a
de l'élimination de toute forme de colonialisme, d'impérialisme et d'interventionnisme
de la paix entre les peuples et avec la Terre Mère.

 

 


Le modèle que nous demandons n'est pas un modèle de développement destructeur ni illimité. Les pays ont besoin de produire des biens et des services pour satisfaire les besoins fondamentaux de leurs populations, mais ils ne peuvent en aucun cas continuer sur cette voie du développement dans laquelle les pays les plus riches ont une empreinte écologique cinq fois plus grande que ce que la planète est capable de supporter. A ce jour on a déjà dépassé de plus de 30% la capacité qu' la planète de se régénérer. A ce rythme de surexploitation de notre Terre Mère on aura besoin de deux planètes en 2030.


Dans un système d'interdépendances dont les êtres humains constituent une composante, il n'est pas possible de reconnaître des droits à la seule partie humaine sans provoquer un déséquilibre de tout le système. Pour garantir les droits humains et rétablir l'harmonie avec la nature, il est nécessaire de reconnaître et d'appliquer effectivement les droits de la Terre Mère.


Pour ce faire nous proposons le projet ci-joint de Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère, dans laquelle seraient consignés :


Le droit à la vie et à l'existence ;
Le droit d'être respectée ;
Le droit à la continuation de ses cycles et processus vitaux sans altération humaine ;
Le droit à maintenir son identité et intégrité comme être différencié, auto-régulé et interagissant ;
Le droit à l'eau comme source de vie ;
Le droit à un air propre ;
Le droit à la santé intégrale ;
Le droit d'être à l'abri de la contamination et de la pollution, des déchets toxiques et radioactifs ;
Le droit de ne pas être altérée génétiquement et modifiée dans sa structure, menaçant ainsi son intégrité ou fonctionnement vital et sain ;
Le droit à une restauration pleine et rapide des violations aux droits reconnus dans cette Déclaration causés par les activités humaines.


L'orientation que nous partageons est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre pour rendre effectif l'Article 2 de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique qui détermine « la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à un niveau qui empêche les interférences anthropogéniques dangereuses pour le système climatique ». Notre vision est d'exiger, sur la base du principe des responsabilités historiques communes mais différenciées, que les pays développés s'engagent sur des objectifs quantifiés de réduction des émissions qui permettent de faire revenir les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère à 300 ppm, et ainsi limiter l'augmentation de la température moyenne globale à un niveau maximum de 1°C.


Mettant en exergue la nécessité d'une action urgente pour réaliser ces orientations et, avec le soutien des peuples, des mouvements et des pays, les pays développés devront s'engager sur des buts ambitieux de réduction des émissions, qui permettent d'atteindre les objectifs à court terme et maintenant notre orientation en faveur de l'équilibre du système climatique de la Terre, en accord avec l'objectif ultime de la Convention.


La « Vision partagée » pour « l'Action Coopérative sur le Long Terme » ne doit pas se réduire, dans la négociation sur le changement climatique, à définir la limite de l'augmentation de température et la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, elle doit aussi comprendre de façon intégrale et équilibrée un ensemble de mesures financières, technologiques, d'adaptation, de développement des capacités, de modèles de production, de consommation et d'autres éléments essentiels comme la reconnaissance des droits de la Terre Mère pour rétablir l'harmonie avec la nature.


Les pays développés, principaux responsables du changement climatique, assumant leurs responsabilités passées et présentes, doivent reconnaître et honorer leur dette climatique dans toutes ses dimensions, comme étant la base pour une solution juste, effective et scientifique au changement climatique. Dans ce cadre nous exigeons des pays développés qu'ils :


Rendent aux pays en développement l'espace atmosphérique qui est occupé par ses émissions de gaz à effet de serre. Cela passe par la décolonisation de l'atmosphère via la réduction et l'absorption de leurs émissions.
Assument les coûts et les besoins de transfert de technologie des pays en développement dus à la perte de chance de se développer causée par le fait de vivre dans un espace atmosphérique restreint.
Prennent la responsabilité des centaines de millions de personnes qui devront migrer du fait du changement climatique qu'ils ont provoqué et qu'ils éliminent leurs politiques restrictives de migration et offrent aux migrants une vie digne avec tous les droits, dans leurs pays.
Assument la dette d'adaptation liée aux impacts du changement climatique dans les pays en développement en leur fournissant les moyens de prévenir, minimiser et de prendre en charge les dommages qui découlent de leurs émissions excessives.
Honorent ces dettes comme une partie de la dette supérieure envers la Terre Mère, en adoptant et en appliquant la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère aux Nations Unies.


L'objectif doit être non seulement une compensation économique, mais aussi principalement une justice restauratrice - c'est à dire qui restitue l'intégralité aux personnes et aux membres qui forment une communauté de vie sue Terre.


Nous déplorons la tentative faite par un groupe de pays d'annuler le Protocole de Kyoto, unique instrument légalement liant en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés.


Nous avertissons le monde que malgré l'obligation légale, les émissions des pays développés, au lieu de diminuer, ont augmenté de 11,2% entre 1990 et 2007.


Les États Unis, du fait d'une consommation illimitée, ont augmenté leurs émissions de gaz à effet de serre de 16,8% entre 1990 et 2007, émettant en moyenne entre 20 et 23 tonnes annuelles de CO2 par habitant, ce qui représente plus de 9 fois les émissions d'un habitant moyen du Tiers Monde, et plus de 20 fois les émissions d'un habitant d'Afrique Subsaharienne.


Nous rejetons de manière absolue l'illégitime « Accord de Copenhague », qui permet à ces pays développés de marchander des réductions insuffisantes de gaz à effet de serre, sur la base d'accords volontaires et individuels, qui violent l'intégrité environnementale de la Terre Mère, en nous conduisant à une augmentation d'environ 4°C.


La prochaine conférence sur le Changement Climatique qui aura lieu à la fin de l'année à Mexico doit approuver l'amendement au Protocole de Kyoto, pour la deuxième période d'engagements débutant en 2013et allant jusque 2017, dans laquelle les pays développés doivent s'engager sur des réductions domestiques significatives d'au moins 50% par rapport à l'année de référence 1990, sans inclure de marché carbone ni d'autre système de déviation qui viennent masquer le non accomplissement des réductions réelles des émissions de gaz à effet de serre.


Nous demandons à établir d'abord un objectif pour l'ensemble des pays développés pour ensuite réaliser l'assignation individuelle pour chaque pays développé, dans le cadre d'une comparaison des efforts réalisés par chacun d'eux, maintenant ainsi le système du Protocole de Kyoto pour les réductions des émissions.


Les États Unis d'Amérique, en leur qualité d'unique pays de la Terre selon l'Annexe 1 à ne pas avoir ratifié le Protocole de Kyoto, ont une responsabilité significative devant tous les peuples du monde, c'est pourquoi ils doivent ratifier le Protocole de Kyoto et s'engager à respecter et accomplir les objectifs de réduction des émissions à l'échelle de toute leur économie.


Les peuples ont tous les mêmes droits de protection face aux impacts du changement climatique et nous rejetons la notion d'adaptation au changement climatique, entendue comme la résignation aux impacts provoqués par les émissions historiques des pays développés, qui doivent adapter leur style de vie et de consommation face à cette urgence planétaire. Nous nous voyons forcés à affronter les impacts du changement climatique, en considérant les adaptations comme un processus et non comme une obligation, ainsi que comme un outil qui serve à le compenser, en démontrant qu'il est possible de vivre en harmonie avec un mode de vie différent.


Il est nécessaire de créer un Fonds d'Adaptation, qui soit un fonds exclusif destiné à affronter le changement climatique, et qui fasse partie d'un mécanisme financier manié et conduit de manière souveraine, transparente et équitable par nos États. Avec ce Fonds il est nécessaire d'être attentif : aux effets du réchauffement et leurs coûts dans les pays en développement et les besoins que ces effets induisent, et d'enregistrer et de piloter l'appui de la part de pays développés. Ce fonds doit de plus mettre en place un mécanisme d'indemnisation des dommages passés et futurs dus à l'impact du réchauffement, des pertes d'opportunités et des reconstructions causés par des évènements climatiques extrêmes ou graduels, et des coûts additionnels -comme ces effets qui sont en train d'entraver le droit de Bien Vivre- qui pourraient apparaître si notre planète dépasse les seuils écologiques.


L'« accord de Copenhague » imposé aux pays en développement par quelques États, non content de n'offrir que des ressources insuffisantes, prétend par lui même affronter les peuples et prétend extorquer les pays en développement en conditionnant l'accès aux ressources d'adaptation au changement à la prise de mesures de mitigation. De plus il établit comme étant inacceptable le fait que dans les processus de négociations internationales on essaie de catégoriser les pays en développement par leur vulnérabilité au changement climatique, ce qui crée des disputes, des inégalités et des ségrégations entre eux.


L'immense défi que nous affrontons en tant qu'espèce pour endiguer le réchauffement climatique global et refroidir la planète sera relevé seulement en engageant une profonde transformation de l'agriculture, dans le sens d'une modèle soutenable de production agricole paysanne et indigène/natifs, et d'autres modèles et pratiques ancestrales écologiques qui contribuent à résoudre le problème du changement climatique et assurent la Souveraineté Alimentaire -entendue comme le droit des peuples de contrôler leurs propres graines, terres, eau, ainsi que la production alimentaire, en garantissant, via une production en harmonie avec la Terre Mère, enracinée dans les terroirs et culturellement appropriée, l'accès des peuples à suffisamment d'aliments, variés et nutritifs, complétant ce que donne la Terre Mère, en approfondissant la production autonome (participative, communautaire et partagée) de chaque nation et peuple.


Le Changement Climatique est déjà en train de produire de profonds effets sur l'agriculture et sur les modes de vie des peuples indigènes/natifs et paysans du monde, et ces effets iront en s'aggravant à l'avenir.


Le commerce agricole, à travers son modèle social, économique et culturel de production capitaliste globalisée et sa logique de production d'aliments pour le marché et non pour respecter le droit à l'alimentation, est une des causes principales du changement climatique. Ses outils technologiques, commerciaux et politiques ne font qu'approfondir la crise climatique et augmenter la faim sur la planète. Pour cette raison nous rejetons les Traités de Libre Commerce et les Accords d'Association, ainsi que toutes les formes d'application des Droits de la Propriété Intellectuelle sur la vie, les technologies actuelles (agrochimiques, transgéniques) et celles qui se présentent comme de fausses solutions (agrocombustibles, géo-ingénierie, nanotechnologies, technologies Terminator et similaires) qui ne feront qu'intensifier la crise actuelle.


Dans le même temps nous dénonçons le fait que ce modèle capitaliste impose des méga-projets d'infrastructures, envahit des territoires avec des projets d'extraction, privatise et marchandise l'eau, et militarise les territoires en expulsant les peuples indigènes et paysans de leurs territoires, en empêchant la Souveraineté Alimentaire et en approfondissant la crise socio-environnementale.


Nous exigeons que soit reconnu le droit de tous les peuples, les êtres vivants et la Terre Mère, d'accéder et de jouir de l'eau et nous appuyons la proposition du Gouvernement bolivien de reconnaître l'eau comme un Droit Humain Fondamental.


La définition de la forêt utilisée dans les négociations de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui inclue les plantations, est inacceptable. Les monocultures ne sont pas des forêts. Ainsi nous exigeons une définition destinée au commerce qui reconnaisse les forêts naturelles, la jungle et la diversité des écosystèmes de la terre.


La Déclaration de l'ONU sur les Droits des Peuples Indigènes doit être pleinement reconnue, mise en œuvre et intégrée aux négociations sur le changement climatique. La meilleure stratégie et action pour éviter la déforestation et la dégradation, et protéger les forêts naturelles et la jungle revient à reconnaître et garantir les droits collectifs des terres et territoires, en considérant spécifiquement que la plupart des forêts et jungles se trouvent sur les territoires des peuples et nations indigènes, communautés paysannes et traditionnelles.


Nous condamnons les mécanismes de marché, comme le mécanisme de REDD (réduction des émissions par la déforestation et la dégradation des forêts) et ses versions + et ++, qui violent la souveraineté des Peuples et leur droit au consentement libre, préalable et éclairé, tout comme la souveraineté des États nationaux, et violent les droits, us et coutumes des Peuples ainsi que les Droits de la Nature.


Les pays pollueurs sont obligés de transférer de manière directe les ressources économiques et technologiques nécessaires à payer la restauration et le maintien des forêts et jungles, en faveur des peuples et structures organiques ancestrales indigènes, originaires et paysannes. Cela devra constituer une compensation directe et additionnelle aux fonds et financements auxquels se sont engagés les pays développés, en dehors du marché carbone, et ne servant jamais comme les compensations de carbone (offsets). Nous demandons aux pays d'arrêter les initiatives locales en matière de forêts et jungles, basés sur des mécanismes de marché et proposant des résultats inexistants et conditionnés. Nous exigeons des gouvernements un programme mondial de restauration des forêts naturelles et des jungles, dirigé et administré par les peuples, engageant des mesures pour les graines forestières, fruitières et de flore autochtone. Les gouvernements doivent éliminer les concessions forestières et appuyer la conservation du pétrole sous terre, et faire cesser d'urgence les exploitations d'hydrocarbures dans les jungles.

Nous exigeons que les États reconnaissent, respectent et garantissent l'application effective des standards internationaux des droits humains et droits des peuples indigènes, en particulier la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes, l'accord 169 de l'OIT, parmi d'autres instruments pertinents, dans le cadre des négociations, des politiques et des mesures pour relever les défis lancés par le changement climatique. Nous demandons surtout aux États de reconnaître la préexistence de notre droit sur nos territoires, nos terres et ressources naturelles pour rendre possible et consolider nos formes traditionnelles de vie et contribuer activement à trouver une réponse au changement climatique.

Nous demandons la pleine et effective application du droit à la consultation, à la participation et au consentement préalable, libre et informé des peuples Indigènes dans tous les processus de négociation tels que la conception et la mise en œuvre des mesures relatives au changement climatique.

Actuellement, la dégradation environnementale et le changement climatique atteignent un niveau des plus critiques, dont l'une des principales conséquences est la migration intérieure et internationale. Selon certaines études, en 1995, il existait environ 25 millions de migrants climatiques, aujourd'hui, on estime qu'il y en a 50 millions et qu'il y en aura en 2050 entre 200 millions à 1 milliard de personnes déplacées à cause de situations liées au changement climatique. Les pays développés doivent assumer leur responsabilité auprès des migrants climatiques, en les accueillant sur leur territoire et en reconnaissant leurs droits fondamentaux, à travers la signature d'accords internationaux se basant sur la même définition du migrant climatique afin que tous les Etats se mettent d'accord sur leurs objectifs.

Constituer un Tribunal International de Conscience pour dénoncer, rendre visible, documenter, juger et sanctionner les violations des droits des migrants, des réfugiés et déplacés dans leurs pays d'origine, de transit et d'accueil, en identifiant clairement les responsabilités des États, des compagnies et des autres acteurs.

Le financement actuel destiné aux pays en développement et la proposition de la conférence de Copenhague sont infimes. Les pays développés doivent s'engager à un nouveau financement annuel, en plus de l'Aide Officielle au Développement et aux ressources publiques, d'au moins 6% de leur PIB pour faire face au changement climatique dans les pays en voie de développement. Ceci est possible puisqu'ils gaspillent une somme équivalente pour la défense nationale et qu'ils ont dépensé 5 fois plus pour sauver les banques et les spéculateurs en déroute. Cela remettrait sérieusement en question leurs priorités mondiales et leur volonté politique. Ce financement doit être direct, sans condition et ne pas affaiblir la souveraineté nationale des communautés et des groupes les plus affectés.

Étant donné l'inefficacité du mécanisme actuel, lors de la Conférence de México, on doit établir un nouveau mécanisme de financement qui fonctionne sous l'égide de la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, en lui rendant des comptes, dotée d'une représentation significative des Pays en Voie de Développement pour garantir la tenue des engagements financiers des pays prévus par l'annexe 1.

Il a été constaté que les pays développés ont augmenté leurs émissions durant la période 1990-2007, tout en déclarant que la réduction se verrait ajustée par les mécanismes de marché.

Le marché du carbone s'est transformé en une affaire lucrative, en faisant de notre Terre-Mère une marchandise. Cela ne représente en aucune façon une alternative pour affronter le changement climatique mais davantage un pillage, une dévastation de la terre, de l'eau et de la vie-même.

La récente crise financière a démontré que le Marché est incapable de réguler le système financier, qu'il est fragile et instable face à la spéculation et l'apparition d'agents intermédiaires, par conséquent, ce serait une irresponsabilité totale de le laisser s'occuper et protéger l'existence humaine et de notre Terre-Mère.

Il est inadmissible que les négociations en cours prétendent la création de nouveaux mécanismes qui augmentent et promeuvent le marché du carbone alors que les mécanismes existants n'ont jamais résolu le problème du changement climatique et qu'ils ne se sont jamais transformé en actions concrètes pour la réduction des gaz à effet de serre.

Il est indispensable d'exiger la tenue des engagements pris par les pays développés dans la Convention-cadre Nations Unies sur le changement climatique en ce qui concerne le développement et le transfert de technologie, de même que le fait de rejeter la « vitrine technologique » proposée par des pays développés qui ne font que commercialiser la technologie. Il est fondamental d'établir des alignements pour créer un mécanisme multilatéral et multidisciplinaire pour le contrôle participatif, la gestion et l'évaluation continue des échanges de technologies. Ces technologies doivent être utiles, propres et socialement appropriés. De la même façon, il est nécessaire d'établir un fond de financement et un inventaire de technologies adéquates et libre de droit quant à la propriété intellectuelle en particulier, de brevets qui doivent passer de monopoles privés au domaine publique, librement accessible et à bas coût.

La connaissance est universelle, et rien ne justifie qu'elle ou ses applications technologiques soient une propriété privée à usage privé. Il incombe aux pays développés de partager leur technologie avec les pays en voie de développement, de créer des pôles de recherches pour la création de technologies et d'innovations propres, ainsi que de défendre et d'encourager leur développmentr et leur application pour un mieux vivre. Le monde doit récupérer, apprendre, réapprendre les principes et les priorités de l'héritage ancestral de ses peuples natifs pour stopper la destruction de la planète, ainsi que les connaissances et les pratiques ancestrales, la spiritualité dans la réintroduction du mieux vivre en harmonie avec la Terre-Mère.

Considérant le manque de volonté politique des pays développés pour tenir leurs engagements et leurs obligations pris lors de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et le Protocole de Kyoto, et face à l'inexistence d'une instance légale internationale qui avertisse et sanctionne tous ces délits et crimes climatiques et environnementaux perpétrés contre les droits de la Terre-Mère et de l'humanité, nous demandons la création d'un Tribunal International de Justice Climatique et Environnemental capable juridiquement d'avertir, de juger et de sanctionner les États, les entreprises et les personnes qui , par action ou par omission, polluent et provoquent le changement climatique.

Appuyer les États qui présentent des demandes à la Cour Internationale de justice contre les pays développés qui ne tiennent pas leurs engagements sous la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique et le Protocole de Kyoto incluant leurs engagements sur la réduction des gaz à effet de serre.

Nous invitons les peuples à proposer et à promouvoir une réforme profonde de l'Organisation de Nations Unies (ONU), afin que tous ses États-membres appliquent leurs décisions du Tribunal International de Justice Climatique et Environnementale.

L'avenir de l'humanité est en danger et nous ne pouvons accepter qu'un groupe de gouvernants de pays développés veuille décider pour tous les pays comme ils ont tenté de le faire à la Conférence des Parts de Copenhague. Cette décision incombe à tous les peuples. C'est pourquoi, il est nécessaire de réaliser un référendum mondial, un plébiscite ou un consultation populaire sur le changement climatique dans lequel nous soyons tous consultés sur : le niveau de réduction des émissions que doivent effectuer les pays développés et les entreprises transnationales ; le financement par les pays développés ; la création d'un Tribunal International de Justice Climatique ; la nécessité d'un déclaration Universelle des Droits de la Terre-Mère ; La nécessité de changer l'actuel système capitaliste.

Le processus de référendum mondial, le plébiscite ou la consultation populaire sera le fruit d'un processus de préparation qui assurera son propre succès.

Afin de coordonner notre action internationale et la mise en place des résultats du présent « Accord des Peuples », nous appelons à construire un Mouvement Mondial des Peuples pour la Terre-Mère qui se basera sur les principes de complémentarité et de respect de la diversité d'origine et de visions de ses membres, se constituant en un grand espace démocratique de coordination et d'articulation des actions au niveau mondial.

A cette fin, nous adoptons le plan d'action mondial ci-joint pour que, à México, les pays développés de l'Annexe 1 respectent le cadre légal en vigueur et réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 50% et respectent les différentes propositions contenues dans cet Accord.

Enfin, Nous projetons de réaliser la 2° Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre-Mère en 2011 , dans ce processus de construction du Mouvement Mondial des Peuples pour la Terre-Mère et en réaction face aux résultats de la Conférence du Changement Climatique qui se déroulera à la fin de l'année à Cancún, au Mexique.

Traduction : SM, GB et DMG

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 03:22
carte postale de Cis Aartsma

Cis Aartsma
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La population mondiale n'est pas une menace

http://goudouly.over-blog.com/article-la-population-mondiale-n-est-pas-une-menace-49398873.html

 

Trois questions à Hervé Le Bras

sur Sciences Humaines.com

 

Le décompte de la population mondiale a toujours été lié à l’angoisse des limites de la planète. Aujourd’hui, il est devenu une arme dans la compétition pour les ressources.

Dix milliards d’habitants sur Terre en 2040 : comment les nourrir ? La surpopulation semble mener notre planète à la catastrophe. Mais Hervé Le Bras est un démographe pugnace qui ne s’en laisse pas facilement conter : il connaît l’usage des grands nombres, et l’effet que l’on peut en tirer. Selon lui, la crainte populationnelle est un chiffon que l’on agite volontiers pour régler d’autres problèmes. Pour le montrer, dans son dernier essai (1), il fait un large détour par l’histoire. Les premières tentatives d’évaluer la population mondiale remontent à 1682 : le philosophe William Petty part du couple biblique, double à chaque génération et aboutit à 320 millions de personnes. Dans la foulée, il prévoit que la fin du monde aura lieu lorsque la Terre portera deux habitants par demi-hectare, et fixe l’échéance 6 000 ans plus tard. « Ces premiers calculs, dit H. Le Bras, contiennent déjà les inquiétudes qui vont accompagner la notion de population mondiale : surfaces restreintes, ressources rares et catastrophe finale. » Faut-il en conclure que la notion de population mondiale n’a pas d’usage autre que celui de la prophétie et la mobilisation de l’opinion ?

 

En quoi la croissance démographique est-elle un problème ?

La menace de surpopulation a connu plusieurs formulations. A la fin du XVIIIe siècle, Thomas Malthus met en garde contre le dépassement des ressources alimentaires disponibles. La production mondiale est à l’époque limitée parce qu’on ne connaît pas d’autres engrais que biologiques (fumure, engrais vert, assolement triennal). L’invention des engrais chimiques au début du XIXe siècle rend optimiste, et du coup, le calcul de la population mondiale maximale ou durable n’est plus à l’ordre du jour. D’autres craintes dominent : la peur de la dégénérescence puis la peur de la concurrence entre les races. Les vues catastrophistes liées à la multiplication des pauvres deviennent un leitmotiv de la pensée eugéniste au début du XXe siècle.

Après la Seconde Guerre mondiale, on découvre que les populations des pays pauvres croissent beaucoup plus vite que celles des pays riches. C’est « l’explosion démographique ». Les économistes restent optimistes, mais les biologistes comme Paul R. Ehrlich (La Bombe P, 1968) annoncent une catastrophe alimentaire, et dénoncent la charge que fait peser l’humanité sur la biosphère. Au début des années 1970, le rapport du Club de Rome y ajoute le problème de l’épuisement des ressources énergétiques. La peur de l’explosion démographique – qui est réelle à cette époque – n’est plus seulement liée aux ressources alimentaires, mais motivée par la crainte de la fin des énergies fossiles, confirmée par la crise pétrolière de 1973-1974.

 

Qu’est-ce qui vous semble le plus contestable dans ces prédictions ?

L’idée d’une catastrophe alimentaire à cause du trop grand nombre des humains. Même à l’époque de la plus forte explosion démographique, le volume de vivres produites augmentait plus vite que la population. La faim existait dans le monde, mais elle ne résultait pas d’un déficit global de ressources alimentaires, mais de l’utilisation d’une part croissante de la production céréalière pour la nourriture des animaux domestiques. Or la loi des chaînes écologiques montre que quand on fournit dix calories végétales à un animal, on ne récupère en viande et produits laitiers qu’environ une calorie.

Les régimes alimentaires restent très différents dans le monde. Dans les pays les plus pauvres, seules 5 % des calories consommées sont d’origine animale. Dans les plus riches, entre 40 et 45 %. La crise alimentaire tient actuellement au fait que les pays émergents (près de la moitié de la population mondiale) adoptent le régime alimentaire des pays développés, ce qui stimule la demande de viande, qui accapare une part de plus en plus importante de la production céréalière (environ 55 % en 2007) qui est retirée aux plus pauvres. Cela ne signifie pas que l’on doive devenir végétarien, mais seulement adopter un régime moins carnassier, par exemple celui de la Grèce ou du Japon.

En poussant le raisonnement à l’extrême, si vous estimez que pour bien vivre, chaque humain doive manger du foie gras une fois par semaine, alors le maximum de la population mondiale sera de quelques millions de personnes. Direz-vous que le problème de l’alimentation vient du nombre des hommes ou du régime alimentaire au foie gras ? Ajoutons qu’avec les biocarburants, l’affaire se complique un peu plus. Alfred Sauvy avait coutume de dire que les concurrents des pauvres du tiers-monde n’étaient pas les riches du monde développé mais leurs vaches. Il faut y ajouter leur 4x4.

 

Le changement climatique et les émissions de gaz à effet de serre étaient au centre de la conférence de Copenhague de décembre 2009. Ont-ils un rapport avec la menace démographique, comme certains le proclament ?

Le problème est analogue à celui de la nourriture. Un habitant du Nord émet dix fois plus de CO2 qu’un habitant du Sud. Or les pays émergents se dirigent rapidement vers le comportement de ceux du Nord. Mathématiquement, il n’y aura pas assez d’énergies fossiles pour tous et les émissions de CO2 s’emballeront. En incriminant la croissance démographique, les pays du Nord rejettent la faute sur ceux du Sud car ils n’osent pas leur dire : vous n’avez pas le droit de polluer autant que nous ni de vous développer comme nous l’avons fait. Le seul moyen de résoudre le problème est un changement drastique du type de consommation d’énergie au Nord (de même qu’un changement du type d’alimentation), car alors le Nord pourra dire au Sud : faites comme nous.

De grands organismes comme le WWF (2), l’OPT (3) et le Worldwatch Institute (4) émettent des avis alarmistes sur la croissance démographique mondiale. Cela rentre dans le cadre du marchandage entre pays développés et pays émergents. Les pays développés se servent de l’argument démographique pour rejeter la responsabilité sur des pays peuplés et en croissance démographique comme la Chine ou l’Inde. Entretenir l’angoisse populationnelle est une façon de ne pas remettre en cause la structure de la consommation des pays les plus riches.

 

NOTES :

(1) Hervé Le Bras, Vie et mort de la population mondiale, Le Pommier, 2009.
(2) World Wildlife Fund, organisation mondiale de protection de la nature basée en Suisse.
(3) Optimum Population Trust, organisation pour le contrôle des naissances basée en Angleterre.
(4) Institut de recherche sur le développement durable, Washington.

Propos recueillis par Nicolas Journet

Hervé Le Bras


Démographe, directeur d’études à l’EHESS, auteur de plusieurs essais décapants : Marianne et les lapins (Orban, 1992), Le Sol et le Sang (1994, rééd. L’Aube, 2007), Les Limites de la planète (Flammarion, 1992), et récemment Vie et mort de la population mondiale (Le Pommier, 2009).

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5 mai 2010 3 05 /05 /mai /2010 03:25
carte postale de Olivier Agid

Agid

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L’agonie du siècle américain

http://goudouly.over-blog.com/article-l-agonie-du-siecle-americain-49272302.html

par Henry Allen

Le rêve américain se meurt, et avec lui le siècle de magistère sur le monde que l’Amérique s’était promise à elle-même, au nom d’une destinée manifeste qui n’est plus qu’une illusion dont il convient de se défaire, écrit Henry Allen, qui collabore au Washington Post depuis 39 ans et a obtenu en 2000 un prix Pulitzer pour son œuvre critique.

par Henry Allen, Washington Post, 20 avril 2010

Le rêve se meurt.

Voici ce qu’il était : une croyance que le monde avait un amour particulier pour les Américains, pour notre ardente innocence, notre spontanéité un peu gauche, pour notre volonté de partager l’évidente et véritable lumière de la démocratie avec ceux qui se battent encore dans les ténèbres de l’histoire, pour notre énergie imprévisible, notre musique syncopée et nos sourires de joueurs de baseball. Ajoutez à cela la majesté de montagnes violettes et les frissons parcourant des blés couleur d’ambre, et vous voyez de quoi il s’agit [1].

Il est difficile de dire à quel moment précisément est né ce rêve. Est-ce avec le tour du monde de la Grande Escadre Blanche [2] de Teddy Roosevelt ? Avec la guerre menée par Woodrow Wilson afin de rendre le monde plus sûr pour la démocratie ? En 1940, Henry Luce, qui disait aux Américains chaque semaine dans « Time and Life » qui ils étaient, a proclamé « le siècle américain. » La Seconde Guerre mondiale l’a réalisé.

Ce rêve est devenu le mien avec les bobines d’actualités et les pages du magazine Life, après la Seconde Guerre mondiale, lorsque j’ai vu les images des Français et des Italiens jetant des fleurs à nos troupes qui les libéraient des nazis, de GI rentant à la maison avec leurs fiancées européennes, d’enfants allemands au milieu de décombres, regardant le ciel et encourageant les avions américains qui leur apportaient de la nourriture durant le pont aérien de Berlin.

Né en 1941, j’étais encore très jeune, mais assez grand pour considérer que ces vérités allaient de soi : Nous n’avions pas conquis ; nous avions libéré. Nous étions toujours les bons, placés du bon côté Malgré les récriminations à propos des Yankees incultes et grossiers, tout le monde, en secret, voulait vivre comme les Américains. Lorsque ces gens nous jetaient des fleurs, c’étaient nos amis, et non pas des collaborateurs, comme ces femmes françaises dont les villageois ont rasé la tête lorsque leurs petits amis allemands sont partis avant l’arrivée des Américains. Ces femmes sont restées sur place, bien sûr - personne ne voulait être une épouse de guerre de nazis dans l’Allemagne de l’après-guerre.

Ils ont perdu, nous avons gagné. Rien ne permet de se faire autant d’amis qu’une victoire totale, du genre de celles que nous n’espérons même plus. C’est ainsi qu’au Japon, frappé deux fois par la bombe, les jeunes gens ont adopté le baseball

L’Amérique allait diriger le monde, non pas à son profit, mais - pour la première fois dans l’histoire - pour le bien de la planète.

Rêve merveilleux ! Il a subi quelques déconvenues, mais a survécu à notre échec en Corée, notre défaite totale au Vietnam, à notre retrait du Liban, à la catastrophe Somalienne du « Blackhawk Down ».

Il nous a survécu, alors que nous nous ridiculisions, quand notre sauvetage des otages en Iran a sombré dans le chaos la poussière du désert, sans un coup de feu de l’ennemi. Nous ne pûmes même pas ramener tous nos morts pour les enterrer.

Nous avons bombardé un hôpital psychiatrique à la Grenade, pendant que nous libérions le monde de quelque vague menace communiste. Nous avons bombardé une usine produisant de l’ibuprofène en Afrique, en représailles à une attaque contre notre ambassade à Nairobi. Nous avons bombardé l’ambassade de Chine durant notre guerre aérienne pour libérer le Kosovo. Le rêve a même survécu à George W. Bush, qui a déclenché une guerre pour débarrasser l’Irak des armes de destruction massive.

Il n’y avait pas d’armes, mais nous avons continué le combat pour sécuriser la démocratie en Irak et avons fini par des séances de torture de masse à Abou Ghraib, qui ont donné ces photos souvenirs si colorées de nos GI Joes et Janes. Les enfants irakiens jouent-ils déjà au baseball ?

Barack Obama a remporté l’élection présidentielle grâce à une campagne électorale promettant une meilleure guerre, encore plus grande, dans l’Afghanistan voisin. Comme toujours, obéissant au mandat du rêve américain, nous envahissons un pays sans aucune autre raison que son propre bien. C’est ce que les gens ne semblent pas comprendre.

Comme dans la vallée de Korengal, en Afghanistan, que les soldats américains ont abandonné mercredi dernier, cinq ans après l’avoir envahi pour y apporter la vérité, la justice et le modèle américain à des Afghans qui en retour nous ont haï.

Nous leur avons donné de l’argent, toutes sortes de friandises. Mais ils nous haïssaient.

Nous les avons suppliés de nous laisser construire une route qui les relierait au monde extérieur. Ils ont haï la route. Et puisque nous ne l’avions pas compris, ils ont fait exploser six ouvriers du chantier de construction de cette route.

Ils nous haïssaient à un point tel que nous avons du les acheter - 23 000 litres de carburant et une grue - pour nous laisser partir, sans qu’ils nous tuent pour le plaisir.

Nous étions des étrangers. En fait, beaucoup de gens détestent les étrangers. (C’est pourquoi on les appelle les « étrangers ».)

Les gens n’aiment les étrangers que lorsqu’ils viennent en petit nombre pour dépenser de l’argent puis repartir ; ou lorsqu’ils viennent en armées, pour chasser d’autres étrangers encore plus détestés, puis repartent. J’ai pris un jour le thé avec la femme d’un chef de village indonésien. Elle se rappelait comment les Japonais avaient été acclamés pour les avoir libérés des néerlandais, jusqu’à ce qu’ils déportent les hommes dans des camps de travail. Ensuite, les iliens ont applaudi les Américains qui avaient chassé les Japonais.

Nous ne faisons pas l’objet d’un amour particulier. Nous avons nos propres vertus, et nous nous sommes rapprochés plus que toute autre nation de la réalisation de ce commandement de Jésus enjoignant d’aimer nos ennemis. Mais nous nous éveillons de ce rêve.

Et pourtant, nous nous accrochons à lui. John Kennedy avait promis que nous accepterions de payer n’importe quel prix, supporterions n’importe quel fardeau, pour parvenir à le réaliser. Et Ronald Reagan nous a comparés à « une ville sur une colline », vers laquelle les regards du monde se tournaient. Obama électrise ses auditoires lorsque se déploie sa rhétorique messianique de sauveur du monde.

Désormais, tout se passe comme si, sans ce rêve, nous ne serions pas l’Amérique, et qu’un candidat à la présidence ne peut l’emporter sans y croire.

Pourtant, le capitaine Mark Moretti, le commandant de nos forces à Korengal, s’est exprimé ainsi : « Je pense que partir est la bonne chose à faire. »

Le rêve se meurt. Ne le réanimez pas, s’il vous plaît.


Publication originale Washington Post, traduction Contre Info


[1] Référence aux paroles de l’hymne patriotique America the Beautiful - ndlr

[2] Surnom donné à l’escadre de l’US Navy qui a accompli un tour du monde de 1907 à 1909 - ndlr

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4 mai 2010 2 04 /05 /mai /2010 03:20
carte postale de Mona Yahia

Mona Yahia
Untitled, 1987

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La Grèce peut-elle faire faillite ?

http://goudouly.over-blog.com/article-la-grece-peut-elle-faire-faillite--49246772.html

Jusqu’où iront « les marchés » pour punir la Grèce ? La question se pose au moment où, du fait d’une singulière coïncidence, les pratiques de la banque Goldman Sachs (inciter ses clients à parier à mauvais escient pour profiter ensuite de leurs pertes) provoquent une levée de boucliers aux Etats-Unis. Or la Grèce, qui vient de se soumettre aux conditions draconiennes imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) en échange de leur « aide », est elle aussi victime des pratiques de Goldman Sachs (1).


La tourmente financière qui s’abat sur Athènes, et au-delà sur la zone euro, signale (ou rappelle) la tragique absence de solidarité européenne. De quels moyens un ensemble économique qui a fait de la liberté des mouvements de capitaux l’alpha et l’oméga de sa politique dispose-t-il encore pour s’opposer aux exigences des marchés financiers ? Dorénavant, pour rembourser leurs créanciers (des banques françaises et allemandes sont ici aux premiers rangs…), les Grecs doivent en effet acquitter de taux d’intérêt très rarement exigés d’un Etat (8,8 %, contre environ 3 % pour, par exemple, l’Allemagne). Ce niveau extravagant témoigne que la Grèce est désormais jugée l’un des pays les plus « risqués » du monde, derrière l’Argentine, le Venezuela et le Pakistan. Trois Etats qui, il y a quelques années, se sont retrouvés en cessation de paiement.


(1) Lire « Bien mal acquis profite toujours (à Goldman Sachs) », par Serge Halimi, mars 2010.

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3 mai 2010 1 03 /05 /mai /2010 03:35

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ALBA donne le ton, y compris au niveau mondial, et l’Empire tonne

http://goudouly.over-blog.com/article-l-alba-donne-le-ton-49247834.html

 

Hugo MOLDIZ MERCADO
Sur le Grand Soir

L’Alternative [Alliance] Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA) est devenue, du fait des gouvernements des États-membres qui la composent comme du haut niveau de conscience sociale de leurs populations, un véritable cauchemar pour les États-Unis, dont le pouvoir impérial est chaque jour davantage remis en cause dans cette partie du monde.

Bien que l’Empire ne soit pas en train de s’écrouler, le malaise de la Maison Blanche se fait de plus en plus criant. Le 11 décembre 2009, dans un rapport sur la situation politique de l’Amérique latine, la Secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton, se chargea d’attiser le feu en alertant ouvertement la Bolivie et le Venezuela, des relations diplomatiques qu’ils entretiennent avec le régime et le gouvernement iraniens.

« Si d’aucuns veulent flirter avec l’Iran, ils devraient en mesurer les conséquences ; nous espérons qu’ils y réfléchiront à deux fois », tels furent les mots prononcés par la Premier Ministre états-unienne, qui, ne dissimulant pas son statut, s’affiche devant le monde comme une autorité impériale de ligne dure.

Mais loin d’être proactive, l’attitude des États-Unis vis-à-vis de l’Amérique latine apparaît jour après jour comme une réaction face à la constante émergence latino-américaniste promue par l’ALBA, et plus particulièrement, vis-à-vis des processus révolutionnaires de Cuba, du Venezuela, de la Bolivie, de l’Équateur et du Nicaragua. C’est pourquoi les paroles de Clinton sont interprétées comme une sorte d’exhortation au retour, dans de nouvelles conditions, à la politique du président Lyndon Johnson qui avait proclamé ouvertement en 1964 : « les États-Unis préfèrent compter avec des alliés sûrs plutôt que sur des voisins démocratiques ».

Avec la mise en œuvre de la doctrine Johnson — qui impliquait en même temps une ré-adéquation des politiques « du garrot », « de bon voisinage », « de la diplomatie des missionnaires » et « la doctrine Truman » — on a déclenché en Amérique Latine une série de coups d’état militaires qui, parmi de rares printemps démocratiques, ont instauré de sanglantes dictatures jusqu’au milieu des années 80. Au Nicaragua il y a eu « la dynastie des Somozas » jusqu’à la victoire de la révolution sandiniste en 1979. En Bolivie, il y a eu Barrientos — qui autorisa l’entrée des marines pour combattre la guérilla du Che en 1967 — puis Banzer — qui, sous la devise « Paix, Ordre et Travail », poursuivit, réprima, assassina et exila des milliers d’hommes et de femmes entre 1971 et 1978 — ainsi que García Meza, qui en 1980 instaura un régime nettement narco-délictueux. Au Chili il y a eu Pinochet, promoteur de l’internationale « Opération Condor », jusqu’en 1989, une année à peine après qu’un référendum ait dit « Non » à sa permanence au pouvoir.

Pour les présidents des pays membres de l’ALBA, le sens des avertissements de Clinton est sans équivoque. Le coup d’état au Honduras contre le président Manuel Zelaya et le soutien, tantôt affiché, tantôt voilé, au gouvernement de facto de Roberto Micheletti, a renforcé leur profonde méfiance envers les Etats-Unis. Celle-ci s’est traduite dans le discours politique des gouvernements de gauche en Amérique Latine à un point tel que le 17 décembre 2009, à Copenhague, le président bolivien a catégoriquement affirmé : « Obama est pire que Bush, seule la couleur du président des États-Unis a changé ». La réalité est plus tenace que les bonnes intentions.

Indiquant la marche à suivre

En regard de la situation en Amérique Latine pendant ces cinq dernières années au moins, la gêne et l’inquiétude impériales peuvent s’expliquer. L’ALBA — en tant que projet d’intégration et d’unité latino-américaine — s’est développé à un rythme soutenu et ses résultats ont même surpris beaucoup d’experts internationaux qui avaient accueilli sa création avec sympathie.

Promue par Fidel Castro et Hugo Chávez en décembre 2004 à La Havane, l’ALBA semblait être une dénomination trop grandiloquente pour un projet d’intégration débutant par la consolidation des relations diplomatiques entre deux pays, dans une situation politique relativement stable en Amérique latine, à l’exception de la Bolivie et de l’Équateur, pays où les rebellions indigènes et populaires tenaient en échec les anciens blocs au pouvoir, lesquels tentèrent de se régénérer par le remplacement des présidents.

Mais cette tendance affirmée donnerait raison à la puissance du jugement et à l’assurance de Fidel Castro — qui jusqu’à nos jours n’avait jamais été aussi présent, aussi plein de vie et d’espérance — ainsi qu’à Chávez — investi par l’Histoire du rôle d’avant-garde politique. L’indien Evo Morales remporta les élections de décembre 2005 avec un pourcentage de votes jamais enregistré auparavant par la démocratie bolivienne (54%). Puis le 6 décembre dernier, il fut réélu avec 64%, dépassant ainsi son propre record.

Mais Fidel, Chávez et Evo étaient loin d’être les seuls “trois mousquetaires” défiant de leurs sabres la technicité avancée – politique et militaire – de l’Empire. Il n’en est rien. Entre 2006 et fin 2009, ils ont été rejoints par Rafael Correa de l’Équateur et Daniel Ortega du Nicaragua, qui suivent la voie des profondes révolutions du XXIe, ainsi que par d’autres pays de la Caraïbe.

Entre décembre 2004 et décembre 2009, les résultats ont sensiblement dépassé ceux des périodes dites du « vieux » et du « neuf » régionalismes, au cours desquelles, ni les États qui étaient aux commandes — dans le premier cas — ni les transnationales et l’économie de marché — dans le second — n’ont apporté aux peuples les bénéfices sensés leur revenir au travers des politiques sociales, et les États n’ont pas atteint un haut niveau d’autonomie — financière et économique — vis-à-vis des États-Unis. Des millions de personnes ont bénéficié des soins de santé, des milliers d’autres ont récupéré la vision avec l’ « Opération Miracle ». L’analphabétisme fut éliminé au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua et en Équateur

En complément de ces politiques sociales, des millions de dollars ont été consacrés au soutien de petits et même de grands producteurs ; l’échange commercial — bien qu’entravé par des obstacles bureaucratiques — avance progressivement. En 2010, la complémentarité des économies et des vocations productives, développées à travers les « entreprises grand-nationales », se profile comme l’une des conquêtes majeures, ce à quoi il faudrait ajouter le lancement du « Sucre », une monnaie virtuelle pour les échanges commerciaux.

Cependant, ce n’est pas le nombre de membres de l’ALBA qui trouble les États-Unis. L’inquiétude de l’Empire grandit car en Amérique latine l’influence de Cuba, du Venezuela, de la Bolivie, de l’Équateur et du Nicaragua, est indiscutable. Sans forcer l’adhésion d’autres pays à ce projet alternatif d’intégration et d’unité latino-américaine, les gouvernements des pays de l’ALBA ont avancé dans le renforcement des relations Sud-Sud, aussi bien dans la région qu’au-delà de ses frontières.

Le changement d’orientation du Mercosur — malgré le blocage de la droite à l’adhésion du Venezuela —, l’influence croissante de l’UNASUR ainsi que les relations avec les pays d’Asie et d’Afrique, sont de bon augure et ont effacé en peu de temps de l’agenda internationale le modèle d’intégration que les États-Unis promouvaient avec l’ALCA [Zone de Libre Échange des Amériques] — projet battu en brèche à Mar del Plata [Argentine] en 2004 — et les Traités de Libre Échange.

Il faut ajouter à tout cela trois grands sommets internationaux au cours desquels les États-Unis furent contraints au silence. Premièrement, lors du Ve Sommet des Amériques, à Trinité-et-Tobago du 17 au 19 avril 2009 — où Barak Obama, malgré son sourire et ses accolades aux autres présidents, s’est vu dans l’obligation d’accepter, de la part de Chávez, l’œuvre de Eduardo Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine, et ce, quelques minutes après avoir déclaré qu’il ne fallait pas rester les yeux rivés sur le passé mais regarder vers l’avenir ; il a été obligé de constater au vu de données précises contrastant avec les préjudices causés par les traités de libre échange, combien l’ALBA était réellement bénéfique ; il lui a même fallu reconnaître le rôle décisif des médecins cubains mais surtout, entendre la demande unanime de la levée de l’embargo qui frappe Cuba.

La deuxième occasion fut celle de l’Assemblée Générale de l’OEA, au Honduras — peu de temps avant que Zelaya ne fût déchu par le coup d’État militaire — dans laquelle on abolit la résolution qui excluait Cuba de cet organisme supranational, qui avait été désigné par un ministre cubain comme « le Ministère des Colonies des États-Unis ». Le souvenir d’une Clinton quittant rapidement Tégucigalpa et d’un Tomas Shannon levant sa main droite et serrant les dents de rage pour appuyer la résolution, est encore vif.

Or, à l’instar de la cueca — danse typique bolivienne — il n’y a pas de deuxième temps sans un troisième. Le 28 octobre 2009, à l’assemblée générale des Nations Unies, les États-Unis ont subi la plus cuisante défaite face à Cuba. Des 192 pays membres de l’ONU, seul trois d’entre eux — les États-Unis, Israël et Palau — ont voté contre [la réintégration de Cuba aux Nations Unies] et deux se sont abstenus, les Îles Marshall et Micronésie. Le président de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire de Cuba, Ricardo Alarcón, affirma qu’en fait le résultat du vote avait été de 187 contre 1, en raison de la relation charnelle qu’entretiennent les États-Unis avec Israël et à cause de la subordination coloniale à l’Empire des autres trois petits pays.

Mais comme si cela n’avait pas suffi, le leadership international de Morales et de Chávez, chacun fort de ses riches et spécifiques particularités, s’est affirmé dans le monde entier. Il n’est pas de pays sur la planète où une réunion multilatérale ou bilatérale ne rassemble des milliers de personnes — mouvements sociaux et intellectuels — venues écouter le Commandant misant sur le socialisme du XXIe siècle et le leader indien souhaitant faire du paradigme du Bien Vivre associé au socialisme communautaire, une réalité.

Leurs interventions à Copenhague confirment ce qui a été dit précédemment. Morales et Chávez, malgré le stratagème mis en œuvre pour essayer de vider la salle au moment de l’allocution de chacun de ces deux présidents latino-américains, ont ému et mobilisé par leurs paroles adressées aux hiérarques du monde. Le Bolivien a lancé le défi consistant à organiser un référendum mondial pour décider du futur de la planète et le Vénézuélien, fidèle au principe selon lequel un changement de système permettrait de modifier la donne climatique, a lancé un appel aux peuples du Nord pour qu’ils se joignent à la révolution du Sud en promouvant la révolution de toute l’Humanité sur la planète.

La contre-offensive impériale

Mails il serait naïf de croire que la voie de l’émancipation est enfin libre. Tel est l’avis de Fidel Castro, d’Evo Morales et d’Hugo Chávez. Le premier, dans sa réflexion numéro 99, attira l’attention sur le fait que « l’Empire est de nouveau passé à l’offensive ». Le deuxième, à propos des mises en garde de Clinton, prévint que dans le cas d’une attaque des Etats-Unis, la région se transformerait en un « deuxième Vietnam ». Le troisième affirma que l’Empire « est en train d’essayer de récupérer son arrière-cour ».

Les données réelles sont lourdes de sens et les déclarations orales ou écrites de ces présidents latino-américains, auxquels il faut ajouter celles d’autres chefs d’état, comme Ortega, Correa, Lula et Fernandez, sont bien loin de pouvoir être cataloguées comme sensationnalistes.

Au cours de la première administration de Bush, les États-Unis avaient négocié un traité, à présent ratifié par Obama, qui permet l’installation de sept nouvelles bases militaires états-uniennes en territoire colombien, lesquelles s’ajoutent aux deux autres déjà existantes. Aussi la Maison Blanche a-t-elle obtenu l’accord de Panama pour y installer quatre bases militaires au cours des premiers mois de l’année 2010. À cet élargissement du Plan Colombie — dont l’exécution menace d’autres pays — il faudrait ajouter l’Initiative Mérida ou Plan Mexique, négocié avec Vicente Fox [l’ancien président du Mexique] et ratifié par Calderón [l’actuel président], qui en train de militariser le territoire mexicain à un rythme plus soutenu que prévu.

Le président Chávez dépeint cette grave situation en déclarant, indigné : « On est en train d’encercler le Venezuela avec des bases militaires à Aruba, à Curaçao — deux protectorats du Royaume des Pays-Bas, contrôlés par le Pentagone — en Colombie et au Panama ».

Mais - ce qui n’est pas non plus une nouveauté - l’avancée militaire états-unienne en Amérique latine vise la reprise du contrôle total de la région ; des pays comme l’Équateur — dont la souveraineté a été violée [par la Colombie] en mars 2008 dans le but d’assassiner Raúl Reyes, le chef insurgent des FARC [Forces Armées Révolutionnaires de la Colombie], et d’autres guérilleros —, la Bolivie — où l’on a tenté un coup civico-préféctoral en septembre de la même année — et le Nicaragua — où il est très probable que débute une campagne d’agression depuis le Honduras comme pendant les années 80 —, figurent au premier rang de la liste des ennemis que les États-Unis ont l’intention d’abattre. Les paroles de Clinton — qui en fait laissent transparaître « la politique de deux poids deux mesures » de l’Empire — en sont la preuve évidente. D’ailleurs, Obama y souscrit. Le Brésil, l’un des membres les plus solides de la création du Conseil de Défense [Sud-américain] de l’UNASUR, est également préoccupé.

Le coup d’État au Honduras contre le président Zelaya le 28 juin 2009 a constitué un point de rupture dans la stratégie états-unienne. Le renversement du président, au-delà de représenter le « châtiment » infligé à un homme politique conservateur qui avait osé s’écarter du droit chemin, constitue un signal d’avertissement à l’encontre des pays membres de l’ALBA.

Pourtant, il serait erroné de circonscrire la contre-offensive des États-Unis au domaine purement militaire. Au niveau politique, la stratégie impériale s’appuie sur le Mexique, la Colombie, le Pérou et le Honduras. Le Chili est à deux pas de les rejoindre. Le degré d’adhésion de ce pays aux plans de l’Empire dépendra uniquement des résultats de l’élection du 17 janvier 2010, lors du deuxième tour [de l’élection présidentielle].

À droite, Sebastián Piñera, avec 44% des votes, compte sur les conditions favorables pour achever deux décennies de gouvernement de la Concertation, qui a obtenu à peine 30% des votes avec le conservateur Eduardo Frei. À moins que le jeune politicien Marco Enriquez-Ominami, qui s’est placé en troisième position avec un étonnant score de 20%, ne revienne sur sa décision de ne pas soutenir la Concertation lors du deuxième tour, le triomphe de la droite pinochetiste serait assuré. Mais même si Frei renverse cette situation défavorable, il est peu probable que ce démocrate-chrétien continue sur la voie d’une plus grande autonomie du Chili vis-à-vis des États-Unis, développée par la présidente sortante Michelle Bachelet.

La stratégie du « siège » états-unien à l’encontre des processus révolutionnaires de l’Amérique latine dépendra également de ce qui arrivera lors des élections [présidentielles] de 2010 en Argentine et au Brésil.

En somme, les deux prochaines années seront cruciales pour déterminer l’orientation générale en Amérique latine et, surtout, le degré de cohésion et de résistance des processus en Bolivie, au Venezuela, en Équateur et au Nicaragua. La lutte entre les hégémonies latino-américaniste et impérialiste est désormais engagée.


Hugo Moldiz

Traduit par Marina Almeida, révisé par Julie Sentis


SOURCE
http://www.elcorreo.eu.org/?L-ALBA-donne-le-ton-y-compris-au

SOURCE ORIGINALE
La Época

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 03:31

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’intégrisme culturel

http://goudouly.over-blog.com/article-l-integrisme-culturel-49247582.html

 

Emrah KAYNAK
Sur Le Grand Soir

Le racisme demeure aujourd’hui l’un des traits significatifs des sociétés européennes. Le discours identitaire moderne fonde une nouvelle stratification des groupes humains basée non pas sur la biologie mais sur les différences culturelles entre groupes « ethniques ».


La doctrine ethnico-différentialiste, version atténuée du concept de race, véhicule les mêmes stéréotypes que le racisme traditionnel. Les inégalités socioéconomiques sont présentées et traitées comme la résultante de l’inadaptation culturelle des classes exploitées : attitude face au travail, immobilisme et stagnation des mœurs, aspirations radicalement différentes,…


Chaque culture est conçue comme une catégorie fermée qui détermine l’identité de l’être. Tous les membres d’une communauté sont supposés partager une âme sui generis, une mentalité commune qui distinguent le groupe. Cette reconnaissance aboutit à une forme de totalitarisme en ce sens que les conduites et pensées des individus sont définies à travers un référent extérieur invariable.

Le propre de l’identité est justement d’être un rapport en constante évolution. La cohésion du groupe communautaire est faible et temporaire ; elle est fonction des nécessités mêmes de la condition d’immigré qui s’implante dans un nouvel environnement et de l’hostilité du pays d’accueil. Exclu de l’espace social, les immigrés sont enclins à se concentrer et à survaloriser des signes de reconnaissance propres.


La communauté n’est pas une catégorie homogène mais une entité mouvante traversée par des lignes politiques, sociales et philosophiques.


La rhétorique raciste postule que l’immigré ne respecte pas les normes sociales et qu’il menace les institutions libérales et démocratiques. En période de crise sociale et économique, la concurrence et la rivalité dégrippent les crispations identitaires.


L’apolitisation des conflits sociaux et l’ethnicisation de la politique sont suggérées par les agents intellectuels de la bourgeoisie qui savent l’avantage qu’ils peuvent en dégager. Non seulement le système économique est ménagé mais la conscience politique s’érode au bénéfice d’identifiants de substitution.


Marx était parfaitement conscient que l’impulsion de l’opposition entre indigènes et immigrés servait la cause des classes dominantes, comme il l’a signalé dans sa lettre du 9 avril 1870 adressée à Siegfried Meyer et August Vogt : « Chaque centre industriel et commercial en Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles, prolétaires anglais et prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais ordinaire déteste l’ouvrier irlandais comme un concurrent qui abaisse son niveau de vie. Il se sent à son égard membre d’une nation dominante, et devient, de ce fait, un instrument de ses aristocrates et capitalistes contre l’Irlande, et consolide ainsi son pouvoir sur lui-même. Des préjugés religieux, sociaux et nationaux le dressent contre l’ouvrier irlandais. Il se conduit envers lui à peu près comme les Blancs pauvres envers les Noirs dans les anciens Etats esclavagistes de l’Union américaine. L’Irlandais lui rend largement la monnaie de sa pièce. Il voit en lui le complice et l’instrument aveugle de la domination anglaise en Irlande.


Cet antagonisme est entretenu artificiellement et attisé par la presse, les sermons, les revues humoristiques, bref, par tous les moyens dont disposent les classes au pouvoir. Cet antagonisme constitue le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, en dépit de sa bonne organisation. C’est aussi le secret de la puissance persistante de la classe capitaliste, qui s’en rend parfaitement compte ». Il suffit de remplacer Irlandais par Arabes ou Musulmans pour que cette analyse retrouve toute son actualité.


La notion de civilisation, version élargie de la logique ethniciste, permet de hiérarchiser les conduites sociales suivant une grille de valeurs européocentriste. On surligne les différences tangibles ou supposées, au profit du civilisateur et bien entendu au détriment du barbare, afin de justifier les ingérences et interventions armées.


Il y a équivalence entre l’universalisation du capital et celle de la civilisation. Depuis le 11 septembre, les Etats-Unis et leurs auxiliaires ont entrepris une croisade civilisatrice pour soumettre l’Orient à l’Occident, pour promouvoir la liberté (de marché) et la démocratie (bourgeoise) dans les pays « archaïques ».


Pour Alex Callinicos le « racisme n’est pas une affaire d’idées dans la tête des gens, mais un problème d’oppression, d’inégalités systématiques dans les droits et les espérances générées par une structure sociale d’exploitation ; la solution, par conséquent, réside dans la lutte politique ». L’injonction morale d’ouverture et d’acceptation des différences est purement déclamatoire si elle ne se prolonge pas par une remise en question des structures matérielles auxquelles le racisme se greffe. C’est l’égalité des conditions réelles qui est le révélateur de la démocratie et le vecteur principal de l’émancipation.


L’exploitation et l’oppression n’ont pas de patrie. Le racisme est l’expression de rapports sociaux inégaux et son dépassement est lié à la révolution socialiste qui démantèlera sa matrice. L’histoire est l’histoire de la lutte des classes. La lutte des populations opprimées dans les pays capitalistes dominants ou dominés, malgré les diverses formes qu’elle peut prendre, est en dernière instance un combat contre le capitalisme et l’impérialisme.


Emrah KAYNAK

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1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 03:25
carte postale de Alain Doret

ALAIN DORET
F3D N°10
Impression sur carton
10,5x15cm 2002

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The cARTed Picture Show
Alors que les Etats-Unis lancent un fonds pour l’agriculture au Sud, le CADTM rappelle le rôle désastreux de leurs subventions agricoles à l’exportation

http://goudouly.over-blog.com/article-les-etats-unis-lancent-un-fonds-pour-l-agriculture-au-sud-49247136.html

 

Communiqué de presse – 25 avril 2010 :


Timothy Geithner, secrétaire au Trésor des Etats-Unis, vient de lancer un nouveau fonds nommé « Programme global pour l’agriculture et la sécurité alimentaire » doté de 475 millions de dollars. Après de belles phrases sur le sauvetage des banques et de l’économie, il fait le parallèle avec la lutte contre la faim et souhaite que ce fonds vienne sauver l’agriculture dans les pays pauvres. Ce combat lui semble être un devoir moral et une nécessité pour assurer la stabilité du monde, dans lequel un milliard de personnes sont sous-alimentées, ce qui ne serait plus acceptable pour le gouvernement Obama.


Pour le CADTM, Geithner oublie un peu vite que pendant ce temps, les subventions agricoles des Etats-Unis à leurs producteurs sapent les fondements mêmes de l’agriculture du tiers-monde. Et les montants de ces subventions sont autrement plus conséquents : environ 90 milliards de dollars par an. Par ailleurs, les Etats-Unis, comme l’Union européenne, maintiennent des barrières douanières qui empêchent souvent les productions agricoles des pays en développement de pénétrer librement sur leur marché.


Dans le cadre de la mondialisation néolibérale, subventionner lourdement une agriculture exportatrice revient à coup sûr à organiser une concurrence déloyale qui ne pourra qu’appauvrir les plus faibles. C’est ainsi que Haïti est devenu totalement dépendant du riz américain subventionné le jour où il a été contraint par la Banque mondiale de baisser ses barrières douanières, alors qu’il était quasiment autosuffisant auparavant. Cela s’est révélé catastrophique en 2008 quand les prix du riz ont flambé.


Parmi les mesures soutenues pas le gouvernement des Etats-Unis, le développement des OGM figure en bonne place. La Banque mondiale, dont les exigences ont entraîné le sacrifice de l’agriculture vivrière au Sud, est appelée en renfort par Washington. Pourtant, l’expérience de ces 30 dernières années indique clairement que l’agriculture paysanne et vivrière est de loin la meilleure solution pour répondre aux problèmes de la faim et de la pauvreté qui sévit dans les campagnes des pays du Sud. Si elle est certes capable de nourrir les populations, elle a le défaut aux yeux de l’agrobusiness de ne pas dépendre d’achats d’intrants à l’étranger.


Le CADTM dénonce l’idée de Geithner et de la Banque mondiale qui est de connecter les agriculteurs de tous les pays au marché alimentaire mondial avec un modèle productiviste et biotech dont les Etats-Unis sont les champions. Bill Gates, grand promoteur des OGM à travers sa fondation, a d’ailleurs été remercié par Geithner pour son implication financière dans ce fonds. La logique sous-jacente est donc toujours bien de livrer l’agriculture du Sud aux appétits des grandes sociétés transnationales.


Pour le CADTM, le système agricole productiviste est un très fort émetteur de gaz à effet de serre, qui détruit la fertilité des sols et qui n’a jamais enrichi les petits producteurs, ni au Nord ni au Sud, pas plus qu’il n’a alimenté les populations pauvres. Parce que tel n’est pas son but. En revanche, il enrichit les sociétés de l’agrobusiness et plaît aux grands créanciers. Le CADTM y voit autant de raisons de le refuser.


Contacts :

Damien Millet, porte-parole du CADTM France, france@cadtm.org ,

Eric Toussaint, président du CADTM Belgique, international@cadtm.org, 00 32 486 74 47 52

Juan Tortosa, porte-parole du CADTM Suisse, suisse@cadtm.org , 00 41 22 733 40 83

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